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Bienvenue au « G8 » de 2020

Rien n’est anodin dans un ballet diplomatique de haut niveau tel qu’un Sommet du G7. Ainsi, la déclaration du président Donald Trump à l’égard de l’absence de la Russie à la table des participants de 2018 avec son souhait de revoir ce pays au sein du Groupe est importante. Dans le contexte actuel, c’est possiblement la manière Trump de faire savoir à ses collègues ce qu’il entend faire pour 2020. Alors bienvenue au « G8 » de 2020, quelque part aux USA.

TRUMP POURRA LE FAIRE

Le contexte, c’est que si pour 2019 c’est la France qui prend les rennes de la présidence du Groupe et qui organisera le prochain Sommet du G7, selon la routine de travaille des membres, viendra ensuite le tour des États-Unis. Et donc en 2020, alors qu’il sera à la dernière année de son actuel mandat présidentiel de quatre ans, Donald Trump pourra très bien prendre l’initiative d’accueillir à titre d’invité le président russe Vladimir Poutine.

« Oui, la marge de manœuvre du président qui organise un Sommet le permettrait », nous a confirmé le professeur John J. Kirton, directeur et fondateur du G7 Research Group de l’Université de Toronto, rencontré au Centre des médias le 8 juin, le jour même de la déclaration surprise du président Trump.

Si le consensus des 7 serait requis pour revoir participer la Russie comme membre du Groupe, et donc revenir du G7 à un G8, l’hôte Trump pourra, seul et devant lui-même, faire de la Russie SON invité et l’imposer à l’entourage des six autres participants. Un peu comme Justin Trudeau a fait à sa manière, en invitant 12 pays pour un sujet unique bien ciblé (la lutte aux déchets plastiques dans les océans), le président Trump aura aussi une marge d’initiative pour donner SA touche à son sommet, en 2020.

Le président Poutine ne pourrait ainsi probablement pas participer à toutes les séances de travail du G7 de 2020, mais il y pèserait certainement de sa seule présence et du fait de l’importance des discussions informelles en marge de la procédure et du déroulement de la réunion. On pourrait donc parler d’un « G8 » entre guillemet! Et reste aussi à voir que seront les thèmes et priorités que le président Trump, président hôte, voudra donner au Sommet de 2020. Ce qui pourrait encore jouer sur la pertinence et les possibilités de faire asseoir plus d’une fois Vladimir Poutine autour de la table.

BIENVENUE À BIARRITZ EN 2019

Quant à 2019, lors de sa conférence de presse, tenue à La Malbaie au sortir du G7 de 2018, le 9 juin, le président Macron de France a été clair sur cette question : « La Russie a été exclue par consensus du Groupe. Il y a eu les Accords de Minsk, suite à l’occupation russe de la Crimée, en Ukraine. Si la Russie respecte les Accords de Minsk, il me fera plaisir de l’accueillir en 2019 ».

En 2019, le Sommet se tiendra à Biarritz, « à la fin de l’été à une date encore à déterminer », a aussi annoncé le président Macron. Et il reste peu probable de voir Vladimir Poutine s’y pointer, pour réintégrer le Groupe des grandes puissances.

Mais pour 2020, les chances sont maintenant très grandes. Soulignons notamment que l’italien Conte avait affirmé, lui aussi sur Twitter, « être favorable » au retour de la Russie dans le groupe.

« Ils ont expulsé la Russie, ils devraient réintégrer la Russie. Parce que nous devrions avoir la Russie à la table de négociations », avait pour sa part dit le président Trump avant de quitter Washington le 8 juin au matin.

La pertinence d’avoir la Russie à cette table de négociations ne peut pas être niée fondamentalement par les autres membres du G7. Et la mise en punition de la Russie ne peut pas être éternelle. Washington et Rome semblent prêts à négocier.

