Archives de catégorie : Général

Nouvelle guerre de géant : Google et Walmart face à Amazon

C’est du travail de l’Associated Press que nous vient cette nouvelle économique : les géants Walmart et Google ont décidé d’unir leurs forces pour affronter le mastodonte Amazon, le géant du web. Une nouvelle guerre des géants est bien ouverte aux États-Unis : cette fois Google et Walmart face à Amazon.

Walmart, qui est actuellement le plus grand détaillant de la planète, vient donc d’annoncer que des centaines de milliers de ses produits seront offerts dès la fin septembre 2017 par le biais de Google Assistant, un outil Internet qui permet de passer des commandes en ligne avec la voix. Il s’agit du plus important partenariat jamais conclu par Google dans le secteur du commerce en ligne.

Cette entente Walmart-Google témoigne aussi de la détermination de Walmart à ne pas se laisser intimider et à rivaliser dans un secteur que domine Amazon avec son appareil Echo.

Marc Lore, le responsable du commerce électronique chez Walmart, a expliqué que le partenariat entre les deux géants sera tellement personnalisé que les utilisateurs n’auront qu’à crier « lait, pain ou fromage ». Google Assistant saura ensuite exactement quelle marque et quel format acheter!

On sait aussi que de son côté, Google a ajouté la possibilité de faire des emplettes à son service Home en février de cette année. Les abonnés peuvent utiliser des commandes vocales pour acheter des produits chez 40 détaillants, notamment Target et Costco. Une offre qui arrive cependant derrière celle d’Echo qui est disponible depuis la fin de 2014.

Aux USA, Walmart compte plus de magasins et contrôle une plus grande part du marché de l’épicerie que n’importe qui d’autre et ce géant travaille à combler l’avance d’Amazon dans le commerce en ligne. Mais cette guerre ne fait que commencer. Walmart a annoncé le 21 août d’autres partenariats, cette fois  avec Uber et Deliv pour livrer ses produits aux États-Unis.

Amazon, de son côté, qui venait d’offrir 13,7 milliards $US pour acheter la chaîne Whole Foods, peut fêter en ce mercredi 22 d’août: les actionnaires de Whole Foods ont voté ce jour en faveur du regroupement dans le cadre d’une transaction qualifiée de « coup de foudre » par le grand patron de la chaîne spécialisée dans les aliments biologiques et naturels. Ce vote permet de franchir une autre étape vers la clôture de la transaction, qui doit également obtenir l’aval des autorités réglementaires; sa clôture devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année.

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ALENA : « Une occasion de moderniser et de renforcer le partenariat nord-américain »

Tel est l’analyse de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, qui a déposé son mémoire intitulé « L’ALENA dans la nouvelle ère économique nord-américaine » à l’occasion des consultations du gouvernement fédérale canadien portant sur la renégociation de l’accord. La Chambre recommande au gouvernement de tirer parti de cette opportunité pour « renforcer » l’ALENA et le « moderniser », en s’assurant de préserver un accès ouvert et sans entraves au marché nord-américain.

Renforcer l’ALENA pour assurer la croissance économique du Québec et de sa métropole

« L’ALENA est une source d’occasions d’affaires majeures pour plusieurs secteurs phares de la métropole. La renégociation de l’entente est un dossier prioritaire pour la communauté d’affaires et la Chambre insiste sur l’importance de donner un nouvel élan à ce partenariat économique. La nouvelle entente doit être négociée avec l’objectif de maintenir un environnement d’affaires stable et prévisible. Il s’agit d’une condition essentielle pour que nos entreprises puissent développer leurs stratégies, investir et croître », affirme Michel Leblanc, actuel président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

« La renégociation de l’ALENA permettra d’apporter des ajustements à l’entente de façon à diminuer les irritants et à simplifier les échanges. Par exemple, nous insistons sur l’importance de revoir les règles d’origine et d’adapter les exigences de contenu nord-américain selon les particularités de chaque secteur d’activité. Nous proposons également de limiter la complexité des certificats d’origine pour réduire le fardeau administratif imposé à nos entreprises. Par ailleurs, la métropole constitue le premier pôle d’expertise en infrastructure au pays. Il est donc important que nos entreprises aient accès aux marchés publics des États-Unis de la même manière que les entreprises américaines ont accès aux nôtres. C’est pourquoi le gouvernement du Canada devrait demander une dérogation permanente au Buy America », ajoute M. Leblanc.

