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OPINION: BIENVENUE DANS « L’ASILE » QUÉBÉCOIS DE L’IMMIGRATION!

Par Jean Baillargeon, analyste et expert-conseil en communication stratégique, Québec

Au Québec, « terre d’asile », l’immigration est un domaine partagé entre les gouvernements provincial et fédéral. Cette double juridiction complexifie l’accueil notamment des demandeurs d’asile réclamant le statut de réfugié ou le regroupement familial dont les délais d’attente sont beaucoup trop longs. De plus, s’ajoute aussi l’apprentissage de la langue française, un incontournable au Québec. Puis enfin, l’accès aux services publics (santé, éducation, garderie, etc.) devient un véritable labyrinthe pour les nouveaux arrivants. Dans un tel contexte, l’émission des différents « permis », « certificat », « statut », ne devrait-elle pas revenir au niveau du gouvernement qui offre les services publics de première ligne? Trop facile, n’est-ce pas? Bienvenue dans « l’asile » québécois de l’immigration!

Vers un chaos social?

Selon le commissaire à la langue française, M. Benoît Dubreuil, « la francisation dans un contexte d’immigration massive qui est la nôtre est tout simplement impossible ». Quelques chiffres à l’appui : l’immigration temporaire est hors de contrôle avec 528 000 nouveaux arrivants. Selon lui, « (…) depuis 2011, la part de la population qui ne connaît pas le français a augmenté de 52% et celle qui travaille seulement en anglais de 41% ». Nous manquons de professeurs de français et de classes d’immersion francophone. Au rythme actuel, le commissaire constate que « la francisation des immigrants temporaires prendra plus de 18 ans et coûtera entre 12 et 13 milliards », ce qui corrobore le rapport du vérificateur général du Québec en 2017, qui considère la francisation comme un fiasco. Tout semble être en place pour un chaos social!

Une frontière passoire

Après l’épopée du Chemin Roxham, je croyais naïvement que nous avions résolu le problème du contrôle de nos frontières nous permettant de mieux sélectionner les nouveaux arrivants demandant le statut de réfugiés. Erreur! Les réseaux de passeurs criminalisés appuyés par les réseaux sociaux ont finalement pu contourner facilement la passoire de la frontière fédérale en débarquant massivement aux aéroports, notamment à Montréal-Trudeau. Le Québec à lui seul reçoit 55% des demandeurs d’asile, soit environ 150 000 en date de juillet 2023, selon la ministre de l’Immigration du Québec, Madame Christine Fréchette. Des chiffres contestés par le ministère fédéral de l’Immigration qui les évaluent plutôt à 89 000. Actuellement 58 000 réfugiés sont en attente de pouvoir légalement travailler. Par ailleurs, les enfants des nouveaux demandeurs d’asile ont accès gratuitement à l’école publique (provincial) et au système de santé (provincial), mais pas aux garderies subventionnées qui ont déjà une liste d’attente de plus de 30 000 demandes. L’émission de nouveaux visas mexicains suffira-t-elle à freiner l’afflux de demandeurs d’asile? J’en doute!

À la recherche d’une véritable terre d’asile

Notre système d’immigration est donc devenu dysfonctionnel. Ottawa et Québec ne se coordonnent pas et les personnes immigrantes sont prises en otages dans une bureaucratie devenue impersonnelle, voire inhumaine. Les délais seraient de 24 à 50 mois pour la réunification familiale au Québec à cause des quotas de 10 000 places par année et de la prolifération démesurée des certificats de sélection émis par Québec. Une voie de passage est-elle possible?

Peu importe le dénouement de ce débat devenu une urgence nationale, nos dirigeants doivent trouver une voie de passage pour sortir le Québec de ce que je qualifie « d’asile » en immigration plutôt qu’une véritable terre d’asile.

L’Union européenne ouvre une porte directe au Québec

Le Québec vient de réaliser une première, en devenant le premier État infranational à l’extérieur de l’Europe à signer une lettre d’intention avec le président du Comité européen des régions (CdR) de l’Union européenne (UE), M. Vasco Alves Cordeiro, en vertu de laquelle les deux parties développeront un partenariat.

« Ce partenariat prometteur avec le Comité européen des régions de l’Union européenne nous permettra d’agrandir notre champ d’influence en Europe et de nous implanter davantage dans le plus important marché économique du monde. Je suis très fière de cette collaboration stratégique qui s’amorce entre le Québec et l’Europe », a expliqué la cosignataire du document le 17 mars 2024 de Mons en Belgique, Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec.

La lettre d’intention permettra, par exemple, au Québec de participer aux événements promus par les commissions du CdR. Il pourra plus facilement établir de nouvelles ententes avec les régions et villes d’Europe et échanger sur la transition énergétique et de l’économie verte, dans lesquels l’Europe est pleinement engagée.

