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Vision : parlons donc déjà de la 5e révolution industrielle

Les grandes entreprises de l’économie mondiale se sont faites dire, en janvier, à Davos, selon un rapport diffusé par le World Economic Forum, que la quatrième révolution industrielle – celle de la numérisation et de l’impression 3D – entraînera « 5 millions de pertes d’emplois en cinq ans » dans les principales économies mondiales. Belle révolution… On verra bien! Mais dans cinq ans, nous serons aussi probablement bien entrés dans la 5e révolution industrielle. De quoi est-il ici question?

Depuis disons 1850 et les débuts de la première révolution (avènement de la machine à vapeur), la deuxième (électricité, chaîne de montage) et la troisième (électronique, robotique), nous voilà rendu en 2017 de plein pied dans la quatrième révolution industrielle, celle qui combine plusieurs facteurs comme l’internet des objets et les mégadonnées (big data) pour une énième transformation structurelle de nos économies.

L’accélération de l’innovation donnera encore une plus courte vie à cette phase de développement que les précédentes. Alors vaut mieux déjà se préparer à la phase suivante. Le web est étrangement peu bavard sur le thème de la 5e révolution industrielle.

Nous avons pourtant remarqué un maire d’une municipalité du Québec ayant bien en tête ce qui l‘attend :

« Pour ma part, j’en suis déjà à la 5e révolution, celle des technologies axées sur les énergies renouvelables, la chimie verte et les technologies de recyclage et de réutilisation », disait avec une pointe d’humour le maire de Bécancour, Jean-Guy Dubois, dans un cahier spécial du groupe de presse Groupe Capitales Médias, publié papier le 11 février 2017, en collaboration avec l’Union des municipalités du Québec, à travers les six quotidiens de l’entreprise.

En 2017, Bécancour est une ville de 13 000 habitants bien située sur la rive sud du fleuve St-Laurent, juste en face de Trois-Rivières, née d’une fusion de six villages en 1965 et que le gouvernement du Québec de la fin des années 1960 destinait à accueillir une imposante usine de sidérurgie. Sans suite, c’est plutôt le nucléaire qui lui fera un nom, avec les centrales Gentilly I et II, pourtant fermées en 2012.

La vision du maire Dubois repose donc sur des réflexions et planifications conséquentes à de durs revers en développement économique. Et il a aussi des acquis! C’est à Bécancour que se trouve une des trois usines de l’entreprise PureSphera spécialisée dans la récupération des réfrigérateurs et autres appareils frigorifiques. Gérée toute proche de la ville de Sherbrooke, l’entreprise opère aussi des usines à Regina et à Winnipeg dans l’ouest du Canada. Elle est le premier centre de gestion intégrée des halocarbures en Amérique.

Que sa vision de la 5e révolution industrielle soit exacte ou non, le maire Dubois avance certainement dans la bonne direction. Parce que ce n’est pas d’hier que la pensée verte figure aux palmarès des prospectivistes. Le spécialiste de prospective économique et scientifique Jeremy Rifkin avait déjà annoncé la Troisième Révolution Industrielle comme « le fruit de la synergie entre les énergies renouvelables et les technologies d’Internet. » Sa vision reposait sur les cinq piliers suivants : passer aux énergies renouvelables, développer les bâtiments producteurs d’énergie, se doter des capacités de stockage de l’énergie, développer l’Internet de l’énergie et réinventer la mobilité des personnes et des biens.

À cette époque pas lointaine du tout, des avant-gardistes comme la région Nord – Pas de Calais, en France, y ajoutaient aussi trois précisons pour orienter leurs travaux, soit l’efficacité énergétique, l’économie de la fonctionnalité et l’économie circulaire.

Alors sans trop vous emmêler entre le vocabulaire de Révolution Industrielle 3, 4 ou 5, pensez vert et numériquement, socialement acceptable et efficace… vous serez dans le coup!

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Source de l’image: alloprof.qc.ca.

