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Sommet de Johannesburg et CO2 Solution: même combat

par Daniel Allard

Si lors d'événements comme le hautement médiatique Sommet de Johannesburg se façonne le terrain politique de la sauvegarde de l'environnement de la planète Terre, c'est à Québec que la compagnie CO2 Solution continue de déblayer le terrain scientifique concernant l'important défi de l'élimination des gaz à effet de serre.

De plus en plus connue pour offrir une solution quasi parfaite au problème de surplus de CO2, en les récupérant et les recyclant massivement à partir d'un processus enzymatique, la prometteuse entreprise n'était pas officiellement représentée, en Afrique du Sud, durant ledit second Sommet de la Terre du 26 août au 4 septembre. La priorité n'est pas encore de vendre une nouvelle technologie. Il reste encore des étapes déterminantes de mise au point à accomplir. Notre visite du principal laboratoire de recherche de CO2 Solution a cependant permis de constater un développement important des travaux en cours. En fait, la compagnie devra éventuellement penser à ajouter un « S » au Solution de son nom. Car c'est déjà un fait, elle offrira des alternatives de solutions dans sa lutte contre le CO2.

MISE AU POINT D'UN NOUVEAU BIORÉACTEUR

À l'origine, le bioréacteur du procédé était uniquement du type colonne garnie. C'est cette technologie brevetée qui est actuellement en banc d'essai au Cégep de Lévis-Lauzon, sur la Rive-Sud de Québec, à une échelle pilote permettant de traiter l'ensemble du volume d'air du système de ventilation en cause. En réduisant l'apport d'air venant de l'extérieur, la technologie permet aussi de diminuer les frais de chauffage et de climatisation. Une expérimentation très similaire à celle préalablement faite dans des sous-marins pour le compte des Forces armées canadiennes. Un cas de respiration humaine à faible volume en milieu clos pour lequel les preuves de faisabilité sont faites. « Nous sommes rendus à des tests sans l'enzyme et ceux avec l'enzyme sont prévus pour la fin de l'année 2002 », précise le chercheur qui dirige cette nouvelle expérimentation terrain, Frédéric Dutil. Après, il est question d'une autre phase expérimentale. Elle n'est pas encore assurée, mais on parle d'un édifice public de Montréal. Bref, le cheminement de ce premier type de bioréacteur suit la route.

Il y a un an et demi, histoire de mettre une seconde corde à son arc, la direction de CO2 Solution prenait tout de même la décision de travailler à la mise au point d'un autre procédé, avec cette fois un bioréacteur de type lit fluidisé. « En recherche, on ne sait jamais. On voulait avoir une deuxième façon d'attaquer le problème », explique le président directeur-général Ghislain Théberge. Cette seconde machine est maintenant construite et fonctionne. « Nous sommes actuellement à l'étape de commencer les essais en laboratoire avec l'enzyme », complète Sylvie Fradette, chef d'équipe biomimétique, avec CO2 Solution depuis le début de l'aventure.

L'avantage de ce nouvel outil permet d'avoir une alternative, toujours pour continuer de recycler le CO2, même si le site industriel à traiter n'a pas besoin de se rendre à l'étape de la précipitation du bicarbonate lorsque ce dernier est encore dans l'eau. Intéressant! Parce qu'initialement, le procédé complet conduit à produire de l'inoffensif bicarbonate en poudre. Mais que faire lorsqu'on s'arrête à l'étape du CO2 transformé en bicarbonate encore dans l'eau? Un cheminement scientifique qui mène l'entreprise vers des chemins aussi imprévues que l'élevage d'algues.

UN PHOTOBIORÉACTEUR PRODUCTEUR D'ALGUES

Et une autre innovation récente: un photobioréacteur inédit, pour lequel la demande de brevet vient tout juste de partir. L'innovation vient du fait que le processus est ici en continu avec une production de la lumière à l'intérieur, plutôt qu'à l'externe. Les autres photobioréacteurs sont habituellement de grandes étendues d'eau à l'extérieur, qui utilisent la lumière du soleil. Ce qu'utilisent actuellement les chercheurs de CO2 Solution est un genre d'aquarium de 200 litres d'eau où est immergé un cylindre qui tourne sur toute la longueur. Il permet d'utiliser le bicarbonate présent dans l'eau traité par les deux bioréacteurs et de nourrir une algue très célèbre: la spiruline.

« On doit aussi ajouter des doses de nitrate, de phosphore, de sodium, de potassium, pour maintenir un équilibre, mais actuellement, nous arrivons à fonctionner dans un rapport de 1,7 tonne de CO2 par tonne de spiruline produite - et le sous-produit principal est de l'oxygène - ce qui concrètement nous permet de produire 20 à 30 grammes d'algues quotidiennement », expliquent Yann Maury et Sylvie Labbé, les deux assistants de recherche de Frédéric Dutil.

