MCG3D se prépare
La numérisation portative risque de décupler son chiffre d'affaires dès 2007
2006-08-31

Par Daniel Allard

Photo en Une:
projet du l'édifice Loyola, à Québec.

Photo de gauche: 
Numérisation de fanons de baleine
pour le compte de l'Institut
Maurice-Lamontagne.

Un tout petit bureau, qu'ils se partagent même pour deux, dans le Centre des services du Parc technologique du Québec métropolitain (PTQM), c'est tout ce qu'il faut à Guy Côté et à son associée, Claire Delisle, pour opérer leur compagnie bien spéciale : MCG3D. M pour mesure, C pour couleur et G pour géométrie ; des lettres qui, de fait, expliquent bien la présence de deux bustes de Samuel de Champlain donnant un décor bien particulier à leur environnement de travail. 

C'est que cette entreprise offre en effet la seule technologie au monde qui peut mesurer la géométrie et la couleur d'un objet. Oui, MCG3D fait dans le trois dimensions (3D) ! Physiquement, le bijou technologique en question n’est qu’un scanner, mais mis au point grâce au Centre national de recherche du Canada (CRNC) il y a plusieurs années déjà. Et c’est la compagnie torontoise Arius3D qui en a acquis les droits, grâce à la signature d'un accord de commercialisation mondiale exclusif. On parle depuis du Système Arius3D. 

« Nous avons une entente avec Arius3D pour commercialiser cette technologie sur le marché du Québec et pour développer la Chine conjointement avec eux. Nous, nous sommes essentiellement une boîte de consultants et de services de numérisation tridimensionnelle », explique le président, Guy Côté. 

L'outil est un scanner transportable, mais pas encore portable. Il est déjà passé de 11 000 livres à 750 livres et la prochaine version, prévue en 2007, deviendra portative. En fait, elle tiendra dans une valise. Un moment attendu avec impatience - pour l'instant il doit encore envoyer à Toronto tous les objets que ses clients veulent numériser avec le Système Arius3D - car l'arrivée du système portatif va faire décupler ses affaires, selon lui. 

« 95% des gens
nous demandent : Pouvez-vous
venir chez nous? »
 

« 95% des gens nous demandent : Pouvez-vous venir chez nous? Nous pourrons bientôt répondre par l’affirmative! Mais nous n'avons pas l'intention de devenir un centre de production pour autant. C'est pourquoi notre bureau au parc technologique ressemble davantage à un pied-à-terre et c'est bien suffisant », nous précise-t-il. 

Que peut-on numériser, au fait, avec ce fameux scanner ? Tout ce qui a jusqu’à plus ou moins 1 m³ de grosseurs. Et si cette technologie fait plutôt dans les petits objets, cela ne veut pas dire que l’opération n’est pas complexe. À titre d'exemple, le buste de Champlain a pris une semaine de numérisation (à 100 microns). C'est que le client, Power CO., voulait une réplique exacte de cette sculpture d’Alfred Laliberté.

« La conservatrice du Musée McCord, Ann McKay, y tenait. Il fallait même reproduire les coups de ciseaux du plâtre d'origine », se souvient encore Guy Côté, qui précise qu’il faut trois semaines de formation spécialisée pour permettre à un technicien d'utiliser ce système d’Arius. 

D’INNOVISION3D À MCG3D
« Pour ma part, je suis parti d'une compagnie oeuvrant dans la géomatique, en 1998, pour ouvrir ma propre boîte spécialisée dans le balayage laser pour des éléments tridimensionnels. C'est ainsi que j'ai fondé la compagnie Innovision3D, que j'ai ensuite restructurée en 2002, en changeant le nom et en ne gardant que la portion 3D. Claire, qui était une des employés, est devenue ma partenaire en affaires. C'est ainsi qu'est née MCG3D », raconte le co-fondateur. 

Les deux fondateurs sont les deux employés de la compagnie, mais ils peuvent compter sur trois techniciens spécialisés à pied levé. Pour sa part, Guy Côté est presque toujours sur la route, c’est donc Claire Delisle, avec le titre de directrice générale, qui garde le fort au PTQM. Une route qui les a d’ailleurs conduits très loin du Québec, depuis longtemps, et à plusieurs reprises! 

