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ÉDITORIAL (04) : Les mains tendues du Canada : les chefs de parti aiment-ils aussi Haïti ?

(8 sept 2021) Plus la décennie 2020 défile et plus le Canada sent la fumée, voire le brûlé. Sa province la plus occidentale, la Colombie-Britannique, fut carrément en feu avec des températures records en juin 2021, frisant les 50 degrés Celsius. Les incendies de forêt dévastateurs qui en découlèrent, conduisant même à la disparition quasi-totale d’une ville de quelque 2 500 habitants – Lytton – ; non sans avoir entendu le coroner en chef de ladite province déclarer que 719 décès soudains et inattendus y avaient été signalés pendant cette vague de chaleur historique pour une période de sept jours seulement. Résultat : 2–0 dans le combat ClimatCanada ! Tout ça, à quelques jours de sa fête nationale du 1er juillet, jour déjà endeuillé par la nième intensification de l’enjeu Premières Nations. Enjeu, lui, à nouveau exacerbé par trois identifications rapprochées – et il y en aura bien d’autres… ce n’est que le début ! – de déjà trop de sépultures égarées d’enfants autochtones ayant vécu la face malheureuse, jusqu’à l’indigne pour trop, du système des pensionnats d’une période de l’histoire canadienne que tous souhaiteraient aujourd’hui ne pas voir dans le livre de son histoire comme pays. Si seulement les mains tendues du pouvoir politique au Canada n’en avaient pas déjà plein les bras…

Lorsqu’il a accueilli le G7 dans Charlevoix, au Québec, en juin 2018, le premier ministre Justin Trudeau avait une analyse juste et pertinente des grands défis de son pays et du reste du monde. Il avait fait ses devoirs avant d’y accueillir le grand monde, avec les Merkel, Johnson, Macron et Trump en tête. Un document d’analyse et de travail qu’il avait mis sur la table concernait toute la question des écarts de richesse et de la lente disparition des classes moyennes dans les économies les plus développées de la planète depuis une, voire deux décennies, avec l’importance de s’attaquer à ce constat. Et il était à même de démontrer que le Canada savait être un bon élève en la matière face à ses invités. Puis sa volonté de lutter contre la pollution de l’Océan mondial en s’attaquant aux plastiques l’envahissant était aussi honorable. Mais depuis que le président Trump quitta précipitamment, voire cavalièrement, ce damné G7 de Charlevoix, puis le rabroua tout en faisant sa route à lui vers son 1er tête-à-tête avec le leader de la Corée du Nord, on dirait qu’un mauvais sort a poursuivi Justin Trudeau, voire toute la politique, nationale comme étrangère, du pays.

Rendu en février 2020, alors que sa propre épouse devait se soigner parmi les premières victimes de la COVID-19, et lui-même conséquemment se mettre en isolement, il dû gérer péniblement la crise nationale que provoqua l’intervention d’une frange de la Premières Nations Wet-Su-Etin. Parce que celle-ci tenta de bloquer la construction d’un pipeline de ce côté-là du pays ; non sans provoquer un arrêt quasi complet du transport ferroviaire, pendant plusieurs semaines, dans tout le pays, par cause de solidarité entre Autochtones face au déjà dit enjeu Premières Nations.

Puisque depuis toujours, tout ce qui traîne se salit, et n’ayant éteint que de manière cosmétique le gros du feu face à cet enjeu fondamentale pour le Canada, il ne fallait pas se surprendre que l’affaire rebondisse à nouveau un été plus tard. Même si le Rapport d’une commission d’enquête sur les pensionnats autochtones qui avait été rendu publique en 2015 annonçait totalement ce qui est devenue une « crise nationale » et finalement un deuil, voire espérons-le maintenant, un cheminement véritable et sincère vers la grande réconciliation et ensuite un Nouveau-Canada (voir notre édito 01) !

