par Daniel Allard

L'affirmation, selon l'économiste en chef de Exportation et Développement Canada (EDC, anciennement la SEE), Stephen Poloz, que la Chine et l'Inde sont les marchés les plus intéressants que les gens d'affaires cannadiens devraient cibler était parmi les bonnes nouvelles qu'il avait à communiquer, lors de son passage annuel à Québec, le 3 mai dernier, devant un parterre bien garni de 85 personnes.

Ce sont 35 cents de chaque dollar gagné au Canada qui proviennent du commerce international. Un ratio qu'aucun autre pays n'atteind dans le monde. D'où l'importance particulière pour les gens d'affaires canadiens de viser juste en matière de marchés internationaux.

Le spécialiste d'EDC a d'abord voulu identifier les pays brillants, c'est-à-dire les pays aux économies résistantes. La grande vedette de ce groupe est la Chine, avec un taux de croissance annuel continuel d'au moins 7% depuis plusieurs années. « D'ici 10 ans, la taille de l'économie chinoise aura doublé et équivaudra à celle des États-Unis », prédit Stephen Poloz.

Au second rang, il place ensuite l'Inde, qui avec un taux de croissance annuel continuel d'environ 5%, fait très bonne figure. Suivent certains pays de l'Europe de l'est, surtout la Hongrie, présentée sur le plan économique comme possiblement la prochaine Irlande; la Pologne et la République tchèque sont aussi à retenir. En juin 2002, EDC procède d'ailleurs à l'ouverture d'un bureau à Varsovie. Aussi dans le groupe des pays brillants, le Mexique, pays où malgré un contexte de récession en 2001, les exportations canadiennes ont augmenté de 10% l'an dernier.

L'économiste pense ici aux pays maintenant un taux de croissance vers les 2%. C'est notamment le cas du Canada, du Brésil, du Chili (un pays à retenir parce que les Chiliens pensent comme les Canadiens en affaires). Même le Japon est selon-lui un pays où les lumières sont allumées, « ...mais où on se demande s'il y a quelqu'un dans la maison », a-t-il aussitôt ajouté. « C'est difficile d'être optimiste avec le Japon. On sait qu'un jour cela va repartir, mais... Éventuellement, il y aura renaissance, mais pas cette année. Éventuellement donc, je vous propose de garder une place pour le Japon dans votre porte-feuille », a aussi déclaré monsieur Poloz.

Stephen Poloz n'a pas dit un seul mot concernant les pays d'Afrique pendant sa conférence. Lors de la période de question, il a précisé que l'Afrique du Sud, le Botswana et le Nigéria y étaient des poches de croissance à cause des matières premières.

Sa grande conclusion macro-économique mondiale: il y a redécollage, mais pas de bulle; 2002 sera une année meilleure que 2001 et 2003 meilleure que 2002.

 

Année de transition pour les économies mondiale et canadienne Alors que l'économie redécolle lentement, EDC prône la patience par Vincent Doyon Les mauvaises nouvelles s'annonçaient incontournables. Avant la tragique journée du 11 septembre 2001, les experts s'entendaient pour prévoir une récession prochaine. Après le 11 septembre, elle était devenue inévitable. Pourtant, la situation s'est avérée beaucoup moins dramatique que prévue, particulièrement en ce qui a trait à l'économie canadienne. Cependant, la prudence est encore de mise, du moins pour l'année 2002. C'est l'avis de Stephen S. Poloz, Vice-président et chef économiste d'Exportation et développement Canada (EDC). Selon les prédictions de la société d'état, l'économie québécoise connaîtra une faible croissance de 3% cette année, comparativement à une hausse de 9% en 2003. " Nous sommes dans une année de reprise, certifie M. Poloz. Lors d'une telle situation, les entreprises et la population se doivent de dépenser beaucoup d'argent, afin de stimuler l'économie. Les investissements stratégiques sont très importants, afin de contrer la compétition féroce. " Voici les facteurs les plus importants à surveiller au cours des prochains mois, qui sont associés à une reprise : les produits de base vont augmenter, c'est déjà le cas pour certains d'entre eux; les taux d'intérêts vont augmenter au cours des 12 à 18 prochains mois; les marchés boursiers vont également connaître une hausse. Au Québec, certains secteurs exportateurs traverseront les prochains mois plus facilement que d'autres. Parmi ceux à surveiller, mentionnons l'agroalimentaire, qui va très bien depuis deux ans, ainsi que l'aéronautique, les biens de consommation et les services. Les métaux et les machines et équipements ne connaîtront pas de problèmes majeurs, mais devront attendre 2003 pour une reprise majeure. Cependant, l'avenir n'est pas rose partout. Toujours selon les prédictions, les secteurs de l'automobile, des télécommunications, de l'énergie et le secteur forestier (dossier du bois d'œuvre!) traverseront difficilement la prochaine année. UN AVANTAGE FACE AUX AMÉRICAINS Naturellement, les événements du 11 septembre touchent plus durement les Américains que leurs voisins du Nord. Bien que le taux de change soit difficile à prévoir car il dépend de plusieurs facteurs différents, EDC avance évidemment une chute du dollar américain et une remontée du dollar canadien, jusqu'à 70,5¢. Cependant, l'euro et le dollar australien connaîtront une reprise beaucoup plus importante, si bien que notre huard dépréciera sur beaucoup de marchés mondiaux. " La dernière fois où nous avons connu une situation mondiale balancée, c'était en 1996, confirme M. Poloz. Le dollar canadien se situait alors entre 71¢ et 72¢. Depuis, ce fut une crise après l'autre: la crise asiatique, celle de Russie… puis le 11 septembre. L'économie américaine a été la seule à prospérer durant cette période. " Le Canada étant particulièrement actif au niveau des échanges internationaux, il sera donc durement touché à ce niveau, en raison de l'augmentation fulgurante des coûts. Même pour la frontière canado américaine, où ils ont triplé. À titre de comparaison, le ratio de l'économie canadienne relatif aux échanges internationaux est de 86%, alors qu'il est de 20% seulement pour l'économie américaine! POINT DE VUE MONDIAL EDC prévoit une croissance moyenne de 2,6% en 2002 et de 3,6% en 2003 pour l'économie mondiale. Bien qu'elle ait repris son envol il y a quelques mois, elle devrait atteindre sa vitesse de croisière à la mi-année, c'est-à-dire ces jours-ci. La meilleure note est accordée à la Chine, qui est propulsée vers les plus hauts sommets en raison d'une croissance de 7% par an de son économie. D'ici 10 ans, il y aura trois grandes économies à l'échelle mondiale, alors que la Chine aura rejoint les États-Unis et l'Europe. Des mentions spéciales sont accordées à l'Inde (5% par an) et à l'Europe de l'Est. De plus, bien que le Mexique ait connu une récession en 2001, il est sur le point de devenir le plus important partenaire d'affaires des États-Unis. Ainsi, les choses ne peuvent que s'améliorer. D'autre part, le Chili et le Brésil poursuivent leur progression, à raison d'une hausse de 2 à 3% par an. Finalement, pour reprendre l'expression de M. Poloz : " Au Japon, les lumières sont allumées, mais on ne sait pas s'il y a quelqu'un dans la maison… " En conclusion, ce dernier prône donc de belles choses: " Nous devons demeurer optimistes, bien que la reprise ne se fera cependant pas en ligne droite. Toutefois, 2002 sera une meilleure année que 2001 et 2003 sera encore meilleure. "

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