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Québec-Bavière Entrevue avec le délégué général du Québec à Munich : Claude Trudelle

(CM) Depuis quand êtes-vous en poste en Allemagne ? Parlez-nous un peu de vous…

Je suis en poste comme délégué général du Québec à Munich depuis décembre 2014, soit depuis environ deux ans et demi. Dans le passé, j’ai aussi travaillé à Berlin, de 2006 à 2008, et en 2013 comme directeur du Bureau du Québec à Berlin ainsi qu’à Munich, de 2001 à 2006, en tant que conseiller aux affaires politiques et publiques. Côté académique, j’ai fait une maîtrise en Relations internationales de l’Université Laval (dans le cadre de laquelle j’avais effectué un stage très intéressant au Conseil de l’Europe, à Strasbourg). Fonctionnaire de carrière, j’ai travaillé pendant dix ans comme conseiller à la Direction des relations interparlementaires de l’Assemblée nationale du Québec, une année au secrétariat de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, à Paris, et six ans dans diverses fonctions au sein du ministère des Relations internationales et de la Francophonie, à Québec.

Le Québec dispose actuellement à Munich et à Berlin d’une équipe d’une dizaine de personnes. Alors que le service économique, qui soutient nos entreprises et nos chercheurs, est basé à Munich, notre service culturel, qui accompagne nos artistes et nos troupes de danse ou de cirque, par exemple, est installé à Berlin. De ces deux villes, nous sommes actifs sur l’ensemble de notre territoire : l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse qui totalisent environ 100 millions d’habitants et qui connaissent une conjoncture économique très favorable.

(CM) Québec-Bavière : est-ce une relation surtout politique, surtout économique, culturel, ou scientifique ?

Les relations du Québec et de la Bavière remontent à quelques décennies déjà. Les bases formelles de notre coopération ont été posées en 1989, quand nos chefs de gouvernement de l’époque, messieurs Bourassa et Streibl, se sont mis d’accord pour rapprocher les ministères, les chercheurs, les entrepreneurs, les étudiants et les créateurs du Québec et de la Bavière. Plusieurs centaines de projets bilatéraux ont été soutenus, accompagnés et réalisés au cours des 26 années suivantes. Nos relations sont donc tout à la fois politiques, économiques, scientifiques et culturelles. 

Bien sûr, nous appuyons toutes les initiatives qui peuvent contribuer à la prospérité du Québec et répondons aux demandes qui nous sont régulièrement adressées par des entreprises québécoises. Nous sommes particulièrement actifs dans le secteur aéronautique et dans celui de la recherche médicale. Mais nous accompagnons aussi nos entreprises lors de divers événements ayant lieu en Allemagne dans les secteurs de la mode, de l’agroalimentaire ou des technologies de l’information. Les stratégies relatives à la numérisation de l’économie et à Industrie 4.0 mobilisent de plus en plus nos ressources.

Il faut par ailleurs savoir que les relations Québec-Bavière couvrent aussi bien la sphère gouvernementale que parlementaire, les parlements québécois et bavarois disposant également de structures qui leur permettent d’échanger de l’information sur divers sujets d’actualité et d’accueillir leurs délégations. Le secteur culturel n’est pas en reste. Ainsi, en mai, plusieurs troupes de danse moderne de Montréal sont accueillies à Munich à l’occasion du grand festival Dance 2017.

Je tiens à souligner aussi que nous sommes de plus en plus actifs en Suisse en général et particulièrement en Suisse romande. Ainsi, de janvier à avril 2017, nous avons vu deux belles activités de promotion du Québec dans ce pays. En premier lieu, la Cinémathèque suisse a organisé une rétrospective du cinéma québécois à Lausanne, où 25 films québécois récents ont été projetés sur une période d’un mois, et, fin avril, le Salon du livre et de la presse de Genève a accueilli 60 auteurs et 70 éditeurs québécois. J’ai eu l’honneur d’inaugurer ces deux activités.

(CM) Pourquoi y a-t-il eu une ouverture d’un Bureau du Québec à Munich initialement et pourquoi est-il devenu une délégation générale ?

