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Forum de Québec : Comment la Chine prépare sa revanche

« La Chine fait ce que l’on ne fait pas ici (…) Au Canada, nous sommes en sursis. Le nuage n’est pas passé. La Chine travaille à une 2e vague où ils vont être plus productifs (…) D’ici 3 à 5 ans maximum », a prévenu Louis Duhamel, conseiller stratégique chez Deloitte.

C’est déclaration fut la première surprise de la conférence d’ouverture du Forum international de Québec sur la croissance des entreprises, tenu les 6 et 7 juillet 2016 dans le nouvel agrandissement du Centre des congrès de Québec.

Ce n’est pas un mystère de comprendre qu’en Chine, ces dernières années, comme les coûts de production augmentent à cause de la pression à la hausse des salaires, ils doivent acheter encore plus de robots pour compenser et aussi faire de meilleurs produits. Mais c’est la bonne compréhension du contexte qui permet la bonne mesure du phénomène : « La deuxième génération des entrepreneurs chinois qui arrivent ont découvert le monde entier et étudié le management et la productivité dans les meilleures universités d’Occident », nous explique en interview Louis Duhamel.

Lire aussi: www.commercemonde.com/2015/05

Ces jeunes managers prennent maintenant les commandes avec la ferme intention de pousser la robotisation de l’économie chinoise vers le rêve de produire de la haute valeur ajoutée. C’est une vague de fond qui s’annonce, plus qu’un simple jeu du marché.

Et la vague est juste là, à l’horizon, 3 ans… voire 5, a-t-il ensuite ajouté pour se permettre une certaine marge.

« La deuxième vague de l’industrialisation en Chine s’en vient : celle des entrepreneurs ayant compris l’automatisation. » Louis Duhamel

ROBOTS ET ENVIRONNEMENT

Toute cette néo-industrialisation de la Chine est d’ailleurs en parfaire cohérence avec la volonté politique du régime d’amorcer un changement de modèle de consommation vers la réduction des émissions de carbone. Un passage obligé notamment depuis décembre 2015 et la Conférence de Paris sur le climat, et aussi à cause des pressions populaires en Chine même.

Et c’est encore avec les robots que Louis Duhamel a surpris son auditoire avec une deuxième information surprenante pour plusieurs :

« Grace à un formidable rattrapage en huit ans, les USA sont actuellement 1er au monde – en chiffres absolus – pour le nombre de robot industriel. »

« La National Robotic Initiative aura probablement été la plus belle réalisation des années Obama. Plus que le MediCare », pense ainsi Louis Duhamel.

En 2012, la moyenne de robots industriels pour 10 000 ouvriers tournait autour de 55 au niveau mondial; les leaders en la matière était la Corée du Sud (350), le Japon (339) et l’Allemagne (251). Tous secteurs confondus, c’était alors au Japon qu’il y avait le plus de robots industriels en opération, devant les États-Unis.

Un Corée du Sud que nous avons croisé sur le planché du forum s’émerveillait de constater le côté relax des gens dans les rues de Québec. Coincée entre la Chine et le Japon, la Corée du Sud est historiquement obligée de surperformer. Bref ils travaillent, ils courent sans arrêt, nous faisait-il comprendre, en donnant l’exemple que dormir plus que six heures par nuit est exceptionnel pour les coréens et que pour plusieurs c’est encore moins.

Certes moins, mais tout de même coincé entre les USA au sud et la Chine à l’ouest, le Canada devrait-il davantage automatiser son économie ? Voilà certainement une question pertinente.

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Attention : révolution robots en vue!

Après la révolution du web – et d’une certaine manière dans le même sillage – l’humanité doit maintenant prévoir la révolution des robots!

L’analyste géopolitique Pierre Fournier et son collègue Angelo Katsoras, de la Banque nationale, disaient déjà il y a presque deux ans: «  La révolution robotique, qui n’a fait que commencer, va redessiner le paysage géopolitique et économique mondial ».

