SOMMAIRE


Bilan de T.I. Contact Québec 2003

Un succès qui confirme déjà une 4e édition

  • Lawrence Lessig alerte son auditoire face à " l'erreur du siècle "
  • John Brown explique comment voir différemment
  • Guy Kawasaki explique comment bâtir une compagnie dans la nouvelle économie
  • Ethan Zuckerman tente de vendre et son rêve humaniste aux Venture Capitalist
  • par Daniel Allard

    Le Symposium nord-américain sur la technologie de l'information et des communications T.I. Contact Québec 2003, une initiative de PÔLE Québec Chaudière-Appalaches, a suffisamment impressionné, permettant aux organisateurs de déjà confirmer une quatrième édition en 2004. La troisième édition de cette année était offerte sous le signe " de l'innovation et du capital de risque américain ". Ayant attiré quelque 350 participants les 8, 9 et 10 octobre 2003, ces journées intensives de conférences, de panels et d'occasions rêvées de faire du réservaient effectivement de belles surprises, particulièrement du côté des conférenciers invités. La présence de conférenciers de grande réputation mondiale tels Lawrence Lessig (ce juriste figure dans le Top 50 des visionnaires de la revue America) et Guy Kawasaki a donné l'envergure désirée pour dépasser les frontières et manifestement élever la notoriété internationale de l'événement : " Autant la qualité des vingt-deux entreprises sélectionnées, que l'enthousiasme des quelque 100 investisseurs, 4 conférenciers et 25 panélistes présents ont fait de T.I. Contact 2003 un succès. Ces trois jours d'échange se sont déroulés dans un tel esprit que déjà, il est possible d'affirmer que l'organisation du symposium a atteint sa pleine maturité ", résumait James Donovan, président de T.I. Contact 2003.

    Pourquoi ce brin de fierté? Parce que le défi de faire venir à Québec plusieurs gros investisseurs des États-Unis a été relevé. Afin d'attirer à Québec les firmes de capitaux de risque américains, les fameux VC (Ventures Capitals), les coprésidents d'honneur Bernard Hamel (associé et directeur général de GTI Capital) et Louis Têtu (chef de la direction de Recruitsoft) et l'organisation de T.I. Contact 2003 comptaient cette année sur un " ambassadeur américain " de renom : Frank Brochin. À titre d'associé-directeur chez Warburg Pincus, une des plus importantes sociétés de capital à risque global de New York, monsieur Brochin - qui poursuit actuellement sa carrière à titre de consultant indépendant - avait accepté d'agir aussi comme coprésidents d'honneur et parmi les principaux animateurs de l'événement. Il était d'ailleurs le modérateur du panel " L'investissement en capital de risque aux U.S.A.: le passé et les tendances futures ", qui regroupait également Benjamin Levin, d'Insight Ventures (NY), Alessandro Piol, d'Invesco (NY), Rupen Dolasia, de Granite Ventures (San Francisco), Dana Callow, de Boston Millennia Partners, Maximilian Schroeck, d'Agilent Ventures (Palo Alto) et Steve Piaker, de Conning Capital Partners (Hartford). L'édition 2003 était donc manifestement placée sous le signe de l'innovation et du capital de risque américain (dans ce dernier cas, un objectif clairement avoué, qui a été théoriquement atteint, mais qui est surtout de bonne augure pour les prochaines éditions).

    ENTREVUE AVEC FRANK BROCHIN

    Après ses huit années d'expérience chez Warburg Pincus, l'homme maîtrise bien le monde de la haute finance internationale. " Le futur est bien mieux que le passé ", résumait Frank Brochin, concernant l'atelier qu'il avait animé le jour même en compagnie d'une demi douzaine de confrères de grandes institutions financières des États-Unis. " Et les domaines d'avenir sont la sécurité globale, ainsi que l'optimisation des T.I. ", ajoutait-t-il. Il faut savoir que, selon sa propre évaluation, les technologies de l'information représentent environ 60% des investissements des VC, contre seulement 30% pour le secteur de la santé. " Ce que nous recherchons, c'est des applications. Les VC ne cherchent pas à investir dans les technologies pures et dures ".

