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ÉDITORIAL

Rendez-vous 2004 : heureux de vos votes ?
Un Sommet du G-20 au Canada d’ici 24 mois ?

Chanceux, des centaines de milliers de Québécois avaient le privilège - oui car voter est bien un droit démocratique que tous les Terriens n’ont pas le privilège d’exercer - de déposer le bulletin de vote à la boîte de scrutin à deux reprises en moins de dix jours en cet historique mois de juin 2004 au Québec. D’abord le dimanche 20 pour le million d’électeurs de 89 municipalités - fusionnées deux ans plus tôt - qui devaient décider de l’avenir de la carte des villes pour le Québec des prochaines décennies.

Le résultat témoigne que les Québécois n’ont pas été insensibles au fait que la nouvelle Ville de Québec, née en janvier 2002, fait partie des 10 plus grandes villes du Canada. Même le premier membre du corps consulaire en poste dans la capitale n’a pas hésité à commenter ainsi le maintien de la ville nouvelle : « En bas de 500 000 habitants, un investisseur étranger ne vous considère même pas. Vous n’existez pas », dixit Jacques Audibert, consul général de France, qui quittait son poste de Québec après trois ans en fonction et qui nous accordait une entrevue, le 14 juillet, à l’avant veille de son départ. (C’est l’Ambassade de France à Londres, où il prendra le rang de #2, qui l’attend dès début août).

À l’analyse, les défusions de L’Ancienne-Lorette et de Saint-Augustin–de-Desmaures auront même, bizarrement, un côté positif rassurant, en ce sens que l’évaluation de la qualité de leur gestion servira de base comparative, mettant de la pression sur les fonctionnaires de la « grande » ville à livrer de la qualité ! Les deux petites villes de l’ouest serviront donc de caution morale à ceux qui élèvent en principe les vertus de la saine compétition. N’oublions pas que l’une des fiertés des Augustinois était d’habiter la première ville ISO 9001 au monde pour la qualité de ses services. Un accomplissement qui avait eu comme heureuse conséquence que des élus des « villes géantes » de Rio de Janeiro et de Sao Paulo, au Brésil, s’intéressent à Saint-Augustin–de-Desmaures, en amorçant des échanges en matière de coopération internationale… Un potentiel qui, malheureusement, s’est par ailleurs endormi depuis deux ans sur le bureau d’un maire de Québec n’osant pas encore débloquer le dossier des jumelages et autres liens formels avec une quarantaine de villes de l’étranger hérités des 13 villes d’avant la fusion.

Le Québec, surtout sa capitale, aura donc des villes outillées pour réussir la mondialisation en « formation rapprochée », non pas en multiples formations éclatées et nécessairement plus faibles et à court de ressources. Montréal ne sera plus « une île, une ville », mais sa stature de ville internationale était déjà acquise et elle demeure de toute façon plus forte en 2004 qu’elle ne l’était en 2001.

Le 28 juin 2004, ayant voté cette fois comme tous les autres canadiens pour élire la chambre basse du Parlement du pays, les Québécois devront aussi vivre avec un Paul Martin à la tête d’un gouvernement minoritaire. Demandons au duo Layton (chef du NPD)/Duceppe (chef du Bloc québécois), qui peuvent significativement influencer l’ordre des priorités de l’agenda du gouvernement pour les prochains mois, de garder à l’esprit l’enjeu des paradis fiscaux qui permettent encore trop d’abus à travers le monde. Qu’ils aident aussi Paul Martin à faire de son rêve de Corps Canada un grand succès pour la réputation internationale du Canada. Rappelons-nous ce qu’il disait devant plus de 700 personnes, le 7 mai, à Montréal, à l’invitation du CORIM.

PAUL MARTIN CROIT-IL À UN GOUVERNEMENT MONDIAL ?
À Montréal, appelant à la création d’un G-20 des chefs d’État, il avait expliqué comment plusieurs des outils disponibles dans le cadre national sont devenus désuets. Comment, par exemple, expliquer qu’aucun pays de l’OCDE, qu’ils aient des gouvernements de droite ou de gauche, n’a été capable de réduire significativement le chômage et la pauvreté dans les dernières décennies. La mondialisation des économies induit inéluctablement une réduction de la marge de manœuvre des gouvernements nationaux et infranationaux. Mais il existe des réponses possibles à cette situation. Il faut réaliser que les 308 nouveaux députés élus au Parlement du Canada aux lendemains du 28 juin 2004 devront, comme jamais, composer de plus en plus souvent avec des réalités qui les dépassent. De là à proposer que la capacité d’action perdue au plan national doive être récupérée à un autre niveau un jour, il n’est pas difficile de constater que Paul Martin y a beaucoup pensé et qu’il a certainement un projet politique en la matière.

Le réflexe de garder la tête dans le sable et de faire comme si les gouvernements avaient les mêmes capacités d’action qu’avant l’intégration des économies à l’échelle mondiale est encore manifeste. La gouverne au niveau mondial est encore un sujet largement tabou. L’humanité ne mérite pourtant pas de faire face au monde de demain avec les outils du passé. Les citoyens du troisième millénaire doivent réclamer de vivre dans un monde équipé de gouvernements capables de régler les problèmes du monde.

Souhaitons aussi que le duo Layton/Duceppe aide Paul Martin à aller au bout de sa logique en se faisant hôte d’un premier « Sommet des chefs d’État du G-20 », au Canada, d’ici les prochains 24 mois.

Daniel Allard
Éditeur et rédacteur en chef

Fait à Québec le 15 juillet 2004.

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