Archives de catégorie : Technologie

Chili : énergie solaire trop abondante… devenue gratuite !

Notre technologie et notre astre, le Soleil, livrent finalement la marchandise et alimentent en énergie la Terre GRATUITEMENT, enfin! Au Chili, on a tellement investi dans les énergies renouvelables depuis quelques années que l’électricité est devenue gratuite ! Oui, les fermes solaires du nord du pays produisent trop d’électricité pour la demande locale.

Une trentaine de fermes solaires ont été créées récemment, au nord du Chili, avec pour résultat que la production dépasse de beaucoup la demande locale et que le prix de vente s’écroule. En 2015, l’électricité y a même été gratuite pendant 192 jours ; et la même situation fut encore observée dans la région durant l’année 2016 pendant plus de 100 jours.

Cette pression de l’offre ne semble même pas vouloir s’inverser rapidement. Le Chili a quadruplé ses capacités solaires en trois ans. Et plusieurs nouveaux projets solaires sont en préparation.

C’est en 2014 que le secteur a connu un véritable décollage for de l’inauguration de la centrale « Aurore solaire / Amanecer Solar  », à 37 kilomètres Copiapó. La construction n’a duré que six mois et toute son énergie fut injectée dans le système d’interconnexion électrique du Chili. SunEdison, leader mondial du secteur de l’énergie solaire photovoltaïque, en collaboration avec le Groupe minier chilien CAP, sont les auteurs de cette centrale de 310 000 modules photovoltaïques répartis sur 280 hectares.

Mais on est ici à 800 km au nord de la capitale, très éloigné de la majorité de la population chilienne, dont 40% vit en zone métropolitaine de Santiago.

Pour l’instant, la gratuité solaire n’avantage que les localités proches du généreux désert d’Atacama, une des zones les plus ensoleillées au monde. C’est d’ailleurs là que Total, en partenariat 50-50 avec sa filiale solaire SunPower, a aussi inauguré une nouvelle centrale solaire, leur première dans le pays. Avec ses 160 000 modules photovoltaïques installés de mi 2014 à récemment, elle alimentera jusqu’à 70 000 foyers en électricité.

La conjoncture de la faiblesse des cours des matières premières et de l’énergie et le manque de lignes de distribution ont entraîné une surabondance de l’offre par rapport à la demande qui ne pourra pas demeurer. Si les centrales se retrouvent à produire là plus que nécessaire, c’est surtout parce que le pays manque de lignes de transmission en état d’acheminer l’électricité dans tout le pays. Le Chili doit donc régler se problème de ligne de transmission. Ce n’est qu’une question de court-moyen terme.

À moyen terme, son marché gagnera la maturité. Mais le Chili prouve tout de même qu’un pays peut produire beaucoup d’énergie solaire en peu de temps.

———————–

Photo : En juin 2014, Michelle Bachelet, présidente du Chili, inaugurait la centrale solaire photovoltaïque « Amanecer Solar CAP ».

 

*****

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI !

Un historique tour du monde en 40 jours !

Nous vous avons parlé de ces voiliers qui bientôt voleront … L’affaire vient de vivre une nouvelle étape, historique ! C’est bien sur la mer et par des hommes experts que l’exploit vient d’être réalisé. Mais il y avait aussi de la technologie. 40 jours 23 heures 30 minutes et 30 secondes : c’est le chrono historique que vient de ramener la capitaine Francis Joyon, en effaçant le précédent record datant de 2012.

Parti le 16 décembre 2016 de la Bretagne sur son maxi-trimaran Idec Sport, avec cinq coéquipiers, 40 jours plus tard il se méritait le Jules Vernes, ce prestigieux trophée que gagne le navigateur à voile réalisant la plus rapide traversée du globe en mer. Et Joyon ne bat pas Loïck Peyron de justesse : c’est par plus de 4 jours et demi qu’il abaisse le record.

Le maxi-trimaran de 31,5 mètres de long a donc livré la marchandise. En 2012, le Banque Populaire de Peyron faisait, lui, 40 mètres et il était doté d’un équipage total de 14 marins.