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Stratégie maritime du Québec: 9 milliards $… «trop peu pour l’environnement»

En lançant officiellement le 29 juin à Montréal sa Stratégie maritime pour le Québec, le premier ministre Philippe Couillard a notamment expliqué qu’il fait le pari de convaincre l’entreprise privée d’investir 4 des 9 milliards $ dont il est ici question. Dans des domaines aussi variés que le tourisme, la pêche, l’aquaculture, le transport de marchandises et la création de deux pôles logistiques à Contrecoeur ainsi qu’à Vaudreuil-Soulanges dans la région métropolitaine de Montréal. Il est prévu que 30 000 emplois soient créés d’ici 2030.

Plusieurs des mesures contenues dans cette stratégie maritime ont déjà été annoncées, notamment l’expansion du port de Montréal. D’autres, en matière de formation de la main-d’oeuvre pour les métiers reliés à l’industrie maritime, prendront bientôt forme.

Réactions

Du côté des municipalités et des entreprises, on s’est réjoui de ce signal de ralliement qui a été lancé par le gouvernement du Québec. La présidente de l’Union des municipalités du Québec, Suzanne Roy, a dit croire que les régions du Québec pourront profiter de la manne, notamment dans le domaine touristique et des transports.

Martine Hébert, de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, a aussi applaudi à ce message positif qui est adressé selon elle aux petites et moyennes entreprises qu’elle représente.

La Fondation David Suzuki a pour sa part réservé un accueil mitigé à la stratégie maritime. Bien qu’elle appuie le recours accru au cabotage et au transport maritime comme alternative au transport routier, elle déplore la timidité de la stratégie en matière de protection du fleuve Saint-Laurent et de ses écosystèmes et s’inquiète des impacts potentiels d’un transport accru d’hydrocarbures et de trafic à fort tonnage sur le fleuve.

« Le fleuve Saint-Laurent est un joyau environnemental qui coule dans nos veines : il est la source d’eau potable de 43 % des Québécois et abrite 27 000 espèces, soit une biodiversité plus grande que celle de la mer de Caraïbe. Il est déplorable que malgré des investissements prévus de 9 milliards $, rien de concret ne soit prévu pour améliorer la qualité de l’eau du fleuve ou protéger ses écosystèmes », explique Karel Mayrand, directeur général de la Fondation pour le Québec.

On n’aime pas, par ailleurs, que la stratégie maritime reporte à 2020 l’objectif de porter à 10 % la superficie d’aires marines protégées dans le Saint-Laurent sans proposer de calendrier ou d’investissements précis à cet égard.

« La cible de 10 % est connue depuis des années et rien n’a encore été fait. Des projets d’aires marines protégées comme le banc des Américains sont prêts à être créés. Qu’attend-on encore? », analyse encore M. Mayrand.

La Fondation rappelle que le fiasco du projet de port pétrolier à Cacouna aurait été évité si une aire marine protégée avait été créée pour protéger la pouponnière des bélugas. Rappelons qu’en partenariat avec WWF-Canada et la SNAP-Québec, la Fondation a publié une cartographie de ce risque en février 2015 qui conclut que le développement du transport pétrolier dans le bassin du Saint-Laurent ajoute des pressions cumulatives incompatibles avec le maintien de l’intégrité de ses écosystèmes. À cet égard, on fait remarquer que l’annonce de la création d’un centre d’expertise sur les déversements de matières dangereuses aux îles de La Madeleine ne réduira en rien les risques pour les Québécois ou les écosystèmes.

La Fondation est également préoccupée par le développement du pôle logistique Vaudreuil-Soulanges qui empiètera sur le territoire de la Ceinture verte du Grand Montréal et sur les meilleures terres agricoles du Québec.

Pour une analyse juridique:

nortonrosefulbright.com/ca/fr/centre-du-savoir/publications/130388/lancement-de-la-strategie-maritime-du-quebec