L'avenir du monde boursier
Richard Nadeau de la Bourse de Toronto fait le point
2007-10-17

Par Daniel Allard

Le premier vice-président de la Bourse de Toronto, Richard Nadeau, était le conférencier d'honneur de la Chambre de commerce de Québec - et très heureux de se retrouver dans sa ville natale - le 10 octobre 2007. Il y a brossé un portrait détaillé de l'avenir à moyen terme des bourses dans le monde et des enjeux entourant cette industrie hautement stratégique. Bilan d'un moment privilégié !

« Nous sommes au début du cycle en Chine. Mais il faut être prudent (...) Je pars dans deux jours pour ma troisième visite en Chine depuis la dernière année. Je serai accompagné d'un groupe de banques d'investissement, de cabinets d'avocats et de comptables qui se spécialisent dans l'aide à apporter aux sociétés chinoises afin de faciliter leur entrée sur le marché canadien. Richard Nesbitt, le chef de la direction du Groupe TSX, qui sera à Shanghai pour les assemblées annuelles de la Fédération internationale des Bourses, se joindra à moi pour une partie du voyage. »

Le ton était donné, le monde des bourses est maintenant résolument à l'heure du monde tout entier ! Richard Nadeau se consacre donc au développement de produits et au développement des affaires au Canada, mais aussi aux États-Unis et à l'international.

« Nous assistons actuellement à la transformation des Bourses en sociétés ouvertes et à un mouvement important de consolidation entre les Bourses, partout sur le continent, et de plus en plus au-delà des océans. Nous assistons à une course pour implanter les plateformes de transactions plus rapides, moins chères et disposant des plus grandes capacités afin de répondre aux demandes d'un secteur qui se globalise rapidement et qui est en constante mutation. »

« (...) La motivation fondamentale derrière ces consolidations est, bien sûr, le besoin de répondre aux attentes des actionnaires qui recherchent un rendement croissant de leurs investissements.  Ce facteur, combiné à la baisse des commissions de négociation rendue possible grâce à l'amélioration continue de la technologie, a forcé l'expansion des marchés. En étant ouvertes, les Bourses ont aussi dû chercher d'autres synergies de sorte que l'introduction de nouveaux produits représente une source de revenus pour plusieurs lignes d'affaires simultanément. Par exemple, nous cherchons à offrir des produits qui amèneront de nouvelles inscriptions en Bourse parce que ce faisant, nous augmentons les volumes de transaction et les ventes de données de marché. Nous avons également pris de nouvelles initiatives afin d'offrir à nos émetteurs une relation à valeur ajoutée. Notre acquisition récente d'Equicom, une des plus importantes firmes de relations investisseurs au Canada, nous permet de travailler avec les émetteurs en vue de promouvoir les meilleures pratiques en termes de gestion, de transparence et de divulgation de l'information en temps opportun. Avec cette acquisition, notre objectif ultime, évidemment, est d'améliorer l'efficacité et l'intégrité des marchés de capitaux, au bénéfice des investisseurs. En somme, nous voulons offrir la gamme complète de produits, qui viendront tout simplement rehausser l'intérêt de s'inscrire en Bourse », exposa-t-il lors de son discours.

LA FIN DES BOURSES SPÉCIALISÉES ?
« (..) Nous voyons des Bourses qui autrefois se spécialisaient dans un ou deux types de valeurs mobilières devenir des entités intégrées pouvant maintenant servir plusieurs classes d'actifs simultanément, que ce soit l'équité, les produits dérivés, les titres à revenu fixe , les commodités, pour ne nommer que quelques-uns.  Une petite industrie dormante qui à une certaine époque semblait évoluer dans l'ombre de tout ce qui était vraiment excitant est devenue une des industries les plus vibrantes, destinée à faire les manchettes du monde des marchés. »

Que s'est-il passé
pour que de tels changements se produisent ?

« (...) Les Bourses, comme les sociétés d'assurance, ont décidé que leur avenir reposait sur le fait d'être des sociétés ouvertes. Ce qui a changé les règles du jeu. Mais la technologie les a changées encore plus. Et nos clients ont voulu de plus en plus pouvoir négocier une multitude de classes d'actifs à partir de la même plateforme. Par exemple, lorsqu'ils inscrivent leurs actions, ils aimeraient également pouvoir y inscrire des produits dérivés... chose qui ne peut se faire pour le moment sur le marché canadien. »

« (...) Les activités boursières ne peuvent plus être gérées comme des activités locales, et même nationales, puisque la concurrence est maintenant mondiale. Des Bourses comme NASDAQ et AIM - la Bourse de Londres à petites capitalisations - sont des compétiteurs vigoureux dans nos marchés à travers le monde. »

  • Dans le secteur minier, Groupe TSX procure actuellement 49 % du capital-actions nécessaire à l'exploration et au développement miniers sur chaque continent;
  • Pour le gaz et le pétrole, leurs deux Bourses ont plus d'inscriptions que toute autres Bourse au monde;
  • Ils sont aussi 2e mondialement, tout juste derrière NASDAQ en technologie et 3ieme suivant NASDAQ et LSE/AIM en biotechnologie.