Puis après ce dur hiver 2020, le Canada aura eu aussi un chaud été, empêtré dans l’affaire We Charity. Une autre néfaste crise de leadership et de gouvernance que le premier ministre canadien dû payer, celle-là avec la tête de son ministre des Finances. Momentanément sorti d’affaire, il aura la chance de se refaire une santé – physique et politique – avant d’affronter le cœur de la tempête pandémique avec l’enjeu de trouver des vaccins pour tous, mais encore ici pour devoir piteusement recourir au système COVAX pour s’approvisionner en vaccins et sauver la face aux yeux de sa propre population. Mais certainement pas aux yeux du reste du monde ! Et privé de chef d’État en titre depuis l’autre crise de gouvernance provoquée par l’ex-gouverneure générale Julie Payette qui dû démissionner début 2021 (une personnalité forte et célèbre que Justin Trudeau avait personnellement tenue à mettre à cette fonction), l’annonce du 6 juillet de la nomination de Mary Simon à cette haute fonction avait le potentiel de se révéler un « game changeur » dont a besoin Justin Trudeau pour réellement faire l’histoire avec un grand H. Le choix de cette femme née à la fin des années 1940 et qui a grandi au Nunavik (le grand nord du Québec) avec sa mère Inuit et son père anglo-québécois, donc une femme métis, quasi unanimement acclamé, fut un très gros coup pour lui. D’ailleurs, il ne mis pas long à le mettre hautement en valeur en lui rendant visite, presque aussitôt installée, pour lui demander de dissoudre le Parlement et de déclencher des élections pour le 20 septembre 2021. Nous en sommes là ! Le Canada en est là : 37 jours d’une campagne électorale en cours…

AUX URNES LE 20 SEPTEMBRE 2021

Non seulement des forêts brûlent encore dans l’ouest du pays ; après trop d’églises aussi… alors que la rancœur des Premières Nations reste profonde, et qu’hier encore ce sont des livres d’une bibliothèque en Ontario qui goûtèrent à la vindicte, par le feu et le symbolisme, pour tenter d’apaiser le malaise. Alors soulignons que madame Simon fut non seulement une canadienne fière et accomplie, à titre de journaliste à l’emploi de la société d’État CBC et ensuite ambassadrice du Canada en poste à Copenhague (et donc avec notamment le Groenland et des institutions internationales telles que le Conseil de l’Arctique parmi ses responsabilités). Et que devenue gouverneure générale, elle vient de se faire confier un mandat gonflé de charges émotives et symboliques à un moment charnière de la jeune histoire du Canada à titre de pays pleinement souverain. Puis tant qu’à contribuer à refaire le Canada sur de meilleures bases, en tout respect de toutes ses parties prenantes et constituantes, n’eut été de la COVID-19 persistante, nous lui aurions souhaitée un stage d’apprentissage de la langue de Molière en chaude terre des Caraïbes. Parce que de retour pour un discours du trône, qu’elle devra obligatoirement lire dans les deux langues officielles du Canada, elle en aurait peut-être rapportée de stimulantes idées novatrices, à partager avec tous les chefs des partis politiques actifs au Parlement renouvelé ? Comme par exemple – puisque l’Afghanistan c’est fini ! – ceci:

Ce Canada de demain, en plus d’enfin tendre véritablement la main à ses Premières Nations, et s’il offrait aussi aux Haïtiens de faire partie à part entière de l’aventure canadienne ? 25 000 Afghans chanceux deviendront prochainement, aussi, de nouveaux Canadiens. Bravo ! Ne sont-ils pas déjà des centaines de milliers à êtres déjà Canadiens et Haïtiens ? Terre-Neuve, une autre île, est devenue canadienne en 1949. Haïti, devenant une espèce d’Alaska du sud pour le Canada, ne ferait certainement pas pire que son voisin du sud pour ce territoire du Nord. Et pas question ici d’acheter un territoire. Haïti est certes un fier pays souverain, mais dans quel état ? L’associer… l’inclure dignement au Canada peut sembler faire « néo-colonialiste » aux yeux de certain. Mais en 2021 l’humanité n’est-elle pas déjà ailleurs ?