    Et en cette époque où le virtuel et l'Internet semblent vouloir un jour dominer l'économie entière, que pense-t-il des banques virtuelles? Surprise, les E-Trade Bank, ce n'est pas un concept porteur, selon-lui. En clair, les VC cherchent avant tout du solide!

    Pas de chance
    pour
    Geekcorps

    Né en France, donc Européen d'origine, ayant travaillé plusieurs années au Japon, donc connaissant bien l'Asie, et maintenant citoyen de New York depuis plusieurs années, donc Américain, où se situe Franc Brochin face aux enjeux stratégiques de la maîtrise des technologies de l'information dans le monde? En plus clair, que pense-t-il de l'initiative d'Ethan Zuckerman, de Geekcorps, qui s'attaque au fossé technologique grandissant entre les pays riches du Nord et les pays pauvres du Sud? " Ethan veut faire du plus long terme que nous [les VC]. C'est intéressant... mais probablement un mariage impossible qu'il tente. Il fallait cependant faire cette présentation ici, surtout qu'il offre des opportunités, et non pas de faire de la charité(...) et qu'il n'était pas connu des VC ", explique-t-il, en avouant que lui n'a pas été personnellement convaincu, pensant même que si les VC offrent un jour du financement à Geekcorps, ce sera ici par charité, pas par intérêt! " Voudriez-vous que le VC qui gère votre fonds de retraite investisse dans le développement du Ghana ? ", argumente un Frank Brochin qui ne cache pas ses couleurs.

    Ce qui n'empêche pas plusieurs banques aux États-Unis d'être très présentes dans des pays dits émergents. " Particulièrement la CitiGroup ", précise monsieur Brochin.

    LAWRENCE LESSIG

    Lawrence Lessig a probablement été le conférencier qui aura le plus surpris son auditoire. Il a, rien de moins, alerté solennellement et imploré les leaders des VC présents dans la salle à réagir face à ce qui est, selon-lui, une grande " erreur du siècle " : les " dinosaures " de l'économie américaine imposent un veto à la prochaine génération d'innovation!

    En plus clair, il faut comprendre que l'impact de la défaite de MP3 va beaucoup plus loin que les apparences : " Le fait que même les idées innovantes concernant le divertissement peuvent être dangereuses a été mis dans la tête des avocats des compagnies de Silicone Valley ", explique-t-il.

    Lawrence Lessig n'hésite pas à faire un parallèle avec la photographie, née en 1839 avec l'invention de Louis Daguerre. C'est cependant lorsque George Eastman créa la compagnie Kodak en 1888 que le débat fut virulent. Il faut savoir qu'à cette époque, la population aux États-Unis n'acceptait pas que l'on puisse ainsi " prendre l'âme d'une personne sans sa permission ". Un jugement historique viendra heureusement rendre tout à fait légale la possibilité de prendre gratuitement des photographies, permettant à l'industrie photographique de prendre son véritable envol.

    Avec l'innovation que représente l'Internet, l'histoire se répète, mais en inversant le dénouement, se désole Lessig. Le monde beaucoup moins régulé d'avant l'apparition de l'Internet s'accommodait bien de la capacité des gens à copier des documents, oeuvres, etc. Mais avec l'Internet, TOUT peut être copié et très facilement. Ce qui présume d'un monde devant être totalement régulé si l'on veut faire respecter le droit d'auteur. Résultat : on ne fait plus la différence entre le monde du commercial et celui du non-commercial. Tout devient commercialisable. Et dans ce monde actuel, la Loi - américaine du moins - s'oppose à la technologie. La Loi vient empêcher l'Internet de prendre son envol, contrairement à ce qu'elle avait fait pour la photographie cent ans plus tôt. " We are loosing the opportunity of Digital Revolution ", s'alarme Lawrence Lessig.

    " We are loosing
    the opportunity
    of Digital Revolution "

    " Pourquoi la musique existe-t-elle? ", se demande le juriste. " (...)Pour être vendue ou pour être distribuée, échangée, écoutée? " La solution : éliminer ce droit et changer l'architecture du revenu afin de permettre quand même un apport de revenu aux créateurs en maintenant cependant l'opportunité technologique qu'est l'Internet. " Il faut protéger le futur du passé ", argue-t-il encore.

