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Regard sur la République dominicaine avec l'ambassadeur Bruno Picard
Accord de libre-échange avec le Canada en perspective

par Daniel Allard

Dans le cadre du Programme des conférenciers du Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, celui qui occupe le poste d'ambassadeur du Canada en République dominicaine depuis bientôt trois ans, Bruno Picard, était de passage à Québec le 11 avril 2002. Pour approfondir l'entrevue qu'il avait déjà accordé à COMMERCE MONDE en mars 2000, il a accepté de nous rencontrer à nouveau. À quelques mois de terminer son mandat, l'heure était au bilan.

Le jour d'avant, il avait aussi accepté de rencontrer l'équipe de Plan Nagua. Cette organisation de coopération internationale de Québec s'implique en République dominicaine depuis plusieurs années, entre autres en y développant des projets de café équitable.

" On a remis le Canada dans l'écran radar de la République dominicaine. Ce qui a permis, entre autres, de voir ce pays demander au Canada l'amorce de négociation pour un traité de libre-échange. Cela, il y a trois ans, je pense que les Dominicains n'y auraient même pas pensé. "

Ces premiers mots de l'ambassadeur Picard résument le chemin parcouru. Il était d'ailleurs fier d'avoir été récemment la " personnalité de la semaine " d'un hebdomadaire local de Santo Domingo, qui soulignait son travail constant et productif pour l'amélioration des relations bilatérales entre le Canada et la République dominicaine. Trois ans après avoir décidé de nommer pour la première fois un ambassadeur en titre en poste dans ce pays des Caraïbes, le Canada récolte les fruits d'une relation privilégiée.

Il faut bien situer le rapprochement canado-dominicain dans son contexte. Concernant l'intérêt spécifique pour l'amorce de négociations commerciales bilatérales, il y avait eu une première demande des Dominicains, il y a un an, lors d'une réunion ministérielle en Argentine. Mais c'est en début d'année, lors de la conférence de Monterrey au Mexique, que le premier ministre canadien, Jean Chrétien, a finalement répondu positivement, en décidant d'engager officiellement des " discussions exploratoires " à ce propos, suite à un tête-à-tête avec le président Mejia.

" Il faut comprendre que le fait que tant de pays de la région souhaitent négocier un accord bilatéral avec le Canada nous pose des problèmes sérieux de calendrier de négociation. Par ailleurs, pour le Canada, l'Accord de libre change des Amériques pour 2005 reste notre objectif premier ", explique Bruno Picard

" On a terminé avec le Costa Rica, les négociations avec l'Amérique centrale avancent, avec le Caricom les consultations sont en cours… On va donc prochainement rencontrer les Dominicains pour des discussions exploratoires. Et comme la demande vient des Dominicains, se sera à eux de nous exprimer leurs attentes. " À partir de là donc, on verra. " On est encore très loin d'un éventuel accord ", s'empresse-t-il de préciser.

" Là où nous en sommes avec la République dominicaine, c'est que de part et d'autre il y a une expression d'intérêt, et là il faut explorer la faisabilité. "

Qu'importe la suite des choses, les Dominicains auront certainement intérêt à s'inspirer du contenu de l'Accord Canada-Costa Rica, à propos duquel l'ambassadeur Picard fait d'ailleurs remarquer deux points à l'avantage du plus petit pays : " D'abord, le Canada ouvre son marché plus vite que les Costaricains. De plus, les règles d'origine sont plus souples pour faire varier d'une classe tarifaire à une autre, afin d'avantager la plus petite économie. "

LE CANADA DIT OUI, ALORS QUE LES ÉTATS-UNIS VIENNENT DE LEUR DIRE NON

Invité à dire si lui, personnellement, croit aux chances de succès des négociations qui s'amorcent, la réponse de l'ambassadeur Picard a plutôt permis d'en apprendre encore plus sur le contexte dans lequel elles s'inscrivent : " L'effet psychologique est très important lorsqu'on commence à engager ce type de discussion. Et il est d'autant plus important, dans le contexte dominicain, que cela s'est produit au moment où les États-Unis commencent à discuter avec les pays centraux américains, que la République dominicaine a voulu s'insérer à cela, et que les États-Unis ont essentiellement dit non. Ce, alors qu'en même temps - et c'est une coïncidence, ce n'est pas planifié comme ça - le Canada a donné son accord pour commencer des discussions exploratoires. "

Selon lui ce nouveau contexte de négociation a un double effet: " Localement, au niveau de la République dominicaine, cela fait dire 'Le Canada nous traite bien et finalement, ce pays-là, au nord des États-Unis, n'est pas aussi menaçant pour nous que les États-Unis eux-mêmes'. Au niveau du Canada, à partir du moment où il y aura des choses à annoncer, ça devrait générer un intérêt plus grand. Mais pour être meilleur juge de cet effet, il faudrait voir si cela s'est produit dans le cas du Costa Rica ", prend-t-il soin d'ajouter.