La Russie, expulsée des Sommets en 2014 après avoir annexé la Crimée et avoir vu depuis les leaders du G7 lui imposer des sanctions à ce propos et rappelé, par ailleurs, à l’ordre Vladimir Poutine pour son soutien au régime de Bachar Al-Assad en Syrie, en a cependant beaucoup encore à se faire pardonner.

Très officiellement, les quatre pays européens présents au G7 de Charlevoix de 2018, soit la France, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume Uni, sont tombés d’accord à la clôture du vendredi 9 juin pour « refuser » le retour dans le cénacle de la Russie. Emmanuel Macron, Giuseppe ConteAngela Merkel et Theresa May ont convenu que « (…) la position européenne n’est pas un retour de la Russie » tout en rappelant la « vigilance du G7 » face à Moscou et en évoquant « la possibilité d’établir un dialogue »… ce qui semble clairement une concession faite à Rome.

Et un début d’ouverture vers la vision de Donald Trump !

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Voici les chiffres qui tuent la lutte contre les armes biologiques

Ce qui distingue particulièrement la question de la lutte contre les armes biologiques de celle contre les armes chimiques ou autres est toute la question du potentiel de « double usage ». Par « double usage » on entend des biens et équipements susceptibles d’usage militaire, tout autant que civil. Et dans le domaine biologique le recoupement entre le secteur civil et celui potentiellement militaire est de 95%, alors qu’on parle de 65% en matière chimique et de beaucoup moins pour les autres matières. Bref, toute manipulation du biologique semble quasi matière à haut risque, militaire inclus.

Heureusement, le passage à l’acte jusqu’à l’arme biologique est encore très difficile. Les experts appellent « militarisation » le concept de difficulté à transformer en arme de destruction massive une matière biologique ou chimique. Or, la manipulation à des fins explosives de quelques kilos de TNT est relativement simple comparativement à l’usage terroriste d’un agent pathogène qui, lui, représente une extrême difficulté liée à une planification beaucoup plus difficile à effectuer. C’est en bonne partie ce qui explique la quasi absence du terrorisme biologique de facto jusqu’à maintenant (exception faite des cas d’attaques postales à l’anthrax). Mais il ne faut pas dormir tranquille pour autant. Le progrès technologique et les innovations font aujourd’hui du monde un terreau toujours plus menaçant.

1925, 1969 et 2001

Les grandes dates du contrôle des armements à l’échelle planétaire ne sont par nombreuses.

C’est après les horreurs du conflit mondial de 1914-1918 que fut négocié, et adopté, le Protocole de Genève sur la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques, le 17 juin 1925. La Convention ENMOD, entrée en vigueur le 5 octobre 1978, est ensuite venue préciser l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles. Le Protocole de Genève de 1925 a maintenant 140 États parties (les derniers arrivés étant l’ex-République yougoslave de Macédoine le 20 août 2015 et la Colombie le 24 novembre 2015).

Le 25 novembre 1969 peut certes être aussi cité parmi les jours phares de l’histoire du désarmement : le président Nixon annonça effectivement ce jour-là la décision unilatérale des États-Unis d’Amérique de détruire leurs stocks d’armes biologiques. Moins de trois ans plus tard, l’humanité accouchait de la Convention pour l’interdiction des armes biologiques (CIAB), c’était en 1972. En 1993, s’y ajouta l’adoption, à Paris, de la Convention pour l’interdiction des armes chimiques, CIAC, alors par 165 pays signataires – convention entrée en vigueur le 29 avril 1997 grâce à l’enregistrement d’une 50e ratification -, qui est le texte international dans le domaine du désarmement le plus universel à ce jour avec 192 États parties. (Au moment de leur adhésions, six pays ont alors déclaré posséder des armes chimiques et ont donc été astreints au régime spécifique des États dits « possesseurs » : Albanie, Corée, Inde, Libye, Russie et USA. Mais cette convention prévoyait un calendrier contraignant pour la destruction des arsenaux existants avec un délai ultime fixé à 2012.)