    Et quelle est la réponse rationnelle des VC dans cette affaire? De ne rien faire! Car individuellement, l'environnement actuel leur permet de continuer de faire leur argent avec chacun leur " top 10 " d'opportunités d'affaires. " Le capitalisme est sensé avoir le réflexe de réussir ce genre d'opération de redistribution de la richesse... C'est la première fois dans l'histoire que la Loi arrive et stoppe l'innovation ", précisait le conférencier. Et la réflexion va même ici très, très loin, lorsqu'on s'y arrête: la Chine doit-elle se faire imposer le copyright par Washington dans cette perspective?

    Dans ce contexte, il est d'ailleurs intéressant de savoir qu'à la mi décembre, une cour d'appel fédérale dans le District de Columbia a annulé une décision qui garantissait les droits d'auteur en vertu d'une loi votée en 1998 pour lutter contre l'échange de musique en ligne. Le jugement constitue donc un revers cinglant pour la campagne contre le piratage qu'a lancée la Recording Industry Association of America (RIIQ). Le jugement en question n'autorise pas ces échanges, mais interdit aux maisons de disques de forcer les fournisseurs d'accès Internet à donner les noms de leurs clients. L'effet annule ainsi un des outils les plus efficaces utilisés par la RIIA pour traquer et poursuivre en justice les internautes peu friand du respect des droits d'auteurs. Selon cette cour, la loi de 1998 ne couvre pas les réseaux d'échange en ligne actuellement utilisés par des dizaines de millions de personnes qui téléchargent de la musique aux États-Unis. Selon Jusikana Informatique, depuis septembre 2003, l'organisme chien de garde aux États-Unis a tout de même poursuivi quelque 400 particuliers pour violation de droits d'auteur et bien qu'elle soit en mesure de réclamer 150 000$ US par chanson, la RIAA règle cependant la plupart des cas à l'amiable, avec des montants oscillant entre 2500$ US et 7500$ US.

    JOHN SEELY BROWN

    C'est sous le thème " Seeing differently: the key to radical innovation " que John Seely Brown, directeur pendant 12 ans jusqu'en juin 2002 du PARC (le Palo Alto Research Center de XEROX Corporation) a séduit un auditoire très attentif.

    Celui qui avait redéfini le rôle de la recherche sur les corporations afin d'y inclure des sujets comme l'apprentissage organisationnel, les systèmes adaptatifs complexes, le système micro-électronique (MEMS) et les nanotechnologies, du temps où il était au PARC, a cette fois parlé de " Social Software ", qu'il observe particulièrement en Europe. Il propose maintenant de coupler les artistes et les scientifiques, afin d'utiliser la technologie en tant que langage commun (" common language "). Encore mieux, il voit la formule gagnante suivante : art-science-design-ingénierie. On ne se surprend donc pas de savoir aussi que son défi, lorsqu'il était à la tête du Science Park de Xérox, était de " créer un espace pour le multilatéralisme "!

    Les enfants d'aujourd'hui grandissent digitalement : " Modern kids growing DIGITAL! ", insiste-t-il. Les jeunes ne parlent plus anglais ou français ou une autre langue, ils créent leur propre langage, qu'il appelle " digital vernacular ". Un phénomène qui carrément crée un nouveau média : " The emerging vernacular of the digital age ".

    art+science+design+ingénierie :
    une
    formule gagnante!

    Actuellement chercheur invité au Annenberg Center and Annenberg School of Communication à l'USC, l'homme qu'on appelle souvent JSB a également déploré que l'attitude " Focus-Focus-Focus ", selon-lui une règle de succès lorsqu'une personne a enfin trouvé son idée d'entrepreneur, soit de nos jours " under-cultural ".