40 jours ! Aucun marin n’aura ainsi tourné aussi vite autour de la planète, d’une seule traite, bien que cette performance de Joyon avec sa petite équipe n’arrive pas seule :

  • Alors que Joyon était déjà en mer, le 25 décembre, Thomas Coville a lui aussi battu un record – qui tenait depuis 8 ans – avec son tour du monde en solitaire de 49 j 3h 7 m à la barre du Sodebo, un grand trimaran de 30 mètres de long.
  • Et le 19 janvier 2017 restera la victoire d’Armel Le Cléac’h remportant le Vendée Globe en un temps record de 74 j 3 h 35 m 46 s pour son tour du monde en solitaire sans escale à la barre de son monocoque Banque Populaire VIII.

Mais c’est le témoignage de l’équipe Joyon qui montre bien que l’heure des voiliers qui volent est à nos portes. Comme nous en avait parlé, à bord même du trimaran French Tech Rennes St Malo, le québécois Charles Mony qui s’apprêtait à quitter Québec avec trois collègues, en août 2016, pour tenter de joindre le premier St-Malo, dans le cadre de la 9e édition de cette transat.

« Les premières traversées en course ont été de 78 jours. Dix ans plus tard, nous en sommes à 48, et un skipper projette d’abaisser ça à 45 jours. Nous sommes loin du fameux Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne, du nom dudit trophée de cet exploit au début », nous racontait alors Charles Mony en expliquant les progrès techniques de ces formules un de la mer.

C’était en août dernier, de 2016.

L’Histoire n’aura pas attendue longtemps.

« J’ai vu un 48 nœuds (…) Notre projet était porté par une approche très différente de ceux qui se sont lancés jusque là dans le Trophée Jules Verne. Il misait sur la légèreté plutôt que la puissance. Cela fonctionne, même si nous avons été moins performants dans les zones de petit temps où nous aurions bien voulu avoir un plus de hauteur dans le mât (…)

(…) Les dernières évolutions nous montrent que les bateaux volants marchent très bien aussi », a raconté à l’arrivée un membre de l’équipage Joyon, Clément Surtel.

À sa création, il y a 25 ans, l’objectif était de faire moins de 80 jours. Désormais, il va s’agir de faire moins de 40 pour essayer de ravir ledit trophée.

  • 1895: premier tour du monde en solitaire par Joshua Slocum (3 ans en mer);
  • 1921: deuxième tour du monde en solitaire par Harry Pidgeon (4 ans en mer);
  • 1968: les premiers solitaires autour du monde sans escale, d’abord Robin Knox-Johnston en 313 jours, et Bernard Moitessier en 304 jours;
  • 2005: Ellen MacArthur y va d’un 71 jours en mer en solitaire.

Caractéristiques du maxi trimaran
IDEC SPORT

  • Architectes : Cabinet VPLP (Van Péteghem-Lauriot Prévost)
  • Noms précédents : Groupama 3, Banque Populaire VII
  • Longueur : 31,50 m
  • Largeur : 22,50 m
  • Déplacement : 18 000 kg
  • Tirant d’eau : 5,70 m
  • Hauteur du mât : 33,50 m
  • Structure : carbone-Nomex
  • Voilure au près : 411 m2
  • Voilure au portant : 678 m2
  • Date de la première mise à l’eau : juin 2006

www.idecsport-sailing.com/les-six-fantastiques/#/

 

*****

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI !

L’Institut national d’optique essaime une 31e entreprise

La détection à distance pour repérer les fuites de pétrole dans les pipelines souterrains : voila l’aissaimage que l’INO vient de confirmer de ses bureaux du Parc technologique du Québec métropolitain, à Québec, en ce début 2017. C’est donc bel et bien parti pour la création d’une 31e entreprise. Un démarrage d’entreprise, Les Systèmes FlyScan Inc., qui n’est d’ailleurs pas une première pour le fondateur : Éric Bergeron est l’entrepreneur à l’origine de la société à succès Optosécurité.

La nouvelle entreprise, basée à Québec, proposera donc des services de détection à distance pour repérer les fuites de pétrole dans les pipelines souterrains. Un enjeu de taille !