Moderniser l’ALENA pour l’adapter à la nouvelle réalité économique

« Pour la Chambre, il est prioritaire d’adapter l’ALENA à l’économie du 21e siècle. L’ALENA a été un levier de croissance indéniable. L’environnement d’affaires d’aujourd’hui est toutefois très différent de celui de 1994. Les innovations technologiques des vingt dernières années ont eu un impact profond sur l’environnement d’affaires et de nouveaux secteurs de pointe ont vu le jour depuis. Il est ainsi important de moderniser l’entente pour l’adapter à l’économie numérique. À cet effet, l’ALENA doit prévoir des mesures réduisant les entraves aux échanges de biens et services électroniques. Le gouvernement du Canada devra également adopter une solution efficace pour percevoir les taxes sur les produits et services échangés en ligne. Quelle que soit la solution privilégiée, cet enjeu doit être résolu pour préserver la compétitivité de notre secteur du commerce de détail », poursuit M. Leblanc.

Faciliter la mobilité des talents au sein de l’espace économique nord-américain

« L’ALENA a favorisé la création de partenariats solides entre les entreprises canadiennes et leurs contreparties américaines et mexicaines. Or, d’importants obstacles à la mobilité persistent dans la zone de l’ALENA. Ces entraves nuisent aux industries innovantes dont plusieurs se trouvent dans la métropole. Celles-ci ont besoin d’un accès à des talents spécialisés pour demeurer à la fine pointe. C’est pourquoi la Chambre insiste sur l’importance de réformer l’accord pour faciliter la mobilité des travailleurs et des gens d’affaires au sein du territoire nord-américain et d’ajuster les règles encadrant l’entrée des visiteurs commerciaux temporaires », ajoute Michel Leblanc.

Dans son mémoire, la Chambre formule les recommandations suivantes :

  1. Revoir les règles d’origine et adapter les exigences de contenu régional à chaque secteur d’activité.
  2. Moderniser les procédures relatives aux règles d’origine pour réduire le fardeau administratif imposé aux entreprises.
  3. Assurer la réciprocité des marchés publics dans l’ALENA en intégrant une dérogation permanente au « Buy America » pour le Canada.
  4. (Dépendante de la recommandation no 3) Étendre la portée des marchés publics en intégrant les provinces, les municipalités et les sociétés d’État à l’ALENA.
  5. Accroître la protection de la propriété intellectuelle prévue par l’ALENA.
  6. Maintenir la protection des investissements directs étrangers et renforcer les mécanismes de règlement des différends.
  7. Maintenir l’exception culturelle dans l’ALENA pour protéger la production et la diffusion de contenus locaux.
  8. Réduire les entraves à la circulation des biens et services électroniques.
  9. Adopter une méthode efficace de perception des taxes de vente sur les transactions électroniques réalisées au Canada.
  10. Faciliter la mobilité des gens d’affaires au sein du territoire nord-américain et des travailleurs temporaires en élargissant la liste des professions admissibles dans l’ALENA.
  11. Intégrer le secteur du bois d’œuvre à l’ALENA de façon à assurer un accès stable au marché américain pour nos exportateurs.

Forte d’un réseau de plus de 7 000 membres, la CCMM agit sur deux fronts : porter la voix du milieu des affaires montréalais et offrir des services spécialisés aux entreprises et à leurs représentants. Elle intervient sur des dossiers déterminants pour la prospérité des entreprises et de la métropole du Québec.

