ForwardSim inc.
« Aucun projet de simulation ne nous fait peur ! »
2006-10-23

Par Daniel Allard

(Photo: exemple du travail
du logiciel Optitek pour
maximiser la coupe
d'une bille de bois)


Avec l’enthousiasme frondeur d’un jeune à qui tout réussi, Jean-Philippe Lebel a lui-même fait la plus belle synthèse de l’interview : « Nous avons maintenant la conviction qu’aucun projet de simulation ne nous fait peur ! » C’est vrai que ForwardSim inc. (SIM comme simulation) est encore jeune. Mais bien que fondée en janvier 2005, elle cumule déjà des accomplissements qui mettraient effectivement en confiance tout bon entrepreneur. N’ont-ils pas réalisé une première mondiale devant des gros noms de leur industrie... Ne sont-ils pas le know how du logiciel vedette de Forintek...
 

Il ne faut donc revenir en arrière que d’une vingtaine de mois pour raconter les débuts de ForwardSim. Alors tous employés pour Forintek Canada Corp., l’institut national de recherche sur les produits du bois au Canada, aussi basé dans le Parc technologique du Québec métropolitain (PTQM), cette compagnie est née de la volonté d'optimiser le logiciel Optitek, un produit vedette que Forintek met à la disposition de ses membres depuis le début des années 1990. 

« Le logiciel Optitek n'avait plus de secret pour nous. Nous souhaitions l'optimiser à un point tel que cela dépassait le cadre de travail que pouvait nous donner l’employeur », résume Jean-Philippe Lebel, membre du trio fondateur. Un employeur qui, incidemment, aura le mérite de ne pas s'objecter à les appuyer dans leur décision de fonder leur propre compagnie. Résultat : un logiciel plus performant que jamais, parallèlement au fait qu’une nouvelle entreprise technologique est née à Québec ! 

Dans cette compagnie qui a trois fondateurs mais un seul propriétaire - Daniel Verret étant le seul actionnaire - on doit reconnaître que malgré sa jeunesse, le chemin parcouru impressionne. Née avec un premier contrat, celui d’optimiser le logiciel Optitek (un mandat qui  représente encore 75% du temps de travail de l’équipe), les dirigeants de ForwardSim ont vite saisi qu’il ne fallait pas avoir tous ses œufs dans le même panier. Daniel Verret, qui avait fait des études supérieures lui permettant de se rapprocher des technologies de simulations utilisées par l'industrie de la défense, en avait gardé l’idée de développer un logiciel en la matière. Lorsqu’il en fait la proposition à ses deux partenaires, ceux-ci acceptent volontiers de relever ce défi. Et comment ! En moins de deux ans, ils ont fait brillamment leur marque en matière de simulation distribuée ! 

C’est quoi ça : la simulation distribuée ? « Cela réfère simplement au fait d’opérer des composantes d'une même simulation sur plusieurs ordinateurs utilisant un réseau informatique, voire même l'Internet (...) Par exemple, un des standards de la SD est le protocole HLA(1) (maintenant IEEE 1516) développé par l’armée américaine à la fin des années 1990 », explique rapidement Jean-Philippe Lebel. 

Allons-y donc avec un cas d’espèce ! Supposons que vous deviez simuler une opération navale avec plusieurs sous-marins en action. Sachant que la marine britannique possède sur ses propres ordinateurs une simulation d’un sous-marin, plutôt que de partir de zéro, il est intéressant de lui permettre de se joindre à une fédération d’ordinateurs déjà en opération dans votre projet. En gros, c’est un bon exemple de ce que la SD permet de faire. Notons que si le standard a été développé par l'industrie de la défense, la SD peut être appliquée à n'importe quel domaine. Dans cet univers, il faut aussi savoir que MATLAB est un langage de haut niveau et un environnement interactif permettant d'effectuer des tâches qui nécessitent une grande puissance de calcul plus rapidement que les languages de programmation traditionnels. Dans le domaine, il est d’ailleurs l’un des logiciels les plus importants. Mais le plus beau de l’histoire, c’est que l’outil mis au point par les trois Québécois permet justement d'utiliser l'environnement MATLAB, en offrant un interface HLA complet ( plug in), afin qu’un maillon fédéré puisse se joindre, qu’importe d’où il vient, à une fédération HLA. « C’est une option qui n'existait pas avant (...) D'une certaine manière, nous avons réalisé une première mondiale, effectivement », poursuit-il, comme s’il ne l’avait pas réalisé vraiment ! 