Pourtant, le 7 décembre 2001, les diplomates des mêmes États-Unis d’Amérique mirent fin à la Conférence du désarment de Genève, ainsi qu’au « groupe ad hoc » rassemblant des experts chargés de travailler à un « protocole de vérification » à la CIAB. Bref : au seul moyen de rendre cette convention vérifiable, effective et contraignante.

Pourquoi ?

C’est encore le progrès technologique et les innovations qui expliquent – sans le justifier – un tel comportement.

LES CHIFFRES QUI TUENT

C’est qu’entre 1969 et 2001, le secteur de la biologie et des biotechnologies aura franchi un bond majeur. Notamment avec les retombées commerciales des découvertes à faire…
Premier chiffre convainquant : en 2000, aux USA seulement, 29 000 000 000$ furent investis dans le secteur des biotechnologies.

En 2001, au moins 190 000 scientifiques de haut niveau travaillaient dans ce secteur. Et les universités de ce pays diplômèrent, cette année-là, 6 526 docteurs d’État en biologie et en sciences agronomiques, selon la NRCNA.

Dans de telles conditions, alors que – il importe de la rappeler ici – dans le domaine de la biologie 95% des découvertes, des brevets, des innovations sont potentiellement « double usage », la première puissance économique mondiale ne pouvait pas limiter « pour la paix » ses bénéfices probables dans ce champs du biologique, ce qu’arriverait à faire d’une manière ou d’une autre une CIAB vérifiable, si dotée de mécanismes internationaux intrusifs.

Ainsi va le monde !

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Nuns, funds and guns: the firearms debate on Wall Street

Nous reproduisons ici, intégralement, le texte signé par le journaliste Marley Jay, du 26 mars 2018, de l’agence de presse The Associated Press.

La direction

NEW YORK (The Associated Press) – Some of Wall Street‘s heaviest hitters are stepping into the national debate on guns as investment firms ask firearms makers what they are doing about gun violence.

The firms speak softly, but because they own trillions of dollars’ worth of stock, their voices travel far. And they’re now joining forces with some unusual allies, including smaller and untraditional investors. In this context, the investment fund BlackRock, which owns big stakes in three different gun makers, might end up working alongside a group of nuns.

Sister Judith Byron, the director and co-ordinator of the Northwest Coalition for Responsible Investment, says her group and BlackRock appear to have similar ideas when it comes to gun manufacturers and retailers. Following the killing of 17 students and teachers at Marjory Stoneman Douglas High School in Parkland, Florida, funds like BlackRock started asking gun manufacturers what they are doing to reduce the risks of gun violence, and asking retailers how much they make from selling guns.

Byron says her group, a coalition of religious communities and health care systems, invested in firearms makers a decade ago and has been working on gun safety issues for years. In the last few months the coalition introduced resolutions pushing American Outdoor Brands, Sturm Ruger and retailer Dick’s Sporting Goods to give reports to investors about the steps they are taking to reduce gun violence.

« We’re hoping we can engage these big investors and encourage them to vote for our resolutions, » she says.

Some larger investors have similar views. The biggest public pension funds in the U.S., CalPERS, recently refused to sell its investments in companies that sell assault rifles. It says that by remaining an investor, it’s been able to get those companies to make positive changes.

The nuns aren’t protesters, and they don’t carry props or signs to disrupt board meetings, although they sometimes work alongside groups that use those tactics. Byron says some of the shareholder meetings she’s attended have been downright pleasant, with investors and board members thanking her for asking questions.

Support from investment firms was crucial to the coalition’s big success last year when, after decades of work, it backed a successful resolution that required oil giant Exxon Mobil to disclose the effects climate change is having on its business.

Erik Gordon, a professor at the University of Michigan’s Ross School of Business, said companies are often reluctant to risk any sales in order to do the responsible thing. But it does sometimes happen, as when CVS stores stopped selling cigarettes in 2014. He said activists deserve most of the credit for getting the funds to speak out.