La solidarité mondiale, il ne faut pas qu’en rêver abstraitement. Commençons alors juste par en débattre de cette idée, car une telle aventure haïtienne pour le Canada serait, ici, du calibre de l’historique et courageuse décision des Allemands de la RFA de tendre la main à leurs frères et sœurs d’Allemagne de l’Est, à la suite des bouleversements politiques de 1989.

« Si son actuel premier ministre Justin Trudeau aime encore ce pays, son pays, et par ailleurs son père, il doit se sacrifier et démissionner, immédiatement, pour détendre, délier et permettre de solutionner la crise actuelle de gouvernance que le Canada traverse, avec ce que les historiens nommeront probablement l’affaire des trains bloqués et du pipeline mal aimé », écrivions-nous aussi en février 2020.

Proposant que monsieur Trudeau se devait de le faire s’il voulait réussir le Canada 2.0, le prochain Canada, le New/Nouveau Canada… qui sera à l’évidence multi-couleur et multicolores de peaux comme de cultures, et surtout un bel exemple, voire exemplaire, pour la suite de l’humanité, cette humanité de bientôt 8 milliards de personnes en route vers son meilleur avenir possible. Si possible ? Sauver le pays et le monde des dérèglements climatiques Sauver son pays du déshonneur apporté par le traitement fait aux Autochtones. Réussir son «Canada in back again». Bref, être un grand leader politique…

Go Canada Go ! Go Habs go ! La coupe des peuples du monde entier en main, pour un meilleur demain pour tous… Voilà votre chance, M. Trudeau. Les autres chefs ne vous en donneront pas de facile. Une campagne électorale, c’est un sport extrême.

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N.B.: Les 8 (en langue française à 20 h 00 HNE) et 9 (en anglais à 21 h 00 HNE) septembre, tous les Canadiens seront attentifs, alors que les chefs des cinq principaux partis politiques fédéraux du pays participeront aux deux principaux débats de la campagne électorales 2021.

(Crédit photo de la une: la photo officielle du G7 de Charlevoix de juin 2018 au Canada.)

Canada : jeu électoral extrême jusqu’au 20 septembre; le gagnant ira à Glasgow en novembre

Après une semaine de ce qui constituera la plus courte campagne électorale permise – selon l’actuelle Loi sur les élections fédérales au Canada – les partis politiques étaient théoriquement prêts : car la rumeur courrait depuis des mois. Le pays a rapidement été tapissé des traditionnelles pancartes des candidats dès le jour 1. Le premier ministre sortant ayant provoqué cet appel au peuple du fait de sa demande de dissolution du Parlement, selon un privilège que lui accorde le fonctionnement du système de la monarchie-parlementaire qui est appliqué au Canada depuis au moins 1867. Cela, en rendant visite à la gouverneure générale et cheffe d’État du pays, Mary Simon, dans la matinée du dimanche 15 août 2021, plongeant immédiatement le Canada entier dans une course au vote de 37 jours, à travers 338 circonscriptions.

L’électorat canadien est donc convoqué aux urnes le lundi 20 septembre 2021 pour ce qui sera certainement une période électorale historique. D’abord parce que concurrente à une pandémie toujours virulente; aussi parce que largement non désirée autant par la population, que par tous les partis politiques constituant les quatre oppositions au Parlement du Canada. Convoqué à ce qui sera peut-être un dangereux jeu électoral extrême! Ceci pour plusieurs raisons.

D’emblée, au Canada, c’est « l’été » et une période générale de vacances jusqu’à la dite « Fête du travail », qui sonne avec chaque premier lundi de septembre. L’esprit de la population n’était donc par tellement à l’heure des débats d’idées et de choix de société. Le 15 août étant même le jour de la fête nationale des Acadiens, tout comme celle de l’indépendance de l’Inde moderne; elle, à un autre bout de la planète, mais qui retrouve une partie de plus en plus significative de ses ressortissants avec une double identité, en partage, avec le Canada.