    GUY KAWASAKI

    Guy Kawasaki est maintenant le pdg de Garage Technology Ventures , un centre qui aide et accompagne les entreprises de haute technologie dans la Silicon Valley. Anciennement associé à Apple Computer Inc et auteur de sept livres, dont Rules for Revolutionaries, sa conférence avait pour thème " Then and Now: Building a Company in the New Economy ". Sa profonde connaissance du pouls de la Silicon Valley vallait déjà le déplacement:

    - en 1999, un ingénieur était " in ", et un MBA était " out ". C'est l'inverse en 2003;

    - en 1999, " Act Localy " c'était " in ", et " Think Globaly " c‘était " out ". C'est l'inverse en 2003;

    - en 1999, concernant plus spécifiquement la raison d'être d'une entreprise, la passion était " in ", et la liquidité du compte de banque, c'était " out ". C'est l'inverse en 2003!

    L'homme conseille aussi d'oublier les " Proven Team ", ce que furent pourtant les APPLE, CISCO, eBAY et MICROSOFT de ce monde. Mais il conseille ardemment de s'intéresser à la composition de l'équipe des décideurs stratégiques d'un projet d'entreprise. L'importance de bâtir un conseil d'administration solide dès la genèse d'un projet est même primordiale: " C'est la qualité d'un bon entrepreneur de pouvoir bâtir un excellent conseil d'administration sans avoir déjà son financement. Parce que n'importe qui le peut, lorsqu'il a déjà son financement ", fait-il remarquer, cinglant.

    Guy Kawasaki a aussi partagé ses trucs pour bâtir un montage financier: " construisez votre entreprise et le capital de risque va venir après; créez-vous un ennemi, parce que s'il y a de la concurrence, c'est parce qu'il y a un marché; find your train ticket pour savoir où vous vous en allez et non pas pour prouver que vous valez l'argent pour le payer ".

    Et voici ses 10 règles pour devenir un " révolutionnaire " de la nouvelle économie:

    1. Jump to the next curve;
    2. Don't worry, be crappy;
    3. Churm, baby, churm;
    4. Break down the barriers;
    5. Make Evangelist, not sales (toujours offrir plus qu'un produit; être un sauveur avec son produit);
    6. Let a 1000 flowers bloom;
    7. Eat (dans le sens de délivrer de l'information) like a bird, poop like an elephant;
    8. Think digital, act analog;
    9. Don't ask people to do something that you would't do;
    10. Don't let the Bozos grind the ?

    (Le courriel de monsieur Kawasaki est : guy@garage.com)

    ETHAN ZUCKERMAN

    Qu'est ce que le Ghana, l'Arménie, la Mongolie, le Rwanda, la Jordanie, le Kyrgyztan, le Sénégal et le Mali ont tous en commun? Les fruits d'un grand rêve humaniste en pleine réalisation. Ethan Zuckerman était le conférencier surprise - le marginal - de la programmation. Et probablement la plus belle trouvaille de Sébastien Villeneuve, le directeur général de T.I. Contact inc., qui a su le dénicher et le convaincre de venir à Québec. Agréable petite victoire morale pour les organisateurs de T.I. Contact Québec 2003, la participation du fondateur et chef des technologies de Geekcorps donnait un ton nettement humaniste à un événement qui n'a pas cette stature.

    Ethan Zuckerman fait partie de ces jeunes visionnaires qui fondèrent Tripod, une compagnie qui fut vendue à Lycos en 1998. Après l'acquisition, il fut nommé d.g. de la division Angelfire.com et devint membre de l'équipe des fusions et acquisitions de Lycos. Depuis l'an 2000, il se consacre entre autres à un rêve qui fait vite penser à celui de JJSS (bien qu'il ne connaissait pas ce nom), Jean-Jacques Servan-Schreiber, l'écrivain idéaliste né en France en 1924 qui proposait de sauver l'Afrique en y démocratisant la micro-informatique (Le défi américain, 1967). Mais presque deux générations humaines plus tard, le toujours jeune Ethan Zuckerman partageait à Québec son idéal à lui avec un discours de son temps : " It's less about charity, more about opportunity ", a insisté le fondateur de Geekcorps devant un auditoire d'ailleurs pas gagné d'avance.

