Archives de catégorie : Newsletter

Bienvenue au « G8 » de 2020

Rien n’est anodin dans un ballet diplomatique de haut niveau tel qu’un Sommet du G7. Ainsi, la déclaration du président Donald Trump à l’égard de l’absence de la Russie à la table des participants de 2018 avec son souhait de revoir ce pays au sein du Groupe est importante. Dans le contexte actuel, c’est possiblement la manière Trump de faire savoir à ses collègues ce qu’il entend faire pour 2020. Alors bienvenue au « G8 » de 2020, quelque part aux USA.

TRUMP POURRA LE FAIRE

Le contexte, c’est que si pour 2019 c’est la France qui prend les rennes de la présidence du Groupe et qui organisera le prochain Sommet du G7, selon la routine de travaille des membres, viendra ensuite le tour des États-Unis. Et donc en 2020, alors qu’il sera à la dernière année de son actuel mandat présidentiel de quatre ans, Donald Trump pourra très bien prendre l’initiative d’accueillir à titre d’invité le président russe Vladimir Poutine.

« Oui, la marge de manœuvre du président qui organise un Sommet le permettrait », nous a confirmé le professeur John J. Kirton, directeur et fondateur du G7 Research Group de l’Université de Toronto, rencontré au Centre des médias le 8 juin, le jour même de la déclaration surprise du président Trump.

Si le consensus des 7 serait requis pour revoir participer la Russie comme membre du Groupe, et donc revenir du G7 à un G8, l’hôte Trump pourra, seul et devant lui-même, faire de la Russie SON invité et l’imposer à l’entourage des six autres participants. Un peu comme Justin Trudeau a fait à sa manière, en invitant 12 pays pour un sujet unique bien ciblé (la lutte aux déchets plastiques dans les océans), le président Trump aura aussi une marge d’initiative pour donner SA touche à son sommet, en 2020.

Le président Poutine ne pourrait ainsi probablement pas participer à toutes les séances de travail du G7 de 2020, mais il y pèserait certainement de sa seule présence et du fait de l’importance des discussions informelles en marge de la procédure et du déroulement de la réunion. On pourrait donc parler d’un « G8 » entre guillemet! Et reste aussi à voir que seront les thèmes et priorités que le président Trump, président hôte, voudra donner au Sommet de 2020. Ce qui pourrait encore jouer sur la pertinence et les possibilités de faire asseoir plus d’une fois Vladimir Poutine autour de la table.

BIENVENUE À BIARRITZ EN 2019

Quant à 2019, lors de sa conférence de presse, tenue à La Malbaie au sortir du G7 de 2018, le 9 juin, le président Macron de France a été clair sur cette question : « La Russie a été exclue par consensus du Groupe. Il y a eu les Accords de Minsk, suite à l’occupation russe de la Crimée, en Ukraine. Si la Russie respecte les Accords de Minsk, il me fera plaisir de l’accueillir en 2019 ».

En 2019, le Sommet se tiendra à Biarritz, « à la fin de l’été à une date encore à déterminer », a aussi annoncé le président Macron. Et il reste peu probable de voir Vladimir Poutine s’y pointer, pour réintégrer le Groupe des grandes puissances.

Mais pour 2020, les chances sont maintenant très grandes. Soulignons notamment que l’italien Conte avait affirmé, lui aussi sur Twitter, « être favorable » au retour de la Russie dans le groupe.

« Ils ont expulsé la Russie, ils devraient réintégrer la Russie. Parce que nous devrions avoir la Russie à la table de négociations », avait pour sa part dit le président Trump avant de quitter Washington le 8 juin au matin.

La pertinence d’avoir la Russie à cette table de négociations ne peut pas être niée fondamentalement par les autres membres du G7. Et la mise en punition de la Russie ne peut pas être éternelle. Washington et Rome semblent prêts à négocier.

La Russie, expulsée des Sommets en 2014 après avoir annexé la Crimée et avoir vu depuis les leaders du G7 lui imposer des sanctions à ce propos et rappelé, par ailleurs, à l’ordre Vladimir Poutine pour son soutien au régime de Bachar Al-Assad en Syrie, en a cependant beaucoup encore à se faire pardonner.

