ANALYSE : Financement de la commercialisation
Québec, Canada : terre d'accueil pour les adeptes de la R&D (1ère de 3)
2008-07-07


Par Ronald Bannon Expert en commercialisation

Dans cette analyse, j'aimerais aborder avec vous un sujet d'actualité, le financement de la commercialisation et particulièrement celui associé au développement des marchés internationaux. Sans vouloir être réducteur dans l'approche, je souhaite toucher l'ensemble des principaux éléments qui font partie de cette incontournable fonction nécessaire pour assurer le développement et la croissance de l'entreprise. En l'effet, l'accès au marché et la vente de produits et de services constituent l'aboutissement ultime de toute démarche d'entreprise. La forme de la vente ou du service peut varier d'une entreprise à une autre, selon le modèle d'affaires privilégié. Pour de nombreuses PME du Québec, la capacité de mettre en marché des produits et/ou des services issus de la R & D est parfois un chemin long et ardu.

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Avec ses généreux crédits d'impôt à la recherche scientifique et au développement fondamental (RSDE), le Canada se positionne avantageusement sur l'échiquier mondial des pays industrialisés pour favoriser l'implantation de sociétés internationales désireuses de se développer dans des villes offrant un fort potentiel de ressources et d'avantages économiques. Selon une étude réalisée en 2008 par KPMG[1], le Canada se classe actuellement au premier rang parmi les neufs pays les plus industrialisés pour les plus bas coûts en R & D, suivi par la France et les Pays-Bas.

Outre les avantages financiers importants qui attirent les entreprises internationales à vouloir se localiser chez-nous, la main-d'œuvre spécialisée abonde et cette dernière est également en mesure de relever les défis attendus par ces Sociétés à cause du nombre élevé d'individus scolarisés, capables de respecter les plus hautes normes de qualité. Au Québec, les villes de Montréal et Québec constituent des cibles de choix. La ville de Québec a récemment été le choix de la pharmaceutique anglaise GlaxoSmithKline Biologicals (GSKB) pour l'implantation d'un centre de recherche et de développement de vaccins. Les installations de GSKB sont situées dans le Parc technologique du Québec Métropolitain (http://www.parctechno.qc.ca/). GSKB emploie présentement plus de 950 travailleurs. C'est aussi le cas de la française Ubisoft qui est présente à Montréal depuis quelques années et qui a maintenant pignon sur rue à Québec, sur le boulevard Charest, et où sont principalement situés des studios de développement.

Au-delà des crédits d'impôt à la RSDE, d'autres mesures fiscales mises de l'avant par le gouvernement du Québec, appelées crédits remboursables pour l'économie du savoir (http://www.investquebec.com/fr/index.aspx?page=1300#6), sont venues bonifier l'offre de crédits d'impôts déjà proposée par les gouvernements du Canada et du Québec.

C'est ainsi que les entreprises de l'industrie des technologies de l'information et des communications (TIC) et celles de l'industrie du multimédia ont pu bénéficier de nouvelles mesures fiscales en particulier pour celles localisées dans certaines zones dites désignées et appelées Cité du multimédia de Montréal (CMM) et Centre national des nouvelles technologies de Québec (CNNTQ) au cœur du quartier St-Roch. Expirant en 2010, ces mesures sont des crédits d'impôt remboursables annuellement, associées aux salaires, avec un plafond par nouvel emploi créé pour des tâches très précises (la commercialisation étant exclue) et s'échelonnant sur une période maximale de dix ans. Chaque entreprise « déterminée » doit soumettre une demande annuelle d'attestation auprès d'Investissement Québec pour être éligible à ces mesures. La mesure fiscale qui donnait lieu à ces crédits d'impôts remboursables a été abolie le 12 juin 2003, mais des dispositions transitoires ont été prévues pour permettre aux entreprises d'en bénéficier selon les règles initiales.