    Ethan Zuckerman s'était retrouvé au Ghana en 1993-94 avec son diplôme de philosophie fraîchement en poche. Ce séjour africain, lors duquel il fut bénéficiaire d'une bourse d'étude Fullbright à l'Université de Legon et étudia aussi l'ethnomusicologie et la percussion au Théâtre national du Ghana, le conduira à fonder Geekcorps. Un peu comme les PeaceCorps, Geekcorps bâtit un corps de volontaires - des spécialistes des T.I. souhaitant encourager le transfère de technologies et de pratiques d'affaires - qui bénévolement s'associent à des entreprises de pays émergents pour la réalisation de projets d'une durée de un à quatre mois. Le but: réduire l'écart technologique entre le Nord et le Sud.

    Ce souvenant de la théorie du " lead user " d'Eric Von Hippel (MIT), Ethan Zuckerman expose qu'il faut saisir les réalités des pays les plus pauvres pour changer les modèles d'affaires typiquement américains et en faire des opportunités. Et il a des exemples: Voxiva qui a su vendre des téléphones cellulaires à des femmes pauvres du Pérou. Le projet SAWA, au Ghana, qui transforme le " computer " en " simputer " (un " simple computer "), en bref bâtir l'ordinateur simple à l'usage. Ou encore ce projet, tenté au Mali, avec UWB, et voulant utiliser la radio pour transmettre des données électroniques (data).

    Au fait, pourquoi les populations les plus pauvres de la planète demandent l'accès à un téléphone, alors qu'elles n'ont même pas encore accès à de l'eau potable ou à suffisamment de nourriture? " Parce qu'avec un téléphone, on peut téléphoner un ami pour le lui dire et espérer son aide! ", analyse-t-il. Ce qualifiant de " Bridge Builder's ", il explique que lui et son équipe font dans le B42B: " Boss for two billion People ", en rappelant qu'en 2001, on estimait que seulement 6% de la population mondiale était branchée à la grande Toile et profitait de l'Internet.

    En 2003, il est par ailleurs devenu boursier du Berkman Center for Internet and Society de la Faculté de droit de Harvard et ses recherches portent sur les liens entre la communauté de logiciels d'exploitation libre et la communauté de développement international, ainsi que sur l'économie relative au développement des TI. En 2002, il remportait le fameux prix " Technologie au service de l'humanité " décerné par le MIT Technology Review. Il fut également cité sur la liste du TR100 qui regroupe des innovateurs de moins de 35 ans. Plus récemment, Ethan Zuckerman fut nommé " Global Leader for Tomorrow " par le World Economic Forum de Davos.

    DU GHANA... AU SÉNÉGAL

    Le succès dont il est le plus fier avec Geekcorps jusqu'à maintenant est le travaille accompli au Ghana: 15 projets en trois ans. " Un pays qui pourrait devenir le prochain Bangalor ", confiait-il en entrevue. Surtout que ce pays lui semble " le plus stable d'Afrique, juste avant le Sénégal ". Le Sénégal est d'ailleurs un pays pour lequel Geekcorps recherche des bénévoles du Québec, car le gouvernement sénégalais investit présentement des sommes importantes dans un programme digital. " Nous souhaitons trouver une vingtaine de francophones en 2004 ", lance Ethan Zuckerman.

    " Nous souhaitons trouver
    une vingtaine de francophones
    en 2004. "

    " La Mongolie et le Viêt-nam s'en viennent... la Jordanie aussi (un pays idéal, dans ce dernier cas, selon les critères de Geekcorps, puisqu'ils sont bons en T.I., mais mauvais en commercialisation) ", ajoute-t-il en parlant de l'avenir. Et pourquoi intervenir davantage en Asie qu'en Afrique? " C'est une question de demande. Nous allons où il y a une demande. "

    Sent-il qu'il a de la concurrence? Oui, Netcorp, une organisation canadienne qui a pignon sur rue à Montréal fait sensiblement le même travail, mais ils sont aussi différents: " They are very much about private sector ", précise-t-il. Mais Geekcorps n'a certainement pas peur de cette saine concurrence. D'ailleurs, ils ont déjà une belle histoire de succès au Rwanda grâce à un Québécois, le montréalais David Smith, qui fera l'objet d'un reportage dans le #39 de COMMERCE MONDE.