Le mémoire de la Chambre peut être consulté en cliquant ici.

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Opinion : Les Québécois et leur hydroélectricité

Ce texte d’opinion est signé par F. Pierre Gingras, retraité d’Hydro-Québec, ex chef Estimateur, Aménagements Hydroélectriques.

Les Québécois semblent tellement habitués aux multiples avantages de l’électricité qu’ils prennent comme allant de soi qu’ils ne semblent plus pouvoir les apprécier.

Lors de l’émission télédiffusé à Télé-Québec « Il y a du monde à messe » du vendredi 14 juillet 2017, il était pathétique de voir certains invités faire la leçon à Monsieur François Legault* sur le développement économique du Québec, du moins en ce qui concerne spécifiquement la filière hydroélectrique, filière que l’on devrait bannir, selon eux, au profit de la filière éolienne. Il semble qu’il s’agisse ici de la « pensée politiquement correct du moment ».

Pourtant, quelques aspects mériteraient d’être connus depuis longtemps; à savoir :

À grande échelle, l’éolien serait un désastre pour l’environnement

La population n’a jamais été dument informée de la performance comparative des filières au point qu’il faudrait, par exemple, ériger à Laval au-delà de 1 700 éoliennes de 450 pieds de hauteur pour remplacer MW par MW la centrale de Carillon ou encore en « planter » quelques 6 000 autres dans la partie sud de Montréal, pour remplacer la seule centrale de Beauharnois. Que trouvez de vert dans un tel désastre?

De plus, cette énergie éolienne, plus abondante en été qu’en hiver, ne serait même pas disponible au bon moment pour les besoins des Québécois. En fait, il faudrait encore plus d’éoliennes, peut-être le double, pour répondre aux besoins hivernaux et ce, à plusieurs fois le coût.

Note : une éolienne de 450 pieds de hauteur produit 1 MW pendant 20 à 25 % du temps environ. Il existe désormais des éoliennes plus puissantes encore … mais plus grosses.

Vouloir remplacer l’hydroélectricité par de l’énergie éolienne équivaut à vouloir atteler des souris à la place des chevaux. Heureusement, le Québec n’en n’est pas encore rendu là.

Si les citoyens avaient été informés proprement des enjeux de chacune des filières, le gouvernement n’aurait certainement pas osé engager Hydro-Québec dans une dépense annuelle de l’ordre d’un milliard de $ d’achat en énergie éolienne. Prétendre que ces achats d’énergie éolienne sont requis pour le développement régional c’est d’essayer de nous faire accroire que les leaders des régions auraient choisi les éoliennes plutôt que ce montant annuel d’un milliard! Peut-on en douter?

Les lobbyistes insistent pour poursuivre encore davantage cette façon actuellement « politiquement correcte » de mettre le Québec dans le trou!

En quoi l’hydroélectricité serait-elle plus verte ?

Combien de Québécois sont conscients que chaque nouveau MWh qu’Hydro-Québec met en service lors de la réalisation d’un projet évite à jamais la consommation annuelle de quelques 2 500 tonnes de carburant, soit de plus de 18 200 barils, et élimine également l’émission annuelle de quelques 10 000 tonnes de gaz à effets de serre dont 7 500 T de CO2, même quand cette énergie est exportée.

Ce fait se comprend aisément puisqu’un MW correspond sensiblement à la puissance d’une locomotive opérant à forte puissance. Il faut savoir, par exemple, que la seule centrale de La Grande-2, à plusieurs centaines de pieds sous terre, en silence et sans pollution aucune, génère autant d’énergie que tout le parc de plus de 4 300 locomotives qui sillonnent l’ensemble du Canada. Une telle réalité, enfin connue, devrait concilier assez bien l’hydroélectricité avec nos valeurs en environnement.

Mais pourquoi
Hydro-Québec ne nous informe-t-elle pas de ces aspects dans ses publicités?

Hydroélectricité : un jour bouée de sauvetage de l’économie du Québec ?