Malgré les nombreux avantages qu'ont apportés ces mesures fiscales, le Groupe de travail sur les aides fiscales aux régions ressources et à la nouvelle économie (www.gtaf.gouv.qc.ca/), formé de Messieurs Robert Gagné, président du Groupe, Luc Godbout et Guy Lacroix, dont le rapport final intitulé « À armes égales » a été publié en janvier 2008, s'interroge sur « le principe même de lier l'aide aux salaires ». Lors de la présentation du rapport lors de l'assemblée annuelle de TechnoCompétences qui a eu lieu à Québec le 4 juin 2008 par M. Guy Lacroix, celui-ci a laissé entendre que les entreprises de ce secteur d'activités contribueraient très peu à créer de l'emploi contrairement à ce qu'en disent certains organismes qui en font la promotion. En effet, il a affirmé que les hausses de salaire de ce secteur seraient plutôt artificielles et à l'origine d'une inflation indue. Le moyen, dit-il, pour contrer cet effet est d'accroître l'offre de candidats par l'immigration. L'augmentation élevée du prix des loyers, en particulier dans le CMM, pourrait également être expliquée de la même façon. Monsieur Lacroix nous a également fait part de commentaires recueillis auprès des chefs d'entreprise lors des audiences : le maraudage, pour dénicher des candidats déjà formés, et le manque de ressources pour supporter la commercialisation sont au cœur des préoccupations actuelles des employeurs.

La nouvelle mesure fiscale
ne garantit toujours pas d'investissement
dans le développement des compétences
en commercialisation

À mon grand étonnement, dans le but de favoriser et de stimuler le développement pour l'ensemble des entreprises du Québec issues de l'économie du savoir, le Groupe de travail a tout de même recommandé une aide financière associée au salaire, accessible jusqu'à la fin de 2015. Elle s'est traduite par l'introduction d'une nouvelle mesure fiscale appelée « Crédit d'impôt pour le développement des affaires électroniques » suite au dépôt du budget du Québec 2008-09. Pour plus d'informations sur cette nouvelle mesure fiscale, je vous invite à visiter le site d'Investissement Québec dont l'adresse apparaît précédemment dans cette chronique. Pour en savoir plus sur l'application de cette mesure, je vous invite à communiquer avec Monsieur Jean-Claude Cyr du bureau de Raymond Chabot Grant Thornton à Québec.

Toutefois, la nouvelle mesure fiscale annoncée ne garantit pas d'investissement dans le développement des marchés et encore moins dans le développement des compétences en commercialisation. À mon avis, seules les grandes entreprises sauront tirer profit d'une telle mesure jusqu'au moment où il n'y aura plus de réels avantages à maintenir des opérations de R & D chez-nous. D'autres pays, voyant ce que se passe présentement au Québec et au Canada, proposent maintenant de généreuses mesures fiscales pour attirer des entreprises à haut niveau d'employabilité et de création de richesse économique. Le Mexique est l'un de ces pays. L'étude de KPMG, à laquelle je me suis référé plus tôt dans ce texte, établit clairement les avantages qu'offre ce pays pour attirer les grandes entreprises à s'installer là-bas. C'est d'ailleurs au Mexique que l'on retrouve en 2008 les plus bas coûts en main-d'œuvre.

LES PME, DONT LE CENTRE DE GRAVITÉ EST LA R & D, DOIVENT AVOIR ACCÈS À DES AIDES FINANCIÈRES SUBSTANTIELLES LEUR PERMETTANT DE COMMERCIALISER LE FRUIT DE LEUR RECHERCHE
Sachant qu'il faut investir en moyenne trois dollars en commercialisation pour un dollar en recherche et développement moins les crédits et les autres mesures fiscales, il faut proposer aux entreprises du savoir des aides financières pour le soutien au développement des marchés et des compétences en matière de commercialisation. Ce besoin a déjà été identifié par les intervenants économiques et a été soulevé par Guy Lacroix.