L’utilisation de pipelines pour le transport de pétrole, si elle est très efficace, présente aussi certains risques environnementaux en cas de défaillance. La détection rapide et précise d’éventuelles fuites représente donc un enjeu de taille pour l’industrie pétrolière. Or, les systèmes de détection actuels ne sont pas suffisamment sensibles pour détecter rapidement de petites fuites. De plus, la vaste majorité des pipelines sont enfouis sous terre, ce qui rend la tâche encore plus complexe.

Grâce à la technologie mise au point à l’INO, FlyScan proposera un service pour détecter les fuites beaucoup plus rapidement et précisément. Le système sera installé sur un appareil aéroporté (avions, hélicoptères, voire des drones à plus long terme) qui survolera le pipeline et localisera les fuites non détectables par les technologies actuelles, même si celles-ci sont souterraines. Ainsi, les opérateurs de pipelines pourront intervenir plus rapidement pour éviter des dégâts environnementaux.

Programme « Entrepreneur en résidence »

FlyScan sera aussi la deuxième société créée grâce au programme Entrepreneur en résidence de l’INO. Ce programme, créé conjointement avec la Ville de Québec, permet à des entrepreneurs de démarrer une compagnie utilisant les technologies de l’INO en leur faisant bénéficier d’un soutien financier et technique. Cela permet d’offrir aux entrepreneurs une meilleure chance de réussite dans la création de nouvelles entreprises issues de la recherche en optique ou en photonique.

Bien que FlyScan a été incorporée en septembre 2015, au moment où Éric Bergeron s’est joint au programme d’entrepreneur en résidence, ce n’est que dernièrement que celui-ci et l’INO ont déterminé les conditions du transfert de technologie qui mène à la confirmation du projet. Entre septembre 2015 et le lancement officiel, M. Bergeron a donc pu bénéficier d’un appui financier et technologique pour réaliser son projet, ce qui a mené au développement du système de détection des fuites qui sera commercialisé par la nouvelle entreprise.

La confirmation du bon développement de ce 31e spin-off est un bel exemple que le programme « Entrepreneur en résidence » permet une commercialisation beaucoup plus rapide des innovations de l’INO. En 28 ans, les 31 entreprises ainsi essaimées ont d’ailleurs permis de créer plus de 2 000 emplois.

Nouvel élan pour 2016‑2021

Rappelons aussi que l’INO pourra notamment bâtir les cinq prochaines années avec une base financière confirmée. Le 8 novembre 2016, Navdeep Bains, le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, ainsi que sa collègue québécoise, Dominique Anglade, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, avaient annoncé que l’Institut national d’optique du Canada se voyait accorder un appui pour soutenir son financement de base pour la période de 2016‑2021 sur la base des sommes suivantes :

  • 50 millions $ provenant de Développement économique Canada pour les régions du Québec;
  • 32 millions $ provenant du Gouvernement du Québec.

À ces montants pourraient s’ajouter encore 19,5 M$ de la part du Gouvernement du Québec dans le cadre d’acquisition d’équipements scientifiques de pointe.

www.ino.ca

****

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI !

Usine numérique : Banque Scotia innove à Toronto  

Unique en son genre, ce lieu emploiera quelque 350 spécialistes du numérique, de la conception, de l’ingénierie et de la méthode agile pour faire vivre des expériences encore meilleures aux clients de la Banque Scotia. Dorénavant officiellement ouverte, l’Usine numérique est destinée exclusivement à la production numérique, conçue pour favoriser la collaboration et la créativité dans le but de rehausser l’expérience client en opérations bancaires mobiles et numériques, ouverture de comptes, évaluation des prêts et demandes de prêts hypothécaires.

D’une superficie de 70 000 pieds carrés, cet établissement est situé à quelques pas du siège social de la Banque Scotia à Toronto. Des spécialistes du numérique, de la conception, de l’ingénierie et de la méthode agile y travailleront dans un environnement favorisant la collaboration, la créativité et la création de solutions novatrices grâce à l’apport en temps réel des clients.

La Banque Scotia ne s’arrête pas là. Elle a aussi créé un réseau d’Usines numériques et elle en aura une dans quatre pays de l’Alliance du Pacifique MexiquePérouChili et Colombie.