La baisse rapide de leurs coûts d’acquisition va permettre aux robots d’effectuer un nombre beaucoup plus grand de tâches, ce très efficacement. Donc bouleversements considérables à prévoir, notamment la réduction de l’avantage concurrentiel que beaucoup de pays émergents tirent actuellement de leur main-d’oeuvre bon marché. Dans le rayon des bonnes nouvelles, les robots aideront aussi les sociétés vieillissantes à mieux contrôler les coûts de leur système de santé.

« L’ère de la robotique créera certes de nouvelles professions, mais elles ne seront pas suffisantes pour remplacer tous les emplois perdus », préviennent aussi les deux analystes.

Autant de transformations et de changements fondamentaux qui obligeront les pays à débattre de la question de savoir comment la richesse et le travail doivent être redistribués dans la société. Gros débats en perspective!

Combien de robots vous dites?

Il y avait dans le monde 1,15 million de robots industriels en 2011 et ce nombre devrait encore augmenter de 30 % pour 2015. Selon la Fédération internationale de robotique (IFR), il s’est vendu plus de 160 000 robots industriels dans le monde en 2012. À cette époque, la moyenne de robots industriels pour 10 000 ouvriers tournait autour de 55 au niveau mondial, soit environ la situation des pays tels que le Royaume-Uni, l’Australie ou la Suisse; les leaders en la matière étant la Corée du Sud (350), le Japon (339) et l’Allemagne (251). Les pays tels que l’Italie, la Suède, le Danemark, les États-Unis, l’Espagne, la Finlande, Taiwan, la France, la Belgique, l’Autriche, le Canada et les Pays-Bas se situant, eux, autour de 150 à 100 robots pour 10 000 ouvriers.

Tous secteurs confondus, c’est au Japon qu’il y a le plus de robots industriels en opération, devant les États-Unis, second à ce titre. Mais pour combien de temps?

La Chine a considérablement accru ses achats au cours des dernières années en achetant 22 577 juste pour 2011 (une hausse de 51 % par rapport à l’année précédente), l’année qui en fit le troisième acheteur de robots dans le monde. L’IFR avait prévu que la Chine sera dès 2014 le premier acheteur de robots dans le monde.

Pourquoi cette croissance?

Fabriquer des biens en Chine coûtait 18 % moins cher qu’aux États-Unis en 2003. L’écart n’était plus que de 7 % une décennie plus tard. La hausse des coûts salariaux en Chine combinée à une énergie meilleure marché et à l’automatisation croissante des usines du pays de l’oncle Sam expliquent largement le phénomène.

Sur les quelque 200 000 robots multi-rôles qui seront livrés en 2015, 35 000 prendront la route de la Chine, soit autant que pour le Japon, devançant ainsi tous les autres pays du monde.

Et pour quoi faire?

Alors que le secteur industriel utilisait le plus de robots, la demande mondiale d’installation automatisée croit fortement dans des secteurs comme la défense, la santé et l’agriculture. La demande de robots capables d’effectuer des tâches domestiques, tels que passer l’aspirateur ou tondre une pelouse, est aussi en forte expansion.

Si le robot industriel était surtout employé pour souder, peindre, visser ou transporter des composantes, la nouvelle génération de robots dotés de capteurs d’images et de son est capable d’analyser l’entourage et de distinguer différentes composantes et même de s’insérer dans la chaîne de production en se mélangeant à des ouvriers en chair et en os.

On n’arrête pas le progrès, direz-vous ? Mais il y a une grande différence entre la révolution robotique actuelle et les révolutions industrielles antérieures. Il fallait encore beaucoup de monde pour concevoir, fabriquer et faire fonctionner les nouvelles machines. Les robots, de plus en plus, fonctionnent seul et pourront peut-être même un jour se fabriquer eux-mêmes. L’automatisation poussée ramènera aussi au premier plan la question de la redistribution de la richesse et du travail.

Voir autre article, pour des exemples en entreprise: « Révolution robots »: vous voulez-des exemples?