Présentement, Développement économique Canada (http://www.dec.gc.ca/) propose des programmes de croissance sous forme de prêts sans intérêt, jusqu'à concurrence de 300 000 $, pour supporter la commercialisation internationale de nouveaux produits sur la base de projet s'échelonnant sur une période de douze mois. Investissement Québec offre des prêts ou des garanties de prêt pour renflouer le fonds de roulement afin de supporter les efforts à la commercialisation à certaines conditions. Emploi-Québec, malgré les efforts déployés et les sommes investies jusqu'à ce jour, aurait intérêt à investir davantage dans le développement de cette formation et la traiter comme l'une des plus prioritaires, en particulier pour l'industrie des TIC et du multimédia.

Des pressions ont également été exercées, entre autres, par la Voix des entrepreneurs en technologie de l'information de Québec (VETIQ), pour permettre aux entreprises qui le désirent, d'avoir la possibilité de transformer les crédits à la RSDE en aide fiscale à la commercialisation et au soutien au développement des marchés. Concevant que les modalités d'application d'une telle mesure fiscale, en tant que choix de société, ne sont pas simples à mettre en place et que le coût est difficile à évaluer, ce sujet devrait faire l'objet d'une étude et d'un débat public.

Conseil : élaborer une preuve de concept
et la présenter à des industriels
au moyen de papiers
techniques

Ayant personnellement été témoin, en tant qu'acteur, du virage stratégique de petites autant que de grandes sociétés, j'ai retenu qu'il faut développer des mécanismes pour changer nos paradigmes devant l'incertitude et s'ouvrir aux opportunités que nous offre la mondialisation en revoyant nos pratiques commerciales. Une des recommandations que je propose comme expert, lorsque j'ai peu de moyens à ma disposition pour faire avancer la cause d'un client, consiste à élaborer une preuve de concept (POC) bien étoffée et de la présenter à des industriels au moyen de papiers techniques, un peu sous la forme d'un projet universitaire. Selon l'industrie dans laquelle vous œuvrez, il existe chaque année une foule d'événements à caractère promotionnel, certains plus importants que d'autres, où il vous est possible de présenter vos résultats de recherches sous la forme de conférence et/ou de publication dirigée et adressée à un public cible expert. Évidemment, il faut que votre présentation soit originale et suscite un grand niveau d'intérêt auprès de la clientèle ciblée. Cette méthode est l'une des meilleures que je connaisse pour se trouver un partenaire de développement de votre technologie bien au-delà de la preuve de concept.

Une intervention réalisée et réussie, il y a de cela quelques années, a permis à une entreprise œuvrant dans les contrôles de qualité pour l'industrie de l'embouteillage de passer à travers une situation où la notoriété faisant défaut. En réussissant à s'inscrire à une foire internationale, à Orlando, en Floride, organisée pour les embouteilleurs et où il y avait des présentations techniques, la Société que je représentais, en l'espace de quelques jours, est passée d'une société inconnue à une jeune et illustre entreprise qui remettait en question certains concepts fondamentaux en matière de contrôle de qualité pour l'industrie de l'embouteillage. Les Sociétés Coors (Golden, CO), Heineken (Zoeterwoude, Pays-Bas), South African Breweries (Johannesbourg, Afrique du Sud) et Carlsberg (Copenhague, Danemark) se sont toutes montrées intéressées à participer au projet de mon client.

Ronald Bannon est Associé senior et expert-conseil en stratégie et commercialisation internationale d'innovations technologiques et scientifiques de la firme Asselin Bannon Conseils en Management stratégique, division de la Société de gestion et de formation GEXIMTM Inc. Pour tout commentaire en rapport avec la présente chronique, vous êtes invité à communiquer avec lui à l'adresse suivante : RBannon1@videotron.ca

Fait à Québec le 30 juin 2008.



[1] Choix concurrentiels, Le guide de KPMG sur la localisation des entreprises à l'échelle internationale, Édition 2008, SERVICES-CONSEILS.


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