« En plus de nos efforts continus au Canada, nous avons lancé une campagne ciblée aux États-Unis afin d'attirer un plus grand nombre d'inscriptions américaines, notamment parmi les PME qui se retrouvent souvent "orphelines" sur NASDAQ ou à la Bourse de New York dû à leur trop petite capitalisation », poursuit-il.

La campagne aux États-Unis consiste en une tournée de neuf villes qui, juste la semaine précédent son discours, l'avait mené à Phoenix : « Nous avons eu plus de 250 participants à notre séminaire d'une journée qui visait a faire la promotion des marchés des capitaux canadiens, ce n'est pas rien! », insistera Richard Nadeau également en point de presse. Une campagne qui se poursuivra à Chicago, San Francisco et San Diego, plus tard cet automne.

Les activités boursières
ne peuvent plus être gérées comme des activités locales,
et même nationales

« (...) Depuis deux ans, nous avons mis plus d'emphase sur nos activités internationales pour compenser le ralentissement du marché domestique. Ainsi, à la fin juin, nous avions 225 émetteurs dont le siège social était à l'extérieur du Canada. Et notre stratégie internationale se déploie dans les secteurs où nous avons un avantage compétitif clair - le minier, l'énergie et les PME. Nous nous sommes concentrés, par exemple, sur les marchés miniers clés que sont l'Australie, l'Afrique du Sud et l'Amérique du Sud. Nous nous sommes adressés aux puissances émergentes comme le Brésil et la Chine. Finalement, nous sommes également présents en Israël où l'on assiste à une demande grandissante pour le financement de sociétés de haute technologie. »

GAGNER LA BATAILLE TECHNOLOGIQUE
« (...) Vous avez probablement entendu parler des nouveaux concurrents ATS canadiens (systèmes de négociation alternatifs - alternative trading systems) auxquels nous faisons face, sans compter les compétiteurs de toujours, comme NYSE, NASDAQ, et les ATS américains. Jusqu'à présent, la plupart des prétentions des ATS canadiens concurrents se limitent aux communiqués de presse. Ils n'ont toujours pas fait leurs preuves. Entre temps, au cours de l'été dernier, nous avons installé de nouveaux serveurs qui représentent le dernier cri des ordinateurs boursiers, et au cours de 4e trimestre, nous débuterons le déploiement de notre nouvelle plateforme de négociation, le TSX Quantum, que l'on appellera la « révolution Quantum ».

« Lorsqu'elle sera opérationnelle, nous prévoyons pouvoir traiter une transaction en moins de 10 millisecondes, c'est-à-dire un dix millième de seconde - ce qui est environ 3 fois plus que la vitesse actuelle -, nous serons alors au nombre des Bourses les plus rapides au monde, si nous ne sommes pas les plus rapides. »

FUSION TORONTO-MONTRÉAL ?
« Il y a évidemment beaucoup de discussions actuellement sur ce qui pourrait se produire en 2009, suite à l'expiration de l'entente de non-compétitivité entre la Bourse de Toronto et la Bourse de Montréal. Le Groupe TSX a toujours cru qu'il serait ultimement important d'unir les marchés des capitaux et des produits dérivés, parce que fondamentalement ils desservent les mêmes clients, comme l'ont fait les grandes Bourses mondiales que sont NYSE-Euronext, la Deutsche Boerse, ou l'Australian Stock Exchange au cours des derniers mois. Plus récemment, nous avons assisté aux virages et tractations entre la London Stock Exchange, le Nasdaq, la Bourse scandinave OMX et deux entités concurrentes des Émirats arabes, à Dubaï et au Qatar. On ne sait pas comment tout cela finira, mais une chose est sure : dans un monde où chaque Bourse sur chaque continent peut être un acquéreur ou une cible, nous avons besoin de Bourses canadiennes fortes ! »

Il n'est donc pas étonnant qu'à un an et demi du retour à la concurrence ouverte sur le terrain des produits dérivés canadiens, le Groupe TSX se prépare ouvertement à effectuer son entrée sur ce marché : « Nous avons manifesté clairement et ouvertement nos intentions. Après le 15 mars 2009, nous serons présents dans ce marché, par le biais d'une nouvelle Bourse canadienne des produits dérivés, qui sera connue sous le nom de DEX, qui est une coentreprise de Groupe TSX et de l'International Securities Exchange ou ISE, la Bourse américaine d'options sur actions.

Actuellement la fusion des bourses se fait entre les plus gros. Pourquoi ne pas carrément acheter par offre publique d'achat (OPA) la Bourse de Montréal ? À cette question du collègue du quotidien Le Soleil, Louis Tanguay, aussi présent au point de presse, il répondra ceci : « Ce n'est pas notre intention. S'il y a entente, ce sera amical », répondra à l'aise Richard Nadeau.