Les 18 et 19 mars 2024, Mons, en Belgique, était justement ville hôtesse d’un SOMMET EUROPÉEN DES RÉGIONS ET DES VILLES.

Le Comité des régions regroupe 658 régions et villes européennes issues des 27 pays de l’UE, qui représentent un des plus intéressants marchés au monde avec plus de 448 millions d’habitants. 

Dans un contexte géopolitique tendu, l’UE cherche à établir de nouvelles collaborations avec des nations amies, pour mieux répondre à ses besoins énergétiques, industriels et commerciaux, analyse le communiqué émis le 18 mars 2024 par le cabinet de la ministre.

« Avec cette signature, le Comité européen des régions et le gouvernement du Québec réaffirment le rôle important joué par les collectivités locales et régionales en tant que piliers de nos démocraties et acteurs fondamentaux pour relever les défis qui, au-delà des frontières, affectent nos communautés. Si les deux signataires s’efforcent de travailler plus étroitement sur les questions environnementales et climatiques, l’engagement civique et la participation, je suis convaincu que cette relation aura des retombées significatives tant pour le Comité que pour le Québec, ses institutions et les citoyens qu’ils servent tous les deux », explique pour sa part M. Vasco Alves Cordeiro, président du Comité européen des régions.

La ministre Martine Biron et le président Vasco Alves Cordeiro.

Faits saillants 

  • Rappelons que le budget de l’UE pour la période de 2021-2027 est de 1 216 milliards d’euros.
  • La somme des économies des États membres de l’UE a représenté en 2022 un PIB de 15 905 milliards d’euros.
  • Le Comité européen des régions (CdR) est l’organe de consultation et de représentation des régions et des villes de l’Union européenne.
  • Le Québec pourra participer aux commissions du CdR et suivre les échanges, notamment sur les appels d’offres qui pourraient fortement intéresser les entreprises québécoises ainsi que sur les échanges entre les membres sur les enjeux environnementaux et climatiques, et les domaines culturel et éducatif.

La « mission diplomatique » du Québec en Israël que souhaitait David Levy se réalise

Le 3 août 2023, le gouvernement du Québec en a fait l’annonce.

DAVID LEVY SOUHAITE UNE MISSION DIPLOMATIQUE DU QUÉBEC EN ISRAËL…

était le titre de notre article d’origine du

À la fois consul général d’Israël en poste à Montréal et représentant permanent de son pays auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) – elle y a son siège social – le diplomate de carrière David Levy a accepté de nous partager le bilan d’un peu plus de trois années comme résident de la métropole du Québec, à titre de membre du corps consulaire et diplomatique, ayant auparavant occupé des postes en Lettonie, en Corée du Sud et au Cameroun. Commerce Monde l’a rencontré le 29 juin 2021, dans un restaurant portugais de Montréal, à quelques semaines d’être rappelé et de rentrer en Israël avec son épouse et ses quatre enfants. Le directeur des affaires culturelles, Jonathan Burnham, ainsi que le directeur des affaires politiques et publiques et aussi représentant suppléant de la Délégation d’Israël auprès de l’OACI, Gabriel Boulianne Gobeil, ont également participé à cette interview.

Trois questions à David Levy

Question 1 : Votre mandat de trois années et demi à Montréal (2018-2021) ne sera pas le dernier de votre carrière diplomatique et n’aura pas été le premier, alors que pensez-vous qu’il aura été, pour vous et votre pays, si vous répondez là, le 29 juin 2021, mais également avec en tête ce que vous serez en 2030?

« Après l’Afrique, l’Europe et l’Asie, il s’agissait de mon premier poste en Amérique du Nord et pour la première fois sur un territoire avec une très grande communauté juive et très active. Montréal aura aussi été mon premier poste à titre de chef de mission. Alors, j’ai pu découvrir ici les liens qui existent entre la diaspora juive et l’État d’Israël. Toutes les universités israéliennes ont des liens avec des familles juives montréalaises, vous savez! Si avec les Québécois et les autres Canadiens mon rôle était ici d’aller vers eux, pour les Juifs de Montréal, c’était le contraire, ce sont eux qui venaient à ma rencontre », témoigne-t-il comme résumé d’une expérience humaine très enrichissante pour lui.

Tout comme le fait d’avoir été impressionné de constater « la similitude entre l’île que constitue le Québec en Amérique du Nord et l’île que constitue Israël au Moyen-Orient », en nous expliquant, à ce propos, comment les deux États ont su notamment s’aider en matière d’apprentissage de la langue auprès des nouveaux arrivants.