C’est vrai que le destin aura voulu que la compagnie MÄK Technologies (Cambridge, USA) réussisse, à sa manière, le même coup, la même année ! Cette même compagnie qui offre aussi un des trois moteurs de simulation (RTI en anglais) actuellement disponibles sur le marché mondial ! « Ce qui nous laisse les 2/3 du marché », calcule rapidement J-P Lebel, en nous identifiant les deux autres : le moteur de simulation de la compagnie suédoise Pitch Technologies AB et celui d’une autre compagnie américaine, Virtual Technology Corporation (VirTC), qui depuis une récente transaction effective au 30 juin 2006 est devenue Raytheon - Virtual Technology Corporation.

          MATLAB is a numerical computing environment and programming language. Created by The MathWorks, MATLAB allows easy matrix manipulation, plotting of functions and data, implementation of algorithms, creation of user interfaces, and interfacing with programs in other languages. Although it specializes in numerical computing, an optional toolbox interfaces with the Maple symbolic engine, making it a full computer algebra system. Generally speaking, MATLAB is intended for "perform[ing] computationally intensive tasks faster than with traditional programming languages such as C, C++, and Fortran." A North American individual commercial license costs US$1900 (MATLAB only), while a license for student use costs US$99 (MATLAB, Simulink and Symbolic Math).

 

          Short for "MATrix LABoratory", MATLAB was invented in the late 1970s by Cleve Moler, then chairman of the computer science department at the University of New Mexico. He designed it to give his students access to LINPACK and EISPACK without having to learn Fortran. It soon spread to other universities and found a strong audience within the applied mathematics community. Jack Little, an engineer, was exposed to it during a visit Moler made to Stanford University in 1983. Recognizing its commercial potential, he joined with Moler and Steve Bangert. They rewrote MATLAB in C and founded The MathWorks in 1984 to continue its development. These rewritten libraries were lovingly known as JACKPAC. MATLAB was first adopted by control design engineers, Little's specialty, but quickly spread to many other domains. It is now also used in education, in particular the teaching of linear algebra and numerical analysis, and is the de facto choice for scientists involved with image processing.

 

(Source: http://en.wikipedia.org/wiki/MATLAB) 


CHOISIR LES BONS PARTENAIRES
La technologie derrière le logiciel que ForwardSim met en marché utilise des standards de simulation du domaine de la défense. Ce qui amène comme difficulté toute la question de la crédibilité, car la compagnie est jeune. Rendue à l'étape de la distribution, il faut maintenant choisir les bons partenaires étrangers afin de relever les défis de la commercialisation. Heureusement, ils ont la chance d'avoir comme partenaire de développement le géant MATLAB, qui représente un genre de certification, une validation de la technologie, parce que leur outil a été développé pour être utilisé avec MATLAB. Mais est-ce suffisant ? 

« Bien que notre logiciel soit complémentaire au produit développé par The MathWorks, nous n'avons pas d'entente encore avec eux pour ce qui est de la distribution », confirme au téléphone le président Daniel Verret, mobilisé à Bruxelles encore plusieurs mois, pour cause de contrat auprès de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Le président de ForwardSim tenait à être avec nous, via téléphone, au moment de l'entrevue. Il nous a expliqué qu'il vise maintenant deux marchés: le marché local avec des outils de simulations spécialisés principalement pour les systèmes manufacturiers tel le simulateur de coupe Optitek développé pour Forintek, et celui de l'international, pour la simulation distribuée. Deux marchés, car la jeune compagnie compte effectivement deux produits, deux expertises en fait, bien distinctes. 