Peu de Québécois réalisent que pour remplacer l’énergie de ses barrages par du pétrole, soit quelques 42 000 MW disponibles 60 % du temps, le Québec devrait importer quotidiennement quelques 1 250 000 à 1 300 000 barils de pétrole additionnels, soit cinq fois plus qu’actuellement et ce, pour simplement conserver son mode de vie actuel.

À un coût très instable mais qui a déjà même atteint jusqu’à 146 $US par baril sur le marché international, et en ajoutant tous les frais de transport, de raffinage et autres, cette situation aurait alors imposée une ponction quotidienne de quelques 180 à 200 millions $US sur l’économie du Québec. Cette situation aurait été impossible à supporter;  l’économie du Québec ne s’en serait jamais relevée. Même aujourd’hui, avec un prix de 50$ par baril, il nous faudrait renoncer notamment et en grande partie à notre système de santé sans ticket modérateur, à nos universités gratuites à 88% et à notre cinéma déficitaire à plus de 80%.

De plus, il faut savoir qu’avec l’ajout de la taxe carbone, dans moins de dix années, l’énergie propre du Québec pourrait bien avoir pratiquement doublé sa valeur sur le marché de l’exportation.

Hydroélectricité : bouée de sauvetage de l’environnement du Québec ?

À cette ponction financière, la consommation additionnelle quotidienne de 1,2 à 1,3 millions de barils de pétrole ajouterait l’émission annuelle d’environ 250 millions de tonnes de gaz à effets de serre, soit environ cinq fois les émissions actuelles du Québec, soit trois fois plus que les émissions l’industrie des sables bitumineux.

À Montréal, où on fait tout un plat avec les émissions de quelques milliers de poêles à bois, que penserait-on de la qualité de l’air advenant que l’on doive un jour retourner vers le chauffage au bois et/ou au mazout? En tenant compte des grands froids d’hiver, la pollution y serait comparable à celle des grands centres de la Chine.

L’Hydroélectricité modifie mais ne détruit nullement l’environnement

Les aménagements hydroélectriques deviennent souvent les sites de plein air les plus fréquentés. Citons l’exemple  des réservoirs  Gouin, Manicouagan, Baskatong, Taureau, Kipawa et Carillon. Carillon, situé aux portes mêmes de Montréal, est reconnu comme le meilleur site de pêche à la barbotte.

Même l’importante région touristiques des Laurentides s’est surtout développée autour des petits réservoirs aménagés au début du vingtième siècle dont le lac Masson (Esterel), le lac Théodore (St-Adolphe), le lac des Sables (Ste-Agathe), le lac Archambault (St-Donat), les lacs Manitou, Cornu, Brulé et combien d’autres.

Contrôle des effets des changements climatiques autres sautes d’humeur de Dame Nature

À Sarnia, un barrage de trois pieds de hauteur suffirait pour emmagasiner, sur les immenses lacs Michigan et Ontario, un volume d’eau des crues de quelques 180 kilomètres cubes, suffisant tant pour contrôler les crues que pour combler les périodes de basses eaux, tant pour garantir l’exploitation de la Voie maritime du St-Laurent que de sauvegarder plus de 18 000 kilomètres de rives et suffisant pour s’autofinancer en deux années avec l’augmentation de la production d’énergie des centrales de Niagara, de Cornwall et de Beauharnois.

Si les barrages requis à Sarnia et à l’entrée de la Rivière des Prairies (lire notre autre article), discutés depuis les années quarante, avaient été en place, les dommages engendrés par la crue centenaire de cette année auraient été peu importants. Ces dommages du seul printemps 2017 sont d’ailleurs d’un coût semblable à celui des deux barrages cités plus haut.

