«Réussir en période de turbulence»
La 11e Conférence de Montréal sonne plusieurs alarmes
2005-08-24

Par Daniel Allard

L’édition 2005 du Forum Économique International des Amériques, aussi bien connu sous le vocable de Conférence de Montréal, relevait le défi des sujets multiples. Avec un thème général particulièrement d’actualité, « Réussir en période de turbulence Défis et perspectives », elle se devait d’offrir la multidisciplinarité et ce fut fait ! D’ailleurs, que ce soit en matière de finances et d’économie, ou en ce qui regarde la gouvernance, l’énergie, la santé, les ressources naturelles ou le commerce international, des questions importantes se posent pour qu’on puisse bien comprendre l’évolution de ces secteurs d’activités si importants pour le développement de toute entreprise, peu importe sa taille.

« Avec des conférenciers parmi les plus réputés au monde et des spécialistes qui sont au coeur de ces grands débats, vous obtiendrez une information privilégiée qui vous permettra de bien prévoir les zones de turbulence qui sont à l’horizon et de prendre les bonnes décisions », promettait le président-fondateur Gil Rémillard. Sa Conférence est devenue en dix ans l’un des plus importants forums économiques internationaux en Amérique avec ses quelque 150 intervenants et plus de 2 500 participants. Cette année, entre le 30 mai et le 2 juin 2005, quelque 3000 participants se sont finalement manifestés.

Parmi les gros noms de la programmation : le Dr LEE JONG-WOOK, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, le Dr Supachai PANITCHPAKDI, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Benedito BRAGA, vice-président du World Water Council, David A. DODGE, gouverneur de la Banque du Canada, Donald J. JOHNSTON, secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement Économique, Omar KABBAJD, président du Groupe de la Banque africaine de développement, et le Dr Haruhiko KURODA, président de la Banque asiatique de développement.

S’ils ont tous parlé d’une période de turbulence, CommerceMonde.com a voulu savoir si un tel contexte imposait de tirer plusieurs sonnettes d’alarmes pour pousser les grands dirigeants politiques de la planète à agir autrement. N’est-ce pas le principal intérêt de tels rassemblements, après tout ? Malheureusement, les sonnettes d’alarmes étaient plus la règle que l’exception !

CHANGEMENTS CLIMATIQUES : « DÉJÀ TROP TARD »
Sa voix tonnait des allures de fin du monde : « Il y a trop d’indications pour ne pas appliquer le principe de précaution… Il est probablement déjà trop tard… un monde à ‘’deux CO2’’ semble inéluctable : inondations, érosions, etc. se multiplieront ». Mais très inégalement : « Alors que les changements climatiques provoqueront un 0 à -1 degré de refroidissement dans l’océan au nord du Labrador à cause des courants marins, ils seront de +10 degrés dans l’Arctique », exposait un Patrick Moore tout de même radieux.

L’homme a l’habitude, membre fondateur et ancien président de Greenpeace, il préside aujourd’hui le Conseil de Greenspirit Ltd, une boîte de consultant.

Malgré tout, il faut prendre tout ce qui passe. Saviez-vous qu’il y a dans l’air un projet de construction d’un « Hydrogen Highway » entre Los Angeles et San Francisco ? La ville de Vancouver, pour relier Whistler, aurait des plans du même type pour l’horizon 2010 et son rendez-vous olympique. L’hydrogène n’est cependant pas la panacée en matière de lutte à la pollution. Et Patrick Moore a insisté pour qu’on n’oublie pas l’apport de l’énergie géothermal dans la lutte au réchauffement de la planète. Avec le principe des pompes à chaleur, la conversion d’une maison à ce type de chauffage équivaudrait au retrait des émanations de quatre voitures. Personnellement, il affirme qu’il rencontrera d’ailleurs son « Défi une tonne » en changeant sa voiture et en installant une pompe géothermique sur sa maison dés l’automne 2005.

Le réputé environnementaliste conseille aussi de planter davantage d’arbres et d’utiliser plus de bois à la place de l’acier : « Growing trees and use more wood », résume-t-il.

Croisé dans la même salle, et invité par CommerceMonde.com à aller plus loin dans sa pensée, à savoir qu’est-ce que les gouvernements devraient faire de plus qu’actuellement, le conférencier Jacques G. Martel, président du c.a. d’Ouranos, répond ainsi : « Que le débat soit plus étendu et fait avec le maximum d’information. Il va falloir agir à la fois sur les causes et les solutions ».

www.climatechange.gc.ca
www.greenspirit.com

ÉNERGIE : ALERTE, EXCÈS DE VOITURES !
Si on dit souvent que la réalité, c’est que 1,5 milliard de personnes vivent avec moins de 1$US/jour en 2005, les faits sont aussi que 3 milliards d’humains vivent avec moins de 2$US/jour. Ce qui n’est guère plus réjouissant !

