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Sommet Trump-Poutine : les non-dits d’Helsinki

La poussière est encore à retomber suite à l’historique premier sommet politique entre les présidents des États-Unis et de la Russie, Donald Trump et Vladimir Poutine. Toute la journée de ce Sommet Trump-Poutine, tenu à Helsinki le 16 juillet 2018, l’expectative des résultats alimentait les discussions. Mais dans ce genre de rendez-vous, c’est beaucoup dans les non-dits qu’il faut aussi rechercher les meilleures analyses et les legs possibles. Ce cas-ci ne fait pas exception.

Réglons immédiatement ce qui malheureusement monopolise la majorité des médias : l’accusation d’ingérence russe dans la dernière campagne électorale présidentielle des USA. En réalité, les services de renseignement étatsuniens faisaient un beau cadeau à leur président en dévoilant quelques jours avant son rendez-vous les fruits de leur enquête sur la question. Ils lui donnaient une carte à jouer face à son adversaire. Et le timing excluait toute occultation du sujet; on se devait de confronter la question.

Le président Trump a décidé d’en faire un cadeau à son vis-à-vis. Il lui a fait savoir que sa décision était de vouloir le croire alors qu’il dit et redit « qu’il n’y a pas eu d’ingérence russe ». Message envoyé: fin de l’histoire, passons à autre chose.

Ce que le président Trump a fait, ou tenté de faire, c’est de passer l’éponge. Il a décidé de ne pas crisper la Russie avec cette bien triste affaire. Une polémique qui traîne depuis presque deux ans maintenant. Et c’était diplomatiquement parlant la meilleure décision à prendre. Toutes les autres options contribuaient à empoisonner l’avenir de la relation WashingtonMoscou. Or les deux hommes se rencontraient justement pour tenter de l’assainir.

Et connaissant le personnage, c’est un beau cadeau que M. Trump a fait à M. Poutine. Son style laissait plutôt supposer qu’il s’amuserait à encore instrumentaliser la polémique et à jouer de boutades pour la faire rebondir et perdurer dans le flou. Trump a plutôt tenté de mettre tout son poids pour libérer Poutine d’une grave hypothèque d’image. Il espère maintenant en retirer un retour. Ce n’est certes pas ce qu’il a dit. C’est pourtant ce qu’il faut entendre… et attendre. Même 24 heures plus tard!

Et en très bon politique qu’il est, c’est sans doute ce que Vladimir Poutine attendait, lui. Message reçu! Il en doit une à Trump… ainsi va la diplomatie internationale.

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On l’a vu, ce ne sont pas les sujets internationaux lourds qui manquent pour alimenter la négociation entre les deux hommes d’États. Le contenu de leur rencontre d’Helsinki témoigne à lui seul de l’évidence que ce n’est pas qu’avec le bilan immédiat de cette journée de rencontres qu’il faut savoir juger de l’utilité de l’événement. Ce n’est que la pointe de l’iceberg d’un complexe et long processus.

Et c’est ici que le jeu de lire les non-dits s’impose particulièrement devant le devoir d’analyse.

Enjeux nucléaires civil et militaire en Iran, état de guerre en Syrie, lutte globale au terrorisme, Ukraine incluant la Crimée, IsraëlPalestine… sont tous des sujets dits.

DEUX NON-DITS

Donald Trump fut un homme d’affaires avant de passer à la politique. Et il a toujours le réflexe de vouloir brasser des affaires. Avec la Russie, il savait qu’il avait devant lui un joueur majeur en matière énergétique.

Le premier non-dit de substance de ce sommet concerne ce sujet. Non pas dans son aspect européen de la chose – l’Allemagne fut bien sermonnée à Bruxelles quelques jours avant – mais dans la perspective de Tokyo.

Avec les riches gisements de gaz et de pétrole de Kovytka, au nord-ouest du lac Baïkal en Sibérie, et leur sortie par la baie de Kozmino, sur la côte russe de la mer du Japon (ville de Nakhodka, à l’est de Vladivostok), grâce à la construction de l’oléoduc Sibérie-Pacifique*, Moscou a tenté sans succès de régler son différend frontalier avec le Japon concernant les îles Kouriles. Il ne faut jamais oublier qu’aucun traité de paix n’a encore été conclu entre le Japon et l’URSS – la Russie – suite au conflit mondial de 1939-45. Intraitable, Tokyo demande le retour complet des quatre îles de son extrême nord (c’est par le Traité de Shinoda de 1855 que la frontière passe au-dessus de Eterofu (ou Iturup), Kurashiri, Skikotan et du petit archipel des îlots Habomaïs) occupées opportunément parce que Staline ordonna à l’Armée Rouge, après la capitulation du Japon, de s’y rendre.