(…) « Le Canada est un allié important d’Israël. Plus particulièrement, la collaboration entre le Québec et Israël représente un potentiel immense. Durant mon séjour au Canada, nous avons eu l’occasion d’élargir notre relation dans les domaines de la culture et des affaires, ainsi que dans le monde académique et médiatique.

Même si Israël demeure inconnue pour bien des Québécois et que peu d’Israéliens connaissent le Québec, les Montréalais et les Québécois sont maintenant plus au fait de ce qu’Israël a à offrir, que ce soit des partenariats d’affaires, des collaborations en recherche scientifique ou des échanges culturels.

L’implantation d’une mission diplomatique du Québec en Israël consoliderait notre relation étroite et offrirait une superbe occasion d’élargir nos échanges, notamment dans le commerce, le tourisme, les études académiques et bien plus encore », a proposé un consul général qui, bien que sur son départ, affiche sans nuance la main tendue de son pays envers le Canada, et le Québec en particulier.

Question 2 : Considérant l’extrême importance de la gestion de l’eau dans votre pays, que pensez-vous du projet de canal Aqabamer morte? Comment évaluez-vous les chances de sa réalisation?

À cette question d’une importance économique et géopolitique fondamentale pour son pays, le consul général Levy a répondu avec l’enthousiasme d’une personne qui ne doute pas un instant de sa prochaine réalisation : « C’est un projet actuellement actif, avec notamment une contribution japonaise », nous a-t-il expliqué d’emblée, précisant au passage qu’Israël n’utilisera plus le charbon comme source énergétique d’ici deux à trois ans, et que la désalinisation de l’eau de mer s’y fait actuellement à partir du gaz naturel, une ressource, d’ailleurs, devenue de plus en plus nationale, suite aux récentes importantes découvertes en gaz off shore au large des côtes israéliennes ces dernières années.

Avant de nous préciser ensuite :

« Israël et la Jordanie ont une relation amicale depuis déjà plus de 25 ans. La stabilité et la prospérité de la Jordanie représentent un intérêt stratégique pour Israël. Nous explorons donc plusieurs avenues pour promouvoir la coopération entre nos deux pays voisins, ainsi que dans la région. En ce qui concerne l’eau, les ministres des Affaires étrangères de nos deux pays, Yair Lapid (Israël) et Ayman Safadi (Jordanie) ont récemment eu une rencontre lors de laquelle ils ont conclu qu’Israël vendrait à la Jordanie 50 millions de mètres cubes d’eau potable cette année.

D’autres projets sont présentement en développement afin d’encourager la collaboration et la stabilité dans la région, ce qui inclut notamment le Canal de la mer Morte qui reliera la mer Morte à la mer Rouge, où se trouve la ville jordanienne d’Aqaba. »

Jeux Maccabiah

À deux jours de la cérémonie d’ouverture des JO de Tokyo 2020(2021) il est plus qu’à propos de rappeler le plaisir d’un David Levy de nous signifier que depuis presque un siècle – la première édition se déroula en 1932, alors que la dernière fut celle de 2017 – les Jeux Maccabiah constituent « le 3e plus grand évènement sportif au monde » (le seconde étant le Mundial de soccer); ces jeux impliquant quelque 10 000 participants.

Question 3 : Pourquoi le Gouvernement du Québec devrait-il continuer ou renouveler l’entente triennale de coopération scientifique qui avait été conclue par le premier ministre Philippe Couillard et sa ministre, Dominique Anglade, lors de leur visite officielle en Israël, et dont la troisième et dernière cohorte vient de prendre fin?

« Montréal et Israël sont tous deux considérés comme des pôles d’innovation de premier plan. Chacun possède d’excellentes universités et des communautés de recherche de renommées internationales. Il est donc naturel pour le gouvernement du Québec, notamment le ministère de l’Économie et de l’Innovation, et l’État d’Israël, notamment l’Autorité d’innovation d’Israël, de renouveler leur soutien aux entreprises en démarrage des deux pays souhaitant collaborer et développer ensemble de nouveaux produits et technologies novateurs et révolutionnaires.

Si nous avons appris quelque chose de la pandémie et de la menace que posent les changements climatiques, c’est que nous ne pouvons pas supposer que ce qui a fonctionné dans le passé fonctionnera dans le futur ou qu’il y aura un retour à la normale que nous connaissions avec la pandémie. La direction dans laquelle nous nous dirigeons tous dans l’ère post-COVID en est une qui sera caractérisée par encore plus d’interdépendance et de connectivité en ligne. Notre façon de consommer l’éducation, le divertissement, les services de santé et financiers change sous nos yeux.