Ces Usines numériques serviront d’incubateurs pour les nouveaux produits, services et solutions offerts aux 23 millions de clients de la Banque Scotia dans le monde.

« Nos cinq Usines numériques et le travail qui y est effectué suscitent une grande fierté chez tous les BanquiersScotia (…) Ces usines numériques jouent aussi un rôle important en encourageant l’innovation des entreprises de technologie financière, ainsi qu’en stimulant la productivité et la création d’emploi dans leur marché local », explique Brian Porter, président et chef de la direction, Banque Scotia.

La Banque Scotia a fait appel à Interior Architects, qui a conçu les plans de l’Usine numérique de Toronto d’après les idées et les commentaires des BanquiersScotia et de manière à refléter la diversité des méthodes de travail ainsi que le besoin d’un environnement de travail créatif, agile et agréable.

Quelques faits sur l’Usine numérique de Toronto

  • Laboratoire d’utilisabilité : Une culture de conception par la méthode essai et erreur qui repose à chaque étape sur les commentaires des clients. Ce laboratoire, au sein de l’Usine numérique, est l’endroit où les équipes rencontrent les clients pour tester les solutions aux différentes étapes de leur conception.
  • Espaces de travail collaboratif : Qu’il s’agisse de grandes salles de caucus ou de petites cabines privées, la conception technologique d’avant-garde permet aux équipes de collaborer avec d’autres employés de la Banque où qu’ils soient dans le monde. Il en résulte une production technique efficace et de qualité, pour les employés et les équipes scrum qui utilisent la méthode agile. Le thème des quartiers et les salles de réunions portent les noms de personnes et de technologies qui ont changé les choses et transformé leur secteur d’activité.
  • Inspiration insufflée par les œuvres d’art : Partout, les œuvres d’art rappellent l’histoire de la Banque Scotia et sont une source d’inspiration pour l’avenir. Le logo de l’Usine numérique – un mélange d’engrenages traditionnels et pixélisés – illustre le passage de l’analogique au numérique et, plus globalement, la transformation numérique de l’ensemble de la Banque. Une version stylisée des armoiries de la Banque Scotia datant de 1921 est mise en valeur. Après avoir réalisé des entrevues auprès d’employés de l’Usine numérique, des artistes de Toronto ont créé une murale illustrant l’évolution du rôle de la Banque Scotia auprès de ses clients partout dans le monde, selon les valeurs de base de la Banque : respect, intégrité, passion et responsabilité.
  • Havre de sécurité : L’accès est assuré par un contrôle biométrique des empreintes digitales de quatre doigts, d’un simple mouvement de la main. Cette technologie sans contact permet aux employés de passer les points de contrôle sans s’arrêter.

L’Usine numérique agit comme plateforme de création et d’incubation pour les nouvelles idées et celles des partenaires afin d’offrir des solutions novatrices aux clients de la Banque Scotia. Il s’agit d’une des pierres angulaires de la transformation numérique de cette institution financière canadienne et son objectif est de réinventer la façon dont les services bancaires répondent aux besoins des clients en réinventant d’abord notre méthode de travail.

Pour en savoir plus, voir le site digitalfactory.scotiabank.com.

*****

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI !

Entomophagie : le défi de nourrir la planète passera par la consommation d’insectes

Entomophagie : mot savant qui signifie l’acte de manger des insectes. Pourquoi parler de ça ? Pas question ici des « friandises naturelles » offertes parfois pour vous lancer un défi de bravoure, voire de sensibilisation ! Carrément parce qu’il est communément admis que le monde, qui hébergera 9 milliards d’humains d’ici 2050, commandera que la production alimentaire actuelle soit pratiquement multipliée par deux. Les terres – surtout arables – deviennent rares. Accroître les surfaces dédiées à l’agriculture n’est pas une option durable. Les mers et nos océans sont déjà en surpêche. Le changement climatique… Les pénuries d’eau potable… Bref, le potentiel que les insectes représentent pour l’alimentation humaine – et animale – ne peut pas être ignoré.