Et si le chef du Parti libéral du Canada et premier ministre sortant, Justin Trudeau, a lancé le débat électoral en justifiant que : « C’est important de donner l’occasion aux Canadiennes et aux Canadiens de s’exprimer (…) », dans le contexte actuel, personne n’est pour autant dupe que sa véritable intention est d’aller se chercher une majorité de siège, afin de pouvoir continuer sa gouverne, mais comme gouvernement majoritaire. Dans ce Canada qui aurait normalement dû ravoir ses prochaines élections fédérales, selon le mécanisme à date fixe récemment instauré, qu’à l’automne de 2023; bien qu’en contexte minoritaire, le premier ministre conserve sa prérogative d’un déclenchement selon son bon jugement. Précisons que la tentation était belle et bien grande, alors qu’il n’a qu’à aller chercher la quinzaine de sièges aux Communes qui le sépare de cette confortable situation.

Jeux extrêmes

Ensuite, c’est alors que le variant Delta de la COVID-19 prendra probablement le visage d’une réelle et significative 4e vague pandémique à travers l’ensemble du pays – notamment avec les rentrées scolaires et académiques – que les premiers jours de septembre seront aussi ceux qui verront les chefs des principaux partis se croiser au cœur de la campagne avec les trois principaux débats télévisés nationaux (deux en langue française, les 2 et 8, et un en anglais à la chaîne publique le 9 septembre).

La question de l’urne émergera-t-elle de ça? Économie, environnement, climat, questions autochtones, qualité de vie de tous et particulièrement de groupes minorisés, immigration et intégration au marché du travail, dette publique, politique étrangère, etc. Serait-ce possible que pour une rare fois une question internationale vienne peser lourdement sur le résultat d’élections au Canada? La chute de Kaboul, en Afghanistan, s’est invitée comme un voleur imprévu. Monsieur Trudeau a dû aujourd’hui même interrompre sa campagne pour participer à une réunion spéciale du G7 sur cette crise. Avec ses 158 citoyens-soldats morts pour cette cause, plus d’une décennie d’efforts, l’électorat canadien est à l’écoute.

Mais il y a aussi les feux de forêts qui brûlent sans cesse en Colombie-Britannique, et c’était des églises un mois plus tôt; la plus importante province de l’Ouest du Canada, comptant avec une population pour qui les enjeux environnementaux et sociaux sont toujours dans les priorités des électeurs.

Les enjeux environnementaux et sociaux, nous y voilà : exactement ce dont le gagnant du 20 septembre devra aller débattre, à Glasgow, en novembre.

Le gagnant ira à Glasgow

Tous les yeux humains de la planète seront tournés sur cette ville écossaise à partir du 1er novembre 2021, alors que les délégations d’experts et les diplomates de presque toutes les souverainetés de la Terre débuteront leurs travaux de dix jours pour la COP26 : la 26e édition annuelle de la Conférence des parties (Conference of Parties) en suivi de la COP21, il y a 6 ans, qui avait vu l’édition de Paris faire naître le fameux Accord de Paris sur le climat. L’ONU convoque à nouveaux l’Humanité à une croisée des chemins!

Justin Trudeau ou Erin O’Toole? Erin O’Toole ou Justin Trudeau? Qui d’autre? Iront-ils en personne? Quand? Avec quel mandat et pour faire quoi? Car l’heure sera aux actions! Pas aux mots, car les maux sont clairement connus.

En 2015, il s’en était fallut de peu pour que les négociations achoppent. Il est dorénavant de notoriété publique que les Canadiens sur place ont fait une grosse différence, dans les négociations de coulisse, pour arracher ce qui devint le consensus rendant possible l’Accord de Paris sur le climat. Stéphane Dion, aujourd’hui ambassadeur du Canada en Allemagne, et Catherine McKenna, alors ministre de l’Environnement et des Changements climatiques, en ont fait le partage à leur prise de parole dans un atelier sur le sujet lors de la dernière édition de la conférence Americana, les 22 et 23 mars 2021.