Très officiellement, les quatre pays européens présents au G7 de Charlevoix de 2018, soit la France, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume Uni, sont tombés d’accord à la clôture du vendredi 9 juin pour « refuser » le retour dans le cénacle de la Russie. Emmanuel Macron, Giuseppe ConteAngela Merkel et Theresa May ont convenu que « (…) la position européenne n’est pas un retour de la Russie » tout en rappelant la « vigilance du G7 » face à Moscou et en évoquant « la possibilité d’établir un dialogue »… ce qui semble clairement une concession faite à Rome.

Et un début d’ouverture vers la vision de Donald Trump !

***

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI

Lazaridis Institute : tournée de 15 villes au Canada pour évaluer le degré de préparation des entreprises technologiques à prendre de l’expansion

Si l’innovation est de plus en plus au cœur du développement de toute entreprise dans le monde compétitif actuel, l’initiative qu’amorce le Lazaridis Institute, de l’Université Wilfrid Laurier, en Ontario, apportera certainement moult détails sur la démarche du succès dans toutes ses coutures. Du 5 juin au 5 juillet 2018, en commençant par Halifax, le Lazaridis Institute se déplacera dans 15 villes canadiennes, pour y animer des discussions axées sur les facteurs de croissance qui ont l’incidence la plus importante et la plus immédiate sur l’expansion des entreprises.

En partenariat avec des centres technologiques situés partout au pays, l’institut présentera notamment Chris Yeh, l’un des créateurs de l’approche Blitzscaling, qui est enseignée à l’Université Stanford. La tournée permettra aussi de présenter des modèles d’affaires qui favorisent une croissance très rapide, les changements de stratégie qui sont nécessaires à chaque étape de l’expansion et les défis liés à la gestion qui surviennent tout au long de la croissance des entreprises technologiques.

En plus d’entendre les propos de M. Yeh sur l’approche Blitzscaling, les entreprises technologiques en apprendront davantage sur la base de données ouverte d’entreprises canadiennes en démarrage et d’investisseurs canadiens, lancée par l’entreprise de Toronto Hockeystick et financée en partie par le Lazaridis Institute. La plateforme gratuite aidera les entreprises en démarrage et en expansion qui sont à court de ressources à se faire connaître à l’échelle internationale et à accéder de façon plus efficace à des programmes de soutien et à des occasions de financement. Grâce à la plateforme, les accélérateurs pourront également repérer les entreprises en démarrage qui répondent aux paramètres de leurs programmes et elle offrira aux gouvernements des provinces canadiennes et du Canada les mesures d’impact dont ils ont besoin.

PROGRAMME SCALE-UP

Le Lazaridis Institute investit dans la technologie canadienne au moyen de son programme phare Scale-Up et il a collaboré avec des spécialistes en expansion afin de donner l’occasion aux entreprises technologiques situées dans 15 villes partout au Canada d’évaluer leurs possibilités de prendre de l’expansion.

Le programme Scale-Up, qui arrive à sa troisième édition, est conçu pour aider les fondateurs d’entreprises technologiques à surmonter les défis auxquels ils sont confrontés alors qu’ils font croître leur entreprise en vue d’affronter la concurrence mondiale. Le programme traite des contraintes liées à la croissance au moyen d’une approche personnalisée et fortement orientée vers l’exécution.

Après un an seulement, la totalité des membres de la première cohorte, composée de 10 entreprises, indiquaient que les revenus de leur entreprise avaient augmenté; 90% avaient lancé un nouveau produit ou service, augmenté leurs exportations et obtenu du financement externe.

« Chaque année, le programme Scale-Up du Lazaridis Institute réunit 10 des entreprises technologiques les plus prometteuses au Canada, qui travaillent avec des spécialistes à l’échelle mondiale tout en élargissant leur réseau et en se préparant à leur prochaine étape de financement », explique Kim Morouney, sa directrice générale.