« BlackRock didn’t wake up one morning and say, ‘We are going to take a different approach to investing, it’s the right thing to do,' » he said. « It’s a reaction to the activists. »

The top priority of firms like BlackRock, State Street and mutual fund company Vanguard is to make as much money as possible for their clients. But because they own so much stock, they can wield a lot of influence: They can support new directors who want to change the direction of the company and back proposals that change the way it operates.

BlackRock is a major shareholder in gun makers Sturm Ruger, American Outdoor Brands, and Vista Outdoor Brands. About a week after the shooting in Parkland, BlackRock said it wanted to speak with the three firearms makers about their responses to the tragedy. The fund said it is looking into creating new investment funds for investors that exclude firearms makers and retailers, and if many funds and investors followed suit, that would affect the price of those stocks.

In a letter to BlackRock, American Outdoor Brands said it supports steps that will promote gun safety while protecting the rights of firearm owners. The company said it backs measures including improved background checks and improved support for people with mental illnesses, but said it’s opposed to « politically motivated action » that won’t improve public safety. Sturm Ruger did not immediately respond to a request for comment.

In other words, there are limits to the funds’ power. They aren’t choosy investors and won’t dump the gun makers no matter what they say. That’s because their main investment strategy to invest in huge numbers of companies, including every stock listed on the Standard & Poor’s 500 index.

According to Todd Rosenbluth, CFRA‘s director of research into funds and exchange-traded funds, that means BlackRock and Vanguard don’t have that much leverage compared to activist investors or hedge funds. Those investors can have more dramatic effects on individual companies because they can buy up the stock, run for seats on the board themselves, or threaten to sell the shares if they don’t like the company’s choices.

« They can use their wallet and sell the shares or they can pressure the companies and threaten to sell the shares if actions aren’t taken, » said Rosenbluth. So far, he said those investors aren’t really getting involved in the debate.

Still, there have been changes: Dick’s, Walmart, Kroger and L. L. Bean have all said they will no longer sell guns to shoppers under the age of 21. Rosenbluth said that has more to do with the ongoing national debate about gun safety and regulations than anything the investment firms have said, and he believes laws will ultimately have a larger effect.

But Byron, who also wants new gun laws, says she is encouraged by the response from corporate America.

« We see companies taking leadership roles in environmental and social issues, which is encouraging, » said Byron, adding that as shareholders, « they’re our companies. We own them.« 

Un nouveau traité de 16 ans sur la pêche dans l’Arctique

Pour les 16 prochaines années, un nouveau traité international à l’égard de l’Arctique y interdira la pêche commerciale en haute mer. C’est la première fois qu’un accord international de cette ampleur est conclu AVANT la pratique d’une pêche commerciale dans une région située en haute mer.

Au Canada, le ministre fédéral des Pêches et des Océans, Dominic LeBlanc, a annoncé la nouvelle par communiqué en ce denier jour de novembre 2017: «(…) le Canada a atteint un accord de principe historique (…) à Washington, D.C., pour prévenir la pêche commerciale non réglementée en haute mer au centre de l’océan Arctique ».

Les signataires incluent les cinq pays qui ont une côte arctique, en plus de la Chine, du Japon, de la Corée du Sud, de l’Islande et de l’Union européenne.

Les Inuits de trois pays, dont ceux du Canada, étaient de ceux qui ont participé aux discussions.

Entendu pour être en vigueur pendant 16 ans, l’entente sera par la suite renouvelée aux cinq ans.

Ce nouveau traité international, qui concerne les eaux qui se trouvent à au moins 200 kilomètres des côtes de tout État côtier, représente quelque 2,8 millions de kilomètres carrés d’océan. C’est environ la même superficie que toute la mer Méditerranée.

Comme ces eaux étaient anciennement – et encore récemment – gelées toute l’année, il n’y avait pas tant d’intérêts. Mais le réchauffement climatique qui continue de modifier l’Arctique a changé la donne. Environ 40% du secteur était accessible libre de glace l’an dernier.