    Geekcorps est une division de International Executive Service Corps (IESC) depuis 2001.

    www.simputer.org
    www.geekcorps.org

    *****

    T.I. Contact 2003 était donc effectivement une occasion sans pareille d'entendre le point de vue des visionnaires de réputation internationale et des chefs de file mondiaux en investissement et en technologie. Mais cette " valeur ajoutée ", très appréciée des participants, n'enlevait rien à la priorité de l'événement: permettre à des entreprises en émergence de présenter des projets innovants.

    VINGT-DEUX ENTREPRISES DU QUÉBEC À LA RECHERCHE DE FINANCEMENT

    Elles étaient un certain moment 25, c'est finalement un total de 22 projets d'entreprises sélectionnées à la recherche de financement qui ont été présentés en deux journées à T.I. Contact Québec 2003. Il faut savoir que T.I. Contact inc. est le seul événement de ce type au Québec. L'édition de 2002 avait réuni près de 40 entreprises présentatrices et environ 300 participants, avec des investisseurs surtout du Canada et des États-Unis. Les présentations suscitèrent des investissements totalisant plus de 5 millions $ malgré les conditions du marché difficiles. Plus récemment, Hexago, qui fournit des produits spécialisés en migration IPv6, a clos une ronde de financement de 4,5 millions $ suite à des discussions initiées lors de la tenue de T.I. Contact 2002. "Les possibilités de financement sont encore plus élevées cette année en raison de l'augmentation du nombre de firmes américaines en capital de risque présentes à T.I. Contact 2003", soulignait James Donovan, président de l'édition 2003 et vice-président prospection et promotion de PÔLE Québec Chaudière-Appalaches, lors d'une conférence de presse préparatoire.

    Tableau 1
    LES 22 ENTREPRISES PRÉSENTATRICES LORS DE T.I. CONTACT QUÉBEC 2003

    AxioCom (Trois-Rivières)
    Amadeus International
    Avensys
    Cogiscan (Bromont)
    Diablo (Gatineau)
    DO Networks
    Maximum Throughput
    Hexago
    Idilia
    IC Vision
    IDS Micronet
    Kaydara
    Korem
    Labcal Technologies
    Les Logiciels Dynagram
    Logical Properties
    LTRIM
    Oralys
    Pécunia
    Polyplan
    Quantiscript (Sherbrooke)
    Stormaker

    (Notes: les entreprises en caractères gras sont de la région de Québec, les autres sont de la région de Montréal, sauf exception.)

    ALGOSYS, DNS OpenLinks Enterprise Integrator, Dynagram, É-Motion Solutions, EXACT MODUS, GEOCOMtms, Groupe A.G.I., Groupe JMA, Groupe de Recherche Infomédia (IRG), Hexago, InSpeck, Intell@xiom, Kassiop, KOREM, Labcal Technologies, Novo Technologie, Palm Hospitality Technologies, Photintech, Sanilogik Technologies, Silver Leap, TelDig Systems, Teorem Interactif et Trepix avaient ensembles été la plus belle surprise de l'édition de 2002: 23 entreprises de la région de Québec, dont une large majorité au nom plutôt méconnu, représentant une telle diversité de domaines d'intervention qu'on pouvait voir là un signe de santé pour l'état de l'industrie des technologies de l'information et de la communication (TIC) à Québec. Une trentaine d'experts avaient été sollicités pour évaluer les candidatures et finalement retenir une quarantaine de projets d'entreprise (23 de la région de Québec et 14, surtout de Montréal, mais aussi de Trois-Rivières, Hull, Toronto et Paris), qui globalement étaient demandeuses d'environ 120 millions $. Avec ses quelque 300 personnes inscrites en 2002, l'événement T.I. Contact Québec, tenu cette fois-là au Centre des congrès de Québec, avait satisfait le président d'alors, Guy Rivest (voir la couverture de COMMERCE MONDE de cette édition).

    Pour l'édition 2003, le nombre d'entreprises présentatrices a été volontairement réduit à 22 (dont 7 de la région de Québec, 11 de la région de Montréal, une de Trois-Rivières, une de Bromont, une de Gatineau et une de Sherbrooke) avec le souci d'éviter que plus de deux entreprises ne fassent leur présentations en même temps. Une nette amélioration avec la formule des années antérieures, où il n'était pas rare de voir à peine 10 personnes dans une salle (une situation assurément frustrante pour des gens d'affaires anxieux ayant passé de nombreuses heures à préparer leur pitch de vente de 15 minutes). Dynagram, Hexago, Korem et Labcal étaient des compagnies de Québec qui revenaient à nouveau en 2003, ayant aussi eu la chance de faire une présentation en 2002.