Alors que le Lazaridis Institute contribue à bâtir un réseau national d’entrepreneurs dans le domaine des technologies, il cherchera à rencontrer les entreprises les plus prometteuses qui sont à l’étape de la croissance partout au Canada en vue de la troisième cohorte de son programme Scale-Up, pour lequel les candidatures seront acceptées du 22 mai au 27 juillet 2018.

Vous avez une entreprise technologique, un projet ? Retenez ces dates et allez y rencontrer une expertise de haut niveau :

Date Ville
Mardi 5 juin Halifax
Mercredi 6 juin St. John’s
Jeudi 7 juin Moncton
Lundi 11 juin Winnipeg
Mardi 12 juin Saskatoon
Mercredi 13 juin Calgary
Jeudi 14 juin Edmonton
Lundi 18 juin Ottawa
Mardi 19 juin Waterloo
Mercredi 20 juin Toronto
Mardi 26 juin Victoria
Mercredi 27 juin Vancouver
Mercredi 4 juillet Montréal
Jeudi 5 juillet Québec
À déterminer Charlottetown

Dans le cadre de la Lazaridis School of Business and Economics à l’Université Wilfrid Laurier, l’institut établit des connexions directes entre la recherche internationale, les pratiques exemplaires en matière d’expansion mondiale et le programme d’études qui préparera la prochaine génération de chefs d’entreprise à relever les défis de demain dans l’industrie des technologies.

Le programme Scale-Up du Lazaridis vise à aider les entreprises technologiques en phase de croissance les plus prometteuses du Canada à développer leurs activités pour être concurrentielles à l’échelle internationale. Les facilitateurs du programme représentent quelques-unes des entreprises les plus novatrices et influentes du monde entier, notamment Shopify, Survey Monkey et Oracle. Ils partagent leurs connaissances et leur expérience au cours d’ateliers intensifs de deux jours portant sur les défis que doivent relever en temps réel les entreprises de la cohorte. Avant même la fin de l’année du programme Scale-Up, les entreprises enregistrent des changements considérables et un progrès mesurable, et se sont en outre préparées à la prochaine ronde de financement, si elles ne l’ont pas déjà reçue.

« Cette tournée constitue une occasion d’établir des relations avec les écosystèmes technologiques partout au pays. Nous voulons partager nos recherches, inviter les entreprises à tirer parti de cette nouvelle plateforme de données et apprendre comment nous pouvons travailler tous ensemble afin de faire croître les entreprises technologiques canadiennes (…) Notre objectif consiste à découvrir les ressources et à favoriser les talents dont les entreprises technologiques ont besoin pour croître — et pour rester ici, au Canada », ajoute Mme Morouney.

Les leaders du domaine des technologies, les décideurs et les médias font tous observer que les entreprises en croissance représentent moins de 5% des entreprises canadiennes. Pourtant, elles créent plus de 50% de tous les nouveaux emplois.

Chris Yeh

Associé chez Wasabi Ventures Global, Chris Yeh est également associé du Women’s Startup Lab Fund, qui aide des femmes entrepreneurs exceptionnelles à changer le monde. Il écrit sur divers sujets, principalement axés sur l’entrepreneuriat et les entreprises en démarrage. Avec ses amis Reid Hoffman et Ben Casnocha, il a corédigé «The Alliance: Managing Talent in the Networked Age», qui figure sur la liste des ouvrages à succès du New York Times. Ses textes ont été publiés dans des magazines tels que Harvard Business Review et TechCruch. M. Yeh a obtenu deux baccalauréats avec distinction à la Stanford University, avant d’obtenir son MBA à la Harvard Business School, avec la distinction de Baker Scholar.
www.chrisyeh.com

lazaridisinstitute.ca

***

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI

Enfin la ZLEC : 44 pays d’Afrique signent un accord de libre-échange quasi-continental

Il faudra bien surveiller la suite des choses à court terme, car entre des signatures devant la galerie de la presse et la véritable ratification d’un traité, il y a la différence entre une intention et un fait. C’est dans ce test que sont engagés, depuis un peu plus d’un mois maintenant, 44 des 55 pays membres de l’Union africaine. Pour ainsi dire, ils ont historiquement engagé leur pays dans un projet d’accord de libre-échange continental. On espère maintenant qu’il entrera en vigueur d’ici la fin de l’année 2018.