Hydroélectricité : une énergie durable et renouvelable

D’autre part, en fin 2011, il est déplorable qu’Hydro-Québec n’ait pas été assez perspicace pour souligner le centième anniversaire d’exploitation de l’importante centrale de Shawinigan-2, d’une puissance de 179 MW,  centrale d’ailleurs qui semble en condition d’opérer encore pour un autre siècle. C’était exemple par excellence à souligner d’une énergie durable et renouvelable! Par contre, la durée de vie utile d’une dispendieuse éolienne est d’environ deux décennies.

En conclusion

Ces informations, portées à la connaissance de la population, pourraient possiblement changer bien des perceptions. Avec tous les débats, livres blancs et autres politiques présentés au cours des dernières décennies, pourquoi ces faits sont-ils toujours gardés à l’arrière – plan?

Et dire que certains artistes et autres intellos de salon prétendent faire la leçon à Monsieur Legault qui aurait un penchant pour l’hydroélectricité. Avec une telle compétence, espérons qu’ils n’en viendront pas jusqu’à se présenter.

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*François Legault est député à l’Assemblée nationale du Québec et chef du 2e partie de l’Opposition officielle.

(Source de l’image: HydroQuebec.com.)

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Six grands enjeux pour le Canada dans la renégociation de l’ALÉNA

On sait maintenant que ce sera un passage obligé. Et les négociations pour remodeler l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), un processus qu’exige le nouveau président Donald Trump, s’annoncent « longues et ardues ». Même si les responsables canadiens soutiennent que « c’est le Mexique qui constitue la véritable cible de la détermination du président Trump à renégocier ce qu’il voit comme une « mauvaise entente » qui ne bénéficie pas aux États-Unis ».

Même si cette analyse s’avérait exacte, un certain nombre d’enjeux devraient malgré tout provoquer des frictions entre le Canada et son voisin immédiat du sud.

En voici une petite demi-douzaine:

Le règlement des différends

Lorsque le Canada a négocié son ALÉ avec les États-Unis en 1988, il a voulu éliminer les droits compensatoires et les droits antidumping, des mesures élaborées pour neutraliser les effets des importations dont les prix et les subventions étaient jugés inéquitables. Les Canadiens estimant que ces droits étaient utilisés avec trop de zèle par les États-Unis, et qu’ils étaient maintenus par les tribunaux pour protéger les produits de la concurrence, notamment celle du bois d’oeuvre canadien.

Il s’agissait alors d’un enjeu primordial pour le Canada: le refus des États-Unis d’en discuter a failli faire avorter l’entente. Les deux pays se sont finalement entendus sur un compromis de dernière minute visant à mettre en place un mécanisme binational temporaire de règlement des différends, connu sous le nom de Chapitre 19.

En 1994, l’Accord de libre-échange canado-américain fut remplacé par l’ALÉNA et le mécanisme est devenu permanent. Les trois pays signataires peuvent toujours imposer des droits compensatoires et antidumping, mais en vertu du Chapitre 19, un pays peut demander à un comité spécial formé de membres des deux pays impliqués dans le différend d’examiner ces pénalités. Dès qu’un comité spécial amorce son examen, l’enjeu ne peut plus faire l’objet d’une révision judiciaire.

Plusieurs études révèlent que grâce au Chapitre 19 Washington a imposé beaucoup moins de droits compensatoires et antidumping au Canada et au Mexique qu’aux autres pays du monde. Certaines industries aux États-Unis soutiennent que le Chapitre 19 enfreint leur droit constitutionnel d’obtenir une révision judiciaire juste et impartiale, et empêche le président des États-Unis d’exercer son pouvoir d’appliquer les lois du pays sur le commerce.

Donald Trump souhaite donc carrément éliminer le Chapitre 19. Le premier ministre Justin Trudeau a, lui, affirmé que son gouvernement insisterait pour qu’une version renégociée de l’ALÉNA comprenne un mécanisme de règlement des litiges « juste et équitable » et il n’a pas voulu dire si le Canada pourrait claquer la porte si l’administration Trump se montrait inflexible dans sa volonté d’éliminer le système de règlement des litiges.