Qu'importe si les " discussions exploratoires " qui s'amorcent débouchent ou non sur la conclusion d'un véritable accord de libre-échange entre les deux pays, l'analyse que fait Bruno Picard du potentiel commercial que représente la République dominicaine pour le Canada est actuellement très optimiste : " Un objectif de 500 à 700 millions $ d'exportations du Canada vers la République dominicaine, ce n'est pas du tout utopique ", croit-il. Les chiffres officiels donnent actuellement 100 M$, et la réalité est probablement autour de 200 M$ par an, si on ajoute ce qui transite via les États-Unis.

Télécommunication, énergie, construction sont les secteurs dans lesquels les gens d'affaires canadiens devraient particulièrement s'investir pour maximiser le bilan commercial. " Il y a aussi le marché pour les technologies de l'environnement qui commence à s'ouvrir, car il y a maintenant une nouvelle loi, suite à la création d'un ministère de l'Environnement, il y a deux ans ", ajoute-t-il.

Les occasions d'affaires en République dominicaine ont, par exemple, récemment permis à Dessau-Soprin de décrocher un contrat de 50 millions $ pour construire quatre mini-centrales hydroélectriques. Et SNC-Lavalin négocie présentement un contrat, au stade de la recherche du financement, pour la construction d'un aqueduc.

Le projet d'un métro léger pour la capitale n'est plus sur la table. Il a été abandonné. Mais pas celui du nouveau port en eau profonde. La construction du port de Caucedo, à côté de l'aéroport Las Américas, juste au nord de Santo Domingo, est même commencée depuis quelques mois. Un très gros chantier financé par la Banque de Nouvelle-Écosse, fait d'ailleurs remarquer l'ambassadeur Picard.

" La compagnie CSX Terminal, de Miami, avec ses partenaires dominicains, a pour objectif de construire un port à conteneur avec l'idée d'en faire un centre de distribution régional, un hub. Une nouvelle infrastructure qui changera très certainement les conditions du marché en matière de transport maritime ", prédit Bruno Picard.

" À beaucoup plus long terme, dans la région de Monte Cristi, il existe aussi un quai absolument superbe (l'ancien quai de la United Fruit), que les Français veulent éventuellement développer. Mais pour moi, ce n'est pas demain la veille que ce projet de port en eau profonde va se faire. "

AMÉLIORATION TRÈS NETTE DES RELATIONS DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE AVEC HAITI

Si on parle de la République dominicaine, il faut aussi parler d'Haïti. Un sujet que l'ambassadeur canadien aborde avec un enthousiasme qui fait plaisir à entendre, tellement les relations dominicano-haïtiennes ont été difficiles dans les dernières années. Des rumeurs d'intervention militaire à la frontière ont même circulé, un certain temps. Le nouveau contexte de l'amélioration des relations de la République dominicaine avec son voisin Haïti devient même générateur d'occasions d'affaires.

" Les mentalités sont en train de changer et les gens d'affaires dominicains réalisent qu'il est aussi dans leur intérêt de voir s'améliorer la situation économique en Haïti. " Il avait même un bel exemple tout récent de ce qui se passe maintenant à la frontière des deux pays. Une semaine avant sa visite à Québec, il avait vu le Groupe M, une entreprise dominicaine de Santiago, inaugurer, en présence des présidents des deux pays, le chantier d'une usine dans une zone franche haïtienne à la frontière nord, près de Dajabon. L'entreprise dominicaine va ainsi créer 1 500 emplois directs et 3000 indirects dans le pays voisin, voire même utiliser le cota en textile d'Haïti pour le marché américain.

L'ambassadeur Picard souhaite maintenant que cette initiative - un précédent commercial entre ces deux pays - donne des idées à d'autres gens d'affaires. Il explique, d'ailleurs, que les efforts du Canada, à travers les ressources de l'ACDI où autrement, s'intéresseront particulièrement au développement des zones transfrontalières dominicano-haïtiennes.

Dans son travail, il fait aussi venir des entreprises dominicaines au Canada. " Dernièrement, on a fait venir cinq entreprises dominicaines à Globe, à Vancouver. On le fera aussi pour Américana, à Montréal. "

Des initiatives qui ne sont sûrement pas étrangères au fait que le Service commercial de l'Ambassade du Canada à Santo Domingo compte maintenant trois personnes, contrairement à une seule à son arrivée. " Et cet été, j'attends un autre agent canadien qui travaillera essentiellement avec le service commercial. "

Plusieurs autres petits témoignages de l'ambassadeur Picard montrent que la République dominicaine vit présentement une période prospère. Une semaine après le 11 septembre 2001, le gouvernement a fait un emprunt international de 500 millions $US qui a très bien fonctionné, pour financer entre autres des infrastructures d'aqueduc (une des grandes priorités de ce gouvernement sur le plan social, car il y a encore beaucoup de région du pays où l'accès à l'eau est encore très pénible).

Il y a aussi cette initiative de gens du secteur privé ayant réussi à convaincre le gouvernement à s'intéresser aux enjeux de la compétitivité de l'économie nationale. Maintenant, un comité conjoint travaille sur un Plan d'action en matière de compétitivité.

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