Heureusement, la réflexion et les recherches sont beaucoup plus avancées que ce qu’en laisse penser l’état de l’opinion publique à cet égard, du moins en Occident. Déjà en 2013, la FAO a publié un important rapport de centaines de pages sur l’entomophagie, en qualifiant cette approche de solution « innovante » pour nourrir la planète. Mais la FAO, c’est la grande famille des Nations Unies, de l’ONU, et on est toujours loin de l’application dans les États membres. L’ouvrage évalue tout de même le potentiel que les insectes représentent pour l’alimentation humaine et animale et recense l’information existante et les travaux de recherche sur les insectes.

ENTOMOPHAGIE : CONTEXTE ÉCONOMIQUE

Pourquoi parler d’insecte maintenant ? En ce début de XXIe siècle, les insectes apparaissent comme une ressource particulièrement appropriée pour l’alimentation humaine, et aussi animale, pour de multiples raisons : d’abord les prix croissants des protéines animales.

Mais aussi l’insécurité alimentaire et les pressions accrues sur l’environnement, auxquelles s’ajoutent la croissance démographique et le phénomène spécifique de la demande croissante en protéines par les classes moyennes.

Résultat : déjà, en 2017, il devient urgent de trouver des alternatives à l’élevage du bétail conventionnel.

QUEL RÔLE POUR LES INSECTES ?

Concomitamment, on peut déjà considérer que la consommation d’insectes, elle, contribue positivement à la protection de l’environnement, tout comme à la santé et aux moyens de subsistance des populations locales. Mais doit-on y voir un rôle majeur dans une stratégie pour nourrir la planète ?

  • Vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’il y a 14 mammifères domestiqués dans le monde, chacun pesant au moins 45 kg ; l’Eurasie se targuant de 13 de ces animaux, alors que seul le lama provient des Amériques.
  • Vous serez peut-être encore plus surpris d’apprendre qu’il y plus de 1 900 espèces d’insectes qui sont mentionnées comme aliments humains.

D’ailleurs, on estime que les insectes font déjà partie des repas traditionnels d’au moins 2 milliards d’humains. À contrario, nos 14 mammifères ne produisant pas seulement de grandes quantités de viande – en faisant les principaux fournisseurs d’aliments d’origine animale -, mais aussi d’excellents producteurs de chaleur animale, de produits laitiers, de cuir, de laine, de force de travail autant pour le labour que le transport, il n’est pas difficile de penser que c’est en raison de l’utilité de ces mammifères que les insectes, à l’exception des abeilles et des vers à soie, n’ont jamais eu de succès en Occident.

Pourtant, l’insecte fournit de nombreux services fondamentaux pour la survie de l’humanité, jouant un rôle important dans la reproduction végétale par la pollinisation, améliorant la fertilité des sols par bioconversion des déchets, contrôlant les nuisibles grâce à la lutte biologique naturelle et fournissant une grande variété de produits de valeur (miel, soie) et médicinaux, comme l’asticothérapie. Leur utilité ne fait donc aucun doute. Mais voilà qu’il faudra accepter de les savoir, voire de les voir dans sa propre assiette.

Insectes actuellement les plus consommés (au niveau mondial) :

  • les scarabées (coléoptères) pour 31 % ;
  • les chenilles (lépidoptères) pour 18 % ;
  • les abeilles, guêpes et fourmis (hyménoptères) pour 14 % ;
  • les sauterelles, criquets et grillons (orthoptères) pour 13 % ;
  • les cigales, cicadelles, cochenilles et punaises (hémiptères) pour 10 % ;
  • les termites (isoptères) pour 3 % ;
  • les libellules (odonates) pour 3 % ;
  • les mouches (diptères) pour 2 % ;
  • et enfin des insectes appartenant à d’autres ordres pour un total de 5 %.

Si le défi de nourrir la planète doit passer par la consommation d’insectes, en Occident comme ailleurs, et que la réputation de la chose reste au seuil du zéro pour la grande majorité des gens qui ne le font pas déjà, alors que faut-il faire ?

L’ouvrage de la FAO nous donne une marche à suivre.

MARCHE À SUIVRE…

« Toutes les actions visant à libérer l’énorme potentiel des insectes pour accroître la sécurité alimentaire nécessitent que les quatre principaux goulots d’étranglement et défis suivants soient résolus simultanément », résument les experts de la FAO.