Il s’agit donc d’un défi, mais également une occasion pour les esprits les plus brillants de créer des technologies disruptives. Malgré les risques inhérents à la R&D, les investissements publics dans l’innovation et la R&D sont le moyen le plus gratifiant à long terme de créer des emplois et de la richesse, de retenir notre talent et d’attirer des investissements directs étrangers. Le retour sur investissement dans la R&D conjointe est de loin supérieur à tout risque auquel nous pourrions faire face en cours de route.

Le renouvellement de l’entente triennale de coopération scientifique entre le Québec et l’Israël représenterait un tel incitatif.

Israël et le Québec ont déjà des accords universitaires et scientifiques et, en 2018, le Canada et Israël ont signé le nouvel Accord de libre-échange Canada-Israël (ALÉCI), qui offre une infrastructure juridique nous permettant de tirer profit de nos talents. Nous devons maintenant créer des incitatifs favorisant l’innovation ayant des applications commerciales. Le renouvellement de l’entente triennale de coopération scientifique entre le Québec et l’Israël représenterait un tel incitatif.

(Crédit photo: courtoisie du consulat général. VIGNETTE de cette photo:  C’est en avril 2018 que le consul général David Levy signa le Livre d’Or de la Ville de Montréal, trois mois après son arrivée et lors de sa première rencontre avec Valérie Plante, la mairesse de la métropole économique du Québec.)

Lecture complémentaire suggérée:
Un réseau de fibres optiques pourrait relier Israël et l’Arabie Saoudite (siecledigital.fr)

http://embassies.gov.il/montreal

COP26 (3 DE 3): De Glasgow à Dakar… 2022 l’année de l’eau ?

(04-01-2022) Avec le recul du temps, et à l’heure des bilans de fin d’année, impossible d’oublier la dorénavant grand-messe du climat, voire celle des enjeux Économie-Éthique-Écologie, alors que la COP26 tenue à Glasgow, en Écosse, aura gardé le monde entier en haleine pendant deux semaines complètes du 31 octobre au 13 novembre 2021. Mais au bilan de 2021, la place à donner à cet événement change dès que vous prenez une perspective incluant le temps en avant, à advenir. Du 21 au 26 mars 2022, dans sa capitale Dakar, c’est le Sénégal en entier qui accueillera le 9e Forum mondial de l’eau. Un autre des grands rendez-vous de la gouvernance mondiale, en ce cas triennal, qui fut lui aussi reporté d’un an pour cause pandémique. Puis c’est un autre pays d’Afrique, l’Égypte, qui accueillera la COP27 (7-18 nov.) pour faire une nouvelle mise au point du processus de lutte au dérèglement du climat. Sénégal, Égypte… deux pays déjà parmi les très assoiffés du monde. De la COP de Glasgow, au forum de Dakar… jusqu’à la COP de Charm el-Cheikh, se pourrait-il que 2022 s’impose comme une charnière année de l’eau ? Analyse.

VOIR GLASGOW DE HAUT

Les attentes étaient énormes. Quelque 39 500 personnes y composaient la liste officielle des participants, dont 2 800 médias représentés par quelque 3 800 journalistes accrédités. Ce rendez-vous de Glasgow s’invitait « historique » : six ans après l’Accord de Paris sur le climat obtenu à l’arraché en 2015 lors de la COP21 ; presqu’autant d’années de sable dans l’engrenage du retrait-retour (effet Trump/effet Biden) des USA au processus ; puis l’année supplémentaire perdue pour raison pandémique (le rendez-vous qu’avait donné le gouvernement de l’Italie pour 2020 y est malheureusement passé). Oui, une pression énorme s’exerçait sur les diplomates, les gens du politique et tous les politiciens à l’échelle de la planète pour ENFIN s’entendre sur une mise en oeuvre, un effectif passage à l’action. Les objectifs convenus à Paris, en 2015 – faits accord international signé en 2016 – c’était bien… Cette à la fois subtile et costaude cible du 1,5 °C : encore faut-il organiser son atteinte. Car le temps commence à manquer.

Article 2 de l’Accord de Paris (2015)
1. Le présent Accord (…) vise à renforcer la riposte mondiale à la menace (…) dans le contexte du développement durable et de la lutte
contre la pauvreté, notamment en:
a. Contenant l’élévation de la température (…) nettement en dessous de 2 °C (…) et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques;

De plus en plus d’indicateurs clignotent en rouge foncé.

