2010 s'achève et l'Accord aérien Canada-Tunisie est toujours sans suite ! Impossible de rejoindre, en vol direct, la Tunisie en partance du Canada. Pourtant, depuis février 2010, toute compagnie aérienne provenant du Canada ou de Tunisie peut opérer une liaison régulière entre une destination de chacun des deux pays : Air Transat pourrait, par exemple, déjà offrir un vol hebdomadaire Montréal-Tunis, tandis qu'Air Canada relierait Toronto-Tunis alors que Tunisair ferait la liaison deux fois semaine Montréal-Enfidha. Ouvert en novembre 2009, l'ultra moderne aéroport d'Enfidha a une capacité de 3 millions de passagers/an, à mi-distance de la capitale tunisienne et de l'importante destination touristique qu'est la ville de Sousse.

De mémoire récente, Air Canada n'a jamais offert de vols réguliers sur l'Afrique. L'escale par le continent plus au nord - souvent via Paris - s'avère un détour couteux pour les Canadiens. Et transiter en Europe, lorsqu'on vise l'Afrique, ne rime surtout pas avec efficacité!

«Quand je parle du potentiel de cet accord aérien, je donne l'exemple des Marocains, qui à l'époque, en semblable cas, avaient intelligemment desservi Montréal avec un Boeing 747-Combi chargé, en section cargo, des fameuses petites barquettes de mandarines que tous les Québécois connaissent maintenant. La stratégie se révéla un super succès commercial», nous racontait début octobre dans son bureau à Tunis l'ambassadeur du Canada Ariel Delouya. Que connaît-il des intentions des Tunisiens? « Je sais que Tunisair a détaché un agent commercial au Canada et aussi qu'elle est en attente de livraison de nouveaux long-courriers Airbus, mais je ne peux vous en dire plus. »

L'actuel réseau régulier de Tunisair englobe 44 destinations d'Europe, d'Afrique et du Moyen Orient sans toucher encore les Amériques. Rien n'est encore officiel, mais plusieurs Tunisiens disent déjà que Montréal serait desservie en 2012. Du côté d'Air Canada : «Pour le moment nous ne prévoyons pas exploiter des vols à destination de la Tunisie», nous a cordialement répondu sa porte-parole Isabelle Arthur.

Le temps des nouvelles opportunités ne sera pourtant pas éternel: « Il ne s'agit pas d'un accord type Open Sky, mais bien d'un accord limité qui devra être réévalué en 2013», a expliqué l'ambassadeur Delouya.

Comme les Tunisiens, sont-ils si peu à savoir qu'il y a de nouvelles richesses en ces terres ! Demandez à dix Tunisiens s'il y a du pétrole ou de gaz naturel en Tunisie et ils seront presque autant à vous dire que non! Une large proportion des stations services du territoire affiche d'ailleurs le nom de l'entreprise OiLibya! Et pourtant...

DU BOULOT POUR LES SOCIÉTÉS D'EXPLORATION CANADIENNES
On nous a bien dit le contraire à l'ambassade du Canada: « Oui, il y a du pétrole, de même que du gaz naturel, en Tunisie ». Et cela deux fois plutôt qu'une, d'abord dans l'extrême sud du pays, mais aussi dans la Méditerranée, off shore, nous ont assuré autant l'ambassadeur Delouya, que son conseiller commercial et consul qui l'accompagnait.

«Dans le sud de la Tunisie, le contexte géologique particulier nous porte même à considérer qu'il s'agit d'une belle opportunité pour les sociétés d'exploration canadiennes, qui disposent de cette expertise nécessaire pour les forages en profondeur», précisera le conseiller Peter Stulken.

Il semble que jusqu'à maintenant, le méconnu pétrole tunisien dort malheureusement à au-delà de 4 000 mètres de profondeur, bien loin des yeux de ce peuple si accueillant. Mais le tour des Tunisiens de s'enrichir en pétrodollars n'est peut-être plus un rêve ! Et comme si le hasard avait tenu à nous faire un clin d'œil, on apprenait aussi que le réalisateur français Jean-Jacques Arnaud entamait lui, mi-octobre en Tunisie, le tournage de son film Or noir, consacré justement à sa découverte dans les années 30, alors que jaillit pour la première fois du pétrole dans les sables désertiques de la péninsule arabique.

Avec de la chance, on lui extraira du pétrole local pour ses modestes besoins d'homme du cinéma et il viendra nous présenter son film à Montréal, directement de Tunis, sur un vol Tunisair ou d'Air Canada !

Fait à Québec le 16 décembre 2010.

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