Premièrement, il faut plus d’information sur la valeur nutritionnelle des insectes, afin de les promouvoir plus efficacement comme nourriture saine.

Deuxièmement, les impacts environnementaux de la récolte et de l’élevage des insectes doivent être évalués pour permettre de les comparer à ceux provoqués par les pratiques agricoles traditionnelles et l’élevage du bétail, qui peuvent être plus dommageables pour l’environnement.

Troisièmement, les bénéfices socio-économiques que la récolte et l’élevage des insectes peuvent offrir et leur augmentation doivent être évalués, en particulier pour améliorer la sécurité alimentaire des plus pauvres.

Quatrièmement, des cadres législatifs clairs et exhaustifs au niveau national et au niveau international sont nécessaires au plein développement – de l’échelle domestique à l’échelle industrielle – de la production et du commerce international des produits issus des insectes utilisés dans l’alimentation humaine et animale.

D’ailleurs, la FAO entretient depuis 2010 un portail Web sur les insectes comestibles, qui fournit des informations de base sur l’utilisation et le potentiel des insectes comestibles ainsi que sur les liens Web pertinents. Il fournit aussi d’autres informations techniques pertinentes, des vidéos et autres couvertures médiatiques.

Adresse du portail: www.fao.org/forestry/edibleinsects.

La FAO précise en outre les obstacles à la création de nouveaux marchés à l’exemple de l’Union européenne. On sait donc que les obstacles majeurs à l’élevage des insectes dans l’UE sont:

  • des règlements sanitaires stricts pour créer des établissements d’élevage;
  • un manque de directives sur l’élevage de masse des insectes;
  • un manque de clarté sur l’autorisation ou non des insectes sur le marché par le règlement des nouveaux aliments;
  • une information limitée sur les espèces consommées avant le 15 mai 1997, ce qui est nécessaire pour qu’un aliment soit qualifié de «nouvel aliment»;
  • les restrictions récentes dans l’Union européenne concernant l’alimentation de la volaille, des porcs et des poissons de pisciculture avec des protéines animales transformées, sans qu’aucune référence aux insectes ne soit faite. (Source: L. Giroud, communication personnelle, 2012)

Et en Amérique ? Si vous voulez savoir combien y a-t-il de fermes d’insectes au Canada, sachez aussi qu’Agriculture Canada n’exige pas de permis pour la production d’insectes de consommation et donc ne compile pas encore les données de ce secteur économique bien sommaire.

Une industrie pourtant pas inexistante, car Entomo Farms, qui opère depuis déjà deux ans à Norwood, en Ontario, serait le plus important producteur du pays (essentiellement des grillons, destinés d’ailleurs au marché américain). Il faut 6 semaines pour amener un grillon à maturité commerciale ! Efficace donc.

On y fait notamment du grillon entier aromatisé : BBQ, épicés ou miel et moutarde. Mium ! Mium ! Mais l’intérêt commercial est sans doute plus évident du côté de la version poudre du produit. Car cette « farine » remplace avantageusement à peu près tous les aliments qui en nécessitent ! Il faut en effet seulement 20-30% de poudre de grillons pour faire l’équivalent en farine.

Un article récent du quotidien montréalais La Presse mentionne aussi une ferme en Nouvelle-Écosse, et une autre en Colombie-Britannique, qui feraient dans le grillon canadien commercial, mais aucune n’aurait été identifiée encore au Québec. La production artisanale de l’entreprise Vire-Bebittes, dans les Cantons-de-l’Est, serait cependant à quelques mois de passer au stade commercial.

Le grillon possède le double de protéine que le bœuf pour la même quantité de poids et il est riche en vitamines, fibres et minéraux.

  • Le grillon demande 2 livres de nourritures pour une livre de viande produite.
  • Le bœuf demande 10 livres de nourritures pour une livre de viande produite.
  • Le porc demande 5 livres de nourritures pour une livre de viande produite.

Pratiquement 80% de l’ensemble de l’insecte est comestible, 55% pour le poulet et seulement 40% pour le bœuf.