Les ONG et ONGI sont à bout (quelque 12 000 personnes en représentaient près de 1 800 à Glasgow). La militante Greta Thunberg n’est que la pointe au sommet de l’iceberg des efforts de militantismes en la matière. Les scientifiques aussi : ils se mutent de plus en plus en acteur dramatique/metteur en scène de films-vidéos-documentaires chocs… Eux aussi, de Youtube à Tik Tok, ne sachant plus comment au mieux passer leurs messages. Ce qui devient de plus en plus préoccupant en soi. D’ailleurs, l’avant dernier point de presse pour lequel le cyberjournal COMMERCE MONDE a eu son journaliste sur place, vers la fin de ce qui devait être la dernière journée de la COP26, à 15h15 le vendredi 12 novembre, était organisé par le collectif Scientists Warning Europe. Il fallait voir son porte parole, Ed Gemmell, avocat, Managing Director du groupe, qui au final des présentations du trio au micro se mis debout, se crispa, puis explosa d’une impressionnante charge de paroles et d’émotions ne voulant rien cacher de l’exaspération de beaucoup de scientifiques envers le monde politique.

Victoria Hurth, Ed Gemmell et Paul Behrens au Durdell Press Conference Room, 12 nov. 2021 (15h15-15h55) « We need plan, now to what to do next year, and the year after… 2040 is totally ridiculous! » ont-ils notamment exposé.
MALAISE GRANDISSANT
Le malaise grandissant entre beaucoup de scientifiques et le monde politique fut un échos que nous avons aussi entendu en participant aux activités du Pavillon sur la cryosphère : l’idée de créer une « Section science/Science Corner » lors de la COP27, en 2022, afin de contrebalancer le lobby du « fossile noir » et pouvoir mieux faire entendre celui du « fossile bleu » y fut avancée par cette communauté de scientifiques spécialistes des glaciers, de l’écologie de l’Arctique et de l’Antarctique.

Les médias eux médiatisent, parfois en amplificateurs imparfaits transformant tout de même les populations en masses anxieuses. Avec résultat que le citoyen est en alerte, et en attente : il faut faire quelque chose ! Du même pas allant vite à l’interrogation suivante : nos dirigeants font-ils ce qu’il faut faire ?

Il y aurait pu ne pas y avoir de consensus final. Glasgow en a livré un !

Les premiers dirigeants de la Chine et de la Russie se sont exemptés du déplacement et de la joute des rencontres en tête à tête, mais leurs délégations y étaient bien actives. La lourde machine onusienne a travaillé et elle a fonctionné : l’opération reste une victoire du multilatéralisme, même si l’Inde y a pris un mauvais rôle avec son amendement de dernière minute. Ce pays a quand même joué le jeu, plutôt que de l’ignorer. Il faut écouter les plus de quatre heures de la séance de clôture finale du samedi 13 novembre. Entendre plusieurs délégués parmi les pays qui ne sont pas des grandes puissances tenir à exercer leur droit de parole pour dire qu’ils ne briseront pas, ici, l’opportunité du consensus, tout en faisant bien comprendre qu’ils ravalent, cette fois, et qu’ils sauront s’en souvenir, lors de la prochaine ronde de négociation. Et cela c’est là, déjà maintenant, puis beaucoup encore en Égypte en novembre 2022. Mais aussi bien avant, car les COPConference Of the Parties – sont un processus, une partie d’un processus. Chacune de ces grandes conférences n’est que le moment le plus médiatiquement immergé d’une machine diplomatique perpétuelle, alimentée de négociations continuelles.

Deux exemples parmi plusieurs :

– en attente imminente du Groupe-2 du GIEC

À Glasgow le principal et plus récent document pertinent du GIEC disponible était celui du Groupe-1. Les prochains rapports du Groupe-2 et du Groupe-3 n’arriveront qu’en cours de 2022 (en février pour l’un, en novembre pour l’autre). Ce sont ceux-là qui feront l’objet des plus grandes attentions à la COP27 égyptienne. C’est là que les leaders politiques trouveront leurs matières à faire de la cohérence pour l’ensemble du long chemin encore à parcourir. Ils auraient même pu prétexter officiellement de ce délai – plusieurs l’ont vraisemblablement fait aux tables des négociations en huit clos – bref, attendre ces importants rapports d’étapes à venir pour en faire encore moins. Ils auraient pu ne pas s’entendre du tout.

Il ne faut jamais oublier que le GIEC est une immense machine, notamment répartie en trois groupes de travail : le premier évalue les éléments scientifiques des changements climatiques, alors que le deuxième s’occupe des conséquences, de la vulnérabilité aux changements et de l’adaptation à ceux-ci, et que le troisième évalue les mesures d’atténuation. Si tout l’enjeu des « pertes et dommages », c’est-à-dire toute la question des dégâts irréversibles, actuels et en devenir, que cause et causera le dérèglement climatique (inflation de sécheresses, d’inondations, d’ouragans, etc.) semble avoir été balayée sous le tapis en Écosse, les promesses faites il y a 12 ans de mobiliser 100 milliards $US par année pour aider les pays les plus démunis à s’adapter aux bouleversements du climat restent de mise. Le fruit n’était tout simplement pas à maturité lors de la COP26.