C’est en 1997 que le Québec a ouvert un Bureau à Munich, soit un an après la fermeture de la Délégation générale du Québec à Düsseldorf, ville où il était présent depuis 1970. Le Bureau du Québec à Munich est devenu Délégation générale en 2006. Notre Délégation générale vient en fait d’aménager, depuis octobre dernier, dans un nouvel immeuble qui appartient au gouvernement du Québec et dans lequel on trouve les bureaux au rez-de-chaussée et la résidence officielle à l’étage. Quant à l’Antenne du Québec à Berlin, elle existe depuis 1999 et est logée sur la Pariser Platz, à côté de la Porte de Brandebourg, de l’ambassade de France et de l’ambassade des États-Unis, un emplacement bien sûr exceptionnel dans la capitale allemande qui est aussi l’une des plus grandes métropoles culturelles de l’Europe et du monde.

(CM) Êtes-vous initiateur de projets ici-même… Exemples ?

Le premier rôle d’une délégation générale est d’ouvrir des portes à nos entreprises et à nos créateurs, ainsi qu’à nos décideurs politiques.  On s’efforce de les guider, de les accompagner dans leurs prises de contacts et leurs opérations sur un territoire et dans un environnement culturel qu’ils connaissent généralement peu et qui requièrent parfois certains ajustements interculturels pour assurer le succès de nos partenariats et de nos initiatives. Mais une représentation du Québec à l’étranger n’a pas vocation à soutenir financièrement nos entreprises ou nos artistes, ce rôle est joué par nos ministères et organismes publics au Québec. Et nous travaillons bien entendu étroitement avec eux, qu’il s’agisse du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (MESI), du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ)  ou de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).

L’ensemble de nos interventions sont bien sûr placées sous le chapeau de la nouvelle Politique internationale du Québec, rendue publique en avril dernier par la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, madame Christine St-Pierre, dont le mandat général est de coordonner l’action internationale du Québec. Il faut d’ailleurs souligner que le MRIF fête cette année son 50e anniversaire.

(CM) Offrez-vous à la Délégation générale des programmes spécifiques pour accompagner les initiateurs de projet ?

Comme je l’ai mentionné précédemment, une représentation du Québec à l’étranger n’a pas vocation à soutenir financièrement nos entreprises ou nos artistes, ce rôle est joué par nos ministères et organismes publics au Québec.

(CM) Pour les gens d’affaires, quelles sont les plus belles opportunités présentement à vos yeux ?

L’enjeu du passage à l’ère numérique chez les manufacturiers allemands est incontournable ici. L’industrie 4.0 exige que tous investissent dans les technologies pour demeurer chef de file en production. Nous participons à plusieurs activités où ce sujet est abordé. Comme les entreprises québécoises offrent plusieurs solutions numériques (optique-photonique, logiciel, robots), il leur est possible de s’insérer dans les chaînes d’approvisionnement.

La transition énergétique, qui doit permettre à l’Allemagne de consommer 80% d’énergies renouvelables d’ici 2050, oblige le pays tout entier à développer les énergies alternatives, ce qui offre la chance aux PME québécoises spécialisées dans le transport et la distribution d’électricité de se faire connaître et de gagner des clients ici.

En lien avec les secteurs de force du Québec, l’aéronautique offre de belles perspectives d’échanges commerciaux avec la Bavière, tant au niveau des manufacturiers, que des nombreux sous-traitants.

(CM) Que va changer l’Accord économique Canada-Europe pour vous ?

L’Accord économique et commercial global (AECG) ratifié le 15 février dernier par le Parlement européen et qui le sera incessamment par le Parlement du Canada, et qui fera également l’objet d’un acte officiel de l’Assemblée nationale du Québec, devrait entrer en vigueur de manière provisoire dans les tout prochains mois. Il s’agit d’une grande victoire combinée des diplomaties européenne et canadienne, bien sûr, mais également d’une grande victoire pour la diplomatie québécoise qui a été très active, bien que de manière parfois discrète, pour s’assurer que cet accord soit, dans un premier temps, négocié, et pour qu’il soit ensuite approuvé aux niveaux européen et national et ratifié par les instances européennes.