LE JAPON, LE MEXIQUE… ET LES AUTRES

Il est généralement admis que la pratique de manger de l’insecte a lieu exclusivement dans les pays tropicaux, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Car les insectes sont aussi consommés dans des pays en zones tempérées, tels que la Chine (Feng et Chen, 2003), le Japon (Mitsuhashi, 2005) et le Mexique (Ramos Elorduy, 1997), selon les trouvailles de la FAO.

L’eau est un facteur clef de la productivité des terres et un nombre croissant d’indices suggère que le manque d’eau limite déjà la production agricole dans de nombreuses régions à travers la planète entière. Et n’estime-t-on pas déjà qu’en 2025, quelque 1,8 milliard d’humains vivront dans des pays ou des régions avec une pénurie absolue d’eau, et deux tiers de la population mondiale feront face à des difficultés d’approvisionnement (FAO, 2012b). Il ne faut jamais oublier, par ailleurs, que l’agriculture consomme environ 70 % de l’eau douce mondiale (Pimentel et al., 2004).

LA CLÉ DE L’EAU

Répétons-le : d’ici 2025 donc moins de dix ans, quelque 1,8 milliard d’humains vivront avec une pénurie absolue d’eau ; et l’agriculture ne cesse pas de consommer environ 70 % de l’eau douce mondiale.

Or le Québec est un champion en matière de réserve mondiale d’eau douce. Il en est doté sur l’ensemble de son territoire dans des proportions de quantité par habitant presque gênantes pour tous le reste de l’humanité. Ce qui ne signifie pas que l’écosystème y supporterait pour autant une large exportation brute de la ressource. Le gouvernement s’apprête d’ailleurs à augmenter de manière substantielle la redevance demandée en matière de captation des eaux au Québec.

À tout bien considérer, la production de protéines d’insectes y serait certainement une manière innovante et hautement efficace d’exporter virtuellement cette eau si précieuse pour tous. Et ceci tout au bénéfice d’une réponse positive au défi de nourrir la planète.

Au-delà de la « friandises traditionnelles » !

L’édition de 1992 du Malawi Cookbook présente moult recettes sous le titre «friandises traditionnelles».

Et que dire du Buqadilla Buqadilla : une collation innovante, en cours de mise au point pour le marché hollandais. C’est un produit alimentaire de type mexicain épicé à base de pois chiche et de 40 % de petits vers de farine. Dans plusieurs restaurants et cantines où le produit a été testé, il a été bien accueilli pour son goût et sa texture moelleuse. Cette collation durable, saine et exotique, est un bel exemple de façon culturellement acceptable par les consommateurs occidentaux de tester et d’apprécier les insectes comestibles comme aliments

Et du Crikizz Crikizz : autre exemple de produit européen à base d’insecte, développé par Ynsect et des étudiants français. Amuse-gueule épicé, soufflé, à base de vers de farine et de manioc, sa teneur en vers de farine varie de 10 à 20 % selon la gamme de produits «classique» ou «extrême».

Ou encore du SOR-Mite (bouillie de sorgho enrichie en protéines) : la compétition « Développer des solutions pour les pays en développement », organisée par l’Institut des techniciens de l’alimentation, promeut l’application des sciences et des techniques de l’alimentation et le développement de nouveaux produits et procédés dans le but d’améliorer la qualité de vie des populations des pays en développement. Le 1er prix de cette compétition a été remis, lors de l’Exposition alimentaire annuelle d’Anaheim aux États-Unis en juin 2009, au projet SOR-Mite, un mélange à base de sorgho enrichi avec des termites. Les céréales faiblement nutritives habituellement consommées dans de nombreux pays africains, sont pauvres en protéines et en matières grasses et manquent de plusieurs acides aminés essentiels, tels que la lysine. Enrichir ces céréales avec des termites ailés hautement nutritifs, facilement récoltés en début de saison des pluies, paraît très pertinent.

Source de la Une: rcinet.ca/fr/2013/09/25/lentomophagie-pronee-par-des-etudiants-montrealais/

Source de l’image en texte: viesaineetzen.com/content/l%E2%80%99entomophagie-des-insectes-dans-nos-assiettes

*****

Vous aimez cet article! Faites une DONATION à la rédaction du cyberjournal par un clic au bas de la colonne de droite de cette page... MERCI !