– un énième rapport de la FAO

Un substantiel nouveau rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a été publié début décembre, et donc à peine un demi mois après la COP26 de Glasgow. « Des systèmes au bord de la rupture », c’est le titre du rapport, exposant la nécessité d’agir « en urgence » pour appliquer des solutions durables face à une exploitation des ressources « poussées à la limite de leurs capacités de production ». S’alarmant déjà de graves problèmes de subsistance alimentaire mondialement, les travaux des experts de cette agence onusienne rajoutent à l’intense fatigue pandémique actuelle, doublée d’une anxiété climatique croissante, voire bientôt chronique dans les populations. Un tout qui complexifie la donne, mais la FAO le fait tout de même, au risque d’avoir momentanément l’apparence d’un cri dans le désert.

Alors qu’ils sont nombreux à dénoncer les trop petits pas accomplis, que plusieurs accusent la COP26 de Glasgow d’avoir fait trop de surplace, il faut toujours garder en tête qu’il s’agit d’un processus. C’est l’action sur la décennie en cours qui sauvera la mise pour l’Humanité, pas un seul événement annuel.

« Oui, il y a urgence climatique, mais il faut voir ça comme une course à obstacle, un pas à la fois (….) » nous disait l’ingénieur et homme d’affaires québécois Pierre Langlois, dans un de nos articles récents.

« L’essentielle coordination gouvernements-entreprises-instances internationales fait encore très largement défaut », avançait dans son analyse l’éditorialiste Guy Taillefer (Le Devoir, 28 décembre 2021). À la porte du concept, pourquoi ne pas parler franchement de ce dont il faut dorénavant débattre, soit des gouvernances mondiales à améliorer ou à mettre en place ? Il ne faut plus avoir peur des mots; les grands maux sont tous là! Gouvernance pour le climat, pour la paix mondiale, pour tellement de défis…, dont certainement celui de la gouvernance mondiale de l’eau.

L’OBLIGATOIRE LIEN CLIMAT-EAU

Notre première stupéfaction en débutant notre couverture journalistique sur place dans l’immense section des pavillons de la COP26 fut de s’y faire expliquer que la présence du Water Pavilion y était une première. Ils durent même s’y mettre à presque quarante partenaires pour le concrétiser.

Robbert Moree, diplomate des Pays-Bas (important pays contributeur financier dudit pavillon) avec Hasmik Barseghyan, présidente du Parlement Européen de la Jeunesse pour l’Eau et qui représentait aussi son pays, l’Arménie, ainsi que le Secrétariat international de l’eau, une ONGI basée à Montréal, au Canada, devant le Pavillon de l’eau à la COP26 de Glasgow, le 12 nov. 2021.

Il faut dire que les pavillons thématiques y sont une chose toute récente. Se revendiquant premier du genre, sorte de lègue de la COP25 de 2019 voulu par le Chili « qui souhaitait que l’on continue de parler des glaciers », nous a expliqué la docteur en glaciologie Heïdi Christiane Sevestre à nouveau membre de l’équipe sur place, un Pavillon sur la cryosphère avait pu être concrétisé à Madrid, et elle en était aussi. Ce Cryospher Pavilion vivait donc une seconde expérience à Glasgow, encore ici avec des fonds du Chili. Mais aussi, en bonne partie, « beaucoup grâce au financement du gouvernement fédéral suisse », nous a confirmé son représentant sur place, Grégoire Hauser, géographe, conseiller scientifique au Département des Affaires étrangères de la Confédération suisse.

On voit là deux exemples qui témoignent du fait que l’enjeu climat devient de moins en moins pris en compte qu’en vase clos (peut-être il l’était trop?) voire en silo. Il faut voir là une des bonnes nouvelles à rapporter de cette COP26.

Le piège des silos, exactement ce dont a parlé le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, alors qu’il répondait à notre question à propos de la gouvernance de l’eau dans une perspective mondiale, lors de la conférence de presse qu’il a accordée le vendredi 12 novembre à 16h00. Il avait déjà expliqué qu’il en était, lui personnellement, à sa 19ièm COP sur le climat. Qu’il était même à la 1ère à Berlin en 1995, puis là pour la première fois participant comme ministre et élu représentant un gouvernement: « Il faut comprendre que pendant longtemps, le processus de négociation, ici, a évolué en silo (…) » a dit le ministre, en faisant ensuite entendre que maintenant les choses évoluent pour le mieux, notamment avec les actions du Canada, alors que nous lui demandions pourquoi l’eau semblait un sujet tabou, à Glasgow.