« Avec Innovision, nous avions déjà eu l'occasion d'aller en Chine, en Afrique du sud et en France. C'est ce qui explique que notre entente avec Arius prévoit le développement conjoint de la commercialisation du système Arius3D en Chine », précise Guy Côté, pour qui la première visite en Chine remonte à 1999. 

C’est d’ailleurs dans ce même Empire du Milieu qu’il a réalisé son plus récent bon coup à l'international : « Nous avons contribué à l'installation d'un Système Arius3D à la Cité interdite de Pékin. Un scanner y fut installé pendant un mois. Maintenant, ils sont à l’étape des négociations. Mais il faut savoir que l'on n'achète pas un tel scanner, on acquiert un droit d'utilisation. Normalement, Arius garde d'ailleurs le droit de conserver dans sa propre librairie les images numérisées. Elle peut ainsi offrir parallèlement à son client un service de revente des images », relate-t-il. 

Véritable expert en la matière, Guy Côté a aussi réalisé une étude de faisabilité pour l’emploi des technologies canadiennes de numérisation 3D pour l’enregistrement numérique des sites d’art rupestre (peinture et gravure) en Afrique du Sud. C’est encore lui qui a créé un modèle numérique 3D de haute résolution permettant la reproduction par procédé d’usinage numérique pour la sculpture hiéroglyphique Maya du Musée Peabody de l’Université Harvard, aux États-Unis. Encore en Chine, on lui confia le mandat d’obtenir un enregistrement 3D du Temple de Zhang Fei, à Yunyang, dans la province du Chongqing, pour fin de préservation et de contrôle de sa reconstruction suite à son démantèlement. 

Mais ce qui l’occupe et le rend particulièrement fier actuellement, c’est l’arrivée prochaine (automne 2006) d’un premier système Arius3D au Québec ! 

LE 1e SYSTÈME ARIUS-3D AU QUÉBEC SERA INSTALLÉ AU LAMIC, À L’UNIVERSITÉ LAVAL
Effectivement, le premier système Arius3D du Québec sera installé au Laboratoire de muséologie et d’ingénierie de la culture (LAMIC), un laboratoire de l'Université Laval, dans les prochains mois.  

« Temporairement, dès le mois de septembre, il sera installé à la réserve du Musée de la civilisation du Québec, qui est un partenaire du LAMIC. Nous, à titre de partenaire privé du laboratoire, nous verrons à la mise en oeuvre de la numérisation 3D pendant un an », explique l’expert de MCG3D, qui vivra incidemment une sorte de retour aux sources, étant lui-même un gradué de l’Université Laval. 

Dès que les travaux d’installation seront terminés au Pavillon Casault - car il faut bien lui faire une place ! - le précieux équipement prendra sa place définitive, à l’Université Laval, probablement autour de janvier 2007. C'est grâce à un financement du Fond canadien de l'innovation (FCI) que le LAMIC peut acquérir un tel équipement de haute technologie. 

UNE INDUSTRIE ENCORE TOUTE JEUNE
Une des forces de Guy Côté est qu'il maîtrise plusieurs volets de la technologie 3D. Ainsi, il travaille aussi avec l'Université de Sherbrooke pour le système OPTECH, particulièrement utile en foresterie parce qu'il a une portée allant jusqu'à 1 km de distance. « Nous les aidons à appliquer cette technologie d'une autre compagnie de Toronto », explique-t-il. 

Mais si la technologie de la numérisation tridimensionnelle commence à trouver des applications industrielles, il faut convenir qu’il s’agit d’un domaine d’affaires encore bien jeune. 

« Le monde muséal est encore très peu connaissant de ce potentiel. Le 3D n'est pas encore là. Il y a bien quelques musées en Europe qui en font (...) Au Canada, il y a eu un projet pilote avec le Musée des civilisations, à Gatineau, en 1997-98, avec l'équipement du CNRC... mais tout reste à faire (...) Les architectes du Québec sont également lents à intégrer ces technologies. De sorte que le gros de la clientèle demeure les instituts de recherche. Exemple, nous venons de numériser les fanons d’une baleine pour le compte de l'Institut Maurice-Lamontagne, à Mont-Joli. Le but étant d’analyser la structure géométrique de la surface de fanons de baleines », explique Guy Coté, qui du coup nous apprend que c’est avec les fanons que l’on arrive à déterminer l’âge d’une baleine! 

