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L’incontournable triangle du MENA : Turquie, Iran, Égypte

Le mois de février 2017 aura vu le premier leader politique d’Israël passer rencontrer son homologue à Washington. Cette première visite officielle entre les deux politiciens n’aura pas fait disparaître les incertitudes sur l’avenir du Middle East North Africa (MENA) comme région sensible du monde. Mais ce qui est une certitude, c’est que les trois pays de pointe du triangle géographique Turquie, Iran, Égypte s’imposeront comme incontournables politico-économiques d’ici 2025 et au-delà.

Cela essentiellement pour des raisons démographiques. Pour 2025, les démographes annoncent déjà que l’Égypte dépassera les 100 millions d’habitants et la Turquie comme l’Iran les 90 millions.

Le monde actuel
ne compte que 11 pays
dépassant 100 millions
d’habitant

À eux trois, ils seront de loin les pointes stratégiques d’une région de plus de 600 millions de population, surpassant encore plus celle de l’UE (500 M en 2017). Mais une région triangulaire qui encadrera en son centre une trop longue liste de pays déstabilisés et imprévisibles : Irak, Syrie, Israël-Palestine, Chypre et Liban, en plus de l’Arabie Saoudite, Bahreïn, du Koweït, des Émirats arabes unis, du Qatar et de la Jordanie, dont aucun n’approchera leur démographie respective.

À eux trois, ils compteront notamment les trois plus imposantes mégalopoles du MENA : Le Caire, Istanbul et Téhéran, qui sont déjà des agglomérations déca-millionnaires de 10-13 millions de citoyens.

L’IMPLACABLE GÉOGRAPHIE

Même si elle continue de rêver à un rôle européen, Istanbul se devra de regarder dans sa cour. Les grands barrages des monts Taurus font, plus que jamais, dépendre de la Turquie le débit des eaux fluviales en Syrie comme en l’Irak. Et le potentiel est même là pour apporter la précieuse ressource eau douce jusqu’à Gaza et Jérusalem.

Les eaux du Nil n’ont, pour elles, rien à voir avec les autres pays du MENA et c’est plus sur l’Éthiopie africaine que l’Égypte concentre les regards quant à l’enjeu de l‘approvisionnement. En fait le plus long fleuve du monde traverse 9 pays d’Afrique. Mais les forces productives et le rôle politico-militaire de l’Égypte collent le pays entier au destin du MENA. Le Canal de Suez est avant tout un acteur méditerranéen!

Quant à l’Iran chiite et persane, ses voisins orientaux de l’autre frontière sont l’Afghanistan, le Pakistan et le Turkménistan. L’enjeu de l’exploitation de sa force pétrolière se jouera beaucoup plus intensément avec la carte du MENA, sur son flan occidental. Même chose pour son leadership politico-religieux. Téhéran restera certes la plus incertaine des capitales des trois pays ici en cause. Comment se terminera la question du nucléaire pour ce pays ? Comment son rôle dans l’actuelle crise syrienne se développera-t-il ? Mais sa population jeune et très instruite regarde à l’ouest.

LA CARTE ALIMENTAIRE

Turquie, Iran, Égypte sont par ailleurs les trois pointes d’une fournaise de plus en plus assoiffée et affamée : le MENA est mondialement devenu la première région importatrice de produits alimentaires de base (blé, orge, sucre, huile végétale, viande) depuis quelques années déjà.

Maintenant qu’elle le peut, avec des forages de milliers de mètres en profondeur, cette civilisation de l’irrigation puise désespéramment dans ses eaux fossiles (on pense surtout à l’exemple de la Libye), mais quant 50 à 80 % de l’eau extraite tourne à la perte par évaporation, il faudra innover pour améliorer les bilans agricoles.

À eux trois, Turquie, Iran, Égypte, les incontournables du MENA, avec l’horizon 2025 pèseront pour près de 300 millions d’habitants d’une population fort jeune et éduquée. Retenez cette image avant d’installer un bureau régional à l’étranger.

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Lire notre article de novembre 2016 : CONNAISSEZ-VOUS LES MÉGA-PAYS DU MONDE ?

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Eau: la grande oubliée du changement climatique

Nasser, comme Lac Nasser ; sachez que 12% du débit du majestueux Nil en Égypte s’évapore dudit lac – construit par l’homme avec le Barrage d’Assouan – sans pouvoir aller plus en aval. En quoi ceci influence-t-il les changements climatiques ? C’est l’ensemble du secteur de l’eau qu’il faut regarder ici. Et les multiples éléments en cause montrent que l’eau fut parmi les pires oubliés, lors de la Conférence sur le climat de Paris, en décembre 2015.