Actuellement, se sont surtout les contrats de consultation qui financent l’entreprise. Au moment de l'entrevue, début octobre 2006, on y finalisait d’ailleurs un mandat avec un chercheur au Japon, bien heureux d’avoir accès à MATLAB grâce à ForwardSim. Plus globalement, la distribution de leur fameux HLA Toolbox™ s'organise par la mise en place de contrats de distribution visant plusieurs marchés internationaux tels le Japon, l'Europe et les États-Unis. Mais l'équipe s’affaire surtout à compléter la gamme de trois produits qu’elle a planifiée pour MATLAB d'ici fin 2006/début 2007. Patrick Cinq-Mars, le troisième fondateur, est présentement quelque peu éloigné des affaires, ayant décidé de retourner à l'Université Laval afin d'y compléter une maîtrise. Mais un coin de travail l’attend toujours lorsqu’il passe au bureau, tout près du campus, dans le PTQM. C'est lui qui a été le principal développeur du HLA Toolbox™. Et le dernier arrivé, Guillaume Mayer, jeune gradué (2006) en génie informatique de l'Université Laval, semble très bien faire l’affaire de ses nouveaux patrons. 

« Début 2007, on s'attaquera à la mise en marché internationale de l’ensemble de nos produits, avec comme premier marché cible celui de l'aérospatial et la défense. Nous aimerions aussi promouvoir l'utilisation de la simulation distribuée à d'autres secteurs d'activité comme le médical et les communications », de préciser Daniel Verret. 

Évidemment, la stratégie de s'associer à un réseau de distribution qui existe déjà risque de s'imposer. C'est une décision que les dirigeants de ForwardSim devront prendre incessamment. Déjà, ils cumulent une quinzaine de clients pour leur HLA Toolbox™, leur premier produit. Leur deuxième, un moteur de simulation graphique, fait cette fois pour Simulink (un autre produit de The MathWorks, complémentaire à MATLAB), est au stade de la finalisation (HLA Blockset™). Le troisième produit, lui, est toujours en phase de R&D. Et ils peuvent déjà dire que leur principale technologie a été achetée par le Centre de recherche et développement pour la défense du Canada (RDDC), à Valcartier, un de leurs premiers clients. 

« Nous avons un concurrent aux États-Unis, mais leur approche est complètement différente de la notre. Notre produit permet en fait un apprentissage rapide du standard HLA, car il représente la norme dans ses moindres détails, contrairement au concurrent qui, lui, a développé son propre langage de communication, avec son propre moteur de simulation. Notre produit est compatible avec tous les moteurs de simulation respectant la norme - même celui de notre concurrent ! - et ne nécessite aucune autre composante afin de faire interagir MATLAB avec les moteurs de simulations. Le produit du concurrent est donc plus cher, car il oblige à utiliser toute une gamme de produits distribués par celui-ci. Le HLA Toolbox est plus polyvalent, en plus d’être totalement compatible avec le système MATLAB », d’expliquer un Daniel Verret très confiant. 

Quel est le sentiment après bientôt deux ans en affaires ? « Nous sommes encore emballés », nous exprime pour sa part sans hésiter J-P Lebel, avant de raconter qu’il a lu, récemment, que plus de la moitié des logiciels développés dans le monde ne sont jamais commercialisés... Chez-lui, la confiance est à un point tel qu'il a acquis une certitude : « Aucun projet de simulation ne nous fait peur ! » 

La simulation, c'est en fait le marché de l'aide à la décision, ou encore celui de la formation et de la R&D. Si de tels outils obtiennent généralement la cote par le personnel technique des entreprises, ils demeurent difficiles à vendre à la haute direction, qui ne voit pas toujours l’avantage à investir de l’argent là-dedans. Naturellement, l’industrie de la défense s’est rapidement appropriée cette haute technologie de la simulation. Mais lorsqu’on voit à l’écran de son ordinateur comment un outil de gestion et de simulation de coupe de billes de bois comme Optitek vous maximise l’utilisation de la ressource, il est à parier que l’intégration généralisée de tels outils dans tous les secteurs manufacturiers n’est qu’une question de temps.

___________________

(1) HLA (High-Level Architecture) is a standard for connecting several computer-based simulation systems so that they can run together and exchange information. Instead of building a big monolithic simulation system from scratch, the HLA allows you to combine existing simulation systems with new systems. HLA was originally developed by the US Department of Defence. It is the prescribed standard for military simulation interoperability within the US. It is also the new standard for simulation interoperability within the NATO. The HLA can be used for any kind of simulation systems.

www.forwardsim.com/
www.mak.com/
www.pitch.se/

www.virtc.com/


L'entreprise faisant l'objet de ce profil
a été choisie avec l'implication de l'équipe de professionnels qui administre
le Parc technologique du Québec métropolitain, dans le cadre d'une collaboration spéciale.

Fait à Québec le 23 octobre 2006.


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