Dès la planification du projet de l’oléoduc Sibérie-Pacifique, devant la situation demanderesse du Japon en matière énergétique, Moscou tenta en même temps d’amadouer Tokyo, mais sans succès. Si le Japon a fait exception à sa position globale de négociation, parce qu’il a finalement accepté de participer au financement de l’oléoduc pour pouvoir s’alimenter en énergie**, il refusa autant tout compromis sur la question d’un éventuel traité de paix et demeure tiède à Moscou pour le reste de ses relations.

Tokyo refuse de mêler les deux sujets.

Mais si Moscou n’arrive pas à faire fléchir Tokyo, Washington le peut davantage.

Or, Donald Trump vient de tenter un grand coup avec la carte de la paix en Asie via la Corée du Nord. Il pourrait très bien rêver de jouer le doublé : en plus du souhaité et de plus en plus probable traité de paix Corée du Sud Corée du Nord, encourager le depuis longtemps aussi souhaité traité de paix JaponRussie. Et ainsi dégager complètement l’Asie de l’Est des stigmates de la seconde GGM en matière de frontières internationales.

La Corée du Nord est d’ailleurs le second non-dit de substance que nous souhaitons ici relever.

Dans sa quête de redonner à son pays le lustre de puissance que son passé impérial permettait, le président Poutine regarde stratégiquement vers l’Asie depuis certainement 2004. Et une partie de la politique coréenne de Vladimir Poutine apporte une pièce surprenante à l’équation. Parce que pendant plusieurs années il s’est obstiné à porter un projet (pourtant jugé « désespéré ») parce qu’il donnait un contenu à la prétention russe de jouer le rôle de pont entre Europe et Asie.

Ledit projet ? C’était de relier les deux grands réseaux ferroviaires transsibérien et transcoréen, en passant non pas par la Chine, mais par l’Extrême-Orient russe pour aboutir au port de Pusan, tout au sud de la péninsule coréenne. Tout un programme !

Or, il lui fallait, pour espérer réussir ce grand coup, en plus de la collaboration directe des deux Corée, l’apport financier du Japon (soient les deux facteurs qui consacrèrent alors le jugement « désespéré » de ce projet… et pour cause!)

Mais cette lecture juste du projet, le condamnant à une utopie, jusqu’à tout récemment, d’un appelons-le train TransEuroAsie de la Paix, l’est-elle encore tout autant en juillet 2018 ?

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« (…) le business de la Russie, c’est le business! En contraste radical avec le passé soviétique, la Russie post-impériale figure parmi les pays les moins idéologiques du monde », analysait déjà en 2007 Dimitri Trenin, un des meilleurs connaisseurs occidentaux de la Russie contemporaine aux yeux d’Hélène Carrère d’Encausse.

Dès sa première arrivée au pouvoir – initialement à titre de premier ministre choisi par Boris Eltsine fin 1999 et comme président avec l’élection de mars 2000 – Vladimir Poutine exposa clairement ce que devait être son pays : puissant, parce que respecté et tenu pour un égal par les autres grands États et participant à toutes les décisions internationales; indépendant, parce que libre de ses décisions fondées sur sa tradition et ses valeurs propres.

Littéralement en faillite en 1992-93 puis à genoux devant le FMI, le chemin de la Russie vers la prospérité fut long. Eh que oui, elle dit merci à ses salvatrices richesses en gaz et pétrole. Long chemin donc, tout comme sa reconquête de puissance.

La Russie, humiliée à bout dans l’affaire de la reconnaissance du Kosovo, ira même jusqu’à instrumentaliser une courte guerre avec la minuscule Georgie, du 7 au 12 août 2008, pour se faire comprendre et respecter, particulièrement par l’OTAN. Président tournant de l’Union Européenne, ce fut alors le français Nicolas Sarkozy qui dut s’activer pour négocier le cessez-le-feu et écouter Medvedev lui expliquer le fond des choses, vue de Moscou.

Avant que l’OTAN ne revienne encore la hanter, cette fois via l’Ukraine, ce pays-frère par ailleurs pour lequel Poutine a très mal jouer ses cartes contrairement à la Georgie, la Russie cependant n’a pas attendu les extrêmes (rappelons ici que le contrat de location de 20 ans de sa stratégique base navale de Sevastopol y tombait à échéance avec 2017) et a « récupéré » en 2014 la Crimée. Ce cadeau de Khrouchtchev fait en son contexte en 1954 qui était devenu intolérable avec les années 2010… Occupation, référendum, annexion et même connexion terrestre, car le président Poutine y a fait travailler des milliers d’ouvriers, sans aucune interruption, pendant plus de 800 jours, pour construire un double pont (route-chemin de fer) de presque vingt kilomètres pour mieux relier la Crimée avec toute la Russie. Il l’a inauguré le 15 mai 2018 et c’est devenu le plus long pont en Europe.