Avez-vous entendu qu’on y avait parler de l’eau? De décisions en cette matière?

EAU ET GAZ À EFFET DE SERRE

Non, ce n’est pas la qualité et la disponibilité de l’eau potable qui est ici en cause. Même si la moitié des lits d’hôpitaux dans le monde sont occupés par des patients atteints de maladies d’origines hydriques. Même si, chaque 8 secondes, un enfant meurt sur Terre pour cause d’avoir bu de l’eau contaminée.

Pourquoi la Chine s’active particulièrement en matière de dépollution et de développement de l’économie circulaire (il y a une Loi chinoise en la matière depuis 2008) : « parce que selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’eau que boivent plus de la moitié des 1,3 milliard de Chinois ne répond pas aux normes de sécurité minimales établies par la communauté internationale« , écrivait en 2007 l’auteure canadienne Maude Barlow. La Chine déversait alors quelque 45 milliards de tonnes d’eaux usées non traitées directement dans les cours d’eau, annuellement (source : China Daily).

Nouvelle d’une autre grande puissance de l’eau: la Russie; 75% des eaux de surfaces intérieures et 30% des eaux souterraines accessibles y sont polluées.

Vue du Sud: pour se procurer de l’eau les femmes d’Afrique du Sud parcourent collectivement l’équivalent de 1 aller-retour vers la Lune16 fois par jour!

Non, il n’y a toujours pas preuve de présence d’eau sur la Lune! Et pour imager encore cet « apartheid de l’eau » sur Terre, retenons qu’un nouveau né dans un pays riche consomme de 40 à 70 fois plus d’eau qu’un bébé du Sud.

Il faut parler des conséquences environnementales et carrément climatiques de la gestion de cette ressource. Environ 50 000 grands barrages arrachent et contrôlent présentement les cours d’eau dans le monde. Et des dizaines sont en construction. Or, la documentation scientifique prouve depuis longtemps que cette stratégie génère de grandes quantités de méthane découlant de l’accumulation de sédiments voués ainsi à la décomposition et à l’émanation dans l’atmosphère.

Plus de barrages = plus de méthanes, un gaz plusieurs fois plus néfaste que le CO2.

Effet direct sur les changements climatiques.

L’affaire des grands barrages, déjà bien connue, n’est malheureusement qu’un élément de la liste du mécanisme eau/changement climatique.

Plus d’urbanisation, de perte de végétation (toitures, routes, stationnements) = plus d’îlots de chaleur urbains empêchant la ville de « transpirer ».

Selon le scientifique slovaque Michal Kravçik, la destruction de la végétation et les déversements d’eau de pluie en mer «(…) ÉQUIVAUT à l’effet des GES en matière de changements climatiques».

FONTE DES GLACIERS

L’élément eau concerne aussi l’eau qu’emmagasine depuis des millénaires l’ensemble des glaciers de la planète. Ici il faut encore se demander « Quoi influence sur quoi ? » Comment la libération des eaux glacées des glaciers joue sur le réchauffement ou pas du climat ? Chose certaine, ultimement la source va se tarir, provoquant des changements fondamentaux.

Un glacier disparu n’alimente plus jamais un grand fleuve…

Alors lisez avec effroi un autre constat des plus préoccupants : en 1980 on observait que 75% des glacier alpins d’Europe s’accroissaient; en 2005 l’observation révèle que 90% ce ceux-ci rapetissent. Les glaciers d’Europe sont ceux qui changent le plus vite au monde actuellement.

Pourtant c’est en Asie que l’enjeu des glaciers risque de faire tout basculer. S’il semble rassurant, à prime abord, de se faire dire que le plateau tibétain compte 46 298 glaciers, il faut vite savoir aussi que l’Académie chinoise des sciences prévoit qu’ils « diminueront de 50% par décennies » (jusqu’à nouvel ordre). Sans développer davantage, retenons seulement que le grand fleuve Indus, juste lui, qui prend naissance dans les mêmes glaciers, contribue pour 90% de l’irrigation des cultures du Pakistan.

Entre décider de la poule ou l’œuf, les politiciens du monde vont tout de même devoir se mettre vraiment à l’ouvrage… Parce que la meilleure stratégie sera d’AGIR en concluant vite :

Question?
A : l’eau change le climat : le climat modifie l’approvisionnement humain à la ressource eau
Bonne réponse : TOUTES CES RÉPONSES!

 

ONUgoal2015

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