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Le vrai défi
du prochain maire de Québec: l’immigration

La nouvelle Ville de Québec naîtra le 1er janvier 2002 et les prévisions démographiques à son égard laissent songeur (population adulte pour la région):

  • 530 700 en 2000;

  • 533 500 en 2001 (+0,5%);

  • 541 000 en 2004 (+2% pour la période 2001-2004).

Eh oui, une augmentation de 2% sur quatre ans. Sous un autre angle, la population de la région métropolitaine de recensement (RMR) de Québec compte présentement 2,6% d'immigrants, contre 21% à Calgary et 42% à Toronto. 

De leur côté, les portes-parole de la Cité de l’optique réclament immédiatement 900 (NEUF-CENTS) nouveaux spécialistes au ministre responsable de l’immigration, qui promet d’ailleurs d’organiser une mission de recrutement prochainement dans des pays bien ciblés. La problématique du manque de main-d’oeuvre spécialisée et de leur perte au profit des autres régions du Québec commence à même miner les bases de notre potentiel de croissance économique régionale. Pour la première fois depuis 1987, le chiffre du chômage régional passait sous la barre des 23 000 l’an dernier, alors que 8 900 emplois à temps plein ont été créés en 2000. Côté investissements, après la catastrophique année 1998 qui a vu la région recevoir 3 179$/habitat d’investissements, les chiffres de 1999, avec 3 869 $/hab et de 2000 avec 4055$/hab sont encourageants. Mais ils sont inférieurs de 400$/hab, comparativement à Montréal, et de 1 500$/hab de moins que pour les environ de Montréal.

L’immigration est même une solution au problème des liaisons aériennes avec la capitale. Qui prend les avions? Les gens d’affaires, mais aussi les nouveaux immigrants, pour retourner visiter régulièrement leur famille dans leur pays d’origine! Imaginons maintenant ce qu’investiraient dans l’économie quelques milliers de nouveaux immigrants chaque année, plutôt que quelques centaines actuellement?

BRAVO POUR LES OBJECTIFS

Si le gouvernement du Québec atteint ses objectifs, il réussira d’ici trois ans à diriger entre 10 000 et 12 000 immigrants (25%) par an dans les régions du Québec plutôt que de les laisser se concentrer à Montréal. “Un objectif audacieux, mais qui vaut la peine”, reconnaissait récemment le ministre, à Lévis, en présentant lui-même l’immigration comme “le carburant stratégique pour maintenir le rythme de la croissance et gravir des échelons”. Pour les trois prochaines années, le plan du gouvernement prévoit qu’au total 11 000 immigrants s’installeront à Québec et dans l’Est, mais principalement dans la région de la capitale. En fait, il s’agit carrément de plus que doubler les chiffres actuels. La capitale accueille actuellement moins de 1 500 immigrants par an.

Dans la bonne direction, le Comité exécutif de l’actuelle Ville de Québec vient d’adopter son premier Plan triennal d'immigration (2001-2003). La ville est déjà engagée à aider le gouvernement à atteindre, d'ici trois ans, l'objectif d'attirer de 9 000 à 11 000 nouveaux immigrants dans la capitale. Son plan s'articule autour de trois grands volets:

  1. la promotion de l'immigration;

  2. l'intégration à la société d'accueil;

  3. le rapprochement interculturel.  

Plus précisément, on y prévoit essentiellement les mesures suivantes:

production et distribution d'outils de communication spécialisés tel qu'Internet, mettant en relief le style de vie et les opportunités d'emplois de la région de Québec, en appui aux efforts de recrutement du ministère et des autres partenaires;

  • réalisation d'activités de formation sur l'immigration dans la capitale à l'intention des délégués du Québec à l'étranger;

  • tenue d'activités de promotion directe auprès des travailleurs temporaires résidants à Québec;

  • offrir des stages en milieu de travail dans ses services municipaux, 16  sont déjà prévus pour 2001;

  • fournir des services d'aide aux immigrants entrepreneurs par l'entremise de son Centre de développement économique et urbain;

  • favoriser l'intégration des jeunes immigrants de 5 à 16 ans aux camps de jour offerts dans les centres communautaires;

  • organiser des visites des installations municipales pour les familles nouvellement arrivées;

  • supporter un premier projet-pilote du milieu, structuré par l'organisme  Mosaïque ethnique internationale et visant à rapprocher les communautés ethniques de Limoilou avec les Québécois de souche;

  • sensibiliser les entreprises au potentiel des travailleurs immigrants.

Les journalistes étaient cordialement invités à assister à la cérémonie d'accueil des nouvelles familles immigrantes qui ont choisi Québec comme lieu de résidence, le 11 avril dernier, sous le thème de la CABANE À SUCRE, cette année. À cette occasion, le maire et Lyse Poirier, la conseillère municipale responsable des communautés culturelles, souhaitèrent officiellement la bienvenue aux 178 nouvelles familles, provenant d'une trentaine de pays, qui ont choisi de s'établir spécifiquement à Québec au cours de la dernière année. 178 familles... ce n’est pas avec ça que nos curés défricheurs auraient pu faire naître l’Abitibi!

La chambre de commerce fait aussi sa part. Sam Hamad et Alain Kirouac, par exemple, de passage à Paris la semaine prochaine, vont faire la promotion de la Politique d’immigration pro-active de la CCIQM. Mais il faudra beaucoup plus que cette approche, plutôt “élitiste” et très pointue, qui vise essentiellement le recrutement de super-travailleurs déjà qualifiés.

Il faut que le prochain maire rêve de voir arriver, à chaque semaine, un train complet d’une centaine de familles à la Gare centrale de Québec. Cent familles par semaine, 200 à 300 personnes en moyenne chaque semaine, c’est encore que 13 000 personnes en une année et moins de 3% de la population de Québec. “a c’est l’objectif.

FAIRE DU CLANDESTIN, UN CITOYEN!

Pour l’atteindre, il faudra que le prochain maire fasse de l’immigration une véritable priorité. Priorité de tous les jours, de chaque semaine, de chaque arrivée du train à la gare ou de l’avion à l’aéroport. Et si l’objectif semble acquis, l’engagement de priorité, lui, ne l’est pas encore. La campagne électorale qui s’engage, c’est pour des promesses pendant quatre ans.

Que voulons-nous être en 2006?

Rappelons-nous l’immigrant clandestin retrouvé devant un pavillon de l’université, l’an dernier. Il visait Chicago, le train l’a plutôt conduit à la Gare VIA de Sainte-Foy, en plein hiver. Un autre Mexicain vient d’être carrément débusqué de la forêt autour de Baie-Comeau, il y a deux semaines. Ce n’est qu’un début. Mondialement comme localement, l’immigration fait partie des grands défis des prochaines décennies. Il nous faut un maire super-pro-actif et véritablement engagé pro-immigration.

Daniel Allard, rédacteur en chef