Il s’agit d’une grande victoire pour le Québec et le Canada car cet accord ouvre à nos entreprises le marché des 500 millions de consommateurs des 28 États membres de l’Union européenne (plus de 20% du PIB mondial). La vaste majorité des droits de douanes applicables à nos produits en Europe disparaîtront dès l’entrée en vigueur de l’AECG, ce qui représente un gain souvent significatif pour la compétitivité des entreprises du Québec en Europe. Divers produits agroalimentaires du Québec pourraient ainsi bénéficier de l’AECG, les tarifs douaniers devant être éliminés sur le sirop d’érable par exemple. L’AECG stimulera aussi les exportations québécoises de produits du porc, de produits biologiques, de produits de la mer et de petits fruits. Il simplifiera aussi le processus de certification de nos produits en Europe et permettra également à nos entreprises de participer aux appels d’offre des institutions publiques en Europe, non seulement ceux des institutions communautaires, mais également ceux des gouvernements des États membres et de leurs instances régionales. Il s’agit de marchés publics dont on imagine à peine l’envergure car l’État continue de jouer un rôle de premier plan dans l’économie et en matière de services sociaux en Europe, notamment en Allemagne

Dans l’actuel contexte international, cette ouverture réciproque des marchés européen et canadien pourrait s’avérer stratégique sur les plans économique et politique.

Dans cette période d’incertitudes concernant le libre-échange, le Québec et la Bavière pourront profiter d’un cadre réglementaire fiable pour accroître leurs échanges. À terme, la reconnaissance des qualifications professionnelles pourrait combler certaines pénuries de main-d’œuvre au Québec.

(CM) Et pour les relations Québec-Bavière ?

L’AECG ne pourra que contribuer à resserrer les relations économiques entre l’Allemagne et le Canada en général et entre le Québec et la Bavière en particulier. Gardons à l’esprit que l’Allemagne et la Bavière affichent une santé macroéconomique remarquable, connaissent un chômage très faible et demeurent des leaders européens et mondiaux en matière d’innovation technologique. Les obstacles au commerce et aux échanges diminuant ou disparaissant complètement, les entreprises québécoises et bavaroises pourront développer plus facilement des partenariats d’affaires et envoyer leur personnel sur le territoire de l’autre pays étant donné que l’accord prévoit aussi certains aménagements à ce niveau.

Pour la Délégation générale du Québec en Allemagne, il est vraisemblable que le nombre de demandes d’information en provenance de nos entreprises augmentera et que notre travail d’accompagnement commercial, réglementaire (certification) et technologique s’intensifiera. La même chose sera sans doute vraie en matière d’investissements croisés.  Je peux vous confirmer, par ailleurs, que bon nombre d’entreprises bavaroises, ainsi que les associations industrielles bavaroises et allemandes, suivent de près le dossier de l’AECG, bien conscientes que l’économie allemande, foncièrement exportatrice, ne pourra qu’en bénéficier. En tout cas, nous prenons déjà nos dispositions pour faire face à ce défi formidable et historique, car l’AECG marquera sans doute une nouvelle étape des relations déjà matures entre le Québec et l’Europe.

Consultez l’article 1 de 5 du Dossier spécial.

Consultez l’article 2 du Dossier spécial.

Consultez l’entrevue avec Benjamin Emans, le directeur de la Représentation de l’État de la Bavière à Montréal.

Consultez l’article 5 sur l’innovation de ce Dossier spécial.

Québec-Bavière Entrevue avec Benjamin Emans : nouvelles opportunités pour les entreprises

 

 

En 2013,
l’Allemagne représentait le 1er partenaire commercial du Québec
en Europe.

Partenaire majeur du lien Québec-Bavière, nous avons posé quelques questions au directeur de la Représentation de l’État de Bavière au Québec : Benjamin Emans.

 
(CM) M. Emans, depuis quand êtes-vous en poste à Montréal ? Parlez-nous un peu de vous…

Montréal en novembre 2014. Pour un premier hiver canadien, c’était toute une entrée en matière, puisque si vous vous souvenez, le mois de février 2015 a enregistré la plus importante et longue vague de froid depuis la fin du 19e siècle… Auparavant j’étais au département de la politique de recherche et de technologie du ministère de l’Économie de la Bavière.