Certes, il est très mal vu en société de reprendre un cadeau donné, mais la Russie se sent maintenant puissante et indépendante. Puis on n’efface pas quelque cinq siècles de réflexe impérial comme ça! Parce que toute l’histoire de la grande Russie c’est bien plus que les sept décennies de l’Union soviétique (1917-1991).

La Russie de Poutine assume incidemment des sanctions de l’Occident depuis son coup en Crimée. Les sommets du G8 repassèrent à G7 l’année même; une année 2014 lors de laquelle la Russie devait même être l’hôtesse du sommet (qui se tint finalement à Bruxelles au beau profit de l’UE).

M. Poutine peut maintenant dire merci à Donald Trump juste pour l’avoir mis ainsi au sommet à Helsinki le 16 juillet 2018. Par ailleurs, le geste témoigne pareillement du non-dit que la vision de Trump de la gouvernance mondiale n’est pas unipolaire, ce qui est une bonne nouvelle pour l’humanité.

Un témoignage aussi que si l’actuel président des États-Unis d’Amérique dit haut et fort America first!, il ne dit pas America alone… Et ça, bien qu’il veuille rebrasser les cartes partout sur son parcours depuis son élection.

Finalement, c’est seulement le temps qui dira sur tous les non-dits d’Helsinki.

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* Le premier tronçon de l’oléoduc Sibérie-Pacifique, long de 2 694 km et inauguré en décembre 2009 (relié opérationnellement début 2011 par un branchement de 930 kilomètres aux raffineries de la ville de Daqing, dans le nord-est de la Chine) compte maintenant un second tronçon de plus de 2 000 km entre Skovorodino et la baie de Kozmino sur la côte russe de la mer du Japon, en service depuis fin 2012. En anglais : ESPO pour Eastern Siberia – Pacific Ocean pipeline system.

** Les exportations russes (crude oil) du terminal Kozmino pour 2016 furent de 31,8 millions de tonnes, en hausse de 4.6%. Pour 2016 toujours, ce pétrole fut exporté ainsi : Chine (69.8%), Japon (12.3%), Corée du Sud (7.5%), Malaysia (5%), Singapore (1.9%), Thailand (1.3%), USA (1%), Philippines et Nouvelle Zélande (0.6%).

Lire notre autre article sur le possible, voire probable G8 de 2020.

Lire aussi :

www.bepax.org/files/files/2011-analyse-dernier-heritage-de-la-guerre-froide-le-conflit-irredentiste-sur-l-archipel-des-iles-kouriles.pdf

http://geopolis.francetvinfo.fr/conflit-des-iles-kouriles-la-russie-et-le-japon-trouvent-une-issue-economique

www.lejournalinternational.fr/Iles-Kouriles-a-l-est-aussi-la-Russie-montre-les-crocs

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Le marché de l’eau : pourquoi Sabia a choisi Suez ?

Nous vous l’avons expliqué dans un article antérieur : l’industrie de l’eau dans le monde est justement perçue comme un milieu oligopolistique, avec ses deux géants que sont Veolia (Vivendi) et Suez. Autant dans le marché de la distribution, que dans les marchés de l’assainissement ou du traitement. Alors pourquoi le grand patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec Michael Sabia a choisi Suez ? La question se pose, alors que vient d’être annoncé le rachat, par ce duo, de GE Water pour quelque 4,5 milliards $CAN (3,2 milliards d’euros)…

Le CDPQ, organisme d’État bas de laine des Québécois, allongera ainsi plus de 700 millions $US (environ 944 M $CAN) pour une participation de 30%. Mais il choisit aussi de s’associer au numéro 2 de l’industrie mondiale du secteur.

Pour bien mesurer de qui et quoi l’on parle, prenons un petit recul. Disons 5 ans! Il y a cinq ans, le chiffre d’affaires de Veolia Environnement fut le double de celui de Suez.

