Éditorial électoral
Non à l'avenir Boucher
2005-10-18

Par Daniel Allard

Oui, Boucher comme Madame Andrée P. du même nom et comme l’adjectif qui risque malheureusement de qualifier le type d’avenir qui attend la population de la capitale du Québec. Car tout indique qu’il faudrait envisager un avenir bouché si la dame qui pense rendre service aux quelque 550 000 citoyens de la Ville de Québec accède au titre de mairesse suite aux élections du 6 novembre 2005. Pourquoi un jugement si tranché? Allons voir au-delà du jeu de mot facile.

Cela fait « proche du peuple » d’affirmer qu’une ville se gère comme une famille. C’était peut-être un style possible pour une banlieue de 75 000 habitants, mais il y a comme une insulte à l’intelligence d’avancer un tel raisonnement pour une machine administrative s’occupant de la qualité de vie d’un demi million d’habitants et de plus de 8 millions de visiteurs par année. Cette approche de gestion de type « familiale » réserve un bien petit avenir à une capitale comme Québec.

« L’aéroport, ça relève du gouvernement fédéral, ce fut une erreur pour la région d’en prendre la gestion », pense en substance Andrée Boucher. Voilà encore un dossier qui risque de stagner. Alors qu’on voit la Ville de Sherbrooke s’impliquer financièrement dans la naissance d’Air Sherbrooke pour brancher cette ville sur Toronto, n’imaginez pas une mairesse Boucher prendre des risques pour faire (re)décoller une liaison Québec-Boston, par exemple.

La femme de 68 ans pense aussi, en 2005, que le développement économique n'est pas vraiment du regard d'une ville. Ce serait au gouvernement du Québec à s’occuper de ça ! Demandez à la célèbre mairesse de Drummondville si elle a attendu après le gouvernement provincial pour agir en la matière ? C’est elle qui nolisait des avions et partait en mission commerciale avec des gens d’affaires de son patelin.

Combien de fois avez-vous vus Andrée Boucher, à titre de mairesse de Sainte-Foy, accueillir une délégation étrangère en 16 ans de règne? Le rayonnement international, encore un avenir bouché en perspective. Alors qu’enfin la nouvelle ville de Québec représente un poids démographique permettant de prendre une place à titre de joueur respecté à travers le monde, la dame couperait certainement court à ce poste de dépense bien accessoire selon elle. C’est pourtant le prochain maire qui devra y mettre de l’ordre : en 2002, 42 liens engageaient la nouvelle Québec avec autant de villes à travers le monde, héritage de 9 des 13 villes qui composaient la CUQ ; le mandat de gérer tout ça avait été confié au nouveau Commissariat aux relations internationales créé début 2003 ; la réflexion fut ensuite confiée à un fonctionnaire du Ministère des Relations internationales ; le fameux rapport, remis en septembre 2003, est resté depuis sur le bureau du maire. Bref, quatre ans plus tard, la question reste toute entière : avec qui faut-il jumeler la nouvelle Ville de Québec? Mais ne comptez pas sur une mairesse Boucher pour mettre vision, vigueur et enthousiasme envers cet enjeu pourtant stratégique.

Pour, par exemple, voir la capitale du Québec se donner les moyens de ses ambitions en rayonnant en tant que « Ville éthique » allouant 1% des revenus de contraventions à un « Fonds municipal de coopération internationale ». (Comme le fait d’ailleurs le gouvernement du Québec en allouant 1% des profits des casinos à la coopération internationale.) S’imposant du coup un comportement responsable exemplaire de solidarité internationale. Non, avenir bouché !

Intégrité et expérience sont les principaux chevaux de bataille avancés par la candidate. Mais avons-nous un problème d'intégrité à Québec ? Et l'expérience, il n'y aura absolument rien de comparable à gérer la nouvelle ville de Québec et son demi million d'habitants avec ce qui représentait la réalité d'une ville banlieusarde comme Sainte-Foy, sept fois plus petite. Se donner un maire pour ces raisons serait comme s’acheter le mauvais médicament pour administrer les bobos du jour. Se privant autant de le voir s’occuper des véritables bobos municipaux : donc encore des avenirs bouchés pour l'accueil et l'intégration des immigrants ou le logement social, par exemple.

Elle parle de l’importance de venir « faire le ménage » ! Mais nous vivons dans une ville toute neuve, repensée il y a à peine quatre ans. S’il faut s’élire un maire pour repenser la ville en un si court délai, je ne crois plus en rien. Arrêtons vite de nous boucher les yeux et attardons-nous franchement aux vrais problèmes.

N'est-il pas le temps de mettre à la tête de la nouvelle ville de Québec une équipe des nouvelles générations qui seront encore usagère et utilisatrice de ce qu'elles mettront en place pour au moins les vingt prochaines années ? Des solutions des années 2000 par et pour des gens des années 2000 !

Chose certaine, autant un vote pour l’équipe de Marc Bellemare que pour l'équipe de Claude Larose représentera un choix plus judicieux et constructif concernant les enjeux d’avenir du développement et du rayonnement de Québec. Alors que bien des avenirs se retrouveront bouchés si Mme Andrée prend la tête de Québec. Et qu’il faudra ensuite mettre des bouchées doubles, quatre ans plus tard, pour faire rentrer la nouvelle ville de Québec dans les années 2000 et capitaliser sur les effets des fêtes de 2008.

Fait à Québec le 19 octobre 2005.

 

(À titre d’information, sur le même sujet, l’éditorial suivant a été publié dans l’édition du jeudi 20 octobre 2005 du Journal économique de Québec)

Mairie de Québec
À qui confier le rayonnement de la capitale ?