Le 15 août au matin, encore gavé d’un record de médailles tout juste ramenées au pays par la délégation canadienne ayant concouru aux JO de Tokyo, il était à son meilleur, le ton juste, invitant ses concitoyens à lui dire quoi faire : « C’est au peuple de décider de l’avenir du pays »… Nobles mots, noble intention de la part de Justin Trudeau, alors que ses adversaires l’accusent facilement de ne rêver qu’à une majorité parlementaire pour pouvoir continuer de gouverner. De Glasgow à Ottawa, c’est effectivement le Canada en question.

Et il est cocasse de constater que le 1er premier ministre canadien, John Alexander Macdonald, était né (janvier 1815) à Glasgow, en Écosse, avant de devenir un Canadien et ensuite cet historique politicien à la tête du pays naissant, « à la britannique », de 1867 à 1873 et de 1878 à 1891. Cette écossaise de ville et même Glasgow que le prochain premier ministre élu, à la suite des élections qui permettront de le choisir le 20 septembre 2021, devra fouler pour aller y représenter un pays à la croisée des chemins, plus peut-être que l’ensemble des quelque 200 États souverains que compte actuellement l’humanité et qui y seront aussi représentés.

Du 20 septembre, jusqu’aux 11 et 12 novembre – les deux jours clés de la COP26 -, donc des intenses 37 jours de campagne passés à sillonner le Canada, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, ne restera qu’une autre quarantaine de jours pour se préparer à aller « réussir » Glasgow avec sa COP26 à gagner. Pour ce Canada, deuxième plus grand pays au monde par sa superficie. Ce Canada souvent espoir du monde à bien des égards; pays de diversité, d’immigration, d’eau douce – liquide ou gelée – et de forêts, de ressources naturelles abondantes, puissance moyenne au potentiel d’actions diplomatiques significatives, comme son histoire l’a souvent démontré.

Question de l’urne: la route vers Glasgow?

Si le Canada vivra un jour d’élection historique le 20 septembre 2021, dès le 12 novembre son premier ministre fraîchement élu reprendra son avion de retour, après avoir participé quelques jours à la Conférence des Nations Unies sur le climat. La population canadienne est parmi les plus privilégiées des humains de la Terre, riche d’un niveau de confort et de conscience des enjeux face à son avenir à court, à moyen et à long terme. Demain il faut boire, manger, travailler, survivre; à court terme, il faut gagner sa vie, aimer et protéger ses proches ainsi que le plus possible autrui aussi, progressivement préparer sa propre fin de vie et sa mort dignement par simple respect des survivants; à long terme, il faut tenter d’être passé sur cette planète – individuellement et collectivement – sans y avoir été un passif et, en tant que membre d’une société humaine, avoir contribué à un monde meilleur. En tant qu’Humanité, c’est une espèce de responsabilité universelle ça, non?

Ce n’est peut-être pas avec toutes ses questions en tête que le premier ministre sortant, Justin Trudeau, s’est lancé dans l’enjeu électoral en cours au Canada il y a déjà une bonne semaine.

Bonne campagne à tous et espoir qu’elle ne démontre pas trop cruellement que la politique garde toujours quelque chose qui ressemble à du sport extrême.

À suivre… (RDV, ici, après les trois débats).

Changements Climatiques: prendre le défi par une efficace flotte de CL-415

Le nouveau rapport du GIEC rendu public le 9-08-2021 invite l'humanité à s'engager, sans plus de délai, dans des solutions efficaces et faciles à mettre en opération face aux défis du dérèglement du climat, ainsi qu'à des mesures d'adaptation. Un de nos lecteurs propose, avec une vision toute québécoise, de "prendre les moyens d’y faire face". Nous le remercions pour ce partage d'opinion.

par F. Pierre Gingras, Prévost, Canada

Les changements climatiques se manifestent par différents cataclysmes de grande envergure; notamment par des feux de forêts massifs. Concernant ces feux de forêt, il serait possiblement opportun de s’équiper massivement pour y faire face. Un moyen serait d’utiliser davantage la polyvalence de nos forces armées.

La mise sur pied au sein de notre force aérienne d’un commandement articulé sur les bombardiers à eau de type CL-415, doté d’une flotte de quelques 100 à 125 appareils, donnerait cette capacité d’intervenir massivement et immédiatement lors du début d’un incendie et non plus, de façon désordonnée et progressive une fois celui-ci bien au-delà de la possibilité d’être contrôlé.