Les produits laitiers

Le système de gestion de l’offre limitant la quantité de produits laitiers pouvant être importée au Canada avant que des tarifs très élevés ne leur soient imposés constitue un irritant commercial depuis longtemps. Mais un enjeu plus important touche maintenant un produit plus récent, dit lait diafiltré. On parle ici des protéines laitières qui entrent dans la fabrication de fromage, de yogourt et autres produits lactés.

Cet « ingrédient » lacté n’étant pas soumis aux tarifs sur le lait prévus par la gestion de l’offre au Canada, les producteurs aux USA ont commencé à les vendre à faible coût aux usines de traitement canadiennes. Une manoeuvre qui ferait perdre aux producteurs canadiens des centaines de millions $ chaque année. Bien que la situation a changé lorsque l’industrie laitière canadienne a conclu une entente lui permettant de vendre, elle aussi, au rabais des ingrédients lactés et depuis que le Canada a créé une nouvelle catégorie de lait, coupant l’herbe sous le pied des producteurs du sud de la frontière. Résultat : le lobby US des produits laitiers a manifesté sa colère et a attiré l’attention de Donald Trump, qui a donc accusé le Canada, plus tôt cette année, pour la crise vécue par un certain nombre de fermes laitières du Wisconsin.

Le lobby canadien, lui, plaide que la stratégie ne s’appliquant qu’au marché intérieur est légale en vertu des lois commerciales internationales. Les producteurs du Canada se demandant aussi pourquoi les produits laitiers, qui avaient été exclus de l’ALÉNA, devraient dorénavant s’y retrouver.

Le vin

Il y a ici une vieille querelle entre le Canada et les États-Unis au sujet du vin qui a émergé dans le communiqué de presse du représentant US au Commerce qui énonçait les objectifs de Washington pour la renégociation de l’ALÉNA, bien que l’enjeu n’était pas inclus dans la liste d’objectifs de négociation proprement dite. Cette bataille avait été lancée avant même que le président Trump ne soit porté au pouvoir. C’est que le gouvernement des États-Unis estime que les producteurs de vin de leur pays sont désavantagés parce que la Colombie-Britannique ne permet qu’aux vins de cette province d’être vendus en épicerie. Washington plaidant que la Colombie-Britannique semblait avoir enfreint les engagements pris par le Canada auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il s’agit assurément d’un enjeu complexe pour le gouvernement fédéral canadien, puisque l’alcool est de compétence provinciale selon la constitution du Canada. Mais le problème du vin sera presque certainement un facteur, direct ou indirect, dans les prochaines négociations de l’ALÉNA.

Les investissements

Selon la lettre du représentant au Commerce, les États-Unis souhaiteront réduire ou abolir les barrières aux investissements « dans tous les secteurs ».

Au Canada, jusqu’ici, la culture comme les soins de santé sont exemptés par des dispositions de l’ALÉNA. Les télécommunications pourraient aussi faire l’objet d’une réforme dans ce contexte.

Le commerce transfrontalier hors taxes

Les États-Unis voudraient que le Canada permette une hausse de 4 000 % du plafond fixé actuellement pour exempter de taxes de vente les produits achetés aux États-Unis. Actuellement ce plafond – un des plus bas au monde – a été fixé à 20 $ et cela il y a des décennies, bien avant l’avènement du commerce en ligne. À Washington on souhaiterait que ce plafond soit porté à 800 $, comme c’est le cas même aux États-Unis.

Une mesure qui réjouirait certes les consommateurs, mais les entreprises canadiennes ne sont pas d’accord puisque ce régime fiscal serait plus avantageux pour les détaillants étrangers que pour les entreprises canadiennes, qui elles investissent et créent des emplois au Canada. De plus, si les consommateurs canadiens font leurs achats aux États-Unis, les détaillants canadiens seraient probablement tentés d’y déménager leurs affaires. Un phénomène qui n’augurerait rien de bon pour l’économie locale au Canada.