Le jour historique à inscrire sera alors celui du 21 mars 2018 et la ville Kigali, au Rwanda. Moment qui aura vu 80% des leaders politiques nationaux d’Afrique parapher ce qui deviendrait le plus gros accord de libre-échange depuis la création de l’Organisation mondiale du Commerce. C’était alors la grande réforme mondiale qui transforma le GATT en OMC, il y a un peu plus de vingt-cinq ans déjà (l’OMC fut officiellement créée le 1er janvier 1995 des suites de la signature de l’accord à Marrakech le 15 avril 1994).

Dans le présent cas africain, l’entente, issue d’un sommet extraordinaire de cinq jours de l’Union africaine, vise à donner naissance à un marché continental de quelque 1,2 milliard de personnes, actuellement.

Le quotidien Jeune Afrique par le d’ailleurs de « l’accord sur la zone de libre-échange continentale ». En produit intérieur, on parle d’un PIB s’élevant globalement à 3 400 milliards $US (2,5 G en se limitant aux pays concernés).

Mais l’Afrique est aussi le continent qui affiche présentement les plus hauts taux de croissance démographique de la planète.

L’impressionnante Éthiopie affichant 2,46% de taux de croissance démographique vient en 2018 de joindre le « club » des pays de 100 millions d’habitants et plus sur la Terre (ils sont 13 maintenant); et l’Égypte est à l’horizon des années proches, comptant déjà plus de 90 millions de population. Mentionnons également la République démocratique du Congo, qui avait 76 millions de citoyens en 2015, mais 81 millions en 2017, et terminera 2018 autour de 84 millions ; parce qu’avec un 3,28% comme taux de croissance de sa population, il s’en ajoute autour de 2 665 000 annuellement. Bref, il y aura plus de 2 milliards d’Africains bien avant 2050.

OBJECTIFS

Un des principaux objectifs de l’accord signé à Kigali est d’encourager les échanges commerciaux intra-africains. Réduire la dépendance envers la volatilité du cours des matières premières, qui frappe plusieurs exportations africaines, fait aussi partie de la liste.

De fait, trois accords ont alors été signés : un sur la zone de libre-échange continentale (ZLEC) par 44 pays, le protocole de libre circulation des personnes sur le continent par 27 pays, et enfin la « déclaration de Kigali », déclaration solennelle de fin de sommet par 43 pays. Le projet de ZLEC se veut une pierre angulaire de l’agenda 2063 de l’UA; en référence à la création de l’organisation en 1963 à Addis-Abeba. On le discute depuis plusieurs années déjà.

Le tout mis ensemble, certains s’’inquiètent déjà de voir les habitants des pays les plus pauvres se déplacer vers des puissances économiques comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, qui devraient être les principales bénéficiaires de cette entente, même s’ils ne l’ont pas signée, ni l’un, ni l’autre. Le président du Nigeria était absent du sommet. Et l’Afrique du Sud ne croit pas réaliste un objectif de mise en vigueur dès janvier 2019.

L’accord a tout de même été signé par des pays dont l’économie est en pleine ascension, comme le Ghana et l’Éthiopie. Même la République arabe sahraouie démocratique (RASD) l’a signé : les représentants marocains quittant alors la salle, en signe de non reconnaissance de ce gouvernement, mais revenant pour signer à leur tour. Si 44 des 55 pays membres de l’Union Africaine sont signataires, les 11 n’ayant pas suivi sont le Bénin, le Botswana, le Burundi, l’Érythrée, la Guinée-Bissau, le Lesotho, la Namibie, le Nigeria, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud et la Zambie.

Selon le texte signé à Kigali, pour entrer en vigueur l’accord devra être ratifié par un minimum de 22 pays.

***

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI

 

À très exactement 12 mois du Brexit… que penser ?