Veolia Environnement 
Chiffre d’affaires 2012 : 29,4 milliards d’euros
(eau, déchets, énergie : 310 000 collaborateurs en excluant Transdev)

Suez Environnement
Chiffre d’affaires 2012 : 15,1 milliards d’euros
(eau et déchets : 80 410 collaborateurs)

Veolia détient 38%
du marché de la distribution d’eau potable en France,
contre 20% pour Suez

À la même époque, Veolia détient d’ailleurs environ 38% du marché de la distribution d’eau potable en France, contre 20% pour Suez Environnement. Si SAUR (Société d’aménagement urbain et rural) – fondée en 1933 pour ensuite devenir une filiale du groupe Bouygues – est avec 10% du marché le numéro 3 du domaine : chiffre d’affaires de 2,4 milliards d’euros en 2000, c’est manifestement Veolia (ex-Vivendi et Générale des Eaux) qui occupe historiquement la tête, et Suez le second rand.

Or, pas trop longtemps plus tard, précisément le 20 février 2014, la Bourse de Paris vécu un moment historique, alors que la capitalisation boursière de Suez dépassa celle de Veolia (7,1 milliards, contre 6,9 milliards d’euros), ce bien que le premier dégageait deux fois moins de chiffre d’affaires que son concurrent leader historique.

« Si Veolia est toujours miné par une lutte intestine au sein de son conseil d’administration, mais aussi par la négociation de son plan de départs dans sa division d’eau en France, Suez se dit aujourd’hui correctement configuré pour profiter du retour progressif de la croissance en Europe, qui reste son premier marché avec 71% de son chiffre d’affaires, dont 36% rien qu’en France », expliquaient alors les analystes.

Un secteur en profond changement

Les dernières années ont par ailleurs imposé aux deux grands leaders de profonds changements de leurs modèles traditionnels. La concurrence, autant que la tendance à la reprise par le secteur public de la gestion de la ressource, imposent des bouleversements. Et les deux opérateurs historiques n’ont pas d’autre choix que de « réinventer » leurs métiers. Ce qui passe, selon les analystes encore, par « la création de nouveaux modèles de codécision, de prestations de conseils, etc., mais aussi par la conquête de la clientèle industrielle ».

Et l’avantage semble ici du côté de Suez.

Veolia, qui a longtemps opté dans son développement pour une stratégie offensive à base de grosses acquisitions, se trouve contrainte au « recentrage stratégique » pour éponger sa dette et assurer la rentabilité. Une stratégie préalablement adoptée par Suez Environnement, depuis une bonne dizaine d’années.

À l’aise depuis longtemps dans son fauteuil, son dg Jean-Louis Chaussade avait choisi de privilégier les acquisitions ciblées (sauf lors du rachat en 2010 de l’espagnol Agbar) avec pour recette de préserver la rentabilité et ne pas être présent à tout prix sur l’ensemble des marchés, mais de cibler les plus prometteurs.

Suez Environnement s’honore donc d’avoir mis en place un modèle équilibré entre ses activités eau et déchets, mais aussi entre la France, l’Europe et le marché mondial).

Selon les experts, « les prestataires de services à l’environnement qui réussiront à être les plus agiles pourraient être les gagnants de demain ». Par exemple – encore SAUR – si ce numéro trois français de la gestion de l’eau parvenait à trouver une solution à son endettement qui frisait le 2 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaire de 1,7 milliard d’euros en 2012, elle pouvait avoir une carte à jouer dans cette reconfiguration du secteur de l’eau.

Le Groupe Veolia, possédant notamment la Générale des Eaux, avait mis la main en 1999 sur le premier fournisseur américain de services d’eau, U.S. Filter, payé alors 6,2 milliards $US.

En 2017, Suez (70%) et la CDPQ (30%) débourseront pour GE Water une somme beaucoup moins imposante, soit 3,2 milliards d’euros. Cette filiale du géant General Electric spécialisée dans la gestion et aussi le traitement de l’eau compte plus de 7 500 employés. Présente dans 130 pays, GE Water se spécialise dans la fourniture d’équipements, de produits chimiques et de services pour le traitement des eaux usées. Mais GE Water est aussi un leader mondial de la gestion et du traitement de l’eau industrielle.

Le marché l’eau industrielle

Le marché mondial de l’eau industrielle est estimé à 95 milliards d’euros. Globalement, les consommateurs industriels sont responsables d’environ 20% de la consommation mondiale d’eau.

« GE Water a bâti une activité de premier plan avec des revenus récurrents et une clientèle de qualité et diversifiée. Cet investissement s’inscrit dans la vision à long terme de la Caisse et dans sa stratégie de développement d’actifs stables, ancrés dans l’économie réelle, aux côtés d’opérateurs de classe mondiale tels que Suez. »

— Michael Sabia, président de la Caisse de dépôt et placement du Québec

La CDPQ a aussi indiqué qu’elle souhaitait « accroître son exposition au secteur de l’eau puisque, à long terme, elle anticipe que la demande d’équipements, de produits chimiques et de services pour le traitement des eaux devrait demeurer forte ».