Contrôler les feux de forêts massifs massivement.

Au départ, on oublie que cet appareil, est déjà capable de transporter 34 passagers. Ce qui lui permet autant d’évacuer une population menacée, que de transporter – à quelques heures d’avis – une force d’intervention humanitaire, ou militaire, n’importe où, tant sur une piste sommaire de gravier que sur une piste de glace ou encore de se poser sur un lac (comme on en trouve en moyenne à tous les trois à cinq kilomètres dans les régions éloignées du Canada).

De plus, ces appareils peuvent idéalement être adaptés pour remplir plusieurs autres fonctions pour lesquelles nos Forces armées ne sont pas, ou sont peu, équipées; notamment, en plus de la lutte aux feux de forêt, sauvetage et/ou surveillance maritime et de l’environnement, assistance humanitaire, patrouille anti – sous-marine, arrosage, gunship et autres. L’appareil est environ cinq à six fois moins dispendieux qu’un appareil de combat. Et il servirait davantage. L’Indonésie et la Grèce ont déjà acquis des appareils à ces fins.

Lors de sinistres à l’étranger, des interventions courtes et spectaculaires de nos Forces armées, pour la protection de l’environnement et des populations, donnerait au Canada un prestige exceptionnel. Ainsi, on donnerait enfin une première démonstration de ce que notre glorieux premier ministre aux chaussons colorés annonçait au monde entier, aussitôt élu, il y a plusieurs années, en homme de théâtre, déclarant partout à travers le monde : « Canada is back, Canada is back », phrase demeurée creuse jusqu’à maintenant.

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StratégieS eN recherche et innovation : LES GENS D’AFFAIREs de montréal AVISENT LE GOUVERNEMENT DU QUÉBEC

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain a dévoilé le 15 juin 2021 son avis intitulé Recommandations de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain portant sur la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI) 2022, déposé dans le cadre des consultations menées présentement par le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec.

« (…) Grâce au processus de consultation entourant le développement de la SQRI 2022, le moment est venu d’asseoir une réelle culture de l’innovation au Québec », a déclaré Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Soulignant notamment le « contexte de rareté de main-d’œuvre », il lance également que le projet gouvernemental « doit favoriser un cadre agile, propice à la formation et à l’attraction de talents ».

En soutenant que la SQRI 2022 doit soutenir et encourager la création d’une « signature Québec » permettant de consolider le positionnement de Montréal – et du Québec – comme pôle international de recherche, M. Leblanc n’est pas loin de ce que pronait la scientifique en chef du Canada, Mona Nemer, en compagnie de son homologue du Québec, Rémy Quirion, à la tribune du CORIM, le 28 février 2020 en matière de valorisation des forces québécoises et canadiennes en Recherche-Développement (RD). La stratégie d’un leadership national en « diplomatie scientifique » avait alors été franchement proposée, à l’image de l’inspiration des Casques bleus onusiens, eux inventés aussi par des Canadiens, dans des années de crise mondial.

« Je veux faire du Canada un partenaire scientifique de choix pour la recherche scientifique mondiale (…) être vu comme des leaders, de par notre diplomatie, comme ce fut la cas avec les Casques bleus (…) Parce que la science ouverte a le pouvoir de changer la vie à l’échelle locale, mais aussi mondiale », expliquait, le 28 février 2020, pleine d’enthousiasme, une Mona Nemer rayonnante dans son alma mater montréalais.

UNE « SIGNATURE QUÉBEC » INSPIRÉE DE BRUXELLES

La CCMM priorise premièrement de « Renforcer le dialogue entre le milieu de l’enseignement et celui du travail » invoquant que la rareté de main-d’œuvre qualifiée « est la principale raison soulevée par les entreprises pour expliquer leur difficulté à innover », selon un sondage réalisé auprès de ses membres. Une question qui demeure toutefois complexe, alors qu’encore beaucoup de détenteurs de Ph D ont de la difficulté à se trouver des emplois stables en entreprise, particulièrement au Québec, et qu’une initiative comme la création du site www.papaphd.org doit bien signifier un malaise dans l’écosystème.