La commotion du résultat du référendum du 23 juin 2016 au Royaume-Uni confirmant le processus de sortie de ce pays de l’Union européenne (baptisé « Brexit ») laissa ensuite flotter des mois de questionnement, voire de requestionnement. Mais lorsque le 29 mars 2017 la lettre de notification au président du Conseil européen lui fut parvenue, il n’y avait plus de doute : l’application de l’article 50 du traité de l’Union se confirmait. S’ouvrit alors la période statutaire de deux ans pour conclure les négociations de sortie. Avec mars 2018, qui se termine demain, nous sommes donc très exactement à mi parcours dudit deux ans. Ce sont donc les douze mois à partir d’actuellement qui détermineront l’avenir de l’économie du Royaume-Uni (R-U). Et peut-être aussi de l’Union européenne (UE)! Voyons-voir…

Première grande question : y aura-t-il aussi un nouvel accord d’association… associé à la sortie officielle du R-U de l’UE? Ce triller, qui se joue parallèlement, a son propre cadre d’opération. Car s’il y a le « Comment sortir le R-U de l’UE? », se pose aussi la question de comment organiser ensuite la relation commerciale entre les deux parties…

Car au-delà de techniquement réussir « le détricotage des relations complexes liées à l’appartenance à l’Union européenne », comme en parle Vincent Vicard*, ce « tricotage » n’est pas rien, parce qu’il est devenu un véritable marché unique, et que le R-U en sortira.

L’IMPORTANTE VARIABLE « UNION DOUANIÈRE »

Bien que le R-U n’était pas des fondateurs du départ (du 25 mars 1957) avec les Traités de Rome instituant par exemple la Communauté économique européenne (CEE), il « tricote » son appartenance depuis 1973. Et institué grâce à l’Acte d’union signé en 1986, visant le « marché unique », l’aboutissement de l’Europe communautaire jusqu’à l’union douanière européenne est devenu une complexe réalité, solidement liée, sur les quatre fondamentaux que sont le libre accès des marchandises, des services, des personnes, des capitaux, et ce entre tous les pays membres de l’UE.

Il y aura donc eu 1973-2019 : l’Union européenne avec le R-U.

Et on sait aussi, déjà, que l’après ne ressemblera pas aux relations commerciales qu’a cette UE avec ses autres voisins immédiats.

Pourquoi?

Parce qu’est déjà connue – et il s’agit du plus gros morceau du casse-tête – la volonté affirmée par Londres de récupérer la souveraineté sur la politique commerciale, avec notamment la capacité à signer des accords commerciaux avec d’autres pays. Ceci nécessitera donc la sortie du R-U de l’union douanière qu’est le « marché unique » européen. Donc, particulièrement, le retour de sa capacité à jouer les barrières non-tarifaires aux échanges (en passant, la bête noire de l’efficacité du système commercial international depuis les récentes années…)

S’il y a un accord R-U/UE, il ne sera donc pas semblable à celui TurquieUE, ni à l’Espace économique européen (EEE) impliquant l’Islande, la Norvège et le Liechtenstein.

À l’analyse, on doit davantage attendre un accord commercial global de type classique, tel que l’AECG récemment signé entre le Canada et l’UE. (Une alternative pourrait être le modèle « à la pièce » de l’Accord Suisse-UE, mais Bruxelles a, devant Londres, déjà annoncé sa position de principe sur l’indivisibilité des quatre fondamentaux de son « marché unique » : libre accès des marchandises, des services, des personnes et des capitaux.)

Mais hors union douanière, que seront ces possibles nouvelles barrières non-tarifaires aux échanges à partir d’avril 2019 entre le R-U et les 27 de l’UE ? Voila une sous-question à la première grande question qui est très lourde de conséquences.

Au minimum, ce sera la réalité de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s’appliquera. Même sans un nouvel accord commercial R-U/UE, toujours membre de l’OMC, le R-U en sera. Il devra d’ailleurs, conséquemment, redéfinir ses « listes de concessions » – à moins de décider de dupliquer celle de l’UE – pour établir ses relations avec ses partenaires de l’OMC, bref le reste du monde ?

