Opinion
Si ouverture et bonne foi suffisaient ?
2006-06-11

Par Commerce Monde

de Julie Caron-Malenfant, B.A.A., M.A.
Vice-présidente
Consultants D.P.R.M. Inc.
Elle a été consultante en développement local et touristique au Mexique.
www.dprm.ca

Il est temps que nos institutions se dotent de nouvelles façons de consulter la population. Quotidiennement, un nouvel affront entre promoteurs (privés ou publics) et société civile fait la manchette. La cession de terrains de la ville de Québec à la nation huronne-wendate en est un exemple. Les controverses sont nombreuses et leur dénouement semble incertain. Il existe pourtant des méthodes efficaces et plus simples qu’il n’apparaît pour susciter le dialogue entre groupes d’intérêts divergeants.

UN CLIMAT D’HOSTILITÉ
Les derniers mois ont été foisonnants en débats au Québec. L’avortement du projet du bassin Peel, l’incertitude entourant le parc du Mont Orford, le développement des réseaux de transport, la planification énergétique et l’aménagement du territoire ne sont que quelques exemples où secteur public, entreprise privée, environnementalistes et groupes de citoyens se livrent bataille.

Les groupes d’intérêt organisés qui réclament le droit de parole sur des sujets qui les touchent ressurgissent. La société civile revient à la charge avec détermination et refuse de se laisser diriger sans droit de réplique. En réponse à ces requêtes émanant de la population civile, les décideurs affirment qu’ils sont à l’écoute, que toutes les parties doivent être impliquées dans les processus décisionnels, que la concertation et la participation populaire sont à l’ordre du jour.

Force est de constater que l’ouverture prêchée franchit rarement le discours : il y a pauvreté d’un réel débat et difficulté à établir un dialogue entre les parties. La volonté chambranlante d’aménager un espace pour la discussion choque. D’un côté, l’opinion publique réclame une nouvelle façon d’envisager le développement. De l’autre, les promoteurs ignorent comment honorer cette requête.

La donne sociale appelle une nouvelle façon de planifier. Malheureusement, l’arène actuelle est caractérisée par un refus de dialoguer, des positions cristallisées et souvent, par l’abandon du projet. À moins que les décisions ne soient prises en douce, à huis clos.

La place publique est devenue le terrain d’affrontements entre différents groupes d’intérêt, chacun défendant une position plus ou moins représentative de l’ensemble des parties impliquées. Devant la montée du cinquième pouvoir, c’est-à-dire l’opposition citoyenne, il y a fort à parier qu’il faudra apprendre à composer avec celui-ci.

UN DROIT = UN DEVOIR
Tout projet n’est pas vil. On doit à tout le moins accorder au promoteur la présomption de bonne volonté. Comme il est déplorable de voir comment certaines décisions sont prises dans la plus grande ignorance des opinions présentes au sein de la population, il est tout aussi déplorable de voir des groupes rejeter unilatéralement des projets qui pourraient, s’ils étaient mieux planifiés et expliqués, générer plus de retombées positives que d’effets pervers.

Chaque citoyen, employeur, investisseur, promoteur, dirigeant, député, a un rôle à jouer dans l’exercice démocratique. Les droits ne viennent pas seuls. Ils sont assortis de responsabilités.

DES SOLUTIONS SOUS LE SOLEIL
Devant la pression constante de la société civile qui revendique une responsabilisation accrue des décideurs, comment pouvons-nous canaliser ces flux d’information et de revendications de façon à en tirer le meilleur parti ? Comment éviter de tomber dans le piège de la complaisance ? Comment traiter de l’information de nature si différente qu’une étude d’impact environnementale, qu’une estimation des retombées économiques et implications sociales et culturelles d’un projet ? Comment réduire l’incertitude et combler les carences d’information, de part et d’autre ?

Avant toute chose, il faut reconnaître que les débats se situent principalement au niveau des perceptions. Peu de gens sont réellement qualifiés pour à la fois mesurer les impacts environnementaux, comprendre les modèles de projections économiques, pour évaluer avec justesse les risques sociaux et culturels encourus. Il faut également reconnaître que le succès d’un projet dépend en grande partie de l’opinion publique.

L’illusion proposée par le discours d’ouverture ne berne plus beaucoup de gens. Les consultations publiques sont souvent bâclées. On reproche aux décideurs leur manque de transparence. Pourtant, il existe des modes de planification qui prévoient la validation des projets en amont afin d’anticiper les résistances et conflits potentiels. S’il existait un cadre neutre, structuré, et rapide pour y parvenir ? Les promoteurs les plus audacieux pourraient bonifier leurs projets à moindre coût. On pourrait identifier le seuil minimum de tolérance des « partenaires », en deçà desquels un projet est jugé inacceptable. L’intérêt particulier céderait le pas à  l’intérêt commun, tel que défini par l’ensemble des acteurs impliqués.

Devant le succès mitigé des modèles de planification actuels, ayons l’humilité de nous inspirer de modèles ayant fait leurs preuves ailleurs.

Aux États-Unis, les promoteurs refusent d’investir si la population n’a pas été consultée. Au Mexique, le secteur public est de plus en plus enclin à consulter en amont, avant que le processus de planification ne soit bouclé. Tant pour la planification énergétique que la protection de l’environnement, on a de plus en plus recours à des ateliers de construction de consensus, assistés par ordinateur, pour structurer le dialogue entre les parties en vue de trouver des scénarios alternatifs à partir de propositions de base. Un processus qui fournit des résultats en temps réel, assurant aux participants que les dés ne sont pas pipés. Pourquoi ne pas reprendre cette idée ici ? Seuls pré requis: l’ouverture et la bonne foi de toutes les parties.

Si le mot consensus n’était pas perverti, on ne négocierait pas des compromis. On trouverait, pour des situations données, des solutions recevant le consentement d’une forte majorité de l’opinion publique. Le consensus n’existe pas à l’état de nature. Proposons-nous de le construire.

Fait à Montréal le 2 mai 2006.


Envoyer cet article à un ami

Fondé en 1997
35 000 lecteurs


Rubriques

Éditorial
Comment Québec peut parier sur la Chine?

L'EAU c'est la vie!
1ère Symphonie Grands Lacs/St-Laurent, Québec, juin 2012

Trouvez le monde...
Que faire et ne pas faire dans certains pays?

Géopolitique mondiale
Diploweb

Système d'info mondial pour le dév. durable
www.mediaterre.org

Le Convertisseur de devise
Équivalent en $CAN d'une monnaie étrangère

Créez votre "Délégué commercial virtuel"

Haute Finance/Québec?
Survivre à Londres

Profils d'entreprises technologiques (PTQM)
Industries Rocand, OpenPole, PESCA Environnement, ForwardSim, MCG3D, Immanence, Explora, IC2, Studio Virtuel Concept, dö networks

Entrevues exclusives
Plus de 30 rencontres

Mot des délégations du Québec

REPEX / ExportPro.org
François Breault nommé V-P Exécutif



Liens

Partir... pour revenir!
PopulationData.net
InfoNATION
World New Connection
Faire affaires avec l'ONU
Consultation ContactsMonde
La mondialisation jour le jour
Export alerte
Québec Monde
Ass. des économistes du Québec
Cercle Québécois des Affaires inter.
SORIQ
Quoi faire à Québec?
English Québec






Copyright 1994, cyberjournal@commercemonde.com