Que peut-on faire ensuite avec cette spiruline d'élevage? Trois secteurs industriels ont été identifiés par les chercheurs de CO2 Solution:

  • Cosmétique (chimie fine);
  • Nourriture pour animaux;
  • Suppléments alimentaires (vitamine B12, fer, sélénium, etc) pour animaux et même pour les humains.

Ghislain Théberge était d'ailleurs très fier de dire, le matin même, qu'il avait dégusté ses algues avec son verre de jus d'orange. Et il n'a rien contre le fait de devenir en plus marchand de spiruline. Une orientation qui, si elle prenait un véritable tournant commercial, pourrait valoir son pesant d'or pour la compagnie: « La phycocyanine, une composante de la spiruline, ça vaut 17$ le gramme sur le marché », montre Yann Maury, source à la main.

« J'avais développé cette technologie d'abord dans le contexte de la production d'algues pour le milieu pharmaceutique, pas le contexte des changements climatiques. Maintenant, notre devient une deuxième option pour la séquestration des bio-carbonates et leur transformation en bicarbonate de sodium ou autres », explique à nouveau Frédéric Dutil, son inventeur, qui l'a vendu à CO2 Solution au début de 2001, décidant du coup de quitter la recherche en solitaire et de s'intégrer au sein de l'équipe de chercheurs de l'acheteur, afin de poursuivre le développement de ses travaux.

PRODUIRE PLUS D'ENZYME MAGIQUE

Et qu'arrive-t-il avec la principale vedette de CO2 Solution? L'enzyme, dont on continue de taire le nom, achève de provenir des globules de sang de bœuf, une source accessible, mais coûteuse, à plus de 400$ le gramme sous forme d'une poudre blanche séchée.

Chère mais efficace! L'enzyme n'a que pour rôle d'être un catalyseur d'une réaction chimique naturelle qui fait que dans l'eau, le CO2 devient du bicarbonate, mais avec un rendement décuplé. Et quel rendement! Rien de moins que 1 million de fois plus rapidement.

1 million de fois
plus rapidement

Actuellement, Sylvie Fradette sait qu'un gramme d'enzyme agit encore après un an dans une colonne au repos en contact constant avec l'air. Reste à faire des tests à longue durée pour enfin découvrir quel volume d'enzyme permet de traiter combien de CO2. « Les premiers tests démarrent d'un jour à l'autre », expliquait-elle fin août.

Le 12 décembre 2001, un important contrat de services a par ailleurs été confié à Medicago, une autre entreprise de Québec, concernant la production de l'enzyme à partir de la luzerne. CO2 Solution voulait, encore ici, regarder du côté d'une autre option.

Mais l'option principale continue de se développer au sein de l'équipe de biologie moléculaire de CO2 Solution que dirige Marc Desrochers, qui explore la voie par les bactéries pour cloner l'enzyme. « Actuellement, on arrive à le cloner, même à produire pour les besoins de nos recherches. Cependant on ne parle pas encore de kilos, mais c'est le but », précise madame Fradette, en terminant la visite guidée du labo de Val-Bélair. Le 12 septembre 2002, devant la soixantaine d'actionnaires - sur les quelque 440 - réunis à Québec pour l'Assemblée générale annuelle, Ghislain Théberge a révélé que « (...)depuis décembre 2001, le clonage de l'enzyme permet un approvisionnement à 150$ le gramme, plutôt qu'à 490$ auparavant ».

Une excellente nouvelle pour une entreprise qui continue de n'enregistrer aucun revenu et qui a administré des charges de l'ordre de 910 000$, lors de l'exercice financier du 1er novembre 2001-30 juin 2002. Mais malgré une perte pour l'exercice terminé le 30 juin 2002 s'élevant à 912 585$, soit 0,06$ par action, en comparaison avec 631 474$ et 0,046$ par action pour l'exercice terminé le 31 octobre 2001, les dirigeants de CO2 Solution restent optimistes. Ils espèrent toujours porter leur entreprise en bourse d'ici la fin de 2003. La première rencontre du Comité de préparation à l'entrée en Bourse a même été tenue le 22 mars 2002.

Avec quatre équipes (bio moléculaire, immobilisation, applications et biomimétisme), le personnel de recherche de CO2 Solution mobilise actuellement une vingtaine de chercheurs. Une demande de brevet a même été déposée afin de coupler la technologie de CO2 Solution à une pile à combustible d'hydrogène. Une application permettant de transformer en une matière inerte le CO2 qui est émis par la combustion du carburant fossile utilisé pour fabriquer l'hydrogène qui alimente la pile. Ce couplage fait en sorte de rendre cette source énergétique déjà beaucoup moins polluante que les autres modes de production d'énergie totalement sans impact négatif sur l'environnement. Et ce n'est pas fini, si les bonnes nouvelles appréhendées concernant le milieu des alumineries se confirment.

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