    UN PRIX POUR POLYPLAN

    Comme l'an passé, les organisateurs de T.I. Contact remettaient un prix pour le meilleur projet présenté. Au terme des présentations, le jury présidé par Luc Giguère (un ancien de TelWeb aujourd'hui président de Planet 31 Investments) a remis le prix "Best Elevator Pitch" à l'entreprise qui s'est le plus distinguée tant par la qualité de sa présentation orale que par son plan d'affaires à Robert Beauchemin, président de Polyplan Technologies, une entreprise de Montréal. Outre les honneurs, ce prix comportait aussi des récompenses d'une valeur de plus de 10 000$.

    T.I. Contact Québec 2003 était appuyé par plusieurs partenaires institutionnels et privés (Ministère du Développement économique et régionale du Québec, Innovatech Québec, Banque de développement du Canada, PricewaterhouseCoopers, Osler Hoskin & Harcourt, TSX Bourse de Toronto ainsi que Mallette.)

    Si la certitude du retour de l'événement a été confirmée, rien ne filtre cependant sur la période de 2004 qui permettra de répéter T.I. Contact : " Nous avions une telle concentration d'événements cet automne qu'il nous faudra maintenant réfléchir à la façon d'aménager notre programmation ", expliquait Manon Rouillier, une agente de communication-marketing qui n'a pas chômé avec un T.I. Contact tout juste une semaine avant Défense Innovation (voir notre reportage dans ce même numéro de COMMERCE MONDE), un autre événement de réseautage qui mobilisait l'équipe de PÔLE Québec Chaudière-Appalaches, cette fois du 14 au 17 octobre 2003.

    Mentionnons cependant que l'équipe de PÔLE s'est enrichie de l'arrivée d'Antonio Lara, à titre de v.-p. Technologie de l'information, depuis novembre 2003. Monsieur Lara parle cinq langues et possède 18 années d'expérience depuis qu'il a débuté sa carrière chez Pacific Bell à titre de superviseur de projets internationaux. Nortel CALA, EXFO et DAP Technologies ont ensuite été ses employeurs avant son arrivée au sein de PÔLE. Un bon signe que la prochaine édition de T.I. Contact saura à nouveau en imposer sur la précédente, surtout en permettant à plusieurs entreprises québécoises d'amasser le capital privé tant recherché auprès de nouveaux investisseurs en général encore trop peu présents au Québec et particulièrement dans la ville de Québec. Une problématique qui aura trouvé une prometteuse piste de solution lors de T.I. Contact Québec 2003, mais qui mérite encore du raffermissement, comme en fait foi cette remarque entendue en coulisse : " Elles auraient toutes dû faire du forcing à la table des financiers américains et ne pas les quitter sans avoir l'assurance d'un rendez-vous... Quand auront-elles encore une aussi belle chance de leur parler directement? ", s'offusquait une analyste senior de Techno Cap visiblement déçue d'avoir constaté le peu d'empressement des patrons des compagnies présentatrices à sauter sur une occasion en or de faire avancer leur cause. Et que dire des grosses faiblesses, des " horreurs " disait-elle, observées dans plusieurs - trop! - de présentations: " Il faut zéro erreur sur 22 dans de telles situations ", moralisait à juste titre la femme d'expérience devant un James Donovan qui finalement acquiesça.

    " C'est une belle victoire de les avoir eu ici à Québec, mais je reconnais que nos entreprises n'ont pas su pleinement exploiter leur présence... C'est vrai, les membres du panel d'investisseurs des USA ont été très sous-exploités ", constatait en conclusion un James Donovan quelque peu déçu. " La prochaine étape, c'est de les garder plus longtemps à Québec ", de poursuivre aussitôt l'éternel optimiste qu'il est. Avec le fier regard de ses origines irlandaises, l'homme regarde devant, montrant clairement qu'il a ici son défi pour 2004.

    www.ticontact.com


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    Commerce Monde #38