Cette transaction « (…) accélère la mise en oeuvre de la stratégie de Suez en renforçant sa position sur le marché très prometteur et en forte croissance de l’eau industrielle », a spécifiquement commenté le grand patron, Jean-Louis Chaussade.

Suez estime de plus que cette acquisition lui permettra de réaliser « d’importantes synergies au chapitre de ses dépenses et de ses revenus sur cinq ans ». En 2016, avec plus de 82 000 employés, Suez a généré un chiffre d’affaires de 15,3 milliards d’euros (21,8 milliards $CAN) en plus d’afficher un résultat net de 420 millions d’euros. Elle affirme alimenter à l’heure actuelle quelque 92 millions de personnes en eau potable.

Début 2017, l’actif net de la CDPQ s’élevait à 270,7 milliards $CAN. Un nouveau partenaire-bailleur que Suez saura certainement bien apprécier.

Pour GE Water, la clôture de la transaction doit encore obtenir l’aval des autorités à Washington, ainsi que de l’Union européenne. Prévue à l’été, sa confirmation impliquera que les activités seront regroupées au sein d’une nouvelle unité d’affaires au sein de Suez.

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CAE ne se trompe pas : la croissance des dépenses militaires est « une tendance lourde »

Spécialiste mondiale des simulateurs de vol et de la formation, la société montréalaise CAE s’attend à ce que les dépenses militaires dans le monde entier poursuivent leur croissance. « Nous sommes dans une situation unique que nous n’avons pas vue depuis la guerre froide », a lancé son président et chef de la direction, Marc Parent, début 2017, autour du dévoilement des résultats du troisième trimestre de cette société qui est cotée à la Bourse de Toronto; période au cours de laquelle elle a par ailleurs dépassé les attentes. COMMERCE MONDE a voulu valider le tout, en demandant l’avis d’un spécialiste, cette fois de la géopolitique. Donc : analyse, avec Dominique Gautier, associé principal au bureau de Montréal de la firme-conseil internationale Roland Berger.

« Conséquence de l’instabilité croissante et de l’obsession sécuritaire des nations, une reprise à la hausse des dépenses militaires à l’échelle mondiale semble inévitable. Selon le taux de croissance appréhendé des budgets des grandes puissances militaires, les dépenses à l’horizon 2025 devraient friser les 2 000 milliards US$ », analyse globalement Dominique Gautier.

Il faut savoir que selon le dernier rapport annuel Military Balance de l’International Institute for Strategic Studies, les dépenses militaires mondiales se sont élevées à 1 500 milliards $US en 2016. Les États-Unis demeurant – sans trop de surprise – en tête avec des dépenses de 600 G$, suivis par la Chine à 145 G$, la Russie à 58,9 G$, l’Arabie Saoudite à 56,9 G$ et le Royaume-Uni à 52,5 G$.

Juste à titre comparatif, le budget du Canada en matière de défense est de l’ordre de 15 milliards $.

« Si ces chiffres peuvent donner le vertige, il n’en reste pas moins que, depuis le début des années 1990, ces dépenses n’ont cessé de décroître : elles sont passées de 3,4 à 2,3% du PIB mondial. La nouvelle stratégie Light Footprint de l’administration Obama a en effet permis de réduire significativement la voilure après les coûteuses guerres en Irak et en Afghanistan. Ce recul historique doit cependant être contrasté. Les États-Unis et l’UE ont effectivement réduit leurs dépenses de 1 à 2% environ, mais certaines régions du monde ont légèrement accru les leurs, notamment le monde arabe et l’Asie du Sud-Est », poursuit-il.

Mais c’est le contexte immédiat qui ramène le sujet des dépenses militaires dans le débat. Les promesses du nouveau président en poste à la Maison-Blanche augurent des changements de tons et de gestes.

« Le gouvernement Trump a fait du rapport de force le levier clé de sa politique étrangère et annoncé le renforcement de l’armée américaine, même si de nombreuses voix appellent à accroître l’efficacité du Pentagone. Le nouveau président a récemment laissé entendre qu’il désirait hausser le budget de la Défense de 54 milliards $US, grâce notamment à des compressions massives dans plusieurs agences fédérales », confirme effectivement M. Gautier.

Mais il faut aussi aller plus loin dans le tour de la question. Notamment avec le portrait européen de la chose et l’avenir de l’OTAN particulièrement.

« En Europe, le réarmement s’avère sans doute incontournable. Les Européens ont, en effet, diminué dramatiquement leurs capacités d’intervention depuis 15 ans au sein de l’OTAN et n’ont désormais d’autres choix que de se substituer au retrait programmé du bouclier de l’Oncle Sam », précise Dominique Gautier.