(CM) Québec-Bavière : est-ce une relation surtout Politique, surtout Économique, Culturel, ou Scientifique ?

En fait c’est un peu de tout, la relation est extrêmement variée et c’est je crois une partie de ce qui fait sa longévité. Pour vous donner quelques exemples, nous aidons les ministères à communiquer entre eux et à mettre en place des mécanismes d’échanges, comme par exemple entre le DPCP au Québec et les procureurs en Bavière. Cela s’applique également aux ONG : récemment, nous avons vu la naissance de relations très amicales et prometteuses entre la Croix Rouge de Bavière et la Croix Rouge du Canada, division du Québec.

Nous mettons en contact des partenaires potentiels sur le plan économique – PME bavaroises qui cherchent des nouveaux marchés, des partenaires de distribution ou d’affaires au Québec ou au Canada ; gens d’affaires canadiens et québécois qui s’intéressent au climat d’investissement en Bavière et aux opportunités présentées par telle ou telle région selon leur secteur d’activité ; grappes industrielles qui veulent collaborer pour mettre en valeur les meilleures pratiques ; etc.

En termes de R&D et d’échanges technologiques, nous aidons les chercheurs à nouer des contacts et monter des projets avec des partenaires qu’ils identifient en lien avec leur domaine de recherche. Sur le plan culturel, nous avons vu s’établir de très belles collaborations entre différentes institutions d’ici et de là-bas, comme par exemple les « Portraits croisés », où des jeunes étudiants cinéastes passent un mois dans la région partenaire pour y réaliser un court-métrage documentaire. Ces petits films sont des bijoux et plusieurs ont gagné des prix dans des festivals internationaux.

Enfin, nous nous réjouissons de voir de nombreux accords d’échanges entre universités de Bavière et du Québec, qui permettent aux jeunes d’apprendre tôt à connaître l’autre région. Le ministre-président de la Bavière et le premier ministre du Québec décernent chacun annuellement des bourses d’études spécifiquement pour les étudiants qui s’intéressent aux relations Bavière-Québec.

(CM) Pourquoi y a-t-il eu une ouverture de Bureau à Montréal ?

La coopération elle-même a été initiée à la fin des années 1990, alors principalement sur le plan des échanges économiques et technologiques et du transfert de connaissances. Au fil du temps, les deux régions se sont « trouvées » si on peut dire ainsi : elles ont en réalité de nombreux points communs, malgré la barrière de la langue, chacune axée sur le développement des industries de haute technologie. Bref, la relation entre les acteurs bavarois et québécois de ces échanges s’est développée au point qu’il devenait nécessaire d’affecter du personnel à temps plein au suivi des projets qui en résultaient, et c’était vrai aussi bien pour la Bavière que pour le Québec : ainsi a été fondée en 1998 la Délégation générale du Québec à Munich, et en 1999 la Représentation de l’État de Bavière au Québec.

(CM) Êtes-vous initiateur de projets… Exemples ?

Dans le cadre de la coopération, les principaux acteurs ministériels se réunissent une fois tous les deux ans, alternativement à Québec et à Munich, pour une session du « Groupe de travail Québec-Bavière ». Dans l’année précédant ces rencontres, le MRIF publie un Appel à projets au Québec : les personnes, institutions culturelles, laboratoires de recherche, PME, etc. intéressés sont invités à soumettre leurs idées, avec un ou des partenaires qu’ils identifient, et ces dossiers sont ensuite examinés collectivement lors de nos rencontres du Groupe de travail. En général, sur une période de deux ans, c’est une soixantaine de projets qui seront suivis et soutenus, soit financièrement, soit d’un point de vue logistique, pratique, administratif ou tout autre besoin. Je nous vois réellement comme des facilitateurs : ce qui nous remplit de fierté, c’est de voir deux partenaires s’entendre si  bien qu’ils… n’ont plus besoin de nous pour continuer !

(CM) Offrez-vous à la Représentation des programmes spécifiques pour accompagner les initiateurs de projets ?