Selon Guy Côté, sur actuellement plus ou moins 60 manufacturiers de matériel 3D dans le monde - il y en avait 45 il y a trois ans - seulement une dizaine son majeurs. Mais il faut dire que cette industrie existe depuis moins de dix ans. Ce qui explique que toute la normalisation est à faire (un organisme aux États-Unis y travaille, signale-t-il). Et le Canada est parmi les pays leaders, principalement à cause de la technologie couleur d'Arius et celle d'OPTECH pour la longue portée. 

Les autres joueurs importants sont autrichien (Riegl) et américains: « Les deux gros noms en géomatique/arpentage ont d'ailleurs procédé à d'importantes acquisitions dans les dernières années pour mieux se positionner: LEICA a acheté la technologie CYRAX, alors que Trimble a acheté la compagnie française Mensi », résument les deux associés, rencontrés le 22 août 2006. 

« Au niveau de la technologie, on peut parler de maturité, mais les utilisations, surtout au Canada, sont embryonnaires, alors qu'aux États-Unis, les entreprises sont habituées d’utiliser le 3D sur une base quotidienne. Mais ceci s’explique principalement à cause du volume », analysent aussi les deux partenaires. 

Il ne faut donc pas se surprendre qu'il n'y ait pas encore de formation disponible au Canada en numérisation 3D. « Les écoles offrent des cours en conception, en édition et en modélisation, mais ce n'est jamais à partir de ce qui est déjà existant ». 

Si Guy Côté semble ainsi tirer une sonnette d’alarme, il va déjà plus loin. M. Côté n’a pas caché qu’il se voit très bien comme professeur d'un cours du genre: "Introduction à la numérisation 3D" dans les prochaines années. Avis aux institutions d’enseignement intéressées, donc ! 

Pour sa part, Claire Delisle pense que dans un futur proche, le Département de géomatique de l'Université Laval va s'accaparer ce thème de formation.

PETITE DÉFINITION DE LA NUMÉRISATION 3D

La numérisation 3D par balayage peut être définie comme : « un procédé permettant de mesurer, sans contact, les formes et la couleur de la surface d’un objet pour en créer un fichier informatique utilisable dans un ordinateur. Ce fichier informatique est appelé “Modèle numérique 3D” de l’objet numérisé. » Ainsi, comme une caméra qui capte et enregistre des scènes de la vie réelle, un équipement de numérisation 3D par balayage capte et enregistre les objets du monde réel.

Voici quelques-uns des bénéfices découlant de l’emploi des systèmes de numérisation 3D par balayage :

  •  réduction significative des délais de réalisation d’un projet ;
  •  méthode de mesure sans contact extrêmement rapide non dommageable pour la surface des objets ;
  •  production d’une image fidèle à la réalité sans interprétation humaine (le fichier 3D se rapproche davantage de la photographie que d’un plan créé par un technicien suite à un levé traditionnel) ;
  • augmentation de la sécurité sur les lieux des levés (puisqu’il s’agit d’une méthode de mesure sans contact, elle permet, par exemple, de mesurer un empilement de copeaux ou une façade d’édifice sans qu’une personne n’ait à aller y placer des signaux) ;
  • garantie d’une très grande précision métrique ;
  • opération des systèmes par une seule personne, généralement ;
  •  facilité de transmission des images 3D par Internet ;
  • élimination des retours coûteux sur les lieux des levés (il est plus facile et moins coûteux de revenir dans le fichier 3D que sur le site pour obtenir de l’information supplémentaire).
 Source : www.mcg3d.com

 

Laboratoire de muséologie et d’ingénierie de la culture (LAMIC)www.vrr.ulaval.ca/bd/projet/fiche/78114.html
Arius3D
www.arius3d.com


L'entreprise faisant l'objet de ce profil
a été choisie avec l'implication de l'équipe de professionnels qui administre
le Parc technologique du Québec métropolitain, dans le cadre d'une collaboration spéciale.

Fait à Québec le 31 août 2006.


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