Proposant une « signature Québec » afin de se démarquer, la Chambre ne cache pas s’inspirer de la stratégie mondiale qui fut élaborée en Europe et repose sur un grand partage de connaissances et de réciprocité entre partenaires internationaux. Sa source étant une étude de l’Union européenne, Europe’s global approach to cooperation in research and innovation: strategic, open, and reciprocal, de mai 2021.

« Le Québec compte déjà sur un écosystème complet de soutien à la recherche et à l’innovation, qui mériterait cependant d’être renforcé (…) Cette nouvelle édition de la SQRI doit être l’occasion de consolider et de renforcer les programmes qui ont fait leurs preuves, comme le programme Productivité Innovation d’Investissement Québec », analyse aussi Michel Leblanc.

La commercialisation de la recherche et de l’innovation comme «enjeu majeur», l’adoption de critères d’innovation dans les marchés publics, s’appuyer sur l’expertise des incubateurs et des accélérateurs – acteurs clés de la valorisation – et la création de nouvelle «zones d’innovation» sont autant d’idés émises pour être ici «la clé de voûte d’une stratégie».

On peut consulter l’avis complet de la CCMM sur le site Web de la Chambre.

Changement de garde à l’OACI ET NON-taxation du kérosène des avions : ce tabou, vole du siècle, sera-t-il levé?

La Chinoise, Mme Fang Liu, actuelle secrétaire générale de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) qui termine les derniers mois de son deuxième mandat, a accepté d’être la visio-conférencière à la tribune virtuelle du CORIM, pour le lunch-midi d’un 19 mai 2021 pressé à échanger sur un ordre du jour costaud : « Quelles perspectives pour l’aviation civile ? » Un homme qui connaît très bien l’industrie, Philippe Rainville, l’actuel PDG à Aéroports de Montréal, animant la discussion de trente minutes. Les thèmes abordés étant déjà annoncé, il est assuré que le sujet pourtant essentiel de la non-taxation du kérosène des avions ne sera pas, encore une fois, substantiellement débattu.

Thèmes abordés (selon le programme annoncé)
– Comment concilier la collaboration internationale et les intérêts nationaux en aviation civile?
– Le rôle et le leadership des aéroports pour la reprise du transport aérien.
– Passeport vaccinal et règles sanitaires : assurer une relance sécuritaire.
– Les attentes post-pandémie du tourisme international.

L’OACI est une organisation internationale intergouvernementale financée par 193 gouvernements qui lui donnent mandat d’appuyer leurs activités diplomatiques et leur coopération dans le domaine du transport aérien en tant qu’États signataires de la Convention de Chicago (1944). Sa fonction essentielle consiste à gérer un appareil administratif composé d’experts – le Secrétariat de l’OACI – à partir d’un siège sociale initialement établi à Montréal et qui y est toujours. La métropole du Québec est conséquemment souvent décrite comme étant la « capitale mondiale de l’aviation civile internationale », les présences d’autres organisations (IATA) et d’acteurs industriels majeurs aidant (Pratt&Withney, CAE, Bombardier, etc.)

En 1944, il fallait d’abord sortir de la 2e GGM et certainement aider la naissance de l’aviation civile, belle héritière de l’aviation militaire triomphante. Car c’était essentiellement par navires que les soldats et marchandises traversèrent l’Atlantique pour aller renverser Hitler, sauver l’Angleterre, libérer la France, etc. C’est ainsi que le texte de la Convention de Chicago fut négocié, puis adopté, en faisant un cadeau inestimable à cette industrie : la non-taxation du kérosène des avions. À la minute que ceux-ci franchissent une frontière internationale, donc dès que vous faites un vol international, c’est zéro taxe, lorsque vous passez à la pompe pour vos précieux milliers de litres de kérosène.