Pourquoi l’enjeu de l’impact des barrières non-tarifaires aux échanges est très important dans l’équation ? Soyons très concret : qu’arrivera-t-il pour la production des futurs avions d’Airbus qui actuellement passe, outre par les sites en Allemagne, en Espagne et en France, par le site de Filton, au R-U ?

Il faut ici comprendre qu’en situation de « marché unique » – d’union douanière – le gain passe largement par la diminution, voire la disparition, des barrières non-tarifaires aux échanges, telle que l’absence de formalités douanières, telle que l’harmonisation de normes qui éliminent donc les coûts de certification, etc. Ce qui fait que le marché unique crée « (…) près de trois fois plus de commerce entre pays membres que ne le fait un accord commercial régional classique » (selon Mayer, Vicard et Zignago; 2017).

Trois fois plus de commerce…

Ce choix de Londres de vouloir récupérer sa pleine souveraineté commerciale à travers le Brexit est donc majeur, alors qu’il n’est pas du tout obligatoire (rappelons-nous les accords TurquieUE et avec l’EEE).

Éventuellement, il coûtera des emplois à Filton.

UN COÛT SIGNIFICATIF, SURTOUT POUR LONDRES… ET L’IRLANDE

Il en coûtera… Justement, peut-on, dès à présent, évaluer l’impact économique de ce Brexit-là?

Oui.

« Dans le cas où  le Royaume-Uni et l’UE s’accorderaient sur un accord commercial classique après le Brexit, on peut estimer qu’à long terme le commerce extérieur britannique diminuera de 36% avec l’UE et augmentera de 12% avec le reste du monde, de sorte que son commerce total diminuera de 14% » (encore selon Mayer, Vicard et Zignago; 2017).

La même évaluation, cette fois selon l’impact sur le produit intérieur brut (PIB), donne -1,8% comme coût du Brexit à l’économie du R-U, voire -2,5% si une absence d’accord ne faisait appliquer que le cadre de l’OMC (mais c’est comparativement -0,3% ou -0,5% pour l’UE globalement).

On voit donc ici (entre -2,5% et -1,8% du PIB) l’incitatif important pour Londres de s’entendre avec Bruxelles pour avoir un accord commercial pour l’après Brexit rapidement. Incitatif qui est, par ailleurs, presque similaire pour le cas spécial de l’Irlande, géographiquement piégée, qui se voit prédire le même ordre de grandeur de contre-coûts dans les deux cas de figure. Alors que le poids de ce commerce R-U/UE pour l’Union, globalement, n’est évidemment pas du tout du même ordre ; et que les coûts, ici évalués en moyenne entre -0,3% ou -0,5% du PIB, voire seulement -0,2 pour les gros pays que sont la France et l’Allemagne, ne mettent pas la même pression à négocier rapidement à Paris, Berlin et Bruxelles.

Quelles seront les règles commerciales en avril 2019 entre le R-U et les 27 de l’UE? À 12 mois du Brexit, la réponse à cette question est impossible à prédire avec justesse. D’abord, il y aura le poids de l’entente de négociation de sortie. Ensuite, il faut rappeler que le Canada ou la Corée du Sud avaient mis 7 à 8 ans de négociations avant de concrétiser leur accord de commerce classique avec l’UE. C’est dire comment l’ombre du « plancher » OMC plane lourdement sur l’immédiat post-Brexit.

Finalement, sentez-vous sagement invités à retenir que 12 mois en politique, c’est une éternité !

———————————-

* Vincent Vicard est économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), Paris (voir : L’économie mondiale 2018, un livre publié par le CEPII).

Source de l’image: www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-le-brexit-les-medias-et-un-sondage/

***

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI

Le Québec consacrera 25 millions $ pour établir une « Stratégie québécoise sur l’eau »

Le discours du budget du ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, présenté le 27 mars 2018, a reçu les éloges du principal acteur terrain à la base de la bonne gestion de la ressource eau de ce Québec si riche en la matière, affirmant qu’il « passera certainement à l’histoire » en raison des propositions en matière de gestion de l’eau annoncées par le gouvernement. Notamment avec la création d’une « Stratégie québécoise sur l’eau », pour laquelle un budget de 25 millions $ a été réservé.