« En route vers le – 0,5 °C lors de la COP27 en Égypte, pour remplacer l’Accord de Paris, et tendre vers le zéro le plus vite possible ? N’est-ce pas ce que j’ai entendu ici ? Ce que vous dites, vous, les scientifiques ? »
Georg Kaser,
professeur autrichien d’Innsbruck tout juste retraité de quelques mois et qui résumait les pensées de plusieurs à la conférence de clôture du Cryosphere Pavilion (12 nov. 2021).

Le ministre Steven Guilbeault savait-il déjà, à Glasgow, que le discours du Trône lu une dizaine de jours plus tard, le 23 novembre, à Ottawa par la gouverneur générale du Canada mentionnerait la création d’une Agence canadienne de l’eau ? Une initiative dont le financement veut notamment soutenir la science et la recherche internationales sur l’eau douce en encourageant les efforts de coopération internationale, y compris ceux avec les Grands Lacs africains

Le regard des experts du climat de l’ONU (GIEC) a déjà partagé au monde qu’il s’exposait, avec la donne démographique prévisible, à un déficit en eau de 40% avant la fin de la présente décennie, soit d’ici 2030. Alors que selon la FAO le niveau de production alimentaire devra augmenter de 50% d’ici 2050 pour combler la demande mondiale. N’oubliant jamais que l’agriculture est de loin la plus grande consommatrice d’eau douce de la planète, y a-t-il ici un problème inextricable, alors que fatigue des sols, disparition des surfaces cultivables pour cause d’urbanisation et augmentation des incertitudes climatiques ajoutent à l’équation ?

« Les changements climatiques diminuant la capacité d’accueil mondiale, des guerres d’agression pourront se produire à propos de la nourriture, de l’eau et de l’énergie. Les nombreux décès engendrés par la guerre, la famine et la maladie réduiront la taille de la population totale. Ce qui, avec le temps, équilibrera le nombre de personnes sur Terre avec la capacité d’accueil de la planète. » Cet extrait d’un rapport secret du Pentagone sur le climat de… 2004 que rapporte Ugo Gilbert Tremblay, dans le no. 84 de la revue québécoise L’Inconvénient du printemps 2021 donne froid dans le dos.

Quel monde voulons-nous bâtir demain, puis ensuite et pour qui? Au final, le premier obstacle risque donc d’être encore le défi d’éveiller l’ignorance du citoyen qui vote. En plus de redonner de l’espoir à ces jeunes qui disent déjà : « Madame, il est maintenant rendu trop tard. » Allez relire ce troublant témoignage de la professeure de science politique au Collège Lionel-Groulx, une Judith Trudeau (Libre opinion, Le Devoir, 2 déc. 2021) qui appelle littéralement à l’aide.

Si l’eau c’est la vie, que l’enjeu climat menace aussi, des suites de la COP de Glasgow en passant par le 9th World Water Forum de Dakar de mars, jusqu’à la suivante COP du climat en Égypte de novembre, il se pourrait bien que 2022 s’invite comme une charnière année pour l’eau.

(Crédit des photos: Daniel Allard)

Lire nos autres articles sur la COP26.



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Déjà une vingtaine de contrats en retombée pour le 2e Sommet mondial «AgriTech Au Féminin»

Ce rendez-vous avait été donné dans la semaine suivant la clôture de l’historique COP 26 que l’ONU a tenue, en Écosse, sur les changements climatiques et la mise en application de l’Accord de Paris sur le climat. Bien des yeux de la planète y étaient tournés du 31 octobre jusque, finalement, au samedi 13 novembre. Sa thématique, elle aussi, était d’extrême importance : les 17 et 18, puis jusqu’au vendredi 19 novembre 2021 pour un gala d’excellence, il fallait s’être gardé de l’énergie pour visio-participer à des panels voués à accélérer le leadership des femmes dans l’agriculture. Femme et agriculture !

L’agriculture « (…) à l’ère de la quatrième révolution technologique! » insistera Sâadia Lakehal, déjà fière de nous annoncer « qu’une vingtaine de contrats en retombée » peuvent être mis au bénéfice de son second sommet mondial « AgriTech Au Féminin », ce après les deux précédents eux aussi bâtis sur l’enjeu et les potentiels de la révolution numérique, dites 4e Révolution industrielle.

C’est qu’elle en connaît quelque chose, dame Sâadia, entrepreneure continuellement au front depuis au moins une dizaine d’années animant, de Montréal, l’écosystème industrialisation-entrepreneuriat féminin-environnement/économie circulaire. Tantôt en dirigeant une association de parc industriel, tantôt en étant conférencière-experte dans des colloques internationaux.