Via ma collègue Florence Gauzy, qui travaille depuis Munich, nous accompagnons des projets de recherche où se côtoient des scientifiques bavarois et québécois et qui parfois  deviennent des plateformes internationales comme le projet TIRCON. Dans ce cadre, nous offrons un soutien financier à la mobilité internationale des chercheurs.

Le mandat de la Représentation elle-même est toutefois plus large que cela et s’adresse en réalité à tous les acteurs d’un projet donné. Notre travail couvre en grande partie l’accompagnement des projets approuvés lors des rencontres du Groupe de travail Québec-Bavière, puisque nous servons très souvent d’intermédiaire entre les institutions, surtout en début de projet lorsque les communications sont en cours d’établissement.

Enfin, un des volets les plus excitants de ce que nous faisons est d’aider les partenaires potentiels à « se trouver » en identifiant les opportunités actuelles et futures : nous sommes présents à plusieurs salons commerciaux et foires d’affaires tout au long de l’année, ici comme en Bavière, dans des domaines d’activité qui présentent un potentiel futur intéressant pour chacune de nos régions – dans le passé très récent, par exemple, l’électrification des transports, où chacune des régions a la possibilité d’enrichir l’autre par le biais de collaborations industrielles et scientifiques que nous pouvons aider à mettre en place.

(CM) Pour les gens d’affaires, quelles sont les plus belles opportunités présentement à vos yeux ?

La Bavière est dotée d’un réseau de grappes industrielles qui mettent en contact aussi bien les grands donneurs d’ordre que les PME, les institutions de R&D et de formation universitaire et technique, les entrepreneurs et gens d’affaires et les étudiants, et enfin les ministères. Ce réseau est la colonne vertébrale de l’économie bavaroise, qui  est d’une part fortement industrialisée, et d’autre part à la pointe de la technologie : « l’industrie 4.0 » (l’automatisation des processus industriels) est déjà implantée dans plusieurs secteurs de fabrication. Les technologies de pointe sont donc un des moteurs de la croissance future en Bavière.

La région de Munich vient d’être reconnue par le fédéral comme « plateforme technologique » en transports électriques par exemple, alors que la région d’Erlangen-Nuremberg est depuis longtemps un des hauts-lieux européens des technologies médicales. En aéronautique et aérospatiale, en TI et médias audiovisuels, en technologies médicales et en technologies environnementales (transition énergétique), je vois de grands potentiels de collaboration et de croissance.

(CM) Que va changer l’Accord économique Canada-Europe pour vous ?

Dans la pratique, cet accord est un grand pas en avant. L’abolition des barrières tarifaires et de toute une série de barrières réglementaires relatives aux produits européens va grandement aider les exportateurs allemands – et  bavarois en particulier – à faire connaître leurs produits sur les marchés canadien et québécois. La contrepartie est vraie également. Nous nous attendons donc à une certaine croissance du commerce transatlantique, d’un point de vue général.

(CM) Et pour les relations Québec-Bavière ?

Nos partenaires sont très régulièrement confrontés à des questions de normes de sécurité par exemple, et donc de certification. Avec l’AECG, ces questions seront désormais plus faciles à résoudre puisqu’il y aura reconnaissance mutuelle des niveaux de standards techniques d’une part et de l’autre de l’Atlantique.  Pour les PME prêtes à partir à la conquête des marchés nord-américains, c’est un vrai plus.

Consultez l’article 1 de 5 du Dossier spécial.

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Dossier spécial Québec-Bavière : plus de 25 ans de partenariat qui facilite les affaires (2 de 5)

La relation de partenariat officiel entre le Québec et la Bavière est déjà une histoire d’un gros quart de siècle. C’est précisément en 2014 que le stade du 25 ans fut fêté et salué. Parce que c’est le 18 janvier 1989, par un communiqué conjoint signé à Munich entre le premier ministre du Québec, Robert Bourassa, et le ministre-président de la Bavière, Max Streibl, que les deux États confirmaient la signature de l’accord de coopération liant la Bavière et le Québec. Cela, forts des résultats de quelques années préalables de relations bilatérales déjà constructives.