Même si aucune pêche commerciale ne s’y déroule actuellement, il y a de plus en plus de poissons qui sont poussés vers le nord, autre effet des changements climatiques. Et les scientifiques autant que les pêcheurs se demandent quelles ressources se cachent dans ces eaux, auparavant inaccessibles.

Les signataires de l’entente s’engagent également à participer à un important programme scientifique. Une entente précédente regroupait uniquement le Canada, les États-Unis, la Russie, la Norvège et le Danemark.

Greenpeace CRIE VICTOIRE!

« C’est une victoire historique pour la protection de l’Arctique et une journée de célébration. Grâce aux millions de voix de partout dans le monde qui ont soutenu la campagne Sauvons l’Arctique (Save the Arctic), cette zone unique au sommet du monde sera à l’abri des pêches destructrices. Nous applaudissons les pays qui soutiennent cet accord et attendons qu’ils utilisent les 16 prochaines années pour convenir d’une protection permanente de l’océan Arctique central contre la pêche commerciale et d’autres industries extractives », a déclaré Jon Burgwald, conseiller politique, pour Greenpeace Nordic.

L’entente étant vue comme un accord juridiquement contraignant qui sera automatiquement prolongé tous les cinq ans, à moins qu’un pays ne s’y oppose ou qu’un plan de gestion de la pêche fondé sur la science ne soit mis en place.

Il est « vital », selon eux, que tous les pays concernés ratifient maintenant l’accord et s’engagent à protéger à long terme cet « océan vulnérable au sommet du monde ».

EN ROUTE POUR LE RESTE

Cette grande nouvelle pour l’Arctique intervient au moment même où entre en vigueur la décision de la création d’une zone de protection marine couvrant 1,5 million de kilomètres carrés dans la Mer de Ross, en Antarctique.

Mais la tâche mondiale est encore plus grande. Et les militants de Greenpeace tenaient aussi à le rappeler.

« Bien que des mesures d’envergure aient maintenant été prises pour protéger le centre de l’océan Arctique, il est important que ces pays jouent également un rôle progressiste dans les négociations des Nations Unies sur la protection de la haute mer. Le processus de l’ONU a le potentiel de protéger tous les océans en haute mer, et ces pays doivent élever leur jeu d’un cran et soutenir un accord global et ambitieux », a aussi déclaré Jon Burgwald.

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(Source de l’image: http://www.rcinet.ca )

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Vivons-nous dans un monde « G zéro » ?

C’est de la cohérent du système international dont il est ici question. Le professeur Robert Wolfe, de la Scholl of Policy Studies de l’Université Queen’s, appelle le monde économique et politique actuel un monde de « G zéro ». C’est-à-dire, un monde dans lequel aucun groupe de pays, pas même ceux du G7 ou du G20, ne peut ou ne souhaite jouer un rôle de dirigeant face aux enjeux du commerce planétaire. Vivons-nous dans un monde « G zéro » ? Si ce jugement est juste, est-ce pour autant préoccupant ?

L’enlisement des pourparlers à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) serait devenu tel, notamment, qu’il faille parler « des restes des moribondes négociations du Cycle de Doha ». Ce cycle, qui avait débuté en 2001, l’année même de l’entrée officielle de la République populaire de Chine à l’OMC.

À preuve, en réaction, la tendance actuelle des États à bifurquer de plus en plus du système multilatéral et à négocier de accords bilatéraux ou régionaux. Exemples : le Partenariat Transpacifique (PTP) et l’Accord économique et commercial global (AECG) CanadaEurope.

Concernant justement le PTP, il est intéressant de considérer que 32 accord de libre-échange ayant chacun leur propre série de règles sont actuellement en vigueur parmi les sous–ensembles des 12 pays signataires de ce projet-là. Un PTP confirmé rendrait certes moins compliqué un tel enchevêtrement d’accords divers.

L’interdépendance du commerce mondial est telle qu’un nouveau Boing 787 Dreamliner revendique pas moins de 7 drapeaux pour l’origine de ses plus importantes constituantes.

Mais pour Richard Wolfe : « Même si d’importants accords préférentiels sont mis en œuvre, leurs faiblesses institutionnelles – notamment l’absence de solides mécanismes de surveillance, de secrétariats expérimentés et de mécanismes éprouvés de règlements des différends – les empêcheront en dernier ressort de favoriser la cohésion du système d’échanges international ».

Conclusion de l’affaire : la clé manquante essentielle d’un système international plus cohérent résiderait dans un arrangement entre la Chine et les USA.

La fin du G zéro passera donc par un contexte de G2 à advenir.

Le progrès sur l’Accord sur les biens environnementaux (ABE) ouvre la voie pour de nouvelles négociations

Des ministres et des hauts fonctionnaires représentant 46 Membres de l’OMC se sont réunis à Genève, en décembre 2016, afin d’œuvrer vers une libéralisation du commerce pour une série de biens environnementaux importants. Des discussions constructives ont eu lieu et des progrès ont été faits mais les participants n’ont pas été en mesure de réduire les divergences existantes à ce stade. Ces discussions intensives ouvrent la voie pour de nouvelles négociations dans l’avenir.

Pour le directeur général de l’OMC, il ne s’agit pas d’un accord commercial habituel, car il porte principalement sur la protection d’un bien mondial commun: l’environnement. Et le système commercial devrait être en mesure de contribuer positivement et concrètement à la lutte contre la dégradation de l’environnement. Avec en tête notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’ONU.

Les 45 pays en question sont responsables de la majorité des échanges mondiaux de biens environnementaux. Depuis janvier 2014, ils ont engagé des négociations visant à réduire considérablement les droits de douane appliqués à des produits utilisés pour tout un ensemble de fonctions liées à l’environnement, y compris: produire une énergie propre et renouvelable; améliorer l’efficacité énergétique et de l’utilisation des ressources d’énergie; réduire la pollution de l’air, de l’eau et des sols; gérer les déchets solides et dangereux; lutter contre le bruit; et surveiller la qualité de l’environnement.

Les participants à l’ABE sont les suivants: Australie; Canada; Chine; Corée; Costa Rica; États-Unis, Hong Kong (Chine); Islande; Israël; Japon; Liechtenstein; Norvège; Nouvelle-Zélande; Singapour; Suisse; Taipei chinois; Turquie et l’Union européenne avec ses 28 États membres.

(Source : https://www.wto.org/french/tratop_f/envir_f/ega_f.htm)

Si cette absence de leadership peut préoccuper, le travail continue tout de même. Plus pertinent exemple du moment : le projet à l’OMC d’Accord sur les biens environnementaux (ABE), dont les négociations en cours entre de nombreux membres de l’OMC visent à libéraliser les échanges d’un vaste éventail de biens, comme l’énergie renouvelable. Mais depuis les derniers échos d’une rencontre ministérielle en décembre 2016 (voir notre encadré), pas de nouvelle.

Mais le monde scientifique, lui, vient tout récemment de livrer une contribution fort pertinente afin d’encourager les dirigeants politiques à mieux se coordonner. Avec le récent ouvrage collectif, au Canada, de l’Institut de recherche en politiques publiques du (IRPP) « L’art de l’État (Vol. VI) : Les politiques commerciales du Canada au carrefour des nouvelles réalités mondiales / Redesigning Canadian Trade Policies for New Global Realities », des données empiriques et théoriques indiscutables montrent que le commerce international et l’investissement étranger peuvent améliorer la productivité, l’innovation et la croissance, mondialement. Ce, notamment dans les petites économies ouvertes, comme justement le Canada.

Politiquement plus compliqué, un monde « G zéro » n’est pas économiquement une victime assurée d’une croissance zéro. Sa lecture en est que plus floue à comprendre. Son leadership instable.

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Source de l’image : http://irpp.org/fr/irpp-event/adapting-canadian-trade/

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