Par Daniel Allard
Rédacteur en chef du Cyberjournal CommerceMonde.com

C’est le prochain maire qui devra donc y mettre de l’ordre. Oui, la diplomatie de notre capitale a encore à gérer le moule des fusions. En 2002, 42 liens engageaient la nouvelle Québec avec autant de villes à travers le monde, héritage de 9 des 13 villes qui composaient la CUQ. Le portrait géographique est déjà édifiant : 21 de ces villes sont d’Europe (14 en France!), 8 d’Amérique latine, 8 au Canada ou aux États-Unis, 2 en Chine, 1 en Afrique et 1 au Moyen-Orient. Le mandat de gérer tout ça avait été confié au Commissariat aux relations internationales créé début 2003. La réflexion fut ensuite confiée à un fonctionnaire du Ministère des Relations internationales. Le fameux rapport, remis en septembre 2003, est resté depuis sur le bureau du maire. Claude Larose dit être au courant de la dite étude, mais ne l’a jamais vue ! Il pense qu’il faudra refaire l’exercice.


Au 1er janvier 2002,
42 liens engageaient Québec
avec autant de villes à travers le monde;
9 des 13 cités composant la CUQ
avaient de tels liens

Cela n’a pas empêché Québec d'engager de nouveaux liens internationaux : pactes d'amitié avec St-Pétersbourg et Liège en 2002 et avec Paris en septembre 2003. Fin 2003, on parlait toujours de 9 jumelages, 12 pactes d'amitié, 16 partenariats, 5 ententes non officialisées ou projets de pactes d'amitié. En juin, le maire L'Allier a aussi signé un pacte d'amitié et de coopération avec le président de la Ville de Hué, du Viêt-Nam.

Bref, quatre ans plus tard, la question reste toute entière : avec qui faut-il jumeler la nouvelle Ville de Québec?

Peut-on tout garder? Faut-il tout garder? Non et non ! En théorie, il y a l'embarras du choix! En réalité, comment dire à une ville amie: « Terminé », sans impair diplomatique? Sur quel critère choisir les partenaires gagnants? Pourquoi?

Malheureusement, le débat des chefs organisé par la Société des relations internationales de Québec, la semaine dernière, n’a pas apporté un grand éclairage sur le sujet. D’abord, l’absence planifiée de la candidate Boucher témoigne de l’importance qu’elle accorde à l’enjeu. Mais c’est déjà du connu. Ceux qui favorisent la stratégie type «zéro rayonnement» ont ici leur candidate toute trouvée ; celle qui en 2005 pense que le développement économique n'est pas du regard d'une ville !

La moitié des liens de l'héritage (au moins 20) étaient inactifs, prouvant que les anciennes villes n'avaient pas toujours toutes les ressources pour assumer correctement leurs engagements à travers le monde. Parmi ces 42 ententes, les 9 élevées au rang de jumelage sont des acquis plus intangibles, car on parle d’engagement avec haute valeur de pérennité : Albany, Bordeaux, Calgary, Dinant, Etterbeek et Namur (3 villes belges), Sillery (France), Vanier (Ontario) et Xi'an. Mais honnêtement, faut-il 3 jumelages en Belgique, 2 en France et 2 au Canada ?

L’actuel lien avec Natchitoches, en Louisiane, fera sourire M. Bellemare, qui veut renforcir nos liens en Amérique du Nord. Mais lui parle, avec justesse, de Détroit, de Boston, avec des liaisons aériennes rentables. Claude Larose insiste pour continuer à regarder vers l’Europe et l’Asie. À sa décharge, on ne peut ignorer la Chine; quant à la France, il semble impertinent de questionner le jumelage avec Bordeaux. Mais outre la Section Québec de la Chambre de commerce française au Canada, notre territoire compte aussi un Chapitre de Québec de la Chambre de commerce italienne au Canada. Et la seule sélection d’une ville italienne parmi nos choix d’avenir transformerait, d’une certaine manière, les deux employés permanents de cet organisme privé en partenaires systématiques de la ville. Un pensez-y bien !

Personne n’a parlé d’Amérique latine, alors que les liens actuels avec Coro, Montevideo, Ovalle et Quito riment avec éparpillement. Au Mexique, il faudra choisir entre Guanajuato ou Queretaro. Mais libre-échange oblige, encore plus avec la naissance du MERCOSUR, peut-on ignorer Sao Paulo (18,8 M d'habitants) qui dans un rayon de 600 km regroupe Rio de Janeiro (11,4 M) et Bela Horizonte (4,5 M) et s’impose comme LA ville économique à occuper ? Jamais le gouvernement du Québec n'a pourtant encore osé y ouvrir une délégation officielle. St-Augustin-de-Desmaures a, elle, intéressé des élus, autant de Sao Paulo que de Rio, qui sont venus y signer des ententes, après qu'elle soit devenue la 1ère ville au monde à obtenir le statut de "ville ISO".

Pourquoi ne pas rayonner
en tant que
« Ville éthique »

Ottawa a stratégie de se concentrer sur 4-5 villes seulement. Pour Québec, une dizaine devrait être un maximum. Et pour se donner les moyens de ses ambitions, pourquoi ne pas rayonner en tant que « Ville éthique » allouant 1% des revenus de contraventions à un fonds de coopération internationale ?

Chose certaine, un vote pour Marc Bellemare ou Claude Larose représentera un choix plus judicieux et constructif concernant l’enjeu du rayonnement de Québec.

(Pour lire un autre éditorial sur le sujet : www.commercemonde.com )


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