« Ces diverses annonces permettront de faire un pas historique en matière de gestion de l’eau au Québec. Les priorités et les propositions des OBV du Québec ont clairement été entendues et nous nous engageons à soutenir le gouvernement du Québec dans la mise en œuvre de ces différentes propositions en mobilisant chacun des intervenants du territoire. »
Antoine Verville, directeur général du Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ)

Ce dernier pouvait précisément se réjouir davantage, du seul fait que, ce Budget 2018-2019 du Québec confirme une significative augmentation du soutien financier accordé aux organismes de bassins versants du Québec (OBV), qui sont les membres du ROBVQ.

Effectivement, les 40 OBV du Québec se verront dorénavant octroyer 10 millions $ par année, pour un total de 30 M$ sur trois ans. Ce qui est près du double de ce qu’ils recevaient auparavant, et surtout une première augmentation du soutien financier à ce réseau depuis le déploiement de la gestion intégrée de l’eau sur l’ensemble du Québec méridional en 2009

Pour le ROBVQ, cette annonce témoigne donc de la confiance et de la reconnaissance du gouvernement envers le travail accompli par les OBV du Québec.

« Les OBV sont aujourd’hui enfin reconnus comme des partenaires majeurs du gouvernement. Ils pourront à ce titre jouer pleinement leur rôle de mobilisation et de concertation des municipalités, des entreprises et des groupes sociaux et environnementaux pour conserver notre précieuse ressource », s’en est réjouit Caroline Brodeur, présidente du ROBVQ.

En plus de la bonification du financement statutaire des OBV, le Budget du Québec 2018-2019 prévoit une enveloppe dédiée aux partenaires responsables de la mise en œuvre des plans directeurs de l’eau qui permettra de mieux passer de la planification à l’action concrète. Rappelons que quelque 900 acteurs de l’eau au Québec ont déjà participé à identifier des priorités d’intervention pour chaque bassin versant de son vaste territoire dans les plans directeurs de l’eau

VISION : VERS UNE « Stratégie québécoise sur l’eau »

C’est aussi « avec grand enthousiasme » que le ROBVQ a constaté qu’une enveloppe de 25 M$ est maintenant prévue pour le développement d’une « Stratégie québécoise sur l’eau ». Celle-ci devrait mobiliser l’ensemble de la société québécoise pour utiliser l’eau, la protéger et la gérer de façon intégrée et durable.

Le réseau des OBV y voyant une démonstration claire de la volonté de la ministre qui est responsable de l’environnement au Québec de faire de l’eau – patrimoine collectif – une réelle priorité pour le Québec et d’en assurer une gestion durable pour les générations futures.

Une série de mesures structurantes pour les ressources hydriques du Québec viennent aussi s’ajouter :

  • Un soutien de 16,2 M$ aux Municipalités régionales de comptés (MRC) pour leurs efforts de protection des milieux humides et hydriques, qui devrait assurer le succès de la mise en œuvre de la récente Loi sur la conservation des milieux humides et hydriques en appuyant l’élaboration des plans régionaux des milieux humides et hydriques par les MRC, avec notamment le soutien des OBV du Québec.
  • La création d’un Fonds bleu et un soutien aux OBV dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie maritime du Québec.
  • Une enveloppe de 8 M$ pour lutter efficacement contre les espèces exotiques envahissantes, qui pourrait permettre de lutter contre des espèces telles que la berce du Caucase, les carpes asiatiques ou encore le myriophylle à épis en se dotant de différents outils de prévention, de détection et d’intervention.
  • Des investissements majeurs dans des projets d’adaptation aux changements climatiques et de soutien aux initiatives de la société civile et des municipalités locales, notamment en matière de gestion des eaux de surface et souterraines.

—————————————–

Source de l’image: https://robvq.qc.ca

***

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI