Avec maintenant un pied-à-terre au Mexique
Les moules de Rocand à la conquête des Amériques
2007-08-18

Par Jean Beauchemin

La mondialisation des marchés, Rocand connaît. « Nous exportons 80% de notre production. Nous venons d’ailleurs d’ouvrir une unité de soutien technique au Mexique », affirme d’entrée de jeu Sarah Bégin, Vice-Présidente Opérations chez Rocand. Beaucoup de chemin parcouru dans sa première décennie d’existence pour cette entreprise située dans le Parc technologique du Québec métropolitain (PTQM).

C’est en 1996 qu’André Rochette, un passionné de génie mécanique, décide de quitter son emploi au Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) pour se lancer dans la fabrication de moules à injection destinés aux entreprises productrices de plastique. Rocand ouvre alors ses premiers locaux à St-Romuald, sur la rive sud de Québec.

D’ABORD L’EUROPE
En 1998, Les Industries Rocand inc. s’associe à une firme française, Lamboley, qui désire percer le marché nord-américain. Cette dernière étant spécialisée dans la technologie de l’extrusion-soufflage, un transfert technologique s’établira alors entre la France et le Québec. L’association qui créera la société Lamboley-Rocand durera jusqu’en 2002 alors que Lamboley décide de concentrer ses activités sur le vieux continent.

« Le cours élevé de l’Euro ne permettait plus d’être compétitif en Amérique. De plus, le marché émergent de l’Europe de l’est devenait intéressant pour Lamboley avec ses coûts de main-d’œuvre moindres », explique encore Sarah Bégin.

L’entreprise de Québec récupère alors l’ensemble des actifs nord-américains de Lamboley-Rocand et poursuit seule l’aventure, maintenant munie d’une expertise recherchée dans les moules à extrusion-soufflage.

Rocand offre maintenant trois types de moules : les moules à injection pour les produits de plastique, les moules à injection pour l’aluminium ainsi que les moules à extrusion-soufflage. Les moules à injection pour plastique sont utilisés afin de créer la plupart des objets de consommation courante en plastique, du téléphone au bac à vaisselle. Les moules à injection pour l’aluminium permettent pour leur part de fabriquer différentes pièces en aluminium, principalement dans le domaine du transport. Les moules à extrusion-soufflage sont à l’origine du moulage de pièces plus complexes, entre autres, le moulage des réservoirs à essence en plastique pour les voitures, produit vedette de Rocand. Sa clientèle est principalement constituée de transformateurs,  entreprises fabricant des pièces.

« Nous pouvons cependant affirmer que plusieurs grands manufacturiers du domaine de l’automobile tels Nissan, BMW et Ford utilisent les moules de Rocand », affirme fièrement Madame Bégin.

LA QUALITÉ AFIN DE CONCURRENCER
On l’aura compris, dans les dernières années Rocand joue principalement sur le marché Nord-Américain et doit se frotter à une forte concurrence. « Nous avons dû développer des créneaux spécifiques afin d’assurer notre croissance. Nous ne sommes que 3 entreprises en Amérique du Nord à posséder l’expertise pour produire des moules pour réservoirs à essence en plastique. »

Cette quête de qualité a-t-elle à voir avec le choix d’avoir bâti l’usine et le siège social de l’entreprise dans le Parc technologique du Québec métropolitain ?

« Comme Monsieur Rochette et moi-même avions déjà travaillé sur le site, le Parc c’était comme chez-nous, ce fut un choix naturel de s’y établir », poursuit la femme d’affaires qui était aussi là, en l’an 2000, alors que Rocand décidait de déménager dans le PTQM dans un bâtiment expressément bâti pour leur besoins. Plusieurs millions de dollars furent d’ailleurs à nouveau investis, en 2002, afin de doubler la superficie de l’usine du Boulevard du Parc-Technologique.

Mais le marché de l’automobile est très mondialisé et Rocand doit également faire face à plusieurs compétiteurs internationaux hors des Amériques. « Il est clair que la concurrence d’outre-mer est très forte, particulièrement celles d’Europe de l’est et d’Asie. Leur politique est de baisser les prix à des niveaux qui nous sont impossibles à égaler. Nous devons donc miser sur la qualité afin de pouvoir rivaliser », confie-t-elle. Bref, pour eux, la qualité s’impose avant tout !

Et la qualité, Madame Bégin s’y connaît ayant elle-même implanté les normes de qualité ISO chez Rocand : « Nos moules sont testés et approuvés avant la livraison chez les clients qui n’ont donc pas à arrêter leur chaîne de production sur une longue période lors de l’installation. »

« (...) Afin de nous démarquer, nous nous spécialisons dans les gros moules, ainsi que les moules complexes demandant une expertise pointue. »

Cette spécialisation au niveau des moules pour réservoirs à essence a rapidement lancé Rocand sur la scène internationale. « À une époque, 80% de nos ventes se réalisaient dans le domaine des réservoirs à essence. Nous avons maintenant réussi à nous diversifier et ce chiffre tourne maintenant autour de 30%, ce qui nous rend moins dépendants de ce produit », analyse la VP Opérations.

Rocand mise également sur des délais de production très courts puisque l’usine fonctionne sur trois quarts de travail, 24 heures sur 24. « Notre proximité est également très rassurante pour les clients puisque cela leur permet un meilleur contrôle sur les délais et le transport. De plus, ils peuvent aisément venir vérifier le travail et suggérer des retouches si nécessaires. Cela serait beaucoup plus complexe avec un fournisseur d’outre-mer. »   
 
Pour Sarah Bégin, le prix initial ce n’est pas tout. « Au bout du compte, le client paie souvent le même prix sinon moins cher avec nous. Si l’on tient compte de tous les frais engendrés par l’achat à un fournisseur asiatique par exemple, frais de déplacement, durée des voyages afin de s’assurer de la qualité du travail, temps d’arrêt de la chaine de montage souvent plus élevé, la facture est souvent semblable. »

UN HUARD QUI AFFECTE
Comme c’est le cas pour plusieurs entreprises canadiennes, la hausse du prix du huard a affecté les ventes.

« Il nous faut être plus efficaces afin de compenser la baisse de compétitivité qu’a entraîné l’augmentation du dollar », d’expliquer calmement cette femme d’affaires habituée.

Dans le but de rester à l’avant de la parade, Rocand investit beaucoup d’efforts dans la R&D. D’importants investissements dans des équipements à la fine pointe de la technologie ont également été réalisés afin d’augmenter sa compétitivité. L’entreprise priorise également la formation du personnel afin de s’assurer d’une maîtrise experte de chaque membre de l’équipe. Et le bon travail de Rocand a été récompensé à plusieurs reprises. Elle a remporté en 2001 le Prix d’excellence en affaires Québec-France de la Chambre de commerce française au Canada, en plus d’être finaliste au concours du Prix d’excellence 2001 de l’Association canadienne de l’industrie des plastiques.

L’AVENTURE MEXICAINE
Rocand offrant déjà ses moules à différentes entreprises oeuvrant au Mexique, l’idée de s’y établir fit son chemin. C’est vers la fin 2004 que fut réalisée une étude du marché mexicain en collaboration avec les Missions commerciales de l’Université Laval. Plusieurs missions commerciales furent également effectuées avec des acteurs importants de la scène économique québécoise, dont une avec le Premier Ministre Jean Charest, afin de sonder le terrain et se créer un réseau de contacts. « On peut estimer à environ 2 ans et demi le temps entre le début de nos démarches et l’implantation en juin dernier de notre unité de soutien technique dans le Parc industriel Escobedo à Monterrey », résume Madame Bégin.

« Cette unité de soutien technique nous permettra de répondre encore plus rapidement et efficacement aux besoins de notre clientèle. » Pourquoi Monterrey ? « Nous nous sommes établis à Monterrey principalement en raison de sa proximité du marché américain. Nous pouvons ainsi desservir nos clients mexicains, mais également ceux du sud des États-Unis. De plus, Monterrey est un pôle économique en pleine croissance », poursuit Madame Bégin. Un responsable du développement du marché de l’Amérique latine s’est également ajouté à l’équipe de Rocand afin d’augmenter les ventes sur ce territoire.

ET LE MARCHÉ OUTRE-MER?
Rocand a clairement des visées bien établies avec les États-Unis et le Mexique. Qu’en est-il du reste du globe ? « Nous préférons actuellement concentrer nos activités en Amérique. La culture semblable à la nôtre, la proximité ainsi que le fait de travailler dans les mêmes fuseaux horaires nous donne un avantage dans ces marchés. Pour les mêmes raisons, il nous serait difficile d’être concurrentiel en Europe ou en Asie, qui par ailleurs possède déjà une vaste expertise dans le domaine », précise Madame Bégin.

À la conquête
des Amériques !
 

De trois employés en 1996, Rocand en compte maintenant près de 30. L’entreprise a donc réussi à atteindre une maturité lui permettant d’aspirer à de grands défis. Et le duo Rochette-Bégin entend capitaliser sur sa présence nouvelle au Mexique afin de poursuivre sa croissance dans le sud des États-Unis et en Amérique latine. « Pour les prochaines années, nous concentrons nos efforts de développement sur l’Amérique latine tout en continuant d’être à l’avant-garde sur le plan technologique », de conclure la vice-présidente Sarah Bégin. Gageons qu’avec l’expertise qu’ils ont su développer, les portes de ce marché devraient s’ouvrir grandes devant eux.

www.rocand.com

L'entreprise faisant l'objet de ce profil
a été choisie avec l'implication de l'équipe de professionnels qui administre
le Parc technologique du Québec métropolitain, dans le cadre d'une collaboration spéciale.

Fait à Québec le 12 août 2007.


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