S’il faudra attendre 1997 pour que le Québec ouvre sa représentation à Munich, alors qu’en 1999 la Bavière faisait de même à Montréal, le Groupe de travail sur la coopération Québec-Bavière se réunit tous les deux ans depuis 1991. Notamment axée sur l’innovation technologique, le développement durable, la création artistique et les échanges éducatifs, la coopération entre les deux sociétés a évolué au fil des années et a produit de nombreux résultats concrets.

Quantitativement, depuis 1989, plus de 650 activités de coopérations sont à mettre au profit du partenariat officiel entre le Québec et la Bavière.

C’est surtout le canal de confiance réciproque et la solidité de la relation qui incombe maintenant. À titre de premier ministre, Jean Charest ira deux fois à Munich en voyage officiel, en 2006 et 2011.

Toutes deux des sociétés parmi les plus développées au monde, le Québec et la Bavière ont beaucoup à partager, à faire ensemble. La Bavière est parmi les terres les plus innovantes de la planète : plus de 25% des demandes de brevet d’Allemagne sont issues de la Bavière. La capitale politique et économique, Munich est la troisième ville du pays avec plus de 5 millions d’habitants dans sa région métropolitaine. Elle est aussi l’une des villes les plus riches de l’Union européenne, grâce à un PIB/habitant dépassant les 53 000 Euros. Et l’aéroport de Munich, parmi les plus efficaces en Europe, a d’ailleurs été sacré six fois le « meilleur d’Europe ». Comme la capitale du Québec pour l’Amérique, Munich a aussi pour particularité d’accueillir de nombreux sièges sociaux de sociétés d’assurances en Allemagne.

Actuellement, les secteurs phares de la coopération Québec-Bavière touchent l’aéronautique, les technologies médicales, l’énergie et le développement des grappes industrielles (clusters). Car la Bavière a fait du développement de clusters un véritable fondement de sa stratégie de développement industriel. Le gouvernement de l’État de Bavière offre depuis longtemps un fort soutien à des secteurs choisis, dont un des principaux véhicules de soutien est l’Alliance bavaroise pour l’innovation, qui a comme pilier la création de clusters ou grappes industrielles dans 19 secteurs clés de son économie.

Les 19 clusters de la Bavière

 
Technique de l’automobile

Génie ferroviaire

Logistique

Aérospatiale

Navigation par satellite

Biotechnologies

Génie médical

Technologies énergétiques

Technologies de l’environnement

Produits forestiers

Industries de transformation des produits alimentaires

Services financiers

Médias

Génie des matériaux

Industries chimiques

Nanotechnologies

Technologies de l’information et de la communication

Électronique à haute performance

Mécatronique et automatisation

 Pour aller plus loin : www.invest-in-bavaria.de/fr/accueil/ ou contacter directement la Représentation.

Chacune de ces grappes est conçue pour favoriser, sur l’ensemble du territoire de la Bavière, le renforcement de réseaux de coopération entre entreprises, établissements d’enseignement supérieur, instituts de recherche et de développement, ainsi que des fournisseurs de services spécialisés et de soutien financier.

Une coopération devenue multidisciplinaire

Portant initialement sur les échanges économiques et technologiques, l’accord de coopération liant la Bavière et le Québec s’est au fil du temps élargi aux échanges scientifiques, culturels, politiques et administratifs, mais aussi dans le domaine de l’éducation.

De nouvelles ententes de collaboration ont d’ailleurs été convenues encore récemment.

  • Avril 2017 a vu le Consortium pour la recherche et l’innovation en aéronautique du Québec (CRIAQ) signer une déclaration d’intentions avec le campus Ludwig-Bölkow de Munich Aerospace GmbH.
    Signée en présence de représentants officiels des gouvernements bavarois et québécois, cette déclaration d’intentions vise à approfondir les activités communes dans tous les domaines de l’aérospatiale, depuis le « green aerospace » jusqu’aux systèmes autonomes, en passant par les systèmes intégrés, la sécurité publique et l’innovation et l’entrepreneuriat. Le Campus Ludwig-Bölkow (LBC) a été créé en mai 2012 avec pour objectif de devenir une plateforme internationale en innovation et en formation axée sur la pratique dans le secteur de l’aéronautique, aérospatiale et sécurité. Sur le campus d’Ottobrunn/Taufkirchen, proche de Munich, activités d’enseignement, industrielles et scientifiques travaillent donc en réseau étroit, en provenance du monde entier, pour créer des synergies, ce depuis l’idéation jusqu’à la fabrication finale d’un produit.

