ACFAS + UNESCO
Coup double payant pour l'Université Laval
2013-06-07

Par Daniel Allard

L’imposant congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) est un habitué de l’Université Laval. Son 81e rendez-vous annuel était donné du 6 au 10 mai 2013 à Québec pour une 21e fois depuis 1933. Une dimension exceptionnelle rayonnait pourtant sur place parce que c’était la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, qui agissait comme présidente d’honneur, en plus du patronage accordé au 81e Congrès de l’Acfas par l’organisation membre des institutions onusiennes, qui a son siège à Paris.

Vrai que le congrès de l’Acfas est devenu le rassemblement scientifique en langue française le plus important de la planète ! Un record de congressistes marquera même les annales de l’édition 2013 : plus de 6 000 participants, dont 500 internationaux, tous réunis pendant une semaine sous le thème « Savoirs sans frontières ».

C’est avec « grand plaisir » qu’Irina Bokova s’associait avec l’Acfas, pour qui : « Nos objectifs se rejoignent, et nos valeurs sont les mêmes. » Un coup double payant pour l’Université Laval !

L’UNESCO, LA PAIX ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
« Nous entrons, disent les experts, à l’âge des limites : limites des ressources, limites biophysiques de la planète, limites du pouvoir des États pour y faire face. Une chose est sûre : nous devons libérer le pouvoir illimité de l’intelligence humaine, investir davantage dans les sciences et les savoirs, comme jamais peut-être au cours de l’histoire récente. »

« La séquence historique que nous traversons est marquée par des changements rapides qui nous dépassent : réchauffement climatique… turbulences économiques… transformations sociales… transitions démocratiques… à l’échelle du globe. »                   

                               « Dans ce contexte,
                   l’avenir ne dépend pas seulement
            des ressources matérielles ou financières. »

« Il dépend de notre capacité collective à comprendre les mutations de l’environnement, à s’adapter, à gérer l’incertitude. »

« La question se pose en termes simples : soit nous parvenons à mobiliser le savoir pour tous, et nous libérerons une force de développement phénoménale. Soit nous laissons la fracture des savoirs aggraver les inégalités existantes, et à mesure que nous entrons dans l’économie de la connaissance, l'exclusion des uns des réseaux d’information sera la pire menace au développement et à la paix de tous les autres. »

« Le rôle de l’UNESCO est d’aider les états à relever ce défi, de les aider à développer le potentiel humain par l’éducation, les sciences, la culture, l’accès à l’information. »

         Extrait du discours de madame Bokova à l’occasion de l’octroi du doctorat honoris causa par l’Université Laval en mars 2013.

Comment dire mieux ! La directrice générale de l’UNESCO chiffre même cette « (…) révolution qui bouleverse notre manière de vivre, de communiquer et même de penser, à une vitesse fulgurante », en soulignant qu’en 1995, on comptait 600 000 abonnements de téléphonie mobile dans toute l’Afrique, alors qu’en 2012, il y en a 750 millions. Qu’à l’échelle du globe, environ 1/3 de la population mondiale a maintenant accès à Internet. Et que 1 habitant du Bangladesh sur 2 utilise régulièrement son téléphone portable pour accéder à l’information, consulter l’avis d’un médecin à distance, ou communiquer.

« Il nous revient de construire des sociétés du savoir plus inclusives et plus robustes, à l’échelle du globe. Nous ne réussirons qu’ensemble : par les moyens importants qu’elle mobilise (…) la science moderne est forcément collective. La science nous rapproche, elle est une force de paix », signait aussi madame Bokova dans son message aux congressistes.

À elle seul, la conférence d’honneur, prononcée par Gilles Bœuf devant grand public, ce soir d’un début de mai anormalement chaud pour Québec, résuma parfaitement la pertinence de voir l’UNESCO parler de paix et développement durable à l’échelle du globe, via ses regards par l’éducation, les sciences et la culture. Captivant orateur aucunement catastrophiste, ce professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie qui préside aussi le Muséum national d’histoire naturelle de France, n’a fait que mettre en mots clairs les données probantes de la science pour justifier sans peine le titre de sa présentation : L’homme peut-il s’adapter à lui-même ?