Mais paradoxalement, « le Brexit fournit l’occasion de réétudier une coopération militaire européenne dont les Britanniques ne voulaient pas », poursuit-il d’emblée.

L’Europe et la Chine

Le budget militaire de l’UE à 27 est comparable à celui de la Chine; et la France, l’Allemagne et l’Italie y pèsent pour les deux tiers. Si les pays européens membres de l’OTAN respectaient leurs engagements de dépenser 2% de leur PIB respectif au titre du financement de leur sécurité, ils y ajouteraient environ 57 milliards $, soit l’équivalent du budget militaire de l’Arabie Saoudite.

L’effort militaire chinois ne devrait pas ralentir. La Chine a vu ses dépenses militaires augmenter de 15% par an de 2008 à 2015, et de 7% entre 2015 et 2016. Ses capacités de recherche se sont significativement accrues, notamment avec la mise au point de l’avion de combat J-20, de missiles courte portée (PL 10) et d’un missile air-air unique d’une portée de 300 km. Les autorités chinoises vont désormais pousser leurs forces armées à s’engager sur les théâtres de conflit pour les mettre à l’épreuve du feu.

(Source : analyse de la société-conseil Roland Berger)

RAREMENT DE RÉPIT AVEC LE MOYEN-ORIENT

Au surplus, la croissance des dépenses militaires redevient d’autant « une tendance lourde » du fait que rien ne semble véritablement donner du répit sur la scène régionale du Moyen-Orient, site des plus grands dangers des dernières décennies. Et surtout site de guerres ouvertes (Guerre du Golf 1 et 2) et actuel bourbier en Irak et en Syrie. Sans devoir oublier en plus la question hyper sensible du nucléaire militaire avec l’Iran et la donne palestinienne.

« Enfin, la géopolitique du Moyen-Orient reste très incertaine en raison de nombreux conflits frontaliers, ethniques et religieux. Cette région du monde dépense chaque année plus de 150 milliards $ ; les pays les plus dépensiers sont l’Arabie saoudite, Israël, la Turquie, l’Irak et les Émirats arabes unis », d’analyser encore Dominique Gautier, pour finir son petit tour du monde en arme.

Alors la conclusion n’est pas très surprenante :

« Toutes les industries devraient profiter de cette manne, et en particulier les industries aéronautique, aérospatiale et navale de défense. Selon nos prévisions, les dépenses dans le secteur de l’aéronautique et de l’aérospatiale militaire devraient progresser de 180 milliards $ en 2016 à 275 milliards $ en 2025, principalement dans l’analyse de données et les drones (+70%), la cyber sécurité (+50%), les solutions sécurisées (+45%), le renseignement (+35%) et l’aérospatiale (+25%).

L’industrie canadienne dispose de quelques fleurons dans l’aéronautique (Bombardier et CAE en particulier) qui pourraient tirer profit directement ou indirectement de cette tendance lourde, à condition de collaborer efficacement avec d’autres secteurs et notamment celui de l’intelligence artificielle qui figure en première ligne, notamment au Québec. »

Dominique Gautier, associé principal au bureau de Montréal de la firme-conseil internationale Roland Berger.

« Aux pouvoirs publics de fournir le coup de pouce décisif, en favorisant les passerelles entre les différentes grappes industrielles concernées », rappellera et conseillera-t-il en fin d’analyse, montrant bien que l’industrie militaire reste toujours sur le radar des gouvernements de ce bas monde.

 

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Lettre à 2017 ; l’année de l’ONU ?

Commençons par le meilleur. C’est sans doute en se mettant dans la peau d’un montréalais qu’il est le plus facile d’écrire une lettre optimiste à la nouvelle année qui commence. Oui, parmi les dorénavant plus de 7,4 milliards d’humains de la planète, pas trop de chance de se tromper qu’un résident du Canada vivant dans la ville de Montréal, au Québec, en Amérique du Nord, sera du groupe des privilégiés de 2017.

Dans un esprit institutionnellement festif, on le baignera d’événements commémoratifs, de divertissements et de plaisir. Parce que c’est la fête en ville : 1642-2017, donc 375 années d’existence.

Bonne fête Montréal !

Le pays en entier y ajoutera même sa dose de bonheur d’État : 1867-2017, donc 150 ans pour le Canada moderne, fondé alors par quatre provinces et une constitution laissée à Londres. Oui, c’est également la fête au pays. Et le Québec est aussi très officiellement dans le coup, avec un chapitre de l’histoire juste pour sa propre capitale qui fut hôtesse d’une des conférences de travail des pères fondateurs du pacte confédératif de 1867.

