Le partenariat de Medicago avec un laboratoire français de Rouen permet une percée technologique dans la conformité des protéines thérapeutiques

par Daniel Allard

La luzerne continue de révéler de belles surprises au monde scientifique. Les spécialistes de la glycosylation ont découvert que cette plante produit un biopharmaceutique de façon plus conforme à la protéine naturelle que les autres usines vivantes connues. Cet important jalon franchi, Medicago annonçait, à Québec le 2 mai 2002, la poursuite et l'intensification de son entente de recherche avec le laboratoire Signaux et régulation chez les végétaux - UMR 6037, de Rouen, en France.

La luzerne est la plante-usine de Medicago. La compagnie de biotechnologie de Québec, qui se dit leader mondial de la moléculture, développe des lignées de luzerne génétiquement modifiée qui produisent des molécules destinées à la fabrication de médicaments. Elle emploie une soixantaine de personnes et est financée par des coopératives luzernières de Champagne (Avenir Luzerne SA, aussi en France) et des capitaux de risque du Québec.

« Nous croyons que la luzerne est l'espèce qui se prête le mieux à la production de protéines recombinantes à usage humain » affirme le docteur Loïc Faye, directeur de recherche au CNRS et directeur du laboratoire rouennais. L'équipe de Rouen a trouvé dans les patrons de glycosylation de différents organismes utilisés pour la production de médicaments que, sous certaines conditions, seule la luzerne produit une glycosylation homogène. La glycosylation est constituée de petites chaînes de sucres posées sur le squelette des protéines. Il s'agit d'une signature permettant à un organisme vivant de reconnaître ses propres protéines. Une glycosylation étrangère peut provoquer une réaction allergique et réduire l'efficacité d'un médicament.

« Une glycosylation homogène fournit des composés pharmaceutiques de meilleure qualité et plus faciles à purifier. Cet acquis important nous rapproche de notre objectif : fabriquer des protéines bien acceptées par le corps humain », précise le docteur Louis P. Vézina, directeur scientifique de Medicago. Selon ces deux chercheurs, la disponibilité même de certaines nouvelles thérapies dépend de la maîtrise de la glycosylation.

Pour François Arcand, pdg de Medicago, l'Accord général de partenariat conclu en 2001 avec le laboratoire de Rouen demeure un excellent investissement. « Nous avons le privilège de travailler avec un centre d'excellence de calibre mondial. Les découvertes des docteurs Faye, Gomord et Lerouge sur les modifications post-traductionnelles dans les plantes renforcent la robustesse de notre plate-forme luzerne. » Medicago participe au financement des recherches menées à Rouen et bénéficie d'un droit d'exploitation des innovations protégées en copropriété dans ce domaine de la moléculture. Des travaux qui ont déjà conduit au dépôt de demandes de brevets internationaux.

Le laboratoire « Signaux et régulation chez les végétaux - UMR 6037 » compte une quarantaine de personnes du Centre national de recherche scientifique (CNRS) et de l'Université de Rouen, en France. Groupe innovateur de premier plan dans le domaine de la glycosylation végétale, l'équipe du docteur Faye étudie les modifications post-traductionnelles et s'est fixée pour objectif de mettre au point des plantes-usines imitant, sur les protéines, la signature humaine.