 

  • En mars 2017, une délégation d’enseignants de Munich visitait Québec et Montréal pour en apprendre plus sur les mesures d’intégration des immigrants dans le système d’éducation publique au Québec. Un groupe de 17 personnes : enseignants du primaire et du secondaire, éducateurs en milieu de garde préscolaire, responsables du département d’Éducation et du Sport de la Ville de Munich. Cette visite s’inscrivait dans la suite de celle des parlementaires de la Commission sur l’éducation du Landtag, venus au Québec au printemps 2016 afin de s’informer sur les politiques québécoise en matière d’éducation publique et d’intégration des immigrants et des réfugiés.

 

  • Septembre 2014, à Montréal, une entente de coopération Bavière-Québec en matière de recherche et de technologie fut signée par le Dr. Michael Mihatsch, sous-ministre adjoint au ministère bavarois de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur, des Sciences et de la Culture, ainsi que par Maryse Lassonde, la directrice scientifique du Fonds de recherche du Québec – Nature et Technologies, et le Dr. Renaldo Battista, directeur scientifique du Fonds de recherche du Québec – Santé. Dans le cadre de cette entente, les partenaires s’engagent à intensifier les échanges d’information dans des domaines de recherche d’intérêt commun, à augmenter le nombre d’activités communes ou encore à créer des mécanismes favorisant la participation conjointe des chercheurs du Québec et de la Bavière dans des initiatives et des projets de recherche d’envergure internationale.

Depuis plusieurs années, des scientifiques bavarois sont aussi actifs au sein du programme OURANOS de recherche sur les changements climatiques du Québec.

www.bayfor.org/en/portfolio/international-cooperation/bavaria-quebec.php

Le ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF) du Québec offre deux bourses de spécialisation, d’une valeur de 5 000 $ chacune, pour des séjours de courte durée (de 4 à 12 semaines), en Bavière, à des étudiants québécois qui désirent poursuivre des études ou faire de la recherche dans le cadre d’un programme de 2e ou de 3e cycle.

Du côté de la Bavière, le ministre-président offre entre trois et cinq bourses, d’une valeur de 1 500 euros chacune, à des étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur en Bavière et dont le mémoire de fin d’études (baccalauréat, maîtrise, diplôme, etc.) portera sur le Québec. Cette bourse prévoit aussi un séjour de quatre à six semaines au Québec.

Soulignons qu’une autre province du Canada, l’Alberta, soutient des relations actives avec la Bavière. L’Alberta a notamment un bureau de l’Alberta à Munich depuis 1999. Mais c’est de Montréal que la Bavière fait le suivi de ce partenariat qui se concentrent actuellement sur les domaines scientifique et technologique. C’est le Bureau de coordination Bavière/Québec/Alberta/International de l’Alliance bavaroise pour la recherche (Bayerische Forschungsallianz – bayFOR) qui a mandat de soutenir la mobilité des chercheurs bavarois vers leurs homologues albertains.

Montréal et Québec, bien plus allemandes qu’elles ne paraissent

À Montréal, le Goethe Institut Montréal offre déjà depuis plusieurs années des films allemands contemporains en version originale sous-titrée, et avec 2017 l’offre s’étend dorénavant à la ville de Québec (un partenariat avec le Cinéma Cartier, qui présente les dernières tendances du film contemporain allemand).

