CHRONIQUE "TI"
Les TI, la santé et les élections
2007-03-16


Par Jacques Pigeon
Chroniqueur
jpigeon@elara.ca

Lorsque mon automobile a parcouru 8 500 kilomètres, un voyant s’apparaît sur le tableau de bord pour me rappeler que la prochaine révision mécanique approche à grands pas. On ne badine plus avec les autos; l’entretien préventif est maintenant obligatoire. De plus, lorsque l’entretien aura été fait, on me demandera de me rendre sur le site Web du fabriquant (à ne pas confondre avec le concessionnaire) pour y répondre à des questions sur mon degré de satisfaction après cette expérience. Sur le même site, une section sécurisée me donne accès à toutes sortes d’information sur mon véhicule, ainsi qu’un centre de messages. 

Mais quel est le lien avec la santé ?

Il y en a au moins trois.  

  1. Le système est basé sur la prévention active.
  2. Les technologies de l’information sont au cœur de la stratégie.
  3. La communication électronique est devenue la norme. 

Et les élections ?

C’est simple; on ne parle que des symptômes de ce que l’on ose appeler un système de santé alors, qu’en fait, il s’agit essentiellement d’un système de la gestion de la maladie en phase aigue. 

LA PRÉVENTION ÉRIGÉE EN SYSTÈME
L’État et ses composantes font un travail honnête en matière de prévention primaire. On nous incite à bien nous alimenter, à faire de l’exercice et à ne pas fumer. Fort bien. C’est au niveau secondaire que l’effort est marginal. Il y a bien quelques programmes de dépistage, surtout pour les nouveaux nés et le cancer du sein, mais la gestion active des populations à risque est presque inexistante. 

Des exemples. Les données disponibles nous apprennent que la majorité des hypertendus et des diabétiques ne sont pas traités. Parfois, les personnes ignorent tout simplement qu’elles sont porteuses de la maladie; parfois, c’est de l’insouciance, parfois c’est un manque de connivences et de suivi. Or, on connaît les conséquences: maladies coronariennes, ACVs, insuffisance rénale, bref tout ce qui occupe le réseau de santé et qui coûte les yeux de la tête. 

Alors, qu’est ce qui nous empêche d’aller rejoindre ces populations à risque, les traiter avant qu’il soit trop tard ? Réponse: l’absence de systèmes d’information adéquats. L’absence de banque de données sur les populations des différentes régions. L’absence du dossier patient informatisé. 

Au Canada, au Québec, le statut de monopole du système devrait - en théorie - grandement faciliter l’implantation d’un dossier patient informatisé, car c’est relativement facile d’imposer des standards dans un système qui en compte déjà beaucoup. On ne fait évidemment pas mieux que dans les pays où le système est complètement éclaté. 

POURQUOI LES TI TARDENT À PÉNÉTRER LE SYSTÈME DE SANTÉ ?
On estime qu’au Canada 90% des visites chez le médecin sont documentée sur du papier. Dans les différents réseaux publics, on ne fait pas mieux. Les banques investissent massivement dans les TI, entre 6% et 10% de leurs frais d’exploitation, alors que dans le monde de la santé, ce pourcentage plafonne à 2%. On s’étonne ensuite quand les banques font beaucoup d’argent et que les hôpitaux crèvent de faim. Le système de maladie, conçu d’abord pour intervenir en phase aigue, est devenu un puit sans fond. L’État augmente sans cesse ses dépenses dans le secteur et les améliorations se font toujours attendre. 

C’est vrai qu’il manque de médecins et d’infirmières, mais sans investissements massifs en TI pour mettre en place un dossier informatisé universel, il sera impossible de freiner la croissance des coûts à long terme. 

Imaginez un instant tout ce que permettrait l’utilisation judicieuse de la banque de données ainsi constituée. Un exemple canadien. Capital Health d’Edmonton, une sorte d’agence régionale, a décidé de s’attaquer de front au problème du diabète sachant que chaque dollar investi lui rapporterait des économies de 3 à 20$ selon les cas. Son approche est la simplicité même. À parti des banques de données d’examens de laboratoire, l’agence identifie les personnes dont les taux de glucose sont anormalement élevés. La liste des personnes est dressée; on vérifie si elles sont traitées et prises en charge; les autres citoyens, la majorité, sont contactés, pris en charge par un médecin et traités selon leur condition. C’est çà l’informatique appliquée à la santé. 

ET LES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES ?
Connaissez vous l’adresse courriel de votre médecin ? Ou de votre pharmacienne ? C’est probablement sans importance, car ils ne répondraient probablement pas à vos messages. Votre médecin vous remet encore un bout de papier sur lequel il a écrit en code les noms des médicaments qu’il vous a prescrits. S’il avait eu accès à votre dossier, il aurait pu savoir d’un coup d’œil votre profil médicamenteux et le faire analyser par un logiciel d’intelligence artificielle pour y déceler des incongruités. Mais non, vous devez apporter le bout de papier à votre pharmacienne qui devra transcrire l’information et l’enregistrer dans sa banque de données, évidemment inaccessible au médecin. 

Quand on sait que les trois quarts des Québécois sont branchés, que plus de la moitié d’entre eux font leurs transactions bancaires sur le WEB, pourquoi nos médecins et établissements ne sont-ils pas branchés ? Pourquoi pas un tarif pour rémunérer les consultations par courriel ou par Internet ? 

Pourquoi pas un tarif
pour rémunérer
les consultations par courriel
ou par Internet ?
 

Pourquoi la profession médicale hésite-t-elle encore à entrer dans le XXIe siècle ?  

ET LES ÉLECTIONS DANS TOUT ÇÀ ?
Avez-vous déjà entendu un groupe de pression demander l’accélération des investissements en TI ? Poser la question, c’est y répondre, n’est ce pas ? Partout, on réclame plus de médecins, plus d’infirmières, plus d’équipements de diagnostic, plus d’argents, mais jamais de nouvelles infrastructures. Les seuls qui poussent pour que ces investissements s’accélèrent sont les entreprises qui fabriquent des systèmes d’information et construisent des réseaux.

Les routes, on les voit, on les sent, c’est du tangible. Et, c’est binaire. Les routes sont bonnes ou mauvaises. 

Malheureusement, les enjeux électoraux sont trop souvent ramenés à la forme binaire. Pour ou contre la hausse des frais de scolarité dans les  universités. Pour ou contre la médecine à deux vitesses. Comme si la vie se déroulait à la même vitesse pour tout le monde ! 

Même si les TI sont probablement la principale industrie du Québec, beaucoup de pédagogie reste à faire. On estime à quelque 12 milliards $ le coût de la mise en place du dossier patient informatisé au Canada. Le « payback » est estimé à deux ans. Trouvez moi un investissement de cette taille qui soit aussi rentable... 

En plus de l'argent, imaginez toutes les souffrances épargnées, toutes les années en bonne santé ajoutées. Un beau projet de société. 

Je réponds à tous mes courriels : jpigeon@elara.ca

Fait à Montréal le 7 mars 2007.


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