mot du délégué général du québec

 

Les six délégués généraux du Québec à l'étranger, d'un mot à l'autre, depuis 1997:

Bruxelles Londres Mexico
Janvier 1999 Janvier 1998 Sept. 1998
Sept. 1999
Janvier 2002
New York   Tokyo
Mars 1998 Paris Mars 1999
Mai 1999 Nov. 1997 Janvier 2000
Mai 2000 Juillet 1999 Mars 2002
 

Cette rubrique est mise à la disposition de chacune des Délégations générales du Québec à l'étranger. À tour de rôle, de Paris, Bruxelles, Londres, Tokyo, Mexico et New York, elles portent, pour le bénéfice des lecteurs de COMMERCE MONDE, un regard stratégique sur le bout de planète qu'elles observent.

En mai 2002, le mot du Délégué général proviendra de Paris.

 

Pourquoi le Japon ?

par Robert Keating, Délégué général du Québec à Tokyo

Pourquoi le Japon ? Voilà une bonne question à poser à un gars de Québec qui en est à son deuxième séjour au Japon. En effet, c'est à l'été 2000 que j'acceptais de retourner en terre nipponne après y avoir dirigé les services économiques de la délégation générale du Québec à Tokyo de 1990 à 1994.

Parce que malgré les hauts et les bas de l'économie japonaise, ce pays offre toujours des occasions d'affaires uniques pour les entreprises québécoises. J'affirmerais même qu'en raison des changements survenus au cours des dix dernières années, il est de plus en plus facile d'y être présent puisque les décisions des gens d'affaires japonais se prennent beaucoup plus rapidement alors que les trop nombreux intermédiaires du passé sont en voie de disparition.

Ce n'est pas pour rien que les exportations québécoises y ont augmenté de 35% à l'année 2000. Pour 2001, malgré un léger recul de nos exportations en raison de la récession mondiale, la baisse y a été moindre que vers les États-Unis.

Plus d'une centaine d'entreprises québécoises, la plupart des PME, ont profité des services de la délégation l'an passé et près de la moitié de celles-ci y ont connu des résultats. C'est dans l'agro-alimentaire que nos entreprises ont connu le plus de succès alors que les Japonais sont nos deuxième plus gros acheteurs de produits québécois, après les Américains. Cela se comprend facilement puisque le Japon n'a de capacité que pour nourrir 50% de sa population.

Les entreprises de l'optique/photonique, nombreuses à Québec, ont vu elles aussi leurs ventes progresser. À cet égard, nous devrions annoncer dans les prochains mois une entente fort importante avec la principale association japonaise de ce secteur.

Les entreprises du multimédia, des biotechnologies et des matériaux de construction y connaissent aussi des succès qu'il faut souligner. Ainsi, la firme Thératechnologie vient de signer une entente de 57 millions $ avec la compagnie japonaise Sakai.

Les succès des entreprises québécoises au Japon ne s'arrêtent pas à la signature de contrats. En effet si à peine quelques entreprises québécoises avaient pignon sur rue à Tokyo il y a dix ans, on en trouve maintenant plus d'une vingtaine, la dernière étant la Caisse de dépôt et placement du Québec.

« la nouveauté
c'est l'engouement des consommateurs
pour les articles en solde »

Par ailleurs, les Japonais maintiennent toujours leur élégance vestimentaire et une certaine civilité est toujours de mise dans les rapports humains. Par contre, la nouveauté c'est l'engouement des consommateurs pour les articles en solde. Il y a une dizaine d'années, il aurait été impensable d'offrir des produits de qualité à rabais. Les Japonais, un peu par snobisme achetait un prix et une marque. Aujourd'hui, et bien que les grandes marques comme Vuiton (48% de leurs ventes au Japon) soient toujours populaires, la population est devenue beaucoup plus consciente du rapport qualité-prix. Cela explique les succès commerciaux comme les boutiques UniQlo qui offrent une gamme de vêtement aux coupes modernes et à des prix défiant toute compétition. La clé du succès d'UniQlo: penser design au Japon et fabriquer en Chine.

D'autre part, la vie au Japon et à Tokyo, la plus grande ville du monde, y est toujours aussi fascinante alors que l'ultra moderne y côtoie des traditions millénaires. Mais plus encore, on a l'impression d'assister à des changements importants dans la mentalité et l'attitude de la population japonaise, qui ne sont pas sans ressembler à ce que le Québec a connu lors de la révolution tranquille. La situation politique et économique amène les Japonais à vouloir redéfinir leur société vers un matérialisme moins clinquant et une plus grande ouverture à l'étranger.

Enfin, on ne peut parler des succès du Québec au Japon sans mentionner l'étonnante percée des entreprises culturelles. Bien sûr comme partout ailleurs, Céline Dion y est extrêmement populaire mais comment expliquer le succès des troupes de théâtre pour enfants comme Le théâtre de l'Oeil ou la troupe Dynamo, qui a joué la pièce « Mur Mur » pendant plus de cinq ans au Japon. Ou de Robert Lepage, dont les pièces sont présentées en français ou en anglais et qui tout comme les vedettes japonaises possèdent son propre fan club.

Sans compter sur le Cirque du Soleil qui vient de compléter une série de plus de 500 représentations de Saltimbanco, la plus grande tournée mondiale jamais faite par le Cirque. Il faut croire qu'il existe un engouement certain du public japonais pour la fraîcheur, la nouveauté et l'originalité des produits culturels québécois. Une foule d'autres artistes québécois sont très bien connus tels les Charles Dutoit, qui dirige à Tokyo l'Orchestre symphonique de la NHK, Marc-André Hamelin, Nathalie Choquette, LaLaLa Human Step et bien d'autres.

En conclusion, je crois qu'il faut examiner le potentiel du Japon avec réalisme car la situation économique y sera difficile tant que le problème des mauvaises créances des banques ne sera pas résolu. Mais l'examen de la situation doit aller au-delà de la perception véhiculée par certains médias. Les entreprises québécoises qui y connaissent des succès l'ont bien compris et nous aurions tort de sous-estimer le potentiel de ce pays, la deuxième puissance économique mondiale.

La délégation générale du Québec à Tokyo fêtera en 2003 son 30e anniversaire. Voilà une occasion unique de diversifier et d'enrichir nos relations avec le Japon. C'est pourquoi toute l'équipe de la DGQT souhaite pouvoir vous accueillir en 2002 et en 2003 pour vous aider à obtenir des succès encore plus nombreux au pays du soleil levant.

SAYONARA

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