L’eau douce

Il est difficile de penser que les politiciens de Washington ne voudront pas profiter de cette porte ouverte à la renégociation de l’ALÉNA pour, au minimum, relancer le débat sur l’énorme potentiel d’exportation de l’eau douce du Canada en gros volume vers le voisin du sud, de plus en plus assoiffé d’eau. Quelques tentatives, à Terre-Neuve et en Colombie-Britannique, furent finalement stoppées dans le passé, et depuis le sujet reste en sourdine. Mais la réalité de la rareté ne fait qu’augmenter au fil des ans et l’eau du Canada est assurément convoitée malgré tous les discours environnementalistes en vogue.

 

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L’AIESEC choisit Montréal pour établir son nouveau secrétariat international

L’annonce a été faite à l’occasion de son Congrès international, tenu à Carthagène, en Colombie. L’AIESEC, l’une des plus importantes associations au monde avec 50 000 membres étudiants et nouveaux diplômés, a expliqué « préférer Montréal aux autres métropoles finalistes » dans le cadre d’un processus d’appel d’offres qui avait été lancé en avril dernier, visant à choisir son nouveau siège social mondial.

« Montréal se démarque par son emplacement stratégique, sa stabilité économique, son coût de la vie compétitif et son environnement urbain sécuritaire. De plus, la communauté étudiante y est nombreuse et très active. Ses caractéristiques distinctives répondent parfaitement aux besoins de notre organisation et à notre mandat », a déclaré lors du congrès Niels Caszo, président de AIESEC International 2016-17.

MONTRÉAL INTERNATIONAL DÉCLASSE ROTTERDAM

Piloté par Montréal International, le projet de candidature de Montréal a été couronné de succès grâce à l’appui d’une trentaine de partenaires, ainsi qu’aux efforts concertés de Développement économique Canada pour les régions du Québec, du Ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec et de la Ville de Montréal.

« Nous sommes ravis que l’AIESEC ait porté son choix sur Montréal et nous remercions la trentaine d’organisations qui ont appuyé sa candidature, notamment les regroupements et les établissements d’enseignement, de même que les organisations jeunesse et les entreprises du secteur privé. Cette solidarité et cette mobilisation ont été des facteurs décisifs dans le choix de l’AIESEC, lui laissant entrevoir tout le potentiel d’affaires dont elle pourra tirer parti pour croître et renforcer son positionnement à travers le monde », a déclaré Hubert Bolduc, pdg de Montréal International.

Le statut de Montréal à titre de meilleure ville universitaire au monde, attribué par l’organisation QS, a également joué en faveur de la candidature de Montréal, l’AIESEC ayant pour mandat de développer le potentiel de leadership des jeunes grâce à des échanges internationaux afin qu’ils soient notamment en mesure de contribuer positivement à la société.

« L’AIESEC est une organisation dont l’influence s’étend à travers le monde et qui bénéficie d’un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), du Département de l’information des Nations Unies (DPI) et du comité permanent de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) », a pour sa part fait remarquer le maire Denis Coderre, aussi président de la Communauté métropolitaine de Montréal.

L’AIESEC procèdera au déménagement de ses bureaux actuels, situés à Rotterdam, aux Pays-Bas, en septembre 2018. Elle viendra s’ajouter aux quelque 64 organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales déjà présentes à Montréal, la plus importante communauté d’organisations internationales en Amérique du Nord, après Washington et New York.

Outre leur impact économique annuel de près de 300 M$, les organisations internationales bonifient le rayonnement international de la métropole, facilitent l’établissement de liens entre les entreprises d’ici et les réseaux internationaux et enrichissent le Québec d’une expertise unique. Depuis 1996, Montréal International – la seule agence de développement économique au monde ayant un programme dédié à l’attraction, à l’accueil et à l’expansion des organisations internationales – a attiré à Montréal environ la moitié des organisations internationales établies dans le monde.

Source de l’image: http://uclu.org/clubs-societies/aiesec-society

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