L’île de Montréal a aussi son école allemande : fondée en 1980, l’école internationale allemande Alexander von Humboldt à Montréal, située dans l’ouest à Baie D’Urfé, est une école privée trilingue et indépendante, membre du réseau mondial de 140 écoles allemandes à l’étranger. Avec 300 élèves, celle de Montréal accueille les enfants de la pré-maternelle à partir de 2 ans et demi, et offre un programme d’immersion jusqu’à la 12e.

www.avh.montreal.qc.ca

Et comment ne pas s’émerveiller devant le Marché de Noël allemand de Québec… Maintenant un incontournable de la capitale du Québec en hiver. La communauté allemande de Québec est un petit groupe, mais lorsqu’elle lance en 2008 l’idée d’un marché de Noël « à l’allemande » (l’événement aura lieu dans un sous-sol d’église un samedi après-midi) elle ne se doute pas qu’en moins de dix ans, son micro-village de chaleureuses maisonnettes de bois faisant découvrir le vin chaud épicé (Glühwein), la gastronomie et l’artisanat s’installe dorénavant pour 10 jours de décembre, à la très centrale place de l’Hôtel de Ville, et fait la joie de plus de 50 000 visiteurs dans la ville de Québec sous la neige.

À Québec, il est même possible, dans son réseautage d’affaires, de croiser par hasard une jeune femme formée au Ph. D. à l’Université Laval, Anna Scheili, qui fut engagée rapidement à titre d’experte-conseil par une entrepreneure d’origine allemande résidente de la ville, madame Sonja Behmel, parce qu’elle maîtrisait totalement l’outil logiciel qui est devenu la force de son entreprise : WaterShed Monitoring. Ayant son siège social sur la Grande-Allée, à Québec, et aussi un bureau à Munich, WaterShed Monitoring est un fournisseur de solutions technologiques innovatrices pour le stockage et l’analyse de données sur la qualité de l’eau. C’est un exemple type des liens concrets d’affaires qui relient le Québec et la Bavière.

WaterShed Monitoring: Strategic Coaching and Cloud Solutions for Water Management Worldwide

WaterShed Monitoring develops and markets innovative solutions for every stage of water quality monitoring. In a global context of increased pressure on water resources, the collection of reliable data on water quality is becoming more and more important, as well as the exploitation and storage of the collected data. WaterShed Monitoring thus offers a multifunctional cloud database called Enki® along with an advanced consulting expertise. Enki® is the first cloud-based software designed to store, organize, contextualize, analyze, publish and share all types of water-related data and geographical information from the watershed to the tap. With Enki®, WaterShed Monitoring seeks to achieve the full potential of water monitoring efforts and water-related data with a view to improving water governance, ensuring a better protection of water resources and enhancing decision-making in water management.

Today, WaterShed Monitoring has an international presence from Canada to Europe, thanks to a branch and R&D collaborations in Germany.

Québec-Bavière : de nombreuses similitudes

De l’Amérique à l’Europe, séparées par plus de 6 000 km, si le Québec comme la Bavière ont décidé de travailler en étroite collaboration, c’est pour beaucoup en raison des nombreuses similitudes de leur société :

  • la Bavière est le plus grand Land de l’Allemagne ; le Québec est la plus grande province du Canada ;
  • la Bavière et le Québec se tiennent au second rang de leur pays en termes de population et d’économie ;
  • les deux régions accordent une importance particulière à la défense de leur identité et de leur culture propre ; elles utilisent cette dernière comme une base de conception de leur identité politique ;
  • la Bavière et le Québec ont un passé rural et catholique relativement proche ;
  • les deux régions ont su profiter de leurs structures économiques, qui favorisent l’éclosion de PME, pour se transformer en hauts-lieux des technologies de pointe ;
  • chacune des deux régions mise sur le développement d’énergies renouvelables – solaire et éolienne en Bavière, hydraulique au Québec;
  • la population et la culture de la Bavière, à l’image de celles du Québec, sont reconnues pour leur chaleur et leur convivialité.

Ensuite, le succès des relations officielles entre la Bavière et le Québec est certes attribuable à une volonté politique commune et à une confiance solidement développée en travaillant ensemble.

Bientôt forte de trois décennies complètes, les gens d’affaires des deux États ont tout intérêt à suivre la route de cette coopération déjà bien tracée.

Pour visitez le site web dédié au 25e jubilé de la coopération : www.quebec-baviere.com

 

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