Bonne fête Canada !

Tout ça est légitime. Bien de belles victoires furent le fruit du labeur de ces pionniers. 2017 servira ici à le souligner. Pour notamment inspirer.

Bref, un Canadien ne verra pas la planète avec le même feeling que les autres humains en 2017. Des filtres apaisants lui embelliront l’existence.

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Poursuivons donc ici, particulièrement à son attention, avec ce que 2017 pourrait aussi signifier en s’imposant un regard plus global. Car pas de fête ici ! Bien du nouveau cependant.

À Washington, un homme sous très haute surveillance tentera – à partir du 20 janvier, pour un mandat de 4 ans – de bouleverser la manière d’administrer la première puissance de la planète.

Pendant ce temps, à Paris comme à Berlin, l’année servira beaucoup à choisir le prochain président-chancelier.

À Londres, la redéfinition de la place de l’Europe dans l’avenir du royaume monopolisera bien des énergies.

Pendant qu’à Pékin on poursuivra les efforts pour sortir le dernier tiers de la population de la pauvreté. Le miracle économique des trois dernières décennies doit encore être partagé. Il ne s’est pas concrétisé pour encore 300 à 400 millions de personnes. C’est beaucoup de personnes…

Et à New York, du haut du siège de l’ONU, quelle sorte d’agenda pour 2017 devra préparer le nouveau grand patron de l’organisation ? Pas de fête ici non plus. Mais bien des jeux de pouvoir. Beaucoup aux travers des manœuvres de Moscou, par crise interposée en Syrie, en Irak, voire au Congo également.

Au Conseil de sécurité, le défi des réfugiés continuera de l’emporter contextuellement à cause de ce haut Moyen-Orient en ébullition, de Bagdad à Damas d’abord, et entre Jérusalem, Tel-Aviv et Gaza aussi. À l’emporter, disons-nous, sur celui des migrations internationales et de la plus juste répartition de la richesse dans le monde. Car c’est de cela qu’il s’agit. Si les gens vont jusqu’à fuir un pays, soit la décision de migration d’un travailleur – actif ou potentiel – la plus complexe et compliquée, c’est que tout un système faillit à répondre aux besoins de base d’une population.

Le système mondial entier doit encore trouver la recette de la dignité pour tous.

Entre Washington, Pékin, Londres, Paris, Moscou… 2017 verra apparaître moult nouveaux leaders politiques. Souhaitons y voir en même temps s’établir un réel leadership mondial convergent. Unanime au moins sur des essentiels comme le recul des victimes de conflits armés, l’eau douce pour tous ou le droit à la justice; moins d’armes dans le monde et plus de ressources pour les plus pauvres.

Que 2017 porte chance pour tous!

L’année de l’ONU ?

2017 donne à l’ONU, pour la première fois de son histoire, un ancien chef d’État d’un pays (le Portugal) pour prendre sa tête pendant au moins cinq ans. Saura-t-il se faire plus influent et efficace devant ses pairs ? Serait-ce le début d’une véritable et nécessaire réforme de l’illustre institution ?

Avec un homme qui veut en changer gros à la Maison-Blanche, des roulements de leaders dans plusieurs autres capitales stratégiques de la planète, 2017 pourrait-t-elle se transformer en année de l’ONU ?

D’abord, la femme gouverneure que M. Trump a nommée comme ambassadrice des États-Unis d’Amérique, à New York, a été généralement applaudie. De deux, si le nouveau secrétaire général des Nations Unies veut donner un grand coup, c’est dès 2017 qu’il le fera savoir. Il ne peut que proposer, et doit donner tout le temps possible à ses pays-patrons de décider de changer le système.

L’ONU reste une association d’États pleinement souverains. Rien ne passe par ailleurs.

L’Inde, le Japon, l’Allemagne, le Brésil, l’Afrique du Sud sont les grands demandeurs de réforme. Mais changer la donne de la gouvernance mondiale en nouvel amalgame de Conseil de sécurité, G7G8, G20… voire de Grands messes, comme Davos et le Forum social mondial (FSM) – pour les plus idéalistes! – n’est pas une mince affaire.

Demandons-le!

Exigeons-le!

Ce ne sont pas les États souverains qui en ont besoin, c’est l’humanité.

Que l’ONU se réforme, notamment dans l’innovation, et qu’elle prenne 2017 pour préparer un geste de leadership du genre: déclarer une « Décennie mondiale de l’économie circulaire » (2020-2030) avec mission de délinéariser nos économies, trop gaspilleuses et productrices de trop de déchets.