Au surplus, particulièrement forte en réseautage international, ses invitées d’honneur, une dizaine, incluaient notamment: Josephine Joseph Lagu, ministre de l’Agriculture du Soudan du Sud; Josefa Leonel Correia Sacko, commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine; Jeminah Njuki, directrice Afrique à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI); l’ambassadeur Ertharin Cousin, fondateur de Systèmes alimentaires pour l’aveni; ainsi que Ndaya Beltchika, spécialiste technique principal – Genre et inclusion sociale au Fonds international de développement agricole (FIDA).

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET INCLUSION DES FEMMES

Organisé par Emperia Industries Connect, l’entreprise qu’elle a elle-même mise sur pied après une feuille de route déjà imposante, cette 2ème édition du Sommet Mondial Agritech au Féminin (GWIA21) avait pour thème : « Cultivons ensemble l’avenir ».

« Le sommet GWIA vise à dynamiser le leadership au féminin à l’ère de la quatrième révolution technologique et à donner la parole aux femmes qui ont un rôle à jouer pour le développement de l’agriculture 4.0 », explique Sâadia Lakehal.

Crises climatiques ou pas, l’enjeu de nourrir la planète est et reste un défi énorme. Si une conférencière est venue expliquer que l’humanité a présentement la capacité de nourrir jusqu’à 12 milliards d’humains, il s’agit d’une capacité, au-delà de la possibilité technique ou industrielle, qui devient théorique, lorsque confrontée aux réalités terrains tels que les taux de gaspillages alimentaires, les aléas de chaine d’approvisionnement ou de chaine de production, voire les impacts environnementaux ou variables climatiques.

Le système alimentaire mondial subit d’énormes transformations. Les objectifs d’une « production alimentaire responsable » ou d’une « sécurité alimentaire », ce encore plus à la suite de la pandémie en cours, figurent évidemment à l’ordre du jour d’un sommet privilégiant la place des femmes dans l’AgTech.

Tablant cette fois sur les liens de partenariat du Canada avec les Pays-Bas, avec des représentants de ces deux importants pays dans les domaines de l’agriculture mondialement, madame Lakehal a pu compter sur la participation de Marie-Claude Bibeau, la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada, pour une prise de parole officielle. Madame Meiny Prins y était l’invitée d’honneur pour les Pays-Bas.

Meiny Prins is CEO and co-owner of Priva. She was proclaimed Business Woman of the Year 2009 and received the first CleanTech Star of World Wildlife Fund for Priva, a high-tech company that develops hardware, software and services in the field of climate control, energy saving and optimal reuse of water.

Au surplus, particulièrement forte en réseautage international, ses invités d’honneur, une dizaine, incluaient notamment: Josephine Joseph Lagu, ministre de l’Agriculture du Soudan du Sud; Josefa Leonel Correia Sacko, commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine; Jeminah Njuki, directrice Afrique à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI); l’ambassadeur Ertharin Cousin, fondateur de Systèmes alimentaires pour l’aveni; ainsi que Ndaya Beltchika, spécialiste technique principal – Genre et inclusion sociale au Fonds international de développement agricole (FIDA).

INNOVER, CONNECTER, MOBILISER

La mission de l’événement était notamment de faire découvrir les perturbations au sein de l’industrie, d’identifier les bons modèles commerciaux pour accélérer la commercialisation des technologies avancées agricoles, de générer des partenariats et des collaborations à l’échelle mondiale.

Un Salon Agtech virtuel avait aussi été aménagé pour mettre en valeur les entreprises de hautes technologies en agriculture qui participaient au sommet, offrant au surplus un outil de réseautage avec les experts du secteur. L’événement, qui reviendra l’an prochain était en partenariat avec près d’une quarantaine d’entreprises internationales, canadiennes et québécoises, dont Sollio Groupe Coopératif, Financement Agricole Canada, la Zone Agtech, WOMA Marketing, rainMKRS, Evol, Industries Harnois, Geenfield Global, Priva, IICA, Dutch GreenHouse Delta et GBA.

Après la France en 2020 et les Pays-Bas en 2021, Sâadia Lakehal ne nous confirmait pas encore le pays partenaire avec lequel elle compte tenir son édition 2022, mais la région du Moyen-Orient semblait dans sa mire.

DOSSIER SPÉCIAL À PARAÎTRE
Février 2022
En partenariat avec Emperia Industries Connect ,
CommerceMonde publiera une série d’articles en lien avec le
Sommet Mondial Agritech au Féminin (GWIA21) ainsi que sa prochaine édition de 2022.
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Les vidéos de l’événement sont disponibles sur demande.

(CRÉDIT PHOTO: prise d’écran de l’animatrice Sâadia Lakehal, lors du Gala du 19 nov. 2021.)