Et saviez-vous, de lui demander ensuite le journaliste de CommerceMonde.com,  qu'un représentant de l'AIM était justement ici à Québec, pour y animer un petit déjeuner destiné aux gens des biotechnologies, le mois dernier? Surpris, il répondra que selon-lui : « L'AIM subit actuellement un essoufflement ; il y a beaucoup de compagnies orphelines dans cette bourse, elles se retrouvent sans suivi, sans analyste, avec un titre qui n'a pas suffisamment de volatilité », répliquera-t-il en confirmant qu'il ne le savait pas.

DES MENTALITÉS QUI CHANGENT
« (...) Il est vrai que traditionnellement le Québec a plutôt fait appel à l'équité privé qu'au marché public. Mais, nous avons travaillé fort depuis que nous avons acquis la Bourse de croissance en 2001 pour faire en sorte que le marché public soit une alternative attrayante face aux capitaux privés avec des produits tels que les SCD et autres instruments financiers novateurs ainsi qu'en offrant à nos émetteurs un service-conseil de première qualité à travers nos quatre bureaux de Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver. »

« Je pense qu'il est juste de dire, qu'il y a dix ans, les gens pensaient que les Bourses faisaient partie d'un petit sous-ensemble dormant d'une industrie par ailleurs très dynamique. L'enthousiasme était confiné aux négociants, courtiers et aux banques d'investissement. Aujourd'hui, ce sont les courtiers qui cherchent à se redéfinir alors que de plus en plus, les systèmes de transactions totalement automatisés occupent une place de plus en plus importante et remettent en question leur existence.  Et c'est pour cette raison que le parquet de la plus importante Bourse au monde, la Bourse de New York, s'étiole graduellement et disparaîtrait probablement si ce n'était des bonnes relations publiques qui en maintiennent l'intérêt. »

« Je pense qu'il y a dix ans,
les gens pensaient que les Bourses
faisaient partie d'un petit sous-ensemble dormant
d'une industrie par ailleurs très dynamique »

Pendant ce temps, ce sont évidemment les ordinateurs qui se chargent, de plus en plus automatiquement, de la majeure partie des négociations et des transactions !

QUÉBEC ENCORE UN MARCHÉ ÉMERGEANT AUX YEUX DU GROUPE TSX
« Notre équipe au TSX considère que Québec est un centre important où bon nombre d'entrepreneurs émergents pourraient s'inscrire sur les marchés publics et ainsi avoir accès à un réseau mondial beaucoup plus étendu. »

Il y ainsi voulu rappeler qu'à peine une semaine avant son discours devant la Chambre de commerce de Québec, Groupe TSX était commanditaire de BioContact « (...) qui, après 15 ans, est reconnu mondialement comme le lieu de rencontre incontournable des chefs de file de l'industrie des biotechnologies, où les investisseurs d'à travers le monde et les leaders de l'industrie au Québec peuvent se réunir », a-t-il affirmé. 

Groupe TSX sera par ailleurs commanditaire majeur des Jeux Nationaux 2008 des Olympiques Spéciaux qui feront partie des célébrations du 400e de la ville de Québec et qui se tiendront du 26 février au 1er mars prochain. On parle de plus de 1 000 athlètes et 2 000 parents et bénévoles d'à travers le pays qui se rassembleront à Québec, sur les Plaines d'Abraham ou au centre de ski Le Relais. Les Olympiques Spéciaux est un organisme international qui a pour mission d'enrichir, par l'activité sportive, la vie de toute personne vivant avec une déficience intellectuelle.

Fait à Québec le 16 octobre 2007.


Envoyer cet article à un ami

Fondé en 1997
35 000 lecteurs


Rubriques

Éditorial
Comment Québec peut parier sur la Chine?

L'EAU c'est la vie!
1ère Symphonie Grands Lacs/St-Laurent, Québec, juin 2012

Trouvez le monde...
Que faire et ne pas faire dans certains pays?

Géopolitique mondiale
Diploweb

Système d'info mondial pour le dév. durable
www.mediaterre.org

Le Convertisseur de devise
Équivalent en $CAN d'une monnaie étrangère

Créez votre "Délégué commercial virtuel"

Haute Finance/Québec?
Survivre à Londres

Profils d'entreprises technologiques (PTQM)
Industries Rocand, OpenPole, PESCA Environnement, ForwardSim, MCG3D, Immanence, Explora, IC2, Studio Virtuel Concept, dö networks

Entrevues exclusives
Plus de 30 rencontres

Mot des délégations du Québec

REPEX / ExportPro.org
François Breault nommé V-P Exécutif



Liens

Partir... pour revenir!
PopulationData.net
InfoNATION
World New Connection
Faire affaires avec l'ONU
Consultation ContactsMonde
La mondialisation jour le jour
Export alerte
Québec Monde
Ass. des économistes du Québec
Cercle Québécois des Affaires inter.
SORIQ
Quoi faire à Québec?
English Québec






Copyright 1994, cyberjournal@commercemonde.com