Vite des économies « Zéro déchet ».

L’utopie de l’économie circulaire est sans doute la plus concrète stratégie à souhaiter à toute humanité en 2017. L’enjeu du climat autant que la création de meilleures richesses y trouveront réponse. Sortir le plus possible de l’économie linéaire sera encore plus important que de s’éloigner de l’économie du carbone et surtout du pétrole. Ce ne sera pas la pénurie d’énergie qui sera le point de bascule. Un geste politique s’impose ici.

L’enjeu du climat planétaire, de l’environnement en général, saurait-il pousser à l’action (car l’Accord de Paris sur les changements climatiques imposera une suite) ? Ou celui de la sécurité mondiale et du terrorisme, lui-aussi, enjeu systémique ?

L’ONUisme aura désenchanté à peu près tout le monde. Après sept décennies d’existence, plusieurs victoires certes, mais trop de déceptions: « Hello Jerusalem, we have a problem… »

La Palestine, oui, la plus illustre des déceptions onusiennes probablement.

Son système la mine. L’idéal de l’ONU ne doit plus rester otage des États.

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Et heureusement, demain sera aussi un Univers Internet.

Pour l’anecdote, la révolution numérique a vu 2016 faire naître une offre de « pays » originale. Quelque chose comme 500 000 Terriens avaient déjà dit oui à Asgardia dans les 48 heures de son lancement.

Cyber-citoyens du monde, exprimez-vous! Cyber-innovez.

Faites que 2017 nous bâtisse un monde meilleur, et ce pour tous.

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(Crédit de la photo: Valentin Valkov)

 

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Un prof de McGill University parmi les fondateurs d’Asgardia

Transat et solidarité : French Tech Rennes St Malo vogue pour Village Monde

Il y avait un grand fanion au vent plus unique que les autres parmi la trentaine de voilures qui ont pris le départ, lors de la 9e Transat Québec St-Malo, le dimanche 10 juillet 2016, à Québec, pour une traversée de l’Atlantique en bateau qui prendra environ deux semaines pour la majorité des voiliers faisant la course. Quelques jours avant son départ, Charles Mony, fondateur de Village Monde et participant pour une 3e fois à cette transat, était très heureux d’annoncer le partenariat entre Village Monde et le trimaran French Tech Rennes St Malo.

Village Monde est une récente initiative de l’entrepreneur technologique à succès et fondateur de Creaform, à laquelle s’est jointe en 2015 Danielle Valiquette – gestionnaire chevronnée de projets de solidarité internationaux, notamment pour ONE DROP et Oxfam -, qui est au croisement de l’entrepreneuriat technologique et du développement international. L’organisme à but non lucratif installé à Québec vise à encourager des initiatives productrices de richesse qui amélioreront les conditions de vie des communautés éloignées, partout sur la planète, en donnant accès à un nouveau type de voyage : le tourisme villageois solidaire.
(Lire www.commercemonde.com/2015/exclusif )

Déjà lors de sa première rencontre, en Europe en 2012, avec Charles Mony, le skipper Gilles Lamiré rêvait d’associer sa passion des mers du monde et de la solidarité des marins avec une cause : c’est la cause de Village Monde qui l’a trouvé.

Concours Facebook pour 2 nuits d’hébergements villageois

Jusqu’au 28 juillet en ligne, le concours d’un tirage de deux nuits d’hébergements dans l’une des 3 destinations villageoises sélectionnées par Village Monde, pour des voyages fait d’authenticité, de partage et de rencontre, se poursuivra. Participez en remplissant un formulaire en ligne sur la page Facebook : Village Monde.

Aux côtés du skipper Gilles Lamiré, qui arrivait d’ailleurs à Québec avec une victoire remportée plus tôt en 2016 lors de la course The Transat, Charles Mony sait déjà que sa cause humanitaire est largement gagnante, même avant de prendre le départ vers St-Malo. Gilles Goudé et Yvan Bourgnon sont les deux autres marins qui complètent l’équipe de quatre à la barre de ce trimaran.

Suivez la progression du Trimaran French Tech Rennes St Malo et les activités de l’équipe Village Monde sur les réseaux sociaux :

Village Monde (Facebook)

@VillageMonde (Twitter)

villagemonde (Instagram)

www.villagemonde.com

transatquebecstmalo.com

GillesLamiré# SailFrenchTech# .TQSM#

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(Crédit photo: Village Monde, 2016) Sur la photo, le skipper Gilles Lamiré, devant Charles Mony et Gilles Goudé sur le trimaran dans le Bassin-Louise à Québec.

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