En 2021, ce cadeau de presqu’un siècle à l’industrie, et aux compagnies aériennes, voire aux passagers que nous sommes tous également, se révèle être un espèce de « vole » en ce siècle, car avoir en ces années 2000 une telle exonération de taxation à la face du monde, et des autres secteurs industriels de nos économies modernes, a quelque chose de très proche d’une injustice de plus en plus inacceptable.

Ce choix politico-diplomatique des années 1940 est aujourd’hui pesant de conséquences. Le malheur, c’est que n’amende pas une convention internationale qui veut ! C’est comme les constitutions des pays, voire bien plus difficile avec presque toujours 200 parties prenantes à la table.

Taxe kérosène et Commission européenne

Citons Anton Kunin qui, le 13 mai 2019, rappelait qu’une étude commandée par la direction générale des transports de la Commission européenne recommandait « de taxer le kérosène des avions 33 centimes d’euro le litre ». But recherché : faire diminuer le trafic aérien de 10% dans l’Union européenne.

Mais toute action simplement continentale ou régionale reste ici hautement problématique avec les incidences de compétitivité et de traitement équitable des parties.

2021 une mauvaise année ?

Faut-il parler de taxer ou non le kérosène en 2021 ? Certes, l’aviation civile internationale a les genoux par terre avec la pandémie de la COVID-19 qui perdure. Une injustice doit-elle en excuser une autre ? Et il y a un changement de garde à la tête de l’OACI, un contexte qui n’arrive pas souvent.

Pendant les quelques jours d’avril 2021 consacrés à rejoindre un des représentants canadiens en fonction à l’OACI, notre chance fut au rendez-vous et le fonctionnaire qui a accepté de nous parler quelques minutes au téléphone – en nous prévenant bien qu’il ne pourrait pas répéter l’exercice sans que nous passions préalablement par Affaires mondiales Canada pour l’autoriser à donner une interview à un journaliste – nous a dit qu’il ne savait rien du sujet et qu’à sa connaissance l’instance à laquelle il participe depuis quelques années déjà ne l’a jamais abordé. Très cordial, il nous invita à contacter Affaires mondiales Canada pour tenter d’avoir une idée de la position officielle du Canada en la matière. (Nous y travaillons…)

Notre compréhension actuelle est que la non-taxe kérosène pour l’aviation civile internationale est proche d’un sujet tabou à l’OACI.

On verra bien ce que sa haute-direction, confiée à un homme né en Colombie à partir du 1er août 2021, changera à la donne. C’est de Montréal qu’il prendra cette charge de diriger l’OACI en cette période plus que difficile. Les États membres l’ayant décidé ainsi en février.

États du Conseil de l’OACI (2019-2022)

Les États suivants ont été élus parmi les 193 États membres de l’OACI au Conseil de l’Organisation, organe directeur composé de 36 membres, lors de la session 2019 de l’Assemblée de l’OACI.  

1re PARTIE − ​États d’importance majeure dans le transport aérien: Allemagne, Australie, Brésil, Canada, Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France, Italie, Japon et Royaume-Uni.

2e PARTIE − ​États qui contribuent le plus à fournir des installations et services pour la navigation aérienne civile internationale: Afrique du Sud, Arabie saoudite, Argentine, Colombie, Égypte, Espagne, Finlande*, Inde, Mexique, Nigéria, Pays-Bas* et Singapour

​3e PARTIE – ​États dont la désignation assure la représentation géographique: Costa Rica*, Côte d’Ivoire*, Émirats arabes unis, Guinée équatoriale*, Grèce*, Malaisie, Paraguay*, Pérou*, République de Corée, République dominicaine*, Soudan*, Tunisie* et Zambie*.  

*États nouvellement élus en 2019  

(Source : https://www.icao.int/about-icao/Pages/FR/default_FR.aspx)
 

Autres sources d’intérêt sur le sujet :

Taxer le kérosène des avions pour financer la transition écologique ? – Bing video

Taxer le kérosène des avions : la Commission européenne à l’heure du choix (consoglobe.com)

https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-05-18/biocarburant-aerien/paris-montreal-avec-de-la-vieille-huile-de-friture.php