Pour Jamal Saghir, directeur, Énergie, à la Banque mondiale : « L’accès à l’eau et à l’énergie fait la différence entre les pauvres et les riches ». D’ailleurs, moins de 5% du potentiel hydroélectrique de l’Afrique ont été exploité à ce jour. Un exemple saisissant de la situation à l’appui de sa thèse.

Et même si plus de la moitié de l’humanité dépend de la biomasse traditionnelle, il faut continuer de compter sur le fait que « c’est le pétrole et le gaz qui demeureront la principale source énergétique pour encore certainement 30 ans ».

500 KWh/hab/an représenterait la
quantité minimale d’énergie
pour une vie
acceptable

Mais qui avait prévu que la Chine deviendrait importateur net de pétrole en 2001 ? Avec plus d’un milliard d’habitants chacun, beaucoup va dépendre du comportement de la Chine et de l’Inde, voire du Brésil également. Il y a actuellement 3 voitures/1000 habitants en Chine. Les autorités visent 30/1000, soit dix fois plus. Une augmentation majeure non sans conséquence. Plus globalement, iI y a déjà 800 millions de voitures dans le monde. Il est question d’atteindre 3,2 milliards. Bref, l’avenir du monde ne se joue pas ici, en Amérique. Et l’impact du nombre de voiture dans le monde aura plus d’importance que celui du nombre de personnes.

SANTÉ : ALERTE, PANDÉMIE… D’OBÉSITÉ !
Des personnes… Justement, comment en restera-t-il à moyen terme ? Autre vedette au programme, la présence du Dr Lee, grand patron de l’OMS, avait un côté surréaliste. En attendant la prochaine pandémie de grippe, il a offert quelques statistiques sur les conséquences d’une « nouvelle préoccupation en santé mondiale » : l’obésité.

Avouant qu’il ne peut rien faire de plus que d’attendre qu’elle arrive, il a partagé avec son audience la dernière mauvaise nouvelle sur le sujet, soit que contrairement au poulet, le canard reste en apparence en parfaite santé bien qu’il répande le virus.

Revenant rapidement au sujet de son discours, il a expliqué pourquoi l’OMS fait maintenant une nouvelle association entre le surplus de poids et la pauvreté. L’organisme estime que le monde compte actuellement 1,5 milliard de personnes en surplus de poids (overweight). En l’an 2000, pas moins de 2,6 millions de mortalités sont à mettre à son compte. Gageons que peu de ceux-ci se retrouvaient parmi les 3 milliards d’humains qui vivent avec moins de 2$US/jour.

Par ailleurs, le directeur général de l’OMS a sûrement réjouit son auditoire en précisant qu’après le Royaume-Uni, les USA et le Japon, le Canada est le quatrième plus important contributeur à l’Organisation mondiale de la santé.

IMMIGRATION : CHOISIR OU LAISSER CHOISIR
En 2018, le nombre de Québécois de plus de 65 ans dépassera celui des moins de 19 ans. Brrr ! Le Québec fera bonne figure dans le club des sociétés vieillissantes par excellence. Futur inéluctable ? Parmi les solutions, l’immigration. Mais pas n’importe comment.

« On doit avoir des canaux plus larges pour l’immigration légale; l’inverse encourage le marché noir et on laisse alors les passeurs sélectionner les immigrants à la place de l’État. En ce sens, les gouvernements doivent tout faire pour empêcher l’immigration illégale », avertit le Dr. Demetrios G. Papademetrio, président du Migration Policy Institute.

*****

Regard sur le monde en turbulence avec quatre perspectives différentes, et quatre constats alarmant à l’analyse. Beaucoup de boulot pour les politiciens qui ont mission de rester optimiste et de donner de l’espoir. Et d’apprendre à tendre la main pour travailler en partenariat. Les solutions ne sont pas ailleurs.

Une manière de grandir dans la tourmente que la 12ièm édition de la Conférence de Montréal abordera de front dès 2006. Prochain rendez-vous: du 5 au 9 juin 2006, sous le thème “Growing in partnership”, a promis le président de l’évènement, Gil Rémillard.

www.conferencedemontreal.com

Fait à Québec le 18 août 2005.

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