Proposant Humilité-Partage-Harmonie comme mots clés de son regard du connu, Gilles Bœuf rappelle qu’on ne connaît même pas encore 50% des bactéries qui sont en nous-mêmes ! Quant à la manière des humains de se gouverner : « Nos politiciens ne prennent pas encore assez conscience de notre monde fini (…) Le prix de la tonne de carbone vient de tomber à (moins de 1 euro), on se fout du monde ! », a-t-il concrètement analysé. Questionnant ainsi la gouvernance d’aujourd’hui : « Un politicien est élu 5 ans pour gérer 5 km2 (…) », ce qui à ses yeux n’aurait plus de commune mesure avec le regard de la Terre, que nos connaissances de la planète nous invitent à avoir.

S’adapter dans un environnement en perpétuel changement ! C’est peut-être un des beaux legs que laissera le patronage de l’UNESCO, pour les prochains congrès de l’Association francophone pour le savoir. Car un tournant se pointe à l’horizon.

UN TOURNANT POUR L’ACFAS ?
« Il serait impossible d’organiser aujourd’hui un tel événement à partir de zéro », nous soutenait un participant croisé sur place. Devenu un honorable grand train en marche, l’événement attire sans cesse colloques, conférences, lancements, qui ne veulent pas se priver d’un tel rayonnement et d’une structure d’organisation éprouvée au fil de plusieurs décennies.

Très bel exemple de cette force d’attraction de l’Acfas, sous le thème de La collaboration universitaire France-Québec à l’heure des savoirs sans frontière, le Conseil franco-québécois de la coopération universitaire (CFQCU) avait inscrit son 5e colloque à la programmation de la journée du 7 mai, en prélude à ses assises annuelles du lendemain, en lieux clos.

« Je le dis crûment, et c’est un positionnement politique : Est-ce qu’on laisse l’Afrique aux Chinois ? Même l’Amérique latine ? », y a dit la vice-rectrice adjointe aux études et aux activités internationales de l’Université Laval, Nicole Lacasse, qui est aussi l’une des 14 membres (7 du Québec et 7 de la France) du CFQCU. Créé il y a 5 ans, son mandat est surtout de conseiller les deux gouvernements.

« Comme l’enseignement, la justice ou la culture, l’innovation devient une des très grandes missions de l’État, qui ne peut pas les abandonner aux universités ou aux entreprises », fut une autre réflexion forte entendue sur place. Surtout qu’en discours d’ouverture, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, partageait avec l’auditoire - qui incluait le recteur Denis Brière - que la nouvelle Politique nationale de recherche et d’innovation (PNRI) sera rendue publique fin juin 2013 par le gouvernement du Québec.

Un dévoilement, moment stratégique pour le développement de la recherche et de l’innovation au Québec, que Louise Dandurand - qui assume sa première année en tant que présidente de l’Acfas - attend avec l’énergie de ce soutien prestigieux reçu de l’UNESCO.

« Par ce geste (…) l’UNESCO reconnaît la convergence entre ses valeurs, celles de l’Université Laval et celles de l’Acfas…», analyse-t-elle.

Mais il y a plus, peut-être même un tournant pour l’organisme derrière ce 81e congrès : « En acceptant la présidence d’honneur du congrès, Mme Bokova (…) encourage l’Acfas dans sa volonté d’étendre ses actions à l’échelle internationale dans les prochaines années. Une orientation qui sera prise en compte dans notre prochain plan stratégique… », a bien souligné Louise Dandurand dans son message aux congressistes.

Pour la présidente de l’Acfas, comme pour le recteur Brière et l’Université Laval, une fière chandelle doit certainement aller à Michel Audet pour le chemin déjà accompli par tous, qu’importe les suites et développements futurs. Professeur titulaire en relations industrielles, Michel Audet avait quitté ses fonctions de directeur de l’Institut Technologies de l’information et Sociétés (ITIS) à l’Université Laval, en février 2008, pour un mandat à Paris comme 1er représentant officiel du Québec auprès de l’UNESCO. Des années diplomatiques qui ne sont certainement pas étrangères aux derniers événements. Surtout qu’il est, depuis peu, devenu sous-ministre en titre au ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur.

La suite de tout ça ? Prochain rendez-vous : 82e Congrès, à Montréal, 12 - 16 mai 2014, à l’Université Concordia.

http://www.acfas.ca/evenements/congres/archives

Fait à Québec le 7 juin 2013.


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