Stratégie asiatique
La Chine ou l'Inde?
2006-03-15

Par Daniel Allard

C'est mathématique et inéluctable. La Chine de l'enfant unique, vieillissante, n'a pas l'avenir de l'Inde, un pays où 35% de la population à moins de 15 ans. Ces quelque 400 millions de jeunes vont soutenir la croissance de l'Inde pour encore au moins 30 ans !

Mais avant de faire une croix sur vos plans d'expansion en terre de l'Empire du Milieu et d'acheter vos billets d'avion pour Delhi ou Mumbai, découvrez qu'il n'y a pas que la pyramide des âges qui distingue ces deux géants.

Oui, ce sont encore les multinationales d'Amérique du Nord et d'Europe qui tirent les ficelles du commerce mondial et qui exploitent donc le capital humain, autant de l'Inde que de la Chine. Une bonne partie du taux de croissance de la Chine profite donc directement à des multinationales occidentales connues, qui y récoltent de larges profits. Mais même si la Chine maintient des taux de croissance spectaculaires de l'ordre de 9% depuis nombre d'années, l'Inde n'est pas loin derrière avec ses 6%. Des taux qui font rêver, mais qui constituent presque des obligations, puisque les gouvernements de ces deux pays veulent absolument éviter les risques de révoltes, si apparaissaient des hordes de chômeurs. Alors la Chine ou l'Inde ?

DES MODÈLES DIFFÉRENTS
D’abord, il faut obligatoirement constater deux modèles économiques différents et déphasés. Les réformes économiques ont débuté en Chine il y a presque 30 ans maintenant, alors qu'en Inde elles ne datent que de 1991. En Chine, le gouvernement investit massivement dans des projets d'infrastructure. Le gouvernement indien commence à peine à investir dans le réseau routier, où la circulation est encore infernale. Pareil pour les pannes d'électricité, qui sont fréquentes, ou les lignes téléphoniques, surchargées. Contrairement à ce qui se fait en Chine, les investissements en Inde proviennent en proportion davantage de capitaux privés. Ils sont donc dirigés vers des activités à faible coût : la conception de logiciels, la R&D en informatique, les services pour les entreprises étrangères tels que les centres d'appels, etc.

À certains égards, on peut cependant parler de deux modèles complémentaires. Résultat: plusieurs entreprises effectuent la R&D à bon compte avec les ingénieurs de l’Inde, puis manufacturent à faibles coûts avec des ouvriers à très bas salaires en Chine!

Il serait cependant risqué de bâtir, en 2006, une stratégie asiatique à partir de cette équation de complémentarité des deux géants. Leurs avenirs divergent. Fondamentalement parce que la politique de l'enfant unique en Chine, en vigueur depuis 1979, va finir par lourdement rattraper l'avenir de ce pays. Elle aura voulu le sauver de l'éclatement par la surpopulation, mais provoquera tout de même un grave handicap à long terme. D'ici 15 à 20 ans, la Chine ne pourra plus soutenir le rythme actuel de croissance, en raison du déclin important de sa population active. C'est que la Chine vieillit très rapidement. Et les mêmes raisons qui poussent présentement le gouvernement chinois à peser sur l'accélérateur, le mèneront à ralentir la cadence, conséquence de l'implacable réalité de la pyramide des âges de sa population.

Et il y a plus! De graves problèmes sont aussi à prévoir parce qu'il n'y a pas de système de santé universel en Chine, tout comme très peu d'entreprises offrent des régimes de retraite. Face aux Indiens, qui peuvent depuis des lustres investir à la Bourse, souscrirent à des obligations et facilement se payer des assurances, dans un pays où l'épargne sert à financer des projets rentables, en Chine, 80% de l'épargne est détenue par les quatre grandes banques d'État. Beaucoup de prêts sont donc consentis en fonction de considérations politiques, donc sans égard à la rentabilité. Vieux pour vieux, ceux de l'Inde risquent fortement de vivre de meilleurs jours que ceux de Chine! Bref, il faut s'attendre que d'une décennie à l'autre, l'Inde surpasse la Chine.

UNE VITRINE OLYMPIQUE À PÉKIN POUR BOMBARDIER EN 2008

La Changchun Railway Vehicles (CRC) vient d’attribuer à Bombardier, pour une livraison prévue entre 2007 et 2008, une commande d’une quarantaine de véhicules Mark II automatisés. Des voitures qui seront utilisées pour les Jeux olympiques d'été de Pékin en 2008, qui mettront donc aussi en valeur la technologie Advanced Rapid Transit (ART) de Bombardier.

Cette technologie est déjà utilisée pour opérer le SkyTrain de Vancouver, ainsi que la navette aéroportuaire AirTrain JFK à New York.

Bombardier Transport sera chargée de concevoir et d’intégrer les systèmes des voitures, ainsi que de concevoir et fabriquer les bogies, systèmes de propulsion et de freinage. C’est la firme chinoise CRC qui assemblera les 40 véhicules. À l'origine, c'est la Beijing Dongzhimen Airport Express Rail Co qui a passé la commande à CRC. Bien que ce contrat ne crée pas de nouveaux emplois au Québec, des gestionnaires de projet et des ingénieurs québécois y travailleront. Une commande évaluée à 44 M$